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Accueil du site > Tribune Libre > Cadavres exquis de chez Findus

Cadavres exquis de chez Findus

Cadavre exquis est un jeu qui consiste à faire composer une phrase, ou un dessin, par plusieurs personnes sans qu'aucune d'elles puisse tenir compte de la collaboration ou des collaborations précédentes, telle est la définition qu'en donne le Dictionnaire du surréalisme. En agro-alimentaire, c'est aujourd'hui un peu ça : recette carnée consistant à élaborer un plat par plusieurs entreprises sans qu'aucune d'elles puisse tenir compte de la collaboration ou des collaborations précédentes...
 

Horsegate, un faux scandale

C'est ainsi que la marque Findus renvoie la "faute" (euphémisme pour fraude) à son fabricant Tavola qui renvoie la balle à Comigel qui la renvoie à son fournisseur Spanghero qui la renvoie à son tour aux traders néerlandais et chypriotes qui la passent aux fournisseurs roumains..., un peu comme dans une mêlée de rugby du temps où le clan Spanghero faisait dans un sport dont la rudesse pouvait laisser présager leur avenir probable dans la boucherie et l'équarrissage. En juin 2011, la firme Spanghero, déjà impliquée dans une alerte à une contamination à la bactérie E. Coli, fut contrainte au rappel de 12 tonnes de ses produits.

Le fournisseur de l'usine luxembourgeoise de Comigel est le groupe français Poujol, lui-même holding de tête de la société Spanghero dont le dernier propriétaire est la coopérative Lur Berri, ancienne filiale d'Arcadie Sud-Ouest. Comigel a acquis la viande surgelée auprès d'un trader chypriote, qui avait déjà sous-traité la commande à un trader situé aux Pays-Bas, ce dernier s'étant fourni auprès d'un abattoir et d'un atelier de découpe roumain..., selon Benoît Hamon, ministre chargé de la consommation.

J'en profite ici pour rappeler que manger de la merde est un acte citoyen et que ceux qui s'y opposent peuvent être incriminés de terrorisme.

Comme au temps de la vache folle, tous les agents de la DGCCRF sont sur le terrain, plusieurs ministres sont sur la brèche, les instances européennes sont indignées, jusqu'aux médias qui se voient sollicités par de la viande chevaline intruse dans les hachis de bovidés alors qu'ils devraient couvrir en priorité (laïcité oblige...) un autre dossier mafieux, celui de la désertion papale pour cause de sénilité.

Il s'agit de sauver la façade d'un pan de notre économie, celui du cartel de la filière bouchère et de l'agro-alimentaire, censément le plus nauséeux après ceux des médocs, de la pétrochimie et des armes.
Quelle surprise ! Comment en serait-il autrement ? Les règles de l’OMC, les directives de l’OMS, les prérogatives du FMI, les décisions du Conseil et des gouvernements, les folles délocalisations, la sous-traitance échevelée, la labellisation à outrance, la fourberie de la douteuse éthique industrielle à base de montages financiers et l'impossible traçabilité en zones ultrapériphériques (de Bombay au Maroc en passant par des abattoirs roumains ou ukrainiens et des empaqueteurs en ports francs)... n'avaient donc pas comme objectif de perdre le consommateur dans le dédale d'une hyper règlementation rassurante ?!

Sous la promotion sans égal de la barquette de cadavre sanguinolent, le vrai est faux, le bio est pharmaceutique et le légal ne peut être davantage malhonnête.

Je vous le dis : il n'y a rien de plus déontologique que du cheval ou de l'âne dans du bœuf ou dans du cochon. C'est la crise et il faut vendre, bordel ! Ce que nous risquons, c'est plutôt du phoque Inuit ou du chameau bédouin dans les blédines, du chat, du chien, du rat dans les raviolis. Et cela n'arrive qu'aux entreprises artisanales, souterraines et non contrôlées qui n'ont pas pignon sur rue ! Le consommateur fait la différence et reporte sa confiance au profit des transnationales correctement marketées.

Qu'en pensent ceux qui ne sont pas zoophages ?

