Call me by your name, or don’t call me at all
Très chers lecteurs,
L’emballement médiatique est total… Il s’agit d’une révélation, que dire, d’un phénomène exceptionnel, d’un talent inouï, d’une beauté folle ! Call me by your name, ce film réalisé par l’italien Luca Guadagnino, habitué en plus des films d’auteurs, et qui se retrouve par miracle dans la Cour des Grands pour les Oscars.
Alors soyons francs, honnêtes, directs… Non nous ne passerons pas par quatre chemins, jamais nous nous le cacherons, ici personne ne ment, et les yeux dans les yeux nous dirons la vérité.
Ce film d’auteur relève de la platitude presque naïve de deux êtres masculins, qui dans ces années 1980 encore taboues sur l’homosexualité dans une Italie rurale, vont finir par s’aimer d’un amour… interdit.
Fait pour faire pleurer des adolescentes en mal d’un icône mâle aux cheveux gras qui frisent dans le dos, le jeu d’acteur faussement subtil de deux acteurs américains (certes Timothée Chalamet est franco-américain, français pour vendre le film en France, mais surtout très très américain et bien briefé par sa famille professionnelle du cinéma, ses assistantes personnelles, ses adjoints média, sa horde de conseillers qui coupent la moindre question dérangeante notamment sur « me too ») ne rend pas dupe du manque d’originalité du film.
Si on peut remarquer une ambiance littéraire appréciable dans sa subtilité d’images et une forme de lenteur scénaristique, il n’en demeure pas moins que l’emballement suscité par ce film est une fois de plus totalement à contre-sens de ce qu’il est : un film d’auteur sans prétention, bien monté, et correctement ficelé, sans aucune originalité.
Les deux personnages principaux évoluent dans une maison de campagne italienne, et l’élève doctorant du père archéologue, américain, débarque dans la famille israélo-italo-franco-américaine dans leur maison de campagne en Italie, et ce pour quelques semaines comme on le faisait à l’époque.
Si on peut reconnaître à Armie Hammer & Timothée Chalamet d’avoir interprété avec passion leurs rôles respectifs, le scénario n’en demeure pas moins d’une platitude crasse, avec des lenteurs que seuls les magnifiques paysages italiens arrivent à compenser.
Bien loin d’un véritable chef d’œuvre, c’est surtout une véritable opération commerciale qui a été menée avec succès, avec un budget de 3,4 millions de dollars pour des recettes à la sortie de 35 millions de dollars. A part un scénario qui peut arriver à proposer des situations suggérées et croustillantes par moments, on a vu le début, on en connaît déjà la fin.
Pas d’oscar pour le jeune Chalamet, et pour cause puisqu’il a à juste titre été décerné à l’immense Gary Oldman, dans son interprétation magistrale de Churchill dans « Darkest Hours ».
Au-delà du jeu d'acteur correct et de la relativement bonne réalisation, il est évident que le battage autour du film est superficiel et surtout extrêmement marketé comme on vendrait un yaourt à la vanille chez la ménagère.
N’écoutez surtout pas les interviews mielleuses, soporifiques et toujours dans l’excès notamment sur les plateaux américains.
La réalité, bien plus prosaïque, fait montre surtout d’un monde du cinéma en manque cruel d’inspiration dans lequel le moindre film d’auteur est perçu comme l’arrivée d’un enfant chez un couple stérile.
Peut-être faut-il le lier au géant Disney qui, après avoir racheté toutes les boîtes de production possibles dont la 20th Century Fox récemment, uniformise jusqu’à en vomir les productions cinématographiques.
Le cauchemar de Christopher Nolan se réalise donc… De moins en moins de producteurs accepteront de prendre des risques pour faire des films « intelligents », où dont le scénario risquerait de ne pas être compris par un « mass market » vache à lait et cœur de cible. Le temps des Rope (Hitchcock fabuleux de 1948) Matrix, Orange Mécanique, le Parrain, Inception, Goodfellas, Pulp Fiction et j’en passe des milliers, semble terminé au profit de goûts uniformisés et de Star Wars 8,9,10,11 jusqu’à ce que la franchise ne rapporte plus assez d’argent.
Oui, Call me by your Name est révélateur dans ce sens : seul film d’auteur à faire un buzz mondial… mais ne nous y trompons pas, ils n’ont pas choisi une pépite pour faire le buzz… Un film plus complexe n’aurait pas été adoubé par le fameux « mass market ».
Cinématographiquement vôtre et sans yaourt à la vanille je vous prie,
T.R.
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