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Accueil du site > Tribune Libre > Bretagne indépendante, est-ce possible ?

Bretagne indépendante, est-ce possible ?

Ce bref article est écrit en réaction à l’article de Dr No sur l’indépendance de la Bretagne.

A mon sens le bon Dr No a des a priori et des préjugés qui voilent quelque peu son jugement. Je ne dis pas que l’indépendance de la Bretagne est possible mais par contre je prétends et j’affirme avec véhémence que l’indépendance de la Bretagne n’est pas impossible ! Vivant au Québec depuis près de 25 années j’ai été extrêmement sensibilisé au concept d’indépendance nationale. Mon exil volontaire en dehors de l’Armorique ancestrale m’a permis de bénéficier d’un certain recul par rapport au fait français et au fait breton. En outre mes amis québécois m’ont permis d’ouvrir mes horizons conceptuels, un peu au delà de la rectitude intellectuelle si coutumière en France et au delà du dogmatisme emblématique de sa classe dirigeante hexagonale.

La première condition, sine qua non, pour envisager un processus d’indépendance n’est pas d’ordre rationnel, ni matériel, ni économique. La première condition est de nature émotionnelle. C’est l’émotion et la volition d’une collectivité qui ne se reconnait plus dans le contrat social et historique imposé par l’état « fédéral » qui cristallisent et matérialisent le désir d’indépendance. Là est le mot clé : le désir ! L’indépendance il faut la désirer avant de l’envisager. Le désir d’indépendance ne naît pas uniquement de facteurs économiques, politiques, sociaux, il provient surtout d’une prise de conscience collective d’une INCOMPATIBILITÉ viscérale entre deux entités.

C’est l’affirmation d’une altérité fondamentale et irréductible, la prise de conscience par un peuple qu’il a le devoir de s’assumer par lui et pour lui en sectionnant le cordon ombilical qui le reliait à une dimension supranationale peu bienveillante voir nocive.

Le bon Docteur No prétend que la Bretagne ne saurait survivre économiquement à son émancipation. Je n’en suis absolument pas convaincu car la Bretagne, perpétuellement soumise au « diktat » centralisateur de Paris, n’a jamais figurée en tête de liste au sein des programmes français de développement économique. Ceci explique que des pans entiers d’une économie globale soient absents de l’échiquier breton. Je dirais même plus, l’état français a pris grand soin de maintenir la Bretagne dans une situation de dépendance pour en assurer l’arrimage au reste de la nation.

Une Bretagne émancipée, membre en règle de la CEE, aurait des cartes à jouer mais fondamentalement tout dépend de la volonté populaire et des vagues déferlantes qui peuvent animer subitement l’inconscient collectif de tout un peuple qui au fond de lui a toujours su qu’il n’avait jamais eu l’opportunité de prendre sa place, de déployer ses ailes et de prendre son envol.

En conclusion, le destin des nations ne peut se réduire à des calculs comptables, l’histoire mondiale nous en a donné de nombreux exemples.Dans la trajectoire de l’individu comme dans celle des peuples, la volonté, les circonstances, la chance et l’opportunisme historique peuvent sous des conditions propices se transformer en vents violents qui peuvent faire accoster les meilleurs marins sur des rivages inconnus.

La Bretagne indépendante est à l’évidence une « terra incognita » mais certainement pas une impossibilité absolue.

 


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12 réactions à cet article    


  • claude-michel claude-michel 23 novembre 2013 10:38

    P’être que le changement climatique (naturel) changera les choses.. ?

    Manque d’eau..sécheresse..surpopulation..guerres..et le plus beau de tout...la bêtise humaine peuvent (en effet) faire basculer les choses.. !
    En attendant les sols sont gorgés de nitrates... !

    • bernard29 bernard29 23 novembre 2013 11:43

      bravo pour votre article en réponse à l’article du Dr No. ( 100 % d’accord avec vous)

      Il faut toujours travailler à une forme d’indépendance, car c’est d’abord et avant tout une demande de responsabilité et un refus d’assujettissement. Et le sens de responsabilité est la base de la démocratie.

       


      • Nikeuss 23 novembre 2013 15:35

        Que votre article est sans réflexion ! Vous n’avez pas conscience des conséquences d’une telle indépendance qui rendrait, par effets de dominos, friables les états et encouragerait les projets d’eurorégions mettant à mort la démocratie ! Si les budgets d’un hypothétique Etat Bretagne étaient décidés par l’UE, les citoyens bretons n’auraient plus leur mot à dire ! Vous êtes inconscient.


