Caricatures de Mahomet : réactions de Turquie
La publication des caricatures de Mahomet dans plusieurs journaux européens, et surtout les réactions du monde musulman, sont l’objet de nombre de reportages et font couler beaucoup d’encre. Dans ce contexte tendu, quelques réactions de Turquie.
La publication des caricatures de Mahomet dans des journaux européens a suscité, et suscite toujours, un vif émoi au sein de la population musulmane. Les images et les textes sont là quotidiennement pour en rendre compte.
La Turquie n’a pas échappé à cette colère contre les journaux "coupables". Toutefois, les réactions ont été relativement bien moins radicales et violentes que dans certains pays du Moyen-Orient.
Le gouvernement turc a demandé des excuses aux journaux concernés, a appelé les plus radicaux au calme, et a insisté pour que la population musulmane ne cède pas à la provocation. Mais que pense la population turque de ces caricatures ? Après de nombreuses discussions avec différents interlocuteurs, quatre réactions, de quatre Turcs, qui résument assez bien les différents états d’esprit.
Hayrettin, technicien chimiste, 52 ans : "Ces caricatures sont des provocations contre les musulmans. Est-ce que nous, musulmans, nous nous moquons du prophète Jésus ? Bien au contraire, nous le respectons. Quelles étaient réellement leurs motivations ? Est-ce qu’ils veulent une guerre de religion ? Je ne comprends réellement pas pourquoi tout ceci. Ce n’est que de la provocation, rien que de la provocation."
Umut, boulanger, 31 ans : "Je ne sais quoi dire. Je suis bien sûr en colère, mais je ne crois pas que la violence soit la réponse à ces caricatures. Le meilleur moyen de répondre à ces attaques est l’ignorance. Nous, musulmans, devrions les ignorer. Notre religion interdit les images et les dessins, mais elle interdit aussi la violence. Les musulmans devraient être patients et rester calmes."
Esin, femme au foyer, mère de deux enfants, 33 ans : "Les caricatures de notre prophète m’ont révoltée. Elles sont inadmissibles. Je ne voulais absolument pas les voir quand elles ont été diffusées à la télévision. Je ne voulais pas que mes enfants les voient. C’est horrible. Mais je ne comprends pas toute cette violence. J’en veux un peu à mes frères musulmans d’avoir si mal réagi contre les consulats des pays incriminés. En fait, nous, musulmans, refusons les images. Mais peut-on attendre d’un non-croyant ou d’un non-musulman qu’il respecte une interdiction des musulmans ?"
Orhan, vendeur en textile, 27 ans : "Je crois en la liberté de la presse. Je crois en la liberté individuelle du culte. Je crois que chaque être est libre, et devrait être libre quand il ne l’est pas. Mais je crois par dessus tout que la liberté d’un individu s’arrête là où commence celle de son voisin. Ainsi je crois fermement que la presse doit se contenir des excès, et veiller à ce que sa liberté ne heurte pas une autre liberté."
Ces quatre commentaires ont bien sûr des poids différents. La majorité des sondés admettent la provocation, et leur colère, mais ne pensent pas à la solution violente. Il y a bien sûr les radicaux qui réclament des têtes... Mais d’une manière générale, le contexte en Turquie est relativement calme.
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