C’est les Roms !

Si une chose terrible peut vous arriver, c’est bien de vous faire cambrioler. Au mieux, cela a lieu quand vous êtes parti en voyage ou au travail. Au pire, cela a lieu pendant que vous dormez voire cas extême vous tombez nez à nez avec les malfaiteurs. Outre la perte matérielle et au delà d’un désagrément financier, ce genre de mésaventure est éprouvante : c’est bien une intrusion au sein de votre intimité que vous subissez. Ainsi, j’apprends les récits de plus en plus fréquents de personnes flouées et cela devient effrayant !
Dernièrement, une de mes connaissances au travail a fait cette amère expérience. Comme tous les matins elle s’est rendue au travail. En milieu de matinée, elle reçoit un appel : son appart est saccagé et plusieurs biens – télévison, camescope, ordinateur, et j’en passe – ont disparu. Cris, pleurs. Colère, rage. Desespoir, Rancoeur. Elle avait l’impression de se dissoudre dans un tourbillon de sentiments pêle-mêle qui lui donnait des nausées. Quand la tension est retombée et en discutant en groupe, j’ai été témoin d’une théorie – que l’inspecteur Derrick lui-même n’aurait pas mieux trouvée – les coupables de ce forfait, « c’est les Roms ! »
Bon, la conclusion est hâtive, j’en conviens. Et j’avoue que je n’ai pas tout de suite compris l’équation. L’ai -je compris en fait à esprit reposé ? Non je ne crois pas. Ma connaissance soutenue par l’audience composée d’autres collègues, a étayé son discours en précisant qu’en cette période de l’année, cela ne pouvait être qu’eux. La police a-t-elle arrêté un coupable ou un suspect ? Non, mais c’est les Roms, affirme-t-elle toujours convaincue.
Ce qui m’a encore plus décontenancée, c’est que des Roms, on est passé aux Arabes. Encore une fois, ma logique a du mal à suivre. Encore maintenant, je me demande à quel moment j’ai loupé le lien. Là, dans un élan d’énervement, ma connaissance s’écrit : « J’aime pas les Roms, j’aime pas les Arabes. De toute façon, je deviens raciste, c’est que de la racaille !!!! » A cet instant, je relève doucement la tête et croisant son regard, je suis surprise par tant de violence. Aussi traumatisant que cela puisse être de se faire dépouiller, décidément j’ai du mal à comprendre.
Mais que fait la police ? Rien de toute façon. On paie des impôts mais on ne sait même pas pourquoi et de toute façon ce sont toujours les mêmes qui passent à la caisse... Autre conclusion douloureuse. A cet instant, je me dis que les temps sont durs et la cohésion en pâtit. C’est bien connu, quand tout va mal, on rejette la faute à cet étranger, à celui qui est différent. Le constat est , l’ignorance et la bêtise favorise la haine et cela me fait peur. Comment raisonner des gens qui sont persuadés que des Roms, des Arabes, des étrangers, qui souvent sont des Français à la peau basanée, sont forcément de la mauvaise graine et à l’origine de leurs problèmes.
Ma conclusion à la lumière de ce discours c’est que les temps de crises creusent le fossé entre les communautés. Aujourd’hui, on ne vit pas ensemble, on habite le même pays en évitant de se côtoyer au possible. En temps de crise, pas de cohabitation possible, mais chaque jour un peu plus d’incompréhension.
Ah j’oubliais de vous dire, je suis noire, Française. Je me sens concernée par ce qui se passe dans ce pays qui m’a vu naître et m’a éduqué. Je me sens concernée par ce pays cher qui m’a tout donné mais au sein duquel je me sens parfois différente.
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