        • Fergus Fergus 23 novembre 2013 17:19

          Bonjour, Nikeuss.

          Vous avez raison, l’indépendance des régions signifierait la mort des nations européennes, écartelées entre ces régions et le pouvoir central européen.


        • bernard29 bernard29 23 novembre 2013 17:46

          Nikeuss,

          Vous êtes trop formaté , pour imaginer une « nouvelle civilisation » comme le dirait E Morin. mais c’est sûr que pour qu’une nouvelle civilisation advienne, il faut que la précédente meure...


        • GwennBlei 19 février 2014 01:48

          Bonjour, je ne suis d’accord ni avec Nikeuss, ni avec Fergus, ni même avec Bernard29. Je ne suis pas d’accord avec Bernard29, car une civilisation peut tout à fait se détacher d’une autre sans y mettre fin, ensuite ici, on parle plus de peuples, et de leur droit à l’autodétermination. Ensuite le peuple Breton ne constitue pas une « nouvelle civilisation », il s’agit d’un peuple de plus de 2000 ans, qui a gardé des coutûmes et des valeurs propres durant ce laps de temps, concervant une identité forte. J’entend par là que, même si elle a évolué au fil du temps, cette identité est restée distincte des peuples voisins, et de ceux qui ont envahi son territoire au cours des siècles, qu’ils soient Romains, Saxons, Anglais, Français ou Allemands. Il s’agirait donc simplement de rendre à un peuple son droit à l’auto détermination, en accord avec les lois internationales. Je ne suis pas non plus d’accord avec Fergus, car l’indépendance de chaque peuple ne tuera pas les nations, mais se contenterai simplement de mettre fin à la domination de certaines nations sur d’autres. La France ne disparaîtrait pas, elle se contenterait de gérer ses propres citoyens, ce qui permettrait peut être à son système traditionnel ultra-centralisé de survivre sans attirer les autres peuples qu’elle à annexé dans sa chute. Enfin, et surtout, je suis en plein désaccord avec Nikeuss, comment le fait de rendre à un peuple le droit de prendre des décisions par lui même et pour lui même serait-il la mort des démocraties ? Démocratie signifiant « pouvoir du peuple », c’est un non sens absolu. Enfin, le système politique actuel n’est pas vraiment démocratique, dans le sens ou les décisions les plus efficaces sont prises par le président et son gouvernement, et ou la population n’a le choix qu’entre des candidats attachés au modèle centralisé et dévoués à diriger l’ensemble du territoire par la capitale, chaque peuple n’a aucun réel pouvoir dans la configuration actuelle, autre que de voter pour la prochaine politique de l’état centralisé autour de la capitale.


        • Fergus Fergus 23 novembre 2013 15:46

          Bonjour, Hoarn.

          En fait, on parle dans le vide car l’écrasante majorité des Bretons n’est pas demandeuse d’une indépendance. Et ce ne sont pas les rares groupuscules autonomistes qui risquent d’entraîner l’adhésion de la population bretonne dans cette direction.


          • Goldored Goldored 23 novembre 2013 23:20

            @Fergus : 53 % des jeunes Bretons favorables à l’indépendance, elle est où ton écrasante majorité pas demandeuse ?
            tu as juste peur qu’on foute le camp de cette république bananière. C’est tout.


          • Le Yeti Le Yeti 23 novembre 2013 17:41

            Hoarn, il y a un truc forcément biaisé non pas dans ton article mais dans son sujet : avant de répondre oui ou non à la faisabilité d’une émancipation de la Bretagne, il faut connaitre le peuple Breton ! Qui il est, comment il pense, comment il vit et fonctionne, de quoi il est capable ; qu’elles sont ses valeurs, besoins et aspirations ...
            Et là, ont est à bien plus de 500 Km de Paname !

            Juste un exemple : P’tit Louis, 82 ans, debout dans un arbre tronçonneuse en main (pas élagueuse : tronçonneuse !) ...
            « - P’tit Louis ! Descendez !!! Vous allez vous casser la gueule ...
            - Mieux vaut moi qu’un môme de vingt ans ! »

            Alors je ne sait pas si une émancipation est possible ou pas en Bretagne mais si ce n’est pas le cas, alors c’est qu’à part en Corse, aucune émancipation n’est possible en France.
            Aucun de ces deux pays ne souhaite particulièrement son émancipation mais si c’est ça ou se soumettre, ça ou abandonner ses racines, la question ne se posera même pas !


            • bakerstreet bakerstreet 23 novembre 2013 18:15

              Je doute que le monde a l’heure actuelle est besoin d’autres murs, d’autres frontières. 

