« C’est la guerre ». Mais, notre président est-il vraiment un chef d’armée sanitaire ?
Notre cher Président, chef des armées, a martelé par six fois les mots : « Nous sommes en guerre ».
« Nous sommes en guerre, en guerre sanitaire, certes : nous ne luttons ni contre une armée, ni contre une autre Nation. Mais l'ennemi est là, invisible, insaisissable, qui progresse. Et cela requiert notre mobilisation générale. (...)
Nous sommes en guerre. Toute l'action du Gouvernement et du Parlement doit être désormais tournée vers le combat contre l'épidémie. De jour comme de nuit, rien ne doit nous en divertir. (...)
Nous sommes en guerre. J’appelle tous les acteurs politiques, économiques, sociaux, associatifs, tous les Français à s’inscrire dans cette union nationale qui a permis à notre pays de surmonter tant de crises par le passé. (...)
Nous sommes en guerre. La Nation soutiendra ses enfants qui, personnels soignants en ville, à l’hôpital, se trouvent en première ligne dans un combat qui va leur demander énergie, détermination, solidarité. Ils ont des droits sur nous. (...)
Nous sommes en guerre, oui. Le pays accompagnera dans cette période les régions les plus touchées aujourd'hui comme celles qui le seront demain. (...)
Nous sommes en guerre. Comme je vous l'ai dit jeudi, pour nous protéger et contenir la dissémination du virus mais aussi préserver nos systèmes de soins, nous avons pris ce matin entre Européens une décision commune. Dès demain midi, les frontières à l'entrée de l'Union européenne et de l'espace Schengen seront fermées. »
Outre que le mot "guerre" vient ajouter inutilement de l'anxiété, il est parfaitement ridicule de le citer parce qu’en le répétant, nous finissons par nous demander si notre chef de guerre possède bien les qualités pour la remplir. Arrêtons-nous sur les deux principales : l’anticipation et la reconnaissance.
Les qualités liées à l’anticipation
L’Histoire nous a appris que toutes les grandes victoires ont été le fait de l’anticipation : anticiper les réactions de l’ennemi, ce qui suppose de le connaître ; le prendre de vitesse ; avoir préparé le terrain ; et partir en guerre avec des troupes aguerries.
Or, que constate-t-on ? Anticiper les réactions du Corona virus suppose qu’on le connaisse. Le connaissait-on ? D’aucun diront que le Covid 19 est le dernier né des Corona virus. Mais, si la souche était inconnue, la classe des Corona virus est bien connue puisque depuis l’an 2000, c’est la cinquième fois qu’elle sévit. Du coup, nous sommes en droit de nous demander ce que nos gouvernements et l’actuel ont fait pour anticiper ce Corona virus. D’autant que le Covid 19 serait le frère jumeaux du Sras de 2003.
En termes de moyens généraux, c’est-à-dire, ceux qui sont nécessaires pour toutes les épidémies et, de surcroît, pour les pandémies, cela se traduit par :
- Disposer d’une armée de personnels de santé en nombre suffisant, voire supérieur.
- Disposer de lits d’hôpitaux
- Des masques
- Du gel hydro alcoolique
- Des respirateurs
- S’être entraîné sur différentes stratégies
Or, à tous les niveaux, nos moyens de défense sont défectueux ou en quantités insuffisantes. Est-ce la faute du méchant Covid ?
Depuis le passage aux 35 heures, les personnels de santé sont laissés pour compte. Leur nombre diminue. Leur salaire diminue. Leurs revendications ne sont pas écoutées. Imaginez deux secondes ce que cela produirait chez nos soldats ? Le problème est que si nous sommes actuellement en état de guerre, nos soignants sont nos soldats. Et que promet notre chef des armées à ses grognards : « Nous devons aussi aux soignants la garde de leurs enfants : un service minimum de garde est en place depuis ce jour dans les crèches et dans les écoles. Nous leur devons aussi sérénité dans leurs déplacements et repos. C'est pourquoi j'ai décidé que, dès demain, les taxis et les hôtels pourront être mobilisés à leur profit. L'Etat paiera. » Monsieur le Président, où sont les renforts ? Où sont les lits d’hôpitaux ? Croyez-vous qu’un seul hôpital de campagne corresponde à ce qu’il manque ?
D’autre part, le matériel : masques, gel hydro alcoolique, respirateurs. Où sont-ils ? Où sont les réserves stratégiques ?
Quant à l’entraînement, bien entendu, nous n’en avons jamais entendu parlé. L’anticipation d’une crise économique due au confinement n’a jamais été prise en compte par aucun gouvernement, ni par l’actuel, tout focalisé à nous faire payer une dette dont nous ne sommes pas responsables.
Enfin, il faut se poser la question de la temporalité et de la cohérence des prises de décision. Abaisser les rassemblements au nombre de 5000 personnes, franchement, n’est-ce pas risible ? Comment peut-on croire qu’il y a une différence entre un rassemblement de 50 000 personnes et un de 5 000 ou de 1000 en termes de ralentissement de la propagation du virus sachant qu’une semaine plus tard, les réunions de familles sont interdites ?
