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Accueil du site > Tribune Libre > BRICS : vers un nouveau Système Monétaire International ?

BRICS : vers un nouveau Système Monétaire International ?

Les BRICS, Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud se réunissent du 22 au 24 aout à Johannesburg en Afrique du Sud pour la mise en place d’une monnaie-panier qui entrerait probablement en vigueur à partir du 1er janvier 2024. Quels sont les moyens envisagés et les enjeux de ce nouveau mécanisme monétaire ?

Les BRICS depuis 2014 mettent en place des institutions internationales qui font de plus en plus concurrence à celle mises en place par les occidentaux à la sortie de la seconde guerre mondiale : l’Organisation de Coopération de Shangai est l’équivalent de l’OTAN, la Nouvelle Banque de Développement faisant concurrence au FMI.

La question d’un nouveau système monétaire international se pose depuis plusieurs année devant la politisation du dollar qui permet aux Etats-Unis de sanctionner leurs adversaires. L’an dernier, lors de l’invasion russe de l’Ukraine, les occidentaux sont allés encore plus loin en confisquant les réserves de dollars et d’euros de la banque centrale russe. Ceci est, bien sûr, sans précédent et à donc indiqué au reste du monde (Chine, Inde et Arabie Saoudite en premier lieu) que nos monnaies sont certes une reconnaissance de dette, mais sans valeur réelle !

D’où l’accélération du calendrier de la mise en place d’un système monétaire alternatif basé à nouveau (comme avant 1973 et la fin de l’étalon-or) sur des contreparties monétaires réelles. Le principe de base est relativement simple : comme pour l’Ecu qui a précédé l’euro, une monnaie-panier serait créée qui serait composée d’un certain pourcentage de yuan chinois, de roupie indienne, de rouble russe … Se pose donc aujourd’hui 3 questions : quels seront les pays qui adhéreront à ce système, quel sera le pourcentage de chaque état au sein de cette monnaie panier et quels seront les contreparties choisies par ces derniers pour leur masse monétaire.

Concernant le premier point, l’on commence à y voir plus clair et cela n’est guère rassurant pour l’Occident : en plus des 5 BRICS, 19 pays souhaiteraient participer à cette nouvelle monnaie. Des pays du sud-est asiatique tels que la Thaïlande et l’Indonésie, mais aussi des pays producteurs de pétrole et de gaz : Iran, Arabie Saoudite, Emirats Arabes unis, Algérie, Venezuela, et des pays d’Amérique Latine, comme le Mexique, l’Uruguay et l’Argentine.

Concernant la répartition des quotas de chaque pays, l’on ne peut que faire des hypothèses sur la clef de répartition. Si cette dernière est le poids de chaque pays dans le commerce mondial, il faut garder à l’esprit que la Chine représente 13 % de ce dernier (pour seulement 2,5 % d’utilisation du yuan), l’Inde environ 3 % et la Russie et le Brésil plutôt 1 à 1,5 %.

Enfin concernant la grande question qui est celle des contreparties, l’on sait que chaque monnaie devrait avoir dans ce système des bases réelles : l’or y contribuerait (ce qui amènerait à une réévaluation de ce dernier) mais son cours est insuffisant pour assurer la contrepartie de l’ensemble des masses monétaires, l’on sait que d’autres matières premières ont été envisagées : argent, cuivre, mais aussi pétrole ou gaz et peut-être matières premières agricoles : blé, riz …

La création de ce nouveau système monétaire permettrait à ces pays de continuer à commercer même en cas de graves problèmes avec les occidentaux et même en cas de graves problèmes en occident.

Se pose alors 2 questions : quelles seront les parités choisies entre les monnaies de ce nouveau système mais aussi quelle parité s’établira entre ces monnaies et le Dollar et l’Euro. Est-ce que les monnaies occidentales ne risquent pas de se dévaluer fortement si elles continuent à ne pas avoir de contreparties ? Ce qui rendraient difficiles le paiement de nos importations manufacturières et énergétiques.

Deuxième enjeu, quelle sera la stabilité du système ? Que se passera-t-il à terme entre ces monnaies alors que forcément des différentiels d’inflation apparaitront (ex : l’Argentine) ? Y aura-t-il une révision annuelle des parité entre monnaies ?


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7 réactions à cet article    


  • Rincevent Rincevent 12 juillet 2023 12:54

    …cela n’est guère rassurant… Bien sûr, mais pour qui sinon les américains ?


    • pallas 12 juillet 2023 13:20

      Bonjour,

      La nouvelle réalité prend forme, doucement mais surement.

      D’habitude cela passe par un nouveau génocide.

      C’est l’idéologie du moment des intellectuels que j’écris,

      Néanmoins, il n’y pas d’ancienne ou nouvelle réalité, le mot est « vérité ».

      La réalité n’a jamais changer elle est immuable.

      Un nouveau génocide mondial est en préparation, en gestation prêt à éclore.