Eh bien, ils se marrent comme des baleines !

Il tue le loup, il frappe l'âne, il caresse son chien et mange l'agneau, c'est l'homme !

Comme pour les antiracistes pour lesquels toutes les races se valent, pour les antispécistes toutes les espèces animales se valent, sauvages ou domestiques, comestibles ou non. À savoir qu'elles doivent être respectées, non esclavagées, non exploitées, ni élevées, encore moins consommées, dans la mesure où l'intelligence dite supérieure de l'homme induit l'empathie. La dérive carnivore de l'homme moderne n'est plus que le caprice culturel d'un ex-régime omnivore, sauf sous bioclimat ultra spécifique comme celui polaire où le régime Inuit est l'exception qui confirme la règle. Et encore, plus maintenant, puisque les circuits longs et le fast-food ont investis les abords des banquises.
En renonçant au régime carné, ou en reléguant la viande à une consommation très secondaire, voire occasionnelle, il s’agit tant de mettre un terme aux affres environnementaux du pâturage intensif, que de soulager considérablement la faim dans les pays exploités, d’assurer aux pays exploiteurs une alimentation moins pathogène et dégénérative, d’établir un rapport moins barbare entre les animaux éleveurs que nous sommes et les animaux élevés, lesquels le sont très généralement dans des conditions abominables.

Faute de pouvoir légitimement demander plus, le flexitarisme, ou semi-végétarisme qui n’exclut que la viande de "mammi-frères" mais accepte certains poissons et parfois la volaille doit pour le moins remplacer la surconsommation de viande dont fait preuve le mode de vie à l’Occidentale. Cette dynamique s’inscrit dans une incitation générale à la frugalité, c'est-à-dire à la recherche d’une certaine simplicité et une moindre empreinte écologique. Il est urgent de considérer le mangeur quotidien de viande comme un drogué, de lutter contre ce type d’overdose, d’ouvrir des centres de désintoxication pour les psychopathes atteints de zoophagie.

Les tickets hebdomadaires ou mensuels, notamment de viande, voire de produits laitiers, doivent être réinstaurés . Au mieux, boucheries et restaurants spécialisés devraient être fermés dans les plus brefs délais. C’est l’un des efforts de guerre qui doit être demandé aux pays les plus nantis et que l’on dit responsables d'une crise… écosystémique.


Et pourtant, sans le moindre état d’âme à l’égard de la condition faite aux animaux, le rayon boucherie de nos hypermarchés poursuit imparablement la quête de sa pierre philosophale, de sa poule aurifère, qui doit être quelque chose comme le porc à quinze côtes, la truie à trois portées, la vache à engendrer deux veaux… Les majors boulimiques de l’agro-industrie ont déjà enfanté du poulet sans plumes, comme de la plante sans semence, sans que l’absurdité de leurs objectifs ne pose un quelconque problème sociétal. Le consommateur est conditionné à penser que c’est pour son bien, voire mieux, pour nourrir la faim dans le monde.

Maintenant qu’il suffit de transplanter un gène de la chose dans la bête, les labos ne vont pas se gêner pour ajouter du filet ou retirer des pattes. Alors, s'étonner que du cheval qui n'est peut-être que de l'âne se mélange au bœuf qui déjà est de la vache, le tout dans un espèce d'immonde hachis farci dans une pâte de nouille absolument dégueulasse, c'est être d'une naïveté rare !

Bon appétit et bonne chance !


Végé, c'est tendance...

Des écosophes hermétiques aux peoples médiatisés, le végéta*isme opère une percée qui laisse présager un prochain changement dans notre paradigme alimentaire.

Je ne fais pas seulement référence à mes propres livres où le sujet est récurrent, notamment dans L'agroterrorisme dans nos assiettes (2012 chez LME), dans Les Orphelins de Gaia (2012 aux Presses du Midi) ou dans Dictature verte (2010 aux Presses du Midi), mais aussi aux excellents opus de Fabrice Nicolino : Bidoche (2010 chez Actes Sud) et de Jonathan Safran Foer : Faut-il manger les animaux ? (2012 chez Points), évidemment à Aymeric Caron et son No steak (2013 chez Fayard) et, éthiquement plus exigeant, à Catherine Hélayel avec Végan ! : le choix de la vie (2013 chez LME).
 


