Caracalla et le vote des étrangers en France
Depuis 2012 les Français sont de moins en moins favorables au droit de vote des étrangers non-communautaires aux élections municipales et européennes, selon un sondage Harris Interactive publié lundi 24/11.2014 : 47% d'opinions positives contre 54% en 2013.
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Une fois informés que les étrangers des pays de l’Union Européenne résidant en France ont le droit de vote aux élections municipales et européennes, moins d’un Français sur deux (47%) se déclare favorable à l’extension de ce droit aux étrangers non-membres de l’Union Européenne vivant dans le pays.
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Ce chiffre correspond à un nouveau recul (-7 points) par rapport à la dernière mesure réalisée en 2013, qui avait elle-même déjà régressé (-5 points) par rapport au pic atteint en 2011 (59% favorables, soit la proportion la plus élevée recueillie depuis le début de ce baromètre en 1994).
Enquête réalisée par téléphone du 4 au 7 novembre 2014, auprès d'un échantillon de 1.008 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus, selon la méthode des quotas. http://www.harrisinteractive.fr/news/2014/24112014b.asp
En 20 ans, l'avis des Français a fluctué passant de 63 % en 1994 à 69 % en 1996 d'opposants, puis s'inversant et se croisant plusieurs fois pour culminer une dernière fois à 59 % de favorables et 39 % d'opposants en 2011 et diminuant pour se frôler à 47 % pour et 44 % contre aujourd’hui.
En quoi le fait d'annoncer que les étrangers des pays de l’Union Européenne résidant en France ont le droit de vote aux élections municipales et européennes a pu biaiser la réponse des sondés ?
En augmentant le camp des favorables ou l'autre camp ?
Si cette annonce n'avait eu aucune incidence, pourquoi a-t-elle été faite ?
Le vrai biais du sondage est de demander un avis à chaud sur une question qui n'a pas été débattue et approfondie. En conséquence, il n'est pas fait appel à l'intelligence mais aux sentiments.
Nous sommes dans un monde proche du film "Idiocracy" (film de Mike Judge, sorti en France le 25 avril 2007 sous le titre Planet Stupid).
Mais commençons par le commencement et par Caracalla qui a accordé en 212 la citoyenneté romaine (constitutio antoniniana) à tous les habitants libres de l'Empire en leur laissant conserver leur droit et leurs coutumes aussi longtemps qu'ils le souhaitaient : cette mesure n'imposait en aucun cas le droit privé romain.
D'origine punique et berbère par son père Septime Sévère et syrienne par sa mère Julia Domna, il naquit en 188 à Lugdunum (aujourd'hui Lyon), son père étant alors gouverneur des Gaules. Baptisé Lucius Septimius Bassianus, il fut par la suite renommé Marcus Aurelius Antoninus, afin d'être rapproché de la dynastie des Antonins. Son sobriquet de Caracalla vient d'un type de vêtement gaulois à capuchon et manches longues qu'il avait coutume de porter dès l'âge de douze ans. http://fr.wikipedia.org/wiki/Caracalla
Auparavant, pour faire simple, si on n'avait pas la citoyenneté romaine dès la naissance, il fallait servir 20 ans dans la légion pour l'obtenir. Depuis 212, ce n'était plus la peine et l'armée s'est affaiblie vis à vis de l'ennemi en voyant ce réservoir de prétendants se tarir. Elle est devenue incontrôlable, elle s'est renforcée face aux empereurs qu'elle a fait et défait, et sa fidélité n’a été assurée que par de généreux dons en argent.
Caracalla, c'était donc une sorte de sweat-shirt à capuche, un vêtement à la 9.3.
Caracalla, c'était aussi un politique apprenti-sorcier.
Et le droit de vote des étrangers dans tout ça ? Il revient sur le devant de la scène politique avec ce sondage en attendant une manoeuvre de diversion de nos politiciens habituels.
L’insistance du PS à proposer le droit de vote aux étrangers trouve sa réponse dans un livret du think-tank Terra Nova. Il y est clairement indiqué que le PS ne peut plus s'appuyer sur la classe ouvrière dont les valeurs morales seraient « dépassées ». D’où, la tentation des socialistes de séduire les personnes issues de l’immigration…
L'électorat immigré demeure, selon le think-tank du PS Terra Nova, une précieuse réserve de voix pour la gauche http://www.lefigaro.fr/politique/2014/05/06/01002-20140506ARTFIG00351-droit-de-vote-des-etrangers-hollande-persiste.php
Terra Nova a écrit une note ravageuse intitulée « gauche : quelle majorité électorale pour 2012 ? », qui dresse un constat de divorce entre la classe ouvrière et la social-démocratie. Le think tank imagine une nouvelle coalition centrée sur « les valeurs », rassemblant femmes, jeunes, minorités, diplômés.
Adieu la gauche et la lutte des classes. On garde le nom et l'emballage, mais on jette le contenu et on le remplace.
Les socio-démocrates, souvent issus de la « deuxième gauche », qui animent Terra Nova (son conseil scientifique est présidé par Michel Rocard) théorisent donc ce que le PS n'ose pas avouer : à force de ne pas s'opposer au capitalisme, dont la forme actuelle est la mondialisation et la financiarisation, ils ont perdu le contact avec le peuple sociologique. Ils ne peuvent donc espérer gagner l'élection que par la division des bataillons électoraux de l'adversaire, la droite et l'extrême-droite http://www.marianne.net/hervenathan/Quand-la-gauche-dit-adieu-aux-ouvriers-et-employes_a101.html
Deux ans après son élection, on constate que la gauche n'est pas le souci du président prétendu socialiste, à part quelques passages par la Lorraine avec les gros sabots de la rhétorique à Florange, et que les minorités sont cajolées, par exemple les bénéficiaires du mariage pour tous.
Le vote des étrangers posent pourtant de vraies questions :
- Pourquoi donner le droit de vote à ceux qui ne veulent pas demander la nationalité française ?
- Pourquoi donner le pouvoir de décider de la vie des citoyens à des étrangers qui dans leur pays ne nous laissent que des libertés restreintes ? (Il faut avoir vécu à l'étranger pour comprendre)
- Pourquoi leur donner le droit de vote, alors que les élections sont déjà pipées avec des candidats désignés d'en haut, avec des médias qui mettent sous la lumière les uns et dans l'ombre systématiquement les autres ? Cela ne suffit plus ?
- Pourquoi nous parler du droit de vote, alors que notre souci principal est de boucler les fins de mois ?
La réponse est-elle que les politiques tiennent à nous rappeler leur peu de considération envers les électeurs et leurs suffrages ?
Depuis le référendum sur la constitution européenne, VOX POPULI est devenu VOX POUBELLI (néologisme) et le bulletin de vote a autant de valeur qu'un mouchoir jetable.
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