Cachez ce jean que je ne saurai voir…
Mais de quelle étoffe sont ces dames ?
À LA MODE DE NADINE
Dame Morano et Dame Pécresse ont une certaine idée de la France, de la dignité et de la chose publique. Elles n'hésitent pas à tailler des croupières à une petite nouvelle, une ministre du logement déjà habillée pour l'hiver, une donzelle qui ose braver le protocole en s'exhibant, l'indécente, en pantalon de toile bleue de Nîmes.
Elles tiennent à l'étiquette, elles y attachent tant d'importance qu'elles s'étranglent de voir une gourgandine s'exhiber ainsi sous les lustres de la République. Nous devons féliciter leur soudaine élévation esthétique, leur exigence morale et vestimentaire quand il s'agit de tancer vertement la petite Cécile Duflot.
Là, nous constatons que la bataille sur la parité ne s'accompagne pas d'élévation d'esprit dans les rangs mêmes des illustres représentantes d'une droite guindée et bourgeoise. La première anicroche, le premier accroc qui mérite cris et exclamations outragées seront pour elles, une banale affaire de chiffons. Bien des machistes doivent rire sous cape !
Nous apprécions au demeurant la grandeur d'âme de nos deux harpies. Ainsi c'est dans la fripe qu'elles jugent leurs semblables, qu'elles mesurent la respectabilité d'une consœur, qu'elles coupent dans le vif du sujet. Quand elles filent un mauvais coton, que leur petit métier s'effiloche, elles s'en prennent alors aux négligées, aux sans-culottes, aux va-nu-pieds du tailleur d'en face.
Le tailleur ou la robe de soirée sinon vous serez taillée en pièce par l'élite de l'élégance parisienne. C'est la loi des apparences, du snobisme des beaux quartiers, de la noblesse de robe, des précieuses si ridicules que nous n'en pouvons que pouffer de rire. Pauvres duchesses déchues de la bourgeoisie de la finance.
Ces dames réclament de la distinction. La belle affaire que voilà, cette remarquable élégance du cœur ne se niche que dans la façade pour nos deux harengères. Je dois à la vérité de leur faire crédit sur ce point, elles ne faillirent jamais à cette ligne de conduite fripière. Il faut admettre que leurs frais de toilettes devaient sans doute expliquer des émoluments plus que conséquents alors qu'en baissant les indemnités de 30 % ce pauvre François va nous condamner à n'être représentés que par des ministres en haillons …
Mais laissons là la fringue pour s'attarder un peu aux comportements de nos deux grandes bringues. L'une d'elles s'est faite la spécialiste du mot assassin, du message déplorable, de l'anecdote parfaitement déplacée, de la mise à nu de ses états d'âme. L'essentiel étant sans doute de se vautrer dans de telles pratiques en tailleur Chanel.
La griffe sur le vêtement permet à Madame L'ex Ministre de l'apprentissage de se dégager de toutes les autres obligations de la fonction. L'habit seul fait le moine ou la thuriféraire du Sarkozysme agressif. Ainsi sapée de propre, de cher, d'authentiquement distingué, la dame peut tout à loisir tenir propos hideux, malmener la langue ou la décence. Elle est exonérée de toute remarque.
Alors que la gueuse écologique sera menée sur le bûcher de la bienpensance bourgeoise pour crime de bleu-jean. La cellule riposte de l'UMP en mal d'arguments intelligents va nous détailler la coupe de cheveux des uns, le pantalon des autres, la marque horlogère des plus de cinquante ans. Nous sommes certains que dame Morano et son amie Pécresse vont tenir rubrique chiffons et potins dans les mois à venir.
La vie politique française ne saura jamais reconnaître à sa juste valeur l'apport considérable de Nadine Morano dans le débat idéologique. Grâce à elle, nous sommes certains que les échanges auront toujours de la tenue à moins qu'elle ne se dépêche de prendre une vilaine veste aux prochaines élections, que des électeurs enfin lucides l'envoient se rhabiller dans sa Moselle.
Vestimentairement leur.
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