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16 réactions à cet article    


  • alinea Alinea 12 février 2013 12:58

    100% d’accord ; en attendant le réveil, je propose qu’on ne tue pas les loups pour rien ! qu’on donne leur chair à manger aux loups des zoos ! car nous bichonnons les loups dans les zoos ; nous craignons déjà ceux des réserves et tuons les libres ! Tout ça pour manger du mouton sans que ça coûte aux bergers ; pour un berger, faire son travail est obsolète ! La chasse est tellement plus rigolote.
    Je prenais les viandards pour des nuiseux ; ils sont carrément nuisibles ! Et veules.


    • josephine 12 février 2013 13:05

      Le bœuf a été chassé par le cheval avec les seaux d’eau mythe !


      • foufouille foufouille 12 février 2013 13:37

        « mais accepte certains poissons et parfois la volaille »

        pourquoi la volaille ?


        • foufouille foufouille 12 février 2013 13:42

          l’huile minerale lesieur, on en a presque pas entendu parler
          ni du reste
          j’ai vu plusieurs fois de la nourriture avariee dans les supers
          meme de la viande verte


          • LE CHAT LE CHAT 12 février 2013 14:11

            le végétalisme ne sera pas plus la solution , qu’est ce qu’on vous refilera ?

            je ne mange que les épinards en branche , dans ceux qu’on vend comme hachés , je ne suis pas certain qu’on me refile pas de la pelouse !


            • jmdest62 jmdest62 12 février 2013 17:23

              salut le chat

              tu vas rire mais je me suis fait la même réflexion ce midi en mangeant mes épinards à crème surgelés FINDUS.

              je te laisse j’attrape mal au ventre !  smiley

              @+


            • foufouille foufouille 12 février 2013 16:26

              « les viandistes sans cervelle sont persuadés que les végétariens veulent les empecher de manger de la « viande ». »

              ca depends lesquels, certains sont meme raciste



              • brieli67 12 février 2013 19:27

                deux supers articles sur wikipedia

                http://fr.wikipedia.org/wiki/Viande_de_cheval

                http://fr.wikipedia.org/wiki/Hippophagie

                alors de grâce ne racontez pas n’importe quoi !


                • alinea Alinea 12 février 2013 21:33

                  Je ne savais pas qu’il y avait du cadmium dans l’herbe ; j’avais toujours entendu dire que la viande de cheval était la plus saine qui soit !


                • Zobi Zobi 12 février 2013 21:32

                  Tout ça ressemble à la cuisine du Docteur Frankenstein...


                  • Gérard Luçon Gérard Luçon 13 février 2013 00:26

                    la Roumanie ce sont 835.000 chevaux .... meme avec l’anemie infectieuse equine (non transmissible a l’homme selon les veterinaires) , a 350 lei l’animal achete au fermier (82 euros) cela fait une affaire « juteuse », non ?