      Il n’y a pas d’humains ici, juste des cadavres recherchant une âme et un moi, sans le comprendre.

      Un cadavre ambulant agissant comme un zombie et ce prenant pour un humain est la réalité depuis quelques temps déjà

      Salut


      • Sirius Grincheux 12 juillet 2023 13:37

        Vivement que les BRICS aient l’équivalent de l’OTAN et contrôlent l’ONU, l’OMC, le FMI, l’OMS, le WEB, le GPS, les médias, la distribution des films dans les cinémas et leur diffusion à la télé. 


        • bouffon(s) du roi bouffon(s) du roi 13 juillet 2023 09:36

          @Grincheux

          Ah ? parce que ça va changer qq chose ? ^^


        • microf 12 juillet 2023 17:55

          À l´auteur @Christophe Bugeau, vous trouverez les réponses á vos trois questions posées dans cet article.

          Finance, puissance, intégration : L’OCS accueille un nouveau « Globe mondial »

          Je vous mets quelques éléments de cet article qui peuvent aussi répondre á certaines de vos questions. Toutefois, il faudra lire tout l´article pour bien comprendre oú les BRICS couplés á l´OCS veulent aller.

          " La longue et sinueuse route de la dédollarisation

          Toute cette activité frénétique est en corrélation avec le dossier clé à traiter par les BRICS+ : La dédollarisation.

          Le ministre indien des Affaires extérieures, Jaishankar, a confirmé qu’il n’y aurait pas de nouvelle monnaie des BRICS – pour l’instant. L’accent est mis sur l’augmentation des échanges dans les monnaies nationales.

          En ce qui concerne la Russie, poids lourd des BRICS, l’accent est mis pour l’instant sur la hausse des prix des matières premières au profit du rouble russe.

          Des sources diplomatiques confirment que l’accord tacite entre les sherpas des BRICS – qui préparent cette semaine les lignes directrices de BRICS+ qui seront discutées lors du sommet d’Afrique du Sud le mois prochain – est d’accélérer l’effondrement du dollar fiduciaire : Le financement des déficits commerciaux et budgétaires des États-Unis deviendrait impossible aux taux d’intérêt actuels.

          La question est de savoir comment l’accélérer imperceptiblement.

          La stratégie caractéristique de Poutine est de toujours laisser l’Occident collectif s’embarquer dans toutes sortes d’erreurs stratégiques sans intervention directe de la Russie. Ainsi, la suite des événements sur le champ de bataille du Donbass – l’humiliation plus grande que nature de l’OTAN – sera un facteur crucial sur le front de la dédollarisation. Les Chinois, pour leur part, s’inquiètent de l’impact de l’effondrement du dollar sur la base manufacturière de la Chine.

          La feuille de route à venir suggère une nouvelle monnaie de règlement des échanges conçue d’abord à l’UEEA, sous la supervision du chef de la macroéconomie de la Commission économique eurasienne, Sergey Glazyev. Cela conduirait à un déploiement plus large des BRICS et de l’OCS. Mais l’UEEA doit d’abord obtenir l’adhésion de la Chine. C’est l’une des questions clés récemment abordées par Glazyev, en personne, à Pékin.

          Le Saint Graal est donc une nouvelle monnaie commerciale supranationale pour les BRICS, l’OCS et l’UEEA. Il est essentiel que son statut de réserve ne permette pas à un pays d’exercer un pouvoir prépondérant, comme c’est le cas avec le dollar américain.

          Le seul moyen pratique de lier la nouvelle monnaie commerciale à un panier de matières premières multiples – sans parler d’un panier d’intérêts nationaux – serait l’or.

          Imaginez que tout cela soit discuté en profondeur par cette interminable file d’attente pour l’adhésion aux BRICS. À l’heure actuelle, au moins 31 pays ont déposé une demande officielle ou exprimé leur intérêt à rejoindre un BRICS+ amélioré.

          Les interconnexions sont fascinantes. Outre l’Iran et le Pakistan, les seuls membres à part entière de l’OCS qui ne sont pas membres des BRICS sont quatre « stans » d’Asie centrale, qui sont déjà membres de l’UEEA. L’Iran est appelé à devenir membre des BRICS+. Pas moins de neuf pays parmi les observateurs ou les partenaires de dialogue de l’OCS figurent parmi les candidats des BRICS.

          C’est Loukachenko qui l’a dit : La fusion des BRICS et de l’OCS semble pratiquement inévitable.

          Pour les deux principaux moteurs des deux organisations – le partenariat stratégique Russie-Chine – cette fusion représentera l’institution multilatérale ultime, basée sur un véritable commerce libre et équitable, capable d’éclipser les États-Unis et l’UE et de s’étendre bien au-delà de l’Eurasie, jusqu’au « Globe mondial ».

