Vendredi, Bruno Le Maire a annoncé une forme de bouclier tarifaire, à « 280 euros/MWh en moyenne » en 2023 pour les TPE. Une annonce qui vient bien tard, puisque le ministre a attendu que des entreprises soient le couteau sous la gorge avec des factures d’électricité parfois multipliées par plus de dix, alors que cela était annoncé depuis des mois. Et pour couronner le tout, la limite fixée par l’exécutif apparaît, une fois mise en perspective, comme extrêmement modeste au regard de la situation actuelle.
Une obole absolument dérisoire
Encore une fois, la gestion de cette crise par la majorité est absolument détestable. Non seulement, on peut rappeler que
le problème de l’envolée des prix était prévu et annoncé depuis des mois, et s’étonner que le gouvernement ait attendu que des entreprises soient au bord du précipice pour agir, alors qu’il était possible d’agir bien plus tôt, dès la rentrée. Comme d’habitude, la macronie est incapable d’anticiper. Il est extrêmement choquant qu’il ait fallu
attendre le 6 janvier pour avoir une mesure pour des petites entreprises qui savaient depuis des mois que leur facture allait exposer et qui étaient sans nouvelle de ce gouvernement incapable de les rassurer en amont. Et comme d’habitude aussi, l’exécutif a conçu un nouveau monstre bureaucratique. Le dispositif ne concerne que les entreprises de moins de 10 salariés, et pas celles qui dépassent ce seuil, créant ainsi de l’inquiétude pour des PME qui dépassent ce seuil.
Encore pire, tout le dispositif semble poser problème. En effet, Bruno Le Maire a précisé
« pas plus de 280 euros / MWh en moyenne » en 2023, ce qui interroge tant les prix ont baissé en ce début d’année. 280 en moyenne, cela peut vouloir dire 140 euros la moitié de l’année et 420 l’autre moitié. Comment ces variations seront prises en compte dans cette nouveelle usine à gaz bureaucratique ? Est-ce à dire que, parce que les prix devraient passer largement sous ce seuil dans le futur, eu égard aux prix actuels de marché, si la moyenne pondérée reste sous les 280 euros, alors les TPE devront s’acquitter des factures de début d’année basées sur un prix plus élevé ? En outre, le ministre évoque que cela s’appliquera pour «
des contrats signés au deuxième semestre 2022, et sans rétroactivité ». Est-ce à dire que tout ceux qui ont signé un contrat avant le 1
er juillet ne seront pas concernés par cette nouvelle aide ?
Enfin, il est assez incroyable que ce chiffre de 280 euros le MWh ne soit pas davantage questionné, ou mis en perspective. Bien sûr, cela semble sensiblement inférieur aux plus hauts du prix de l’électricité ces derniers mois, ou aux prix que semblent pouvoir facturer les fournisseurs d’électricité à leur client aujourd’hui.
Olivia Grégoire a évoqué l’économie réalisé par un artisan. Mais on connaît la propension de cet exécutif à mentir ou tenter de faire passer une vessie pour une lanterne. Si les 280 euros ne sont garantis qu’en moyenne, qu’est-ce qui garantit une telle économie si les prix, tels qu’ils sont fixés par la monstrueuse machinerie conçue avec l’UE, passaient sous le seuil de 280 dans les prochains mois, comme l’évolution actuelle pourrait l’indiquer ? Plus globalement, beaucoup de données semblent indiquer que ce niveau est très élevé, et donc que ce bouclier est en réalité très limité pour les TPE qu’il doit protéger.
En effet, on peut rappeler que le bouclier tarifaire pour les particuliers est à 161 euros le MWh, 42% plus bas que celui mis en place pour les TPE ! Pire, le jour de l’annonce du gouvernement,
le prix de l’électricité sur le marché européen n’était que de 107 euros le MWh, et même à peine 69 euros le lendemain samedi 7 ! Bref, le bouclier annonçé par l’exécutif semble bien léger et quasiment un parapluie pour beau temps qui ne servira que pour les crises les plus violentes sur le marché de l’électricité. Aujourd’hui, il laisse encore une belle marge aux fournisseurs, qui ne semblaient pas d’ailleurs s’émouvoir de l’annonce… On rappellera aussi que dans le magma bureaucratique de l’ARENH, ils achètent l’électricité d’EDF à seulement 42 euros le MWh,
Nicolas Meilhan ayant pointé que le coût complet (nucléaire et autre) actuel de production en France est moins d’un quart du prix annoncé par Bruno Le Maire, 65 euros par MWh.
Bref, malheureusement, pour qui prend le temps de creuser le sujet,
les annonces du gouvernement sur le plafonnement de la facture électrique des TPE vendredi, outre le fait d’être bien tardives, sont totalement dérisoires. Bien sûr, par rapport au pic des prix, ce n’est pas rien, mais pour qui dézoome et étudie les mécanismes, le vrai prix de revient et même les prix de marché actuel, c’est très insuffisant.