Brexit, Trump, Marine Le Pen : la grande peur des bien-pensants !
L’élection de Trump aux USA, le Brexit sont un grand coup de pied dans la fourmilière libre-échangiste ; l’essentiel n’est pas dans l’avènement de ces singularités imprévues ( l’esprit du Brexit est en passe d’être subrepticement détricoté, si l’on en croit Nigel Farage, pas étonnant non plus car la trahison de la volonté populaire par ceux qui sont chargés de l’incarner est un classique ; de l’autre côté de l’Atlantique, Trump, à peine élu, opère déjà une volte-face sur les mesures les plus chocs et les moins chics de son programme ) ce qui est vraiment fondamental dans ces résultats reste dans la manifestation d’une volonté populaire de balayer les écuries d’Augias.

La réponse que notre aristocratie du savoir et du pouvoir a trouvée pour combattre les timides retours au protectionnisme annoncés sinon prévisibles, c’est toujours plus d’Europe, n’entendez pas une meilleure Europe homogène socialement, l’Europe rêvée des romantiques, de Goethe, de Hugo ou de Beethoven non celle-là serait l’horreur absolue, l’antithèse aux dogmes du laisser-faire laisser-aller gravé dans le marbre des certitudes bureaucratiques.
Il n’ y a donc pas lieu d’espérer voir, dans un avenir proche, sortir des méninges bruxelloises des freins institutionnels au dumping social, moteur du libre-échange et de la concurrence, au contraire, Tout cela leur est une invitation à emboucher les trompettes de la propagande la plus inepte.
D’un autre côté, le FN, rugissant mais édenté, convient parfaitement à cette oligarchie méprisante.
Traversé de courants contradictoires unis seulement par la détestation xénophobe, le FN n’offre pas de quoi bouleverser l’équilibre en matière économique et sociale, au contraire, c’est un fer au feu éventuel qui figerait dans un état fort un rapport des forces favorable à l’oligarchie. Cette dernière, consciente des forces centrifuges en action, mobilise déjà ses « think tank « pour réfléchir à une post Europe car qu’importe au fond que des états retrouvent des lambeaux de souveraineté tant que le cadre global de leur dépendance n’est pas affecté par leurs foucades.
Par définition, avec le regard dans le rétroviseur, le FN n’a pas de vision à long terme, il raisonne dans les frontières de l’hexagone et le repli identitaire qu’il incarne est surtout une forme d’incapacité à penser le monde qui bouge.
La dynamique mondialiste ne serait guère altérée par sa prise du pouvoir, c’est ce qui explique la bienveillance relative des médias liés à de grands groupes à son égard.
Le FN s’est banalisé, beaucoup de ses électeurs doutent, eux-mêmes, de sa capacité à changer la situation.
Colorer les choses aux couleurs de la nation ne change pas leur nature.
Se concentrer sur son nombril apporte certainement la paix de l’âme mais n’ouvre pas sur la découverte de ces nouveaux horizons dont un peuple confiant et fier de lui a tant besoin.
Alors, pour de moins en moins improbable qu’elle soit, l’élection de Marine Le Pen correspondrait à l’apophtegme du « Guépard » de Lampédusa où Tancrède, engagé chez les chemises rouges révolutionnaires, se justifiait de son choix auprès du prince , son oncle " il faut que tout change pour que rien ne change " .
Mais comme chaque événement charrie aussi sa part de positif : l’élection de Marine Le Pen aurait aussi comme signification subliminale d’annoncer les prémices de la fin d’un monde et que le conformisme n’est pas une fatalité.
Pour cette Gauche qui sied si bien aux bien-pensants, celle qui discourt à gauche, un peu mais pas trop ni surtout trop longtemps, et qui pense à droite, énormément et agit en conséquence, - inspirez un grand bol de néolibéralisme puis expirez, comme autant de germes nocifs, des lois El Khomry à la pelle - un Mélenchon est un os qui se met en travers d’une orge balisée par un long travail de défrichage idéologique pour faciliter le passage des couleuvres.
Dans les grandes foires d’antan, les avaleurs de sabre faisaient sourire les badauds qui s’ébaubissaient et applaudissaient, aujourd’hui que sévissent les cracheurs de péroraisons formatées, ils déglutissent de plus en plus difficilement et soulagent leurs crampes avec les pastilles Rennie du Front National.
Mélenchon est pour le moment assez discret, il ne se répand guère sur les médias pourtant avides d’égratigner ses moindres froncements de sourcils ; son programme est catalogué définitivement nul sans autre forme de procès par les proconsuls du système qui n’en finissent pas de manger le chapeau de leurs échecs mais n’ont manifestement pas l’esprit tourné à l’autocritique : ils nomment leur immobilisme réalisme ou pragmatisme, cette qualité qui vient aux impuissants.
Leurs obsessions réformatrices des réalités qui les affolent sont bien loin des préoccupations des gens qui subissent les conséquences de leur gouvernance ou plutôt de leur gérance des intérêts de la ploutocratie.
A vrai dire, ces parangons du vice raffolent des ragoûts de la réformite et plus les ficelles des faux remèdes sont grosses, plus ils bandent d’aise, que voulez-vous, c’est leur transgression à eux, duper le peuple !
Leur grand courage est maintenant de se soumettre aux événements et de le faire savoir, " there is no alternative, stupid ", confortable sentence qui dispense de recherche.
Ils ne risquent pas non plus de se démettre une vertèbre dans des vaines contorsions pour tâcher d’influer sur le cours des choses car leur plasticité est remarquable.
Je me pourlèche déjà les babines à l’idée de voir et d’entendre les finalistes des différentes primaires ( plus Macron en guest star ) se torturer les méninges pour tenter de persuader le distrait de leurs différences.
Cela vaudra son plein de formules creuses vers un avenir incertain et sans doute quelques envolées lyriques du genre pompier.
Alors évidemment c’est sûr qu’il dérange, un Mélenchon qui parle juste et qui est même de plus en plus audible dans l’opinion et ce n’est pas une mince affaire que de vaincre l’accoutumance au matraquage des vérités révélées et compilées dans la Sainte Bible du Libéralisme à l’usage des Nuls , un narcotique puissant annihilant la réflexion pour maintenir les gens dans une immobilité servile, tout surpris quand les horreurs des guerres impérialistes viennent troubler leur quiétude.
Si lui et le courant qu'il représente pouvait être réduit au silence !
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