Cantonales 2011 : pourquoi voter clairement à gauche est nécessaire !
Le premier tour des élections cantonales, dimanche dernier, s’est soldé par un coup d’avance pour la gauche, un désaveu cinglant pour la droite, et la percée d’un Front National emmené par Marine Le Pen. Mais, peut-être plus inquiétant encore que ce dernier phénomène, le leader du scrutin reste pour le moment l’abstentionnisme ; avec à peine 45 % de participation au niveau national, et moins de 50 % à Ajaccio, capitale d’une île où on vote habituellement davantage que sur le continent. C’est bien dommage, car le conseil général influe directement sur votre quotidien. Avant la loi de décentralisation de 1982, qui a débouché sur la mise en place des conseils régionaux, il s’agissait d’ailleurs de l’assemblée délibérante la plus importante sur le plan local (d’où la qualification du conseil en question, depuis la Révolution française, de « général »).
Savez-vous que cette instance dispose de nombreuses compétences ? Elle est par exemple en charge de l’entretien des routes départementales que vous empruntez chaque jour ; elle alloue des subventions aux associations qui participent à l’animation de votre quartier ; c’est elle aussi qui gère le budget des collèges où votre enfant poursuit sa scolarité (hormis en Corse, où il dépend de la Collectivité Territoriale)... Quand un gouvernement se signale par ses cadeaux (fiscaux notamment) aux plus riches, tandis que les plus démunis se trouvent toujours plus précarisés, le conseil général peut à cet égard jouer un rôle de bouclier social pour les plus modestes. Pour toutes ces raisons, se déplacer et faire son devoir civique lors du second tour s’avère crucial.
Dimanche prochain, il est essentiel que les suffrages confirment, partout en France, le choix de candidats qui défendent les valeurs de la social-démocratie, à savoir une société plus juste et plus solidaire ; ne serait-ce qu’afin de battre une droite qui avance souvent masquée, prétextant l’élection « de proximité » ou « éminemment personnalisée », dans laquelle l’étiquette UMP paraîtrait « secondaire », pour mieux dissimuler son identité[1].
Il ne faudrait pas « politiser » les cantonales, prétendent les petits soldats du sarkozysme, comme si celles-ci n’avaient rien à voir avec celui-là… Comment peuvent-ils renier à ce point la voix de leur maître, alors que les conseillers généraux sont en charge des allocations personnalisées d’autonomie (APA), précisément mises en cause dans le cadre du débat sur la dépendance lancé par le gouvernement depuis novembre 2010 ? Ces candidats de carnaval ignorent-ils donc eux-mêmes ce à quoi sert un conseil général ? Concrètement, au lendemain du 27 mars et selon les résultats sortis des urnes, ce sont certaines aides qui peuvent être maintenues, augmentées… ou supprimées. En d’autres termes, sont en jeu : le renouvellement de l’auxiliaire de vie qui accompagne la grand-mère malade pendant la semaine, qui va lui faire ses courses au magasin du coin chaque mardi, ou qui la soulage des tâches ménagères chaque jeudi ; voire le maintien à domicile d’un proche qui, sans l’action départementale, se trouverait depuis longtemps confiné dans la chambre étroite d’un établissement spécialisé. Il ne faudrait pas « politiser » les cantonales ? La belle affaire ! Politisons-les, au contraire ! Participer aux activités d’une assemblée délibérante, y compris locale - surtout locale-, c’est justement, pour tout candidat qui se veut sérieux, faire de la politique au sens noble du terme : prendre les décisions et suivre les dossiers qui, à court, moyen et long termes, permettent d’améliorer (ou pas) le cadre de vie de chacun.
A Ajaccio, votre serviteur s’est plus particulièrement engagé auprès des deux candidats soutenus par Corse Social-Démocrate[2] présents au second tour : Michel Mozziconacci et François Casasoprana. Le premier, engagé dans le 5e canton, insiste sur le bouclier social que peut représenter le département :
« […] il faut faire barrage à la politique du gouvernement, insupportable pour les plus démunis d’entre nous et, en corollaire, battre son représentant local, soutenu par l’UMP, Pierre Cau. »[3]
Le second, auteur d’une remarquable campagne dans le 3e canton, y incarne un formidable espoir pour toutes les forces de progrès, devant Jean-Jacques Ferrara, le candidat soutenu par l’UMP. Je l’ai accompagné à plusieurs reprises lorsqu’il allait à la rencontre des habitants, dans des quartiers fort divers, et demeure impressionné par sa connaissance du terrain. A 35 ans, François Casasoprana, juriste de formation, en charge de dossiers ardus depuis 2001 avec l’équipe municipale, sait se pencher sur des questions dont la technicité en découragerait plus d’un, tout en gardant le souci d’écouter les plus modestes. Au rendez-vous des conseils de quartiers tout au long de l’année, sans attendre la veille d’un scrutin pour se rappeler à votre bon souvenir, c’est tout naturellement qu’il a réussi à instaurer un lien de confiance indéniable avec des gens qu’il reconnaît et qui le reconnaissent. Et quand on l’interroge sur sa « jeunesse », il sait éviter le « bling-bling » si tendance depuis 2007 pour fixer un cap au service de tous :
« Les gens ne se déplacent pas parce que vous incarnez la jeunesse. Ce n’est pas l’enjeu de cette élection. Le point central, c’est surtout le besoin d’un renouvellement de la pratique politique couplée à un véritable projet. Les gens ont besoin de clarté et de fond. »[4]
Parce que s’y joue une partie du quotidien que l’on souhaite et du projet de société que l’on veut, il est nécessaire de mettre aux responsabilités dans les conseils généraux des hommes et des femmes de valeurs qui, clairement à vos côtés, sauront servir l’intérêt public en résistant aux politiques les plus dures.
« Les riches, c’est fait pour être très riches, et les pauvres très pauvres ! » s’exclamait le Don Salluste incarné par Louis de Funès dans La Folie des grandeurs, dans une scène hilarante.
Nicolas Sarkozy, qui lui n’a rien d’un grand d’Espagne, ni d’un grand tout court, tente de faire de ce fantasme un cauchemar depuis qu’il est au pouvoir, entre un dîner au Fouquet’s et une échappée sur un yacht ; et cette fois on ne rit plus du tout. Vous ne voulez pas attendre 2012 pour manifester votre mécontentement ? Aux urnes, citoyens et citoyennes ! Aux urnes Ajacciens et Ajacciennes !
Daniel Arnaud
[1] Petit florilège des arguments de campagne de Pierre Cau et Jean-Jacques Ferrara, deux des candidats inféodés à Nicolas Sarkozy encore en lice à Ajaccio (Corse-Matin des 23 et 24 mars 2011).
[2] Le mouvement présidé par le député-maire Simon Renucci (apparenté socialiste).
[3] Corse-Matin du 24 mars 2010.
[4] Corse-Matin du 23 mars 2010.
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