Le groupe volailler Doux est dans une situation délicate. En dépôt de bilan, sa dette cumulée serait de 430 millions d’euros et une faillite se traduirait par la mise au chômage de 3400 salariés et la disparition de 700 élevages. (3)
Ce sont également ces chiffres que reprend Yannick Jadot, député européen du Grand-Ouest qui indique sur son blog. « Le dépôt de bilan du groupe DOUX, industriel de la volaille, est une catastrophe sociale, notamment dans l’Ouest de la France. Il va entraîner la suppression de plus 3400 emplois salariés et la disparition de 700 élevages. C’est la démonstration de l’absurdité du modèle agro-industriel soutenu à bout de bras par des subventions publiques.
Depuis 15 ans, le groupe DOUX a fonctionné sous perfusion d’aides publiques en engrangeant plus d’un milliard d’euros d’aides européennes. » (4)
Un peu plus loin il s’en prend au libéralisme dans le monde agricole. Mais bien au contraire c’est un peu plus de libéralisme, un peu moins d’état, un peu moins d’Europe qui sont nécessaires dans la vision d’un monde agricole et agroalimentaire sous perfusion.
À la fin des années 1980, les subventions représentaient environ 15 % du revenu des agriculteurs français. Elles dépassent désormais les 75 %. Près de la moitié du budget de l’Union européenne va à une activité qui génère environ 3 % du PIB. (1) Est-ce bien raisonnable ?
Quand on sait que, par ailleurs, 10 % des exploitants (250.000 € pour le prince de Monaco, 500.000 € pour la reine d’Angleterre, 160 millions pour les principaux sucriers par exemple) touchent la moitié des subventions, il est permis de s’interroger sur la pertinence de ce modèle.
Dans le cas particulier, mais symptomatique, de Doux, Martine Petit. la candidate EELV aux législatives met les pieds dans le plat : « C'est l'impasse d'une agriculture productiviste et industrielle qui poursuit un projet d'après-guerre totalement dépassé. Ce modèle profite avant tout aux géants de l'agrochimie et de l'agroalimentaire et seulement en apparence au consommateur. Il est en revanche coûteux pour le contribuable en terme d'aides publiques agricoles et de coûts de réparation sanitaires et environnementaux. Notre volailler, si doué pour l'export, capte, à lui seul, quasiment la moitié des aides de la PAC - 55M€ l'an dernier - sans pour cela traiter correctement ses salariés et ses éleveurs, sans parler des dizaines de milliers de familles ruinées au Brésil suite à l'installation de ses structures ! ». (2)
Ce sont en effet 55 millions en 2011, 63 millions en 2008, un milliard en 15 ans que Doux a perçu en provenance du porte-monnaie du contribuable. Près de 20.000 € par salarié et par an !
Était-ce la meilleure manière d’utiliser ce milliard ? Et surtout faut-il continuer à subventionner cette société et toutes les autres qui sont comparables. Doux est aujourd’hui l’occasion pour les politiques de comprendre et de faire comprendre que, au-delà de la symbolique des emplois perdus à court terme, il faut construire un avenir en utilisant intelligemment les budgets des collectivités, de l’état et de l’Europe.
Une réflexion sur les perturbations que créent, en termes de concurrence au niveau mondial, les politiques de subventions des états au détriment des pays les plus pauvres est indispensable.
La politique-agricole-commune représente 56 milliards soit environ 40% du budget européen. Elle reste une nécessité, la moderniser est une urgence.
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