Candidature de Paris aux JO 2024 : un dossier politique plus que sportif ?
La candidature de la France aux Jeux olympiques et paralympiques de 2024 se dessine de plus en plus clairement. La conduite du projet, laissée aux sportifs cette fois-ci, tente d'éviter les écueils des candidatures précédentes qui se sont soldées par des échecs en 2008 et, surtout, en 2012. Paris se donne donc du mal pour montrer qu'elle a appris de ses erreurs. Le choix de la ville qui accueillera les épreuves nautiques reste toutefois déterminant pour le succès de la candidature de la capitale.
Apprendre de ses erreurs
Les grandes lignes du projet français ont été présentées pour la première fois au Comité international olympique (CIO) mercredi 3 juin. Les responsables du Comité Ambition Olympique et Paralympique se sont rendus à Lausanne pour exposer leur vision et échanger avec le CIO sur le dossier parisien pour les JO 2024. La Capitale montre clairement sa détermination à se relever de ses échecs passés, et son dossier pourrait aboutir cette année, à une condition : que la ville résiste à ses travers d’antan et s’éloigne des considérations politiques qui lui ont coûté cher les années précédentes. Un constat qui semble avoir été compris.
Malgré leur soutien affiché, les politiques semblent avoir compris qu'il valait mieux laisser les reines aux sportifs pour éviter la catastrophe de la candidature de 2012. Bernard Lapasset, président de World Rugby et patron du Comité français du sport international (CFSI), a donc été intronisé président de l'Association Ambition olympique, assisté de Tony Estanguet, membre du CIO et triple champion olympique de canoë.
Ces institutions ne sont cependant pas les seules à peser dans la balance concernant l’organisation de la candidature parisienne. Certaines concomitances entre hommes ou femmes politiques et responsables sportifs existent toujours, notamment dans le dossier des jeux nautiques.
Sélection du site de jeux nautique : l’ombre du conflit d’intérêt plane dangereusement
Six villes ou régions candidatent aujourd’hui pour l’organisation de ces derniers : le Morbihan, Le Havre, Hyeres, Marseille, La Rochelle et Brest. Concernant le Morbihan, Le Havre et Hyeres, tout semble aujourd’hui en ordre, bien que les candidatures des deux dernières semblent avoir peu de chance d’aboutir. Pour Marseille, La Rochelle et Brest, le problème est tout autre et le risque de voir ces candidatures s’étudier dans les coulisses est plus que présent.
Sans parler du fait qu’il serait complètement absurde pour Paris de choisir Marseille comme site nautique, rappelons que le président du Comité national Olympique et sportif français n’est autre que Denis Masseglia, un proche de Jean-Noël Guérini, président PS du Conseil général des Bouches-du-Rhône. Si Marseille est sélectionné, il sera difficile d’expliquer ce choix avec des arguments uniquement sportifs et économiques.
La perspective d’une victoire de La Rochelle n’apparaît pas comme plus reluisante. En 2008 et 2012 déjà, la sélection de la ville avait fait couler beaucoup d’encre, l’influence de Ségolène Royal dans ce choix paraissant alors comme plus qu’évidente. Depuis, les choses ont changé, sans s’améliorer. Le maire de La Rochelle est désormais Jean-François Fountaine, ami d’Olivier Falorni, rival déclaré de Ségolène Royal sur la scène politique de la Charente-Maritime depuis plusieurs années. Rien ne dit qu’Anne Hidalgo ne jouera pas de son influence en tant que maire de Paris pour porter un nouveau coup dur à Ségolène Royal en soutenant la candidature de la ville. Jean-François Fountaine pourra de toute manière compter sur sa femme, qui a été directrice des équipes de France de Voile de 2001 à 2008, pour lui apporter son soutien. Conflit d’intérêts ou non, qu’importe.
Dernier, mais pas des moindres, sur la longue liste des candidatures plus politiques que sportives, Brest, dont le dossier semble d’ores et déjà bien avancé… Henry Bacchini, vice-président de la Fédération Française de voile (FFV), également originaire de Brest, s’est en effet récemment prononcé dans la presse en faveur de la candidature de sa ville natale, allant ainsi à l’encontre de toute déontologie.
Les manques d’éthique manifestes de ce type ont déjà coûté cher à Paris lors de ses précédentes candidatures. Autant dire qu’avec la sélection de son site nautique, la Capitale joue gros aujourd’hui et n’a pas le droit à l’erreur.
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