          Les milieux industriels/affairistes allemands semblent déjà avoir vu l’avertissement sur le mur, de même que certains de leurs homologues français, qui incluent notamment le président français Emmanuel Macron. La tendance est au schisme de l’UE – et à une puissance eurasienne encore plus grande.

          Un bloc commercial BRICS-SCO rendra les sanctions occidentales absolument insignifiantes. Il affirmera une indépendance totale vis-à-vis du dollar américain, offrira un éventail d’alternatives financières à SWIFT et encouragera une coopération militaire et de renseignement étroite contre les opérations secrètes en série menées par les Cinq Yeux, dans le cadre des guerres hybrides en cours.

          En termes de développement pacifique, l’Asie occidentale a montré la voie. Dès que l’Arabie saoudite s’est rangée du côté de la Chine et de la Russie – et qu’elle est désormais candidate à l’adhésion aux BRICS et à l’OCS – un nouveau jeu s’est mis en place."



          • microf 12 juillet 2023 17:57
            Suite

            À l´auteur @Christophe Bugeau, vous trouverez les réponses á vos trois questions posées dans cet article.

            Finance, puissance, intégration : L’OCS accueille un nouveau « Globe mondial »

            " Rouble d’or 3.0 ?

            En l’état actuel des choses, le potentiel d’un rouble adossé à l’or est énorme. S’il voit le jour, il s’agira d’une renaissance de l’adossement à l’or de l’URSS entre 1944 et 1961.

            Glazyev a observé que l’excédent commercial de la Russie avec les membres de l’OCS a permis aux entreprises russes de rembourser leurs dettes extérieures et de les remplacer par des emprunts en roubles.

            Parallèlement, la Russie utilise de plus en plus le yuan pour les règlements internationaux. À plus long terme, les principaux acteurs du « Globe mondial » – la Chine, l’Iran, la Turquie, les Émirats arabes unis – seront intéressés par des paiements en or non sanctionné plutôt qu’en monnaies locales. Cela ouvrira la voie à une monnaie de règlement commercial BRICS-OSC liée à l’or.

            Après tout, rien ne vaut l’or lorsqu’il s’agit de lutter contre les sanctions collectives occidentales, de fixer le prix du pétrole, du gaz, des denrées alimentaires, des engrais, des métaux et des minéraux. Glazyev a déjà établi la loi : La Russie doit opter pour le Rouble d’or 3.0.

            Le moment approche rapidement pour la Russie de créer la tempête parfaite pour porter un coup massif au dollar américain. C’est ce qui est discuté dans les coulisses de l’OCS, de l’UEEA et de certaines sessions des BRICS, et c’est ce qui rend les élites atlantistes livides.

            Le moyen « imperceptible » pour la Russie d’y parvenir est de laisser les marchés faire monter les prix de la quasi-totalité des exportations de matières premières russes. Les neutres à travers le « Globe mondial » interpréteront cela comme une « réponse du marché » naturelle aux impératifs géopolitiques cognitifs dissonants de l’Occident collectif. La flambée des prix de l’énergie et des matières premières finira par provoquer une forte baisse du pouvoir d’achat du dollar américain.

            Il n’est donc pas étonnant que plusieurs dirigeants présents au sommet de l’OCS se soient montrés favorables à ce qui équivaut, dans la pratique, à une banque centrale élargie des BRICS et de l’OCS. Lorsque la nouvelle monnaie des BRICS, de l’OCS et de l’UEEA sera finalement adoptée – bien sûr, c’est encore loin, peut-être au début des années 2030 – elle sera échangée contre de l’or physique par les banques participantes des pays membres de l’OCS, des BRICS et de l’UEEA.

            Tout ce qui précède doit être interprété comme l’esquisse d’une voie possible et réaliste vers une véritable multipolarité. Cela n’a rien à voir avec le yuan comme monnaie de réserve, reproduisant le racket existant d’extraction de rente au profit d’une minuscule ploutocratie – complétée par un appareil militaire massif spécialisé dans l’intimidation du « Globe mondial ».

            Une union BRICS-UEEA se concentrera sur la construction – et l’expansion – de l’économie physique, non spéculative, basée sur le développement des infrastructures, la capacité industrielle et le partage des technologies. Un autre système mondial est plus que jamais possible."


            • Renaud Bouchard Renaud Bouchard 13 juillet 2023 09:29

              @microf ainsi qu’à l’Auteur

              Excellent papier.

              Les articles de fond de Pepe Escobar que vous signalez sont eux aussi passionnants.

              La séance mondiale qui se met en place promet d’être sérieusement agitée.

              Il suffit de voyager en Eurasie Asie centrale pour comprendre que l’UE et la France qui sombrent dans des guerres ethniques, religieuses, sociales tandis que les fiscalités respectives de ces « nations qui s’éteignent » comme le disait VV. Poutine dans l’un de ses derniers discours, sont en train d’être passées à la paille de fer, sont promises à un naufrage par une nuit sans lune.

              Bien à vous,
              Renaud Bouchard

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Christophe Bugeau

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