Bosser tous les dimanches jusqu’à 70 ans ?
Merci Solférino !
Ou comment le Parti Solférinien se fout de la gueule des chômeurs, crache sur les travailleurs et justifie volontairement une droitisation extrême de tous les débats...
I/ Faux chiffres du chômage d’août 2013.
Un bug SFR ? Pas seulement : c’est aussi un bug gouvernemental. Un plantage dans le logiciel dit « de gauche », qui rappelle curieusement les manigances opérées par le précédent gouvernement de droite. Rejeter le plus gros de la faute sur un opérateur téléphonique, c’est se dédouaner à peu de frais, et tenter désespérément de maintenir l’illusion, chaque jour davantage battue en brèche par les faits, d’un gouvernement prétendument social. Chers ex-camarades, minables technocrates socio-traîtres, souvenez-vous à l’avenir que « les faits sont têtus ». Et assumez. Assumez les propos de Michel Sapin en début d’année, lors de l’immolation par le feu d’un chômeur devant son agence Pôle Emploi. Il s’appelait Djamal, il est mort le mercredi 13 février 2013 et Michel Sapin a dit : « Tout a été fait ».
Oui, tout a été fait, assumez ! Djamal a probablement entendu les insultes proférées par la droite et l’extrême droite, il s’est heurté au mur de cynisme et d’inaction érigé comme une muraille anti-sociale par le gouvernement solférinien, son statut lui était douloureux, sa peur du lendemain suffisamment énorme pour perdre tout espoir, et il en est mort. Une immolation : en Tunisie, c’est ainsi que commença la révolution.
Oui, vous nous aurez tout fait. Vous faîtes tout pour mener une politique contraire aux principes de la gauche, dont les chômeurs constituent les martyrs silencieux. Ce n’est pas avec des pratiques austéritaires, entérinées par le traité européen TSCG – contre lequel 80000 personnes sont descendues dans la rue à l’appel du Front de Gauche, et que vous aviez promis de « renégocier » avant de le signer des deux mains – que vous relancerez l’activité et ainsi réglerez le problème du chômage. Ce n’est pas en communiquant des chiffres falsifiés que vous inverserez la courbe. Ce n’est pas à coups de « bugs » et de « responsabilités partagées » que l’on tirera le pays vers le haut. Assumez !
Lisez les vrais chiffres du chômage d'août 2013.
II / Retraites : un gros doigt d’honneur adressé aux travailleurs vieux et jeunes.
Vous vous en êtes longuement offusqués, mais vous n’êtes pas revenus sur la réforme des retraites du gouvernement Sarkozy. Dans l’engagement numéro 18 de son programme, Hollande ne parlait pas d’allonger la durée de cotisation – c’est pourtant bel et bien ce que vous ferez. Dans les faits, il faudra cotiser plus longtemps pour obtenir une retraite à taux plein. Voyons le cas d'un jeune qui, au sortir de ses études, ou après avoir goûté aux joyeusetés des jobs précaires, signe son premier CDI à l’âge de 27 ans. 27 ans + 43 ans de cotisation = départ à la retraite à 70 ans ! C’est ce que vous voulez ?
Prenez de la hauteur cinq minutes et réfléchissez à ce que, conceptuellement parlant, philosophiquement, vous entreprenez aux côtés de la droite et du MEDEF : rien de moins que casser la vie dans son aspiration légitime à un temps de repos décent. Vous transformez la durée de vie en « temps de travail disponible » sous le prétexte fallacieux que l’on vit plus longtemps. Travailler plus pour s’user plus ! Sachez que l’espérance de vie moyenne en France est de 81,5 ans. Faîtes le calcul, et vous verrez quel temps vous accordez à une vieillesse digne avec votre réforme « juste ». La retraite sera courte et pauvre. Inutile de chercher à nous embobiner avec des « critères de pénibilité » fort vagues qui ne prennent pas en compte les pressions morales et psychologiques infligées par l’intensité (moyen de concentrer la durée) du travail et l’accumulation des facteurs dits « pénibles ». Pensez aux troubles musculo-squelettiques qui ont pour origine aussi bien des facteurs physiques que psychiques, pensez à l’envahissement du travail dans la vie privée, notamment lorsqu’il s’agit de bosser le dimanche. Ah ! Bosser le dimanche ! (Avouez, solfériniens, que vous vous léchez les babines.)