                    • Tseng 13 février 2013 04:33

                      Très bon article et l’auteur n’y va pas par quatre chemins.
                      A notre époque où nous consommons de la viande seulement par habitude, commodité ou/et goût, il serait peut être temps de comprendre que :
                      - les animaux ne doivent plus endurer un tel sadisme
                      - l’on a pas à disposer de la vie comme ça juste pour notre bon plaisir d’égoïste
                      - cela porte atteinte à l’environnement
                      - 1 milliard de pauvre que l’on préfère ne pas nourrir pour respecter les besoins alimentaires du bétail et ainsi assouvir le désir ignare des occidentaux et américains
                      - étant donné ce que ces animaux se ramassent continuellement (stress, hormones, alimentation issus OGM, antibiotiques), cela ne fait plus aucun doute que la viande a un impact non négligeable sur notre santé
                      - « aimer les animaux », avoir des poissons/chiens/oiseaux... et ensuite s’installer tranquillement à table en ingurgitant de la viande ou autres produits dérivés = spécisme
                      - l’homme ne peut pas se proclamer intelligent ou supérieur à partir du moment où il se permet d’être responsable directement ou indirectement de la mort d’animaux (l’inverse pour autant n’est pas vrai)
                      - 84 millions de morts lors de la première et deuxième guerres mondiale en 1 siècle, 60 milliards d’animaux tués par an, soit un vrai massacre -et c’est un euphémisme- envers nos « mammi-frères » pour reprendre l’expression de l’article ( http://fr.wikipedia.org/wiki/Pertes_humaines_de_la_Premi%C3%A8re_Guerre_mondiale et http://fr.wikipedia.org/wiki/Bilan_de_la_Seconde_Guerre_mondiale#Bilan_humain)
                      - l’animal possède un système nerveux comme l’homme (toutefois on peut se demander si le second en possède vraiment un...)
                      - nous devrions savoir, nous devrions avoir l’expérience, il faut évoluer, les femmes se sont battue pour avoir des droits, tout comme les esclaves se sont battus pour la liberté, tout comme la france s’est battue en 1789 pour une république...

                      Réfléchissons mais surtout agissons pour au moins tenter de laisser à nos enfants un futur « propre » et réaliste.

                      De quelles manières ? :
                      - supprimer sa consommation de produits animaux (progressivement si il le faut) sachant que les légumes reviennent moins chères que la viande, les pauvres dans le monde qui ont ce régime en sont le meilleur exemple
                      - ne plus acheter de fourrures/cuirs...
                      - adoptez vos animaux dans des refuges et non des animaleries, faites les castrer/stériliser
                      - refuser de faire de l’animal une attraction en ne participant pas à des cirques, rodéos, tauromachie...
                      - en éduquant maintenant nos enfants à respecter, écouter, regarder et admirer ces êtres qui sont des habitants de la même planète que l’homme

                      Maintenant, vous ne pourrez pas dire que vous ne savez pas.

                      Un voyage de mille kilomètres commence toujours par un pas (Lao-Tseu)


                      • Maxx Maxx 13 février 2013 11:18

                        Très bon article. Il ne faut pas oublier qu’au niveau de la souffrance et de l’exploitation animale , l’industrie laitière est peut etre la pire. Cela m’a toujours choqué de voir en France, un tel tappage sur les produits laitiers « il faut en consommer 3 voir 4 par jour, c’est bon c’est plein de calcium,... » maintenant beaucoup de médecins s’accordent à dire qu’il faut en consommer le moins possible et que ce serait une cause d’ostéoporose, un comble ! 
                        En y réfléchissant bien, les problèmes liés au lait ne sont pas tellement étonnant, on en oublierait presque que boire le lait maternel d’une autre espèce est complètement contre nature.


                        • France 17 février 2013 21:33

                          Excellent commentaire ! Je me passe de tout produit laitier depuis plus de 20 ans, et je me porte beaucoup mieux depuis que j’y ai renoncé ! 

                          Essayez de supprimer tous les produits laitiers pendant un mois, vous ne risquez rien, et vous verrez bien les bienfaits sur votre santé !

                        • La râleuse La râleuse 13 février 2013 14:42

                          Bonjour Michel Tarrier,

                          Article très intéressant.

                          Toutefois, si lire « Il tue le loup, il frappe l’âne, il caresse son chien et mange l’agneau, c’est l’homme ! » m’a bien plu

                           la « non raciste » que je suis a très nettement moins apprécié la comparaison faite entre antiracistes et antispécistes : « Comme pour les antiracistes pour lesquels toutes les races se valent, pour les antispécistes toutes les espèces animales se valent, sauvages ou domestiques, comestibles ou non. »

                          Je l’avoue, c’est très suggestif mais la formulation « toutes les races se valent », sans aller jusqu’à me choquer, me titille désagréablement.

                          Au secours, docteur ! J’ai besoin d’un psy. smiley


                          • Tzecoatl Claude Simon 17 février 2013 14:44

                            Par contre, Tarrier ne nous dit pas qu’il est homophage.

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