Bosnie Croatie : « A perfect love story »
Le film " A perfect love story" réalisé par Emina Kujundzic que vous pouvez voir sous le titre français "Une histoire d'amour parfaite", est présenté comme la rencontre dans la ville de Sarajevo d'un journaliste français interprété par Victor Bessière et d'une jeune artiste en pleine introspection interprétée par Enisa Njemcevic. Ils partent vers l'indépendance, la vie créative dans la campagne bosniaque et la mer croate. Pour réussir ou tout perdre, rester ensemble ou se séparer.
Nous sommes dans un véritable road movie en 4L à travers la Bosnie et la Croatie, ces 2 états issus après bien des combats de l'ex Yougoslavie communiste ( en rappel de cette sombre période,la discussion entre les 2 protagonistes en opposition sur les films de propagande du régime ). Road movie où se succèdent belle montagne, beau village à l'ancienne, édifice religieux dans son jus, cascade réjouissante, mer touristique,Mostar ville "utérus" où il fait bon vivre avec son état d'esprit libéré. La jeune femme vivait à Sarajevo et va découvrir son propre pays. Le jeune homme voudrait faire un film en Herzégovine, "une histoire d'amour qui tourne mal". Ils vont vivre une histoire d'amour intense mais avec ses hauts et ses bas, ses interrogations,avec le quotidien enthousiasmant, fragile.
Les régions traversées ne sont pas uniquement vues au travers de leurs beaux paysages. Des allusions fortes montrent la pollution avec les annonces de Radio Dariva sur le brouillard persistant de la ville traversée. La corruption est là présente, rampante. Le racket sur une route avec ce poste de police en pleine campagne ( une simple table de camping) et ce policier qui veut se faire de l'argent en imputant un excès de vitesse à 50km/h : "c'est ma loi, ma terre, ma route". Il se fait rabrouer par notre héros : montrer le texte écrit de la loi régulant la vitesse suffira. La radio, encore elle, à bord de la voiture, égrène des informations sur un transfert de fonds qui se termine en braquage. La simple politique n'est pas absente avec ce secrétaire général qui se rend à Sarajevo pour diner avec le chef de la présidence à 12 membres de la Bosnie Herzégovine. Il assistera à la cérémonie du maintien de la paix. On évoque même les gouvernements locaux et leur lutte contre le crime et le terrorisme.
La réalisatrice, jouée par Sadzida Tulic, présente au tout début du film un script qu'un producteur ne veut pas financer car jugé trop féministe, trop engagé et sans potentiel commercial. On apprendra très vite que pour la réalisatrice il n'y a pas seulement 2 catégories de femmes les guerrières et les soumises. Elle veut faire un film dans le film, filmer les coulisses, faire que les acteurs réalisateurs se filment ( ce que fait la jeune héroïne), les acteurs du film dans le film. Où est la vraie vie, où commence le film ? Regarder un film c'est comme posséder quelqu'un.
Le garçon qui à première vue n'a pas de famille, veut partir en bateau en Grèce : il affirme qu'ils sont libres ; la fille veut aider sa famille, sa soeur. Elle veut des enfants et rester dans son pays. Ce qui ne l'empêche pas de faire des reproches à son compagnon :" tu pourrais rêver, tu dois imaginer ; J'essaie juste de rendre tout çà beau, mais tu gâches tout".
Au total, avec son titre complet "A perfect love story where nothing goes wrong or does it" un beau premier film chaleureux, aux acteurs pour beaucoup non-professionnels, film au micro-budget. Un film qui nous montre des jeunes gens qui se cherchent. On peut voir qu'à l'Est comme à l'Ouest, dans des situations nationales certes différentes, les réactions humaines sont universelles, les sentiments contradictoires aussi. Et le traitement, la réalisation du script, du scénario n'est pas sans rappeler la fraicheur et la virtuosité d'une certaine nouvelle vague française.
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