Les rapports n’ont pourtant pas manqué pour anticiper cette épidémie. Le plus connu étant celui de Michel Barnier en 2006 qui a été enterré par l’Union européenne et jamais repris par la France. Mais l’histoire nous apprendra toutes les alertes qui ont été reçues par les gouvernements sans qu’ils ne fassent rien. L’histoire nous dira pourquoi les stocks stratégiques de masques, de gel et de respirateurs sont si peu fournis.
Les qualités liées à la reconnaissance
Pour qu’un chef de guerre soit reconnu, il faut avoir fait ses preuves à des échelons inférieurs. Or, suffit-il d’être un enfant de médecins pour mener une guerre sanitaire ? Suffit-il d’être le fils d’un général pour être un bon général ? Évidemment non ! Et c’est bien là la seule « expérience » dont peut se targuer Emmanuel Macron. Bien entendu, celui-ci s’entoure d’un conseil scientifique. Mais, qui peut croire que le maintien du premier tour des élections municipale soit une idée d’un professionnel de la santé ? C’est la décision révélatrice d’une stratégie avant tout politique qui gère la crise sanitaire depuis des semaines. Est-ce bien de cela que cette guerre a besoin pour la gagner avec un minimum de pertes ? Cela veut dire que depuis le début de la crise sanitaire, le politique prévaut sur le médical et que cela explique que nous soyons le 7e pays en termes d’infections et de morts. Bientôt nous passerons devant la Corée du sud, pays limitrophe à la Chine !
De plus cette reconnaissance se gagne par la légitimité. A cela, notre Président s’appuie sur la Constitution et son article 15 qui stipule : « Le Président de la République est le chef des armées. Il préside les conseils et comités supérieurs de la Défense nationale. » Mais, cela reste du domaine du légal et non du légitime. La légitimité d’un chef n’est réelle que si elle s’appuie sur une reconnaissance d’une forte majorité de ses soldats. Or, dans cette guerre, ses capitaines et ses soldats sont les personnels de santé. Et que pensent ces soignants de leur Président intronisé chef des soldats de la santé ? Il suffit de regarder le nombre de grèves qu’ils organisent depuis plus d’un an sans jamais être satisfait d’aucune de leurs revendications pour le savoir. Ils tiendront tant qu’ils peuvent comme ils l’ont toujours prouvé. Mais la situation est telle que la mutinerie n’est pas loin.
Rappelons la chronologie de cette pandémies
17 novembre 2019 : le premier cas rapporté est un patient de 55 ans tombé malade le en Chine, selon le South China Morning Post.
Le 15 décembre, le nombre de cas était de 27
Le 20 décembre, il est passé à 60, incluant plusieurs personnes qui travaillaient au marché de gros de fruits de mer de Huanan sont hospitalisées à l'hôpital de Huanan pour pneumopathie.
Le 21 décembre, le kit diagnostic ciblant 22 germes pathogènes respiratoires (18 virus et 4 bactéries) donnant un résultat négatif, les médecins réalisent qu'ils sont en présence d'un nouvel agent pathogène respiratoire.
30 décembre 2019 : les premiers symptômes d’une future épidémie sont décelés. Li Wenliang, ophtalmologue à l’hôpital central de Wuhan, alerte par message huit de ses collègues, qu'il aurait découvert une mystérieuse maladie.
7 janvier : découverte du Covid 19
18 janvier 2020 : les autorités chinoises confirment le premier cas de coronavirus !!!
20 janvier 2020 : propagation du virus dans plusieurs pays d’Asie : Thaïlande, Corée du Sud, Japon
23 janvier : les habitants de Wuhan sont confinés chez eux.
24 janvier, les 3 premiers cas de patients porteur du virus sont détectés en France.
30 janvier 2020 : l’OMS déclare l’Urgence de Santé Publique de portée Internationale (USPPI)
Il y avait 150 cas confirmés hors de Chine, lorsque la décision a été prise. 6 aux États-Unis, 3 au Canada, 2 au Royaume-Uni, etc.
31 janvier 2020 : le seuil des 10 000 contaminés dépassé en Chine (213 décès)
Le 6 février, Il avait été l'un des premiers à avertir de la présence d'un nouveau coronavirus en Chine. Li Wenliang, un ophtalmologue de 34 ans originaire de Wuhan, métropole épicentre de l'épidémie, est mort ce jeudi après avoir été contaminé par un patient dont il s'occupait. Celui-ci avait été l'un des premiers à avertir de la présence d'un nouveau coronavirus en Chine.
Le même jour, Chen Qiushi, un ancien avocat devenu journaliste indépendant qui enquêtait sur la crise du Covid-19 ne donne plus signe de vie. Depuis, la police chinoise a reconnu qu'il avait été placé en quarantaine sans plus de détails.
14 février : premier cas en Afrique (Egypte)
15 février : premier décès en France
21 février : premier décès en Italie
9 mars : confinement de la population en Italie
17 mars : confinement de la population en France
Outre les questions que posent les disparitions des lanceurs d’alerte chinois, il faut pointer l’irresponsabilité des gouvernants. A commencer par la Chine qui n’a pas livré, en temps et en heure, les informations indispensables.
