Bretagne : des pêcheurs menacés, un gouvernement harpagon
Les violentes intempéries qui frappent la façade atlantique depuis janvier dernier menacent les marins pêcheurs. Dans l’incapacité de s’aventurer dans les eaux déchainées, les poissons se font rares. Le manque à gagner est colossal et se traduit par une hausse des prix des poissons et crustacés. Et si le gouvernement a promis le report des charges des pêcheurs, ses efforts sont encore sommaires. Les pêcheurs sous pression ont besoin d’une aide qui s’inscrit dans le concret.
Une situation déplorable
Des millions, c’est ce qu’il en coûtera au secteur de la pêche touché par les intempéries qui frappent la façade atlantique. Les marins pêcheurs immobilisés se trouvent dans l’incapacité de travailler. Les chalutiers restent amarrés et le volume de poissons et crustacés proposés à la vente est atrophié. A priori, la situation alarmante semble avoir éveillé le gouvernement qui s’est mobilisé pour venir en aide aux pêcheurs victimes de pertes considérables.
Il est vrai que Fréderic Cuvillier, ministre des Transports, a annoncé en février « Un étalement et un report des charges sociales pour les pêcheurs impactés ». Afin de fixer le calendrier de report, une délégation de représentants de la pêche française a été reçue par le gouvernement. Gouvernement qui n’a pas été généreux au regard de l’impact que ces intempéries provoqueront sur tout le secteur de la pêche.
À cet égard, Hubert Carré, directeur général du Comité national des pêches et des élevages marins, affirme que « Depuis près de deux mois, les chalutiers de toute la côte atlantique sont immobilisés. C'est donc tout un secteur qui est pénalisé : des marins et patrons pécheurs aux mareyeurs, poissonniers, transporteurs… En attendant que les mesures soient mises en place, la caisse chômage intempérie va venir en aide aux marins-pécheurs qui ont souscrit à ce système. Les versements vont avoir lieu et ont même commencé dans certaines régions. Ce dispositif est comparable à celui d'une assurance où chacun est libre de cotiser et il reçoit des indemnités en cas de coup dur, avarie de matériel, tempête… ».
En définitive, le gouvernement grand seigneur, accepte de reporter les charges sociales des pêcheurs et s’appuie sur un dispositif d’assurances souscrit par un nombre limité de pêcheurs pour sauver les meubles. On ne peut que rire des indemnités versées par ces assurances qui « sont de l’ordre de 2000 euros sur l’année ». Mais que fait le gouvernement des marins pêcheurs qui n’ont souscrit aucune assurance ? Comment ces laissés-pour-compte seront-ils dédommagés ? La seule réponse du gouvernement est son engagement à demander le déblocage d’une aide européenne. Une réponse évasive et trop insuffisante.
L’économie locale en péril
Le fait est que c’est toute la côte atlantique qui est touchée. Arcachon connaît des difficultés accrues depuis que l’eau de son bassin est devenue trop « douce » en raison des pluies incessantes et des vents d'ouest qui l'empêchent de s'écouler vers l'océan. Les espèces comme la seiche, ou dans le secteur des coquillages, la palourde, deviennent une denrée rare. Et ce sont les mareyeurs qui sont le plus en danger, leur situation est jugée « catastrophique » selon Pierre Labé, le président de l’Union nationale de la poissonnerie française.
« On s'attend à une perte de 35 à 40% du chiffre d'affaires. Les prix des poissons ont flambé. Le prix de la lotte a par exemple doublé et se vend aujourd'hui entre 45 et 50 euros le kilogramme pour le consommateur, contre 20 euros en temps normal. Et ces hausses de prix sont loin d'avoir comblé le manque à gagner des poissonniers. Ils ont même été contraints de renier sur leurs marges pour vendre le peu de produits qu'ils avaient et honorer leurs charges fixes. Si ça continue, la trésorerie va manquer, et beaucoup vont mettre la clé sous la porte. Le gouvernement doit nous aider » déclare-t-il désespéré.
Avec cette hausse significative des prix, les consommateurs se rabattront sur des produits moins chers, se détournant ainsi des produits aquatiques. L’économie locale en subira les dommages collatéraux. Et si la situation est effrayante, elle sera bientôt tragique pour tout le secteur de la pêche. Alors, le gouvernement est-il dans l’attente de supplications de pêcheurs torturés par le chômage et les dettes insurmontables ?
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