III/ Travail dominical et nocturne : droitisation médiatique, complaisance solférienienne.
Vous avez déjà commencé à fouler aux pieds le Code du travail avec l’ANI, le fameux accord national pour l’emploi… non signé par les syndicats majoritaires. Vous parlez d’un accord ! Concrètement, il s’agit de précariser davantage encore le travail en laissant les mains plus libres au patronat. Et l’on voit maintenant resurgir, comme par enchantement, la question surmédiatisée du travail le dimanche… Ne nous dîtes pas qu’il n’y a pas de lien de causalité : l’émergence de cette question résulte d’une ambiance initiée par votre politique ! Une atmosphère puante, comme un air de droite. (François Hollande de se cogner la tête contre le mur en cadence : « Je-ne-suis-pas-président-socialiste, je-ne-suis-pas-président-socialiste… »)
Ne nous dîtes pas que c’est un hasard : lisez Politis et apprenez que Jean-Baptiste Jaussaud, l’un des chefs de file du mouvement « Yes week-end » pour le travail le dimanche, est également « le porte-parole de la très libérale association Liberté Chérie qui a pour vocation de « réformer » le modèle social français. Jean-Baptiste Jaussaud est un des promoteurs du très conservateur mouvement du Tea party en France et un entrepreneur marseillais averti, qui a soutenu le mouvement des pigeons entrepreneurs. » Le site internet d’Arrêt sur image enfonce le clou : dans les médias, on ne voit sur la question du travail de nuit que « la petite salariée de Sephora », qui n’est autre qu’une militante UMP !
Immédiatement, les solfériniens de se réunir pour réfléchir...
Méditez donc là-dessus : travailler le dimanche, pour un salarié lambda, c’est se voir déconnecté du reste de la société. Tu te couches le samedi soir à vingt-deux heures, tu as droit à la musique des voisins qui font – c’est leur droit le plus absolu – la fête jusqu’au matin. Tu arrives à grapiller quelques heures de sommeil – ou pas du tout – et tu pars bosser pendant que tout le monde dort. Tu travailles pour la grande distribution et tu sers des clients qui préparent… leur repas du dimanche. Toi, le repas du dimanche, ce sera à quinze heures, rapidement, avant d’aller faire la sieste pour récupérer.
(J’en sais quelque chose : ma compagne travaille trente-huit heures par semaine, dont le dimanche jusqu’à 14 heures 30. Évidemment, elle n’est pas militante UMP ni porte-parole d’un lobby de droite pro-patronat.)
Pourquoi certains étudiants doivent travailler le dimanche pour payer leurs études ? Pourquoi faut-il sans cesse que le temps du travail empiète sur celui des loisirs et du repos, au bénéfice de patrons qui, justement, se reposent le dimanche ? Pourquoi la voix de la droite compte-t-elle plus, pour Solférino, que celle de la gauche authentique ?
IV/ Retraites, travail le dimanche...,
vous vous apprêtez à déconnecter les travailleurs du temps. De la société. Du vivant. Parce que vous êtes vous-mêmes déconnectés de la réalité, celle du travail comme celle de la vie. Toujours plus prompts à « comprendre l’exaspération » des bijoutiers qui tirent aveuglément dans le tas que celle des chômeurs, des précaires, des smicards…
Quand parlerez-vous des sept employés de PSA en grève de la faim à Poissy depuis le 18 septembre ? Depuis le 18 septembre, bordel ! Ne craignez-vous pas que la colère de gauche se transforme un jour, aussi, en haine ? Le comprendrez-vous, ce séisme-là ?
*
Post-scriptum : Veuillez trouver ci-joint un véritable programme politique social issu de L’Idéologie allemande de Marx qui mettait définitivement, il y a 167 ans, les points sur les i.
Comme Cahuzac avouant qu’il n’y a « jamais cru », vous vous en foutez royalement et vous n’avez donc rien compris :
Changeons la République, changeons l’Etat, changeons le Travail !
Bonus en chanson : Bob Dylan, Workingman’s Blues #2, 2006 :
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