Du côté des autres pays, dont la France, il est curieux que l’OMS déclare l’urgence et que les premières mesures de confinement en Europe n’aient lieu que 39 jours plus tard en Italie et que la France qui a enregistré son premier cas avant celui de l’Italie attend encore 8 jours pour l’organiser. Non seulement, il n’y a aucune anticipation mais il y a du retard. Et non seulement il y a du retard mais comme rien n’a été prévu depuis des années mais pas plus depuis le début de l’épidémie, c’est la complète improvisation tant au niveau sanitaire qu’au niveau économique.
Faudrait-il compter sur les financier pour anticiper l’endettement massif auquel les pays sont en train de procéder ? Pas plus ! Qui paiera l’addition après ? On suppose au vu du fonctionnement des financiers et des gouvernants que ce seront encore les populations alors même que le désastre sera la résultante d’une incompétence, voire de la volonté de ne pas anticiper les problèmes par souci de faire progresser la croissance. Les populations seront-elles une nouvelle fois les variables d’ajustement pour souffrir comme pour payer ?
La recherche fondamentale au niveau mondial a été quasiment abandonnée après la crise financière de 2008 alors même qu’il faut des années pour anticiper les virus. La France a suivi ce même mouvement.
Un fait troublant
Rappelons aussi ce fait troublant de l’origine du Covid 19. On parle de chauve-souris, de chien ou de pangolin mais on oublie tout de même qu’à Wuhan existe un laboratoire P4. « La classification P4 d'un laboratoire signifie « pathogène de classe 4 » et le rend susceptible d'abriter des micro-organismes très pathogènes. Dans le monde, les laboratoires de ce type sont également nommés « BSL 4 », de l'anglais : biosafety level 4. Ces agents de classe 4 sont caractérisés par leur haute dangerosité (taux de mortalité très élevé en cas d'infection), l'absence de vaccin protecteur, l'absence de traitement médical efficace, et la transmission possible par aérosols. La protection maximale exigée pour manipuler ces germes est désignée par le sigle NSB4 (niveau de sécurité biologique 4) » (source Wikipédia). Pourquoi ne pas parler de l’hypothèse d’une erreur de manipulation ? Pourquoi ne pas parler de l’implication de la France dans ce laboratoire ?
La responsabilité de nos dirigeants est-elle engagée ?
Emmanuel Macron nous exhorte à faire Nation et s’étonne de l’irresponsabilité de certains qui ne respectent pas les obligations de confinement. Outre le fait que des membres du gouvernement sont les victimes du Corona virus, ce qui prouve que cette irresponsabilité est partagée à tous les étages, il ne faut pas oublier que le gouvernement avait toutes les cartes en main pour améliorer le système de santé et que des mesures plus strictes auraient pu être prises dès le premier mort puisque notre ministre de la santé nous a expliqué papier crayon à la main, la courbe d’une épidémie. Cela veut dire que cette courbe est bien connue de tous les spécialistes et de tous les décideurs depuis bien longtemps. Alors, faire Nation, c’est bien mais doit-on la qualifier de Nation des dindons de la farce ?
Nos présidents ont failli en laissant le pays en danger face aux menaces virales répétées depuis 20 ans. L’actuel revendique la guerre et donc se revendique chef des armées des soignants alors même que, depuis qu’il est au pouvoir, il les ignore malgré toutes les grèves et revendications. Il ne leur promet d’ailleurs toujours rien.
Les seules actions de chef des armées de nos présidents se limitent, finalement, à équiper les armées et la police des attributs de la virilité que sont les fusils, les canons, les lanceurs LBD et toutes les armes de destruction massive. Mais quand on cherche une infirmière, une chambre, des masques, etc., il n'y a plus de chef d'armée. La guerre n’est pas un terme dont on joue dans les discours pour se déguiser en chef de guerre. Cela veut dire qu’on a d’abord usé de toute son autorité pour s’entourer de gens qualifiés, pour les écouter vraiment et de prendre les décisions au bon moments. Ce qui n’a pas été fait.
Maintenant, Emmanuel Macron nous promet que rien ne sera plus comme avant, se plaçant derechef comme celui qui va mettre en œuvre une politique totalement contraire à celle qu’il nous impose contre vents et marées depuis son élection. Là où il se prétend chef des armées, il continue de se prétendre révolutionnaire d’une nouvelle économie.
Combien de temps encore cette prévarication va-t-elle durer ?
Sources
Covid-19 : y a-t-il une pénurie de masques de protection pour les professionnels de santé ?
Coronavirus : Michel Barnier avait tout prévu…
Rapport 2006 de Michel Barnier
Epidémies : nouvelle étape pour le premier laboratoire P4 chinois
Coronavirus : l’épidém en 13 dates clés
Nombre de personnes infectées à cause du coronavirus COVID-19 dans le monde
Coronavirus : le temps perdu de la recherche depuis le Sras
Et que penser de cette interview avant que le Covid 19 commence à se répandre ? Gaël Giraud : « Nous sommes probablement à la veille d’une nouvelle crise financière majeure »
Crédit NIAID ©
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