              Il est facile de proposer de mauvaises solutions à des gens,
               avides de renouveau, en agitant un drapeau, en distribuant des bonnets. 

              Mais ça ne repeindra pas la couleur des vagues, 
              et ça ne changera pas la direction du vent !

              Quand aux menhirs, ils refusent de se prononcer,
               et font bloc, granit et pensée recroquevillés. 
               
              « Peb sant newez en deus e virakloù d’ober »
              Le saint nouveau a ses miracles à faire 
              et vient vous proposer la recette pour être heureux
              La tête sous parait il de nouveau cieux !


              • Captain Marlo Fifi Brind_acier 24 novembre 2013 10:02

                Bizarrement, quand les Bretons sont dans la mouise, c’est vers cet Etat - détesté - jacobin - colonialiste qu’ils tournent leurs tracteurs et sébiles ... , comme tous les Français.

                Et ça va encore nous coûter un bras, à nous exploiteurs - colonialistes - con-tribuables...
                Ne dites pas merci, ça s’appelle la solidarité nationale, mais passons.... , crachez bien dans la soupe !

                Les Etats peuvent être utilisés par des « décideurs extérieurs non élus », genre Commission européenne, pour faire fonctionner l’ Europe des banksters...
                Ou autrement :

                « Nous avons sauvé les gens plutôt que les banques »

                C’est donc à double tranchant, il arrive que les Etats soient dirigés par des Chefs d’ Etat qui se soucient davantage de l’intérêt général, que de la bonne santé du marché financier.

                Et ça, c’est très dangereux, surtout quand les citoyens sont mécontents.

                Les euro-régions ont donc été inventées pour supprimer les gouvernements nationaux, les politiques nationales. Viviane Reding est venue expliquer qu’avec l’ UE, il n’y avait plus de politiques intérieures nationales :

                «  Viviane Reding, Vice Présidente de la Commission européenne aux députés français »

                 découper tous les pays d’ Europe en mini-machins façon puzzle, directement sous la direction de Bruxelles, pour en finir avec les Nations, en caressant la nostalgie locale dans le sens du poil.

                Que je sache, les Bretons ont les mêmes droits que tous les Français ?

                Pierre Hillard a compilé tous les textes européens qui le permettent, dans un livre :
                 « La décomposition des Nations européennes. » avec les cartes prévues de longue date,
                certaines existent depuis les années 70...

                Et la vidéo d’ Asselineau : « Les euro-régions, allons nous laisser détruire les Nations ? »


                • Grattounette 24 novembre 2013 12:34

                  Hoarn, vous confondez indépendance avec autonomie, c’est dommage et ça crée forcément des réactions épidermiques, normal et logique. 

                  En + ça fait revenir aux mouvements indépendantistes (et extrémistes) ce qui n’est plus du tout de mise en Bretagne, où c’est le mot autonomie qui est repris par la plupart des mouvements, comme l’UDB. Et c’est, entre autres, la demande des Bonnets rouges : « vivre, décider et travailler au pays », je crois que là tout est dit. 

                  Il y a déjà en France de fortes disparités avec une certaine forme d’autonomie pour la Corse, le Pays Basque et l’Alsace, mais non officialisée, en France sur le sujet on a du mal à nommer les choses par leur nom. Nous sommes le seul pays d’Europe à ne pas avoir une véritable autonomie de régions (Espagne, Italie, etc..) , mais ça fait 50 ans qu’on nous parle de « décentralisation » (? ??)
                  De par toutes ses spécificités (quoi qu’en pensent certains, qui ne connaissent de la Bretagne que des clichés, des articles de presse nationaux ou quelques vacances en Morbihan) la Bretagne se prête effectivement tout-à-fait à ce genre d’expérimentation officielle (c’est d’ailleurs chez nous que pas mal de choses sont « expérimentés » dans beaucoup de domaines). 
                  Et loin d’apporter une « concurrence entre régions » (ce que j’ai déjà lu ici) une autonomie bien gérée doit apporter cohérences et solidarités inter-régions, chacun étant le mieux à même de comprendre et gérer ses propres besoins, atouts et compétences. Et particulièrement celles à la forte identité. C’est aussi une occasion pour les autres de se reposer des questions identitaires, souvent un peu trop perdues. L’autonomie c’est justement la non autarcie car personne ne peut vivre sans l’autre qui sera complémentaire, comme dans toute société.
                  Qui mieux que les bretons peuvent faire vivre et devenir leur pays qui est déjà à leur image ? 



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