Catastrophe de Fukushima : quel impact 9 ans après ?
Le 11 mars 2011, un tremblement de terre doublé d’un tsunami venaient ravager la côte est de Honshu au Japon. La ville de Fukushima a été détruite tout comme sa centrale nucléaire, où 3 réacteurs ont explosé. Cette catastrophe naturelle a provoqué un désastre, laissant derrière elle des tonnes de déchets radioactifs. Plus de 470 000 habitants ont été évacués, abandonnant leurs maisons et leurs terres. Neuf ans après la catastrophe de Fukushima, une zone d’exclusion de plus de 370 m² est toujours interdite au public ; jugée trop dangereuse. Comment le gouvernement japonais gère t-il cette crise à la veille des Jeux olympiques de Tokyo ? Retour sur les conséquences de ce drame nucléaire.
Un bilan environnemental lourd
Depuis presque 10 ans, les sols, l’eau et l’air aux alentours de la centrale sont contaminés. La petite ville de Iitate, située à une cinquantaine de kilomètres de Fukushima, a rouvert ses portes en 2018. Les compteurs Geiger installés dans le village indiquent une radioactivité plus de trois fois supérieure aux normes internationales. Certaines zones sont inaccessibles aux civils en raison de leur haute contamination. En effet, l’environnement est fortement pollué, mais ce n’est pas tout ; il faut ajouter à cela, 14 millions de mètres cubes de déchets radioactifs. Après le séisme de 2011, ils avaient été stockés un peu partout sur le territoire de la préfecture de Fukushima ; aujourd’hui, un nouveau site a été construit sur la commune d’Okuma pour rassembler ces déchets. Un parc de 16 km² a été créé, composé de 7 trous gigantesques. Leur taille ? 800 mètres de longueur sur 200 mètres de largeur. Des centaines de camions déposent chaque jour, des sacs noirs remplis d'ondes radioactives. On compte entre 4 000 et 5 000 travailleurs dédiés à la décontamination de la zone. Dans ce tragique constat, un élément positif est tout de même à relever : la baisse de la radioactivité dans l’air et dans les eaux marines. L’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire français (Irsn) traduit les données scientifiques japonaises montrant une diminution de 50 % depuis 9 ans. À 20 km des côtes, l’eau de la mer comptabilise des concentrations égales aux teneurs observées avant le tsunami (0,001 Bq/l). Un espoir de dépollution totale peut-il s’envisager ?
Un casse-tête pour le gouvernement japonais
La catastrophe de Fukushima donne du fil à retordre à l’État japonais qui rencontre des difficultés dans la gestion de la décontamination de l’eau. De quelle eau parle t-on ? Celle du tsunami lui-même, celle qui sert à refroidir les réacteurs et enfin l’eau de pluie qui descend de la montagne et qui se contamine. Cette eau est traitée pour supprimer le maximum de radionucléides (mais pas la totalité) puis elle est entreposée dans des citernes. Le site recense un millier de fûts, d’une capacité unitaire de 1 200 tonnes ; d’autres sont en construction. Cependant, Tepco (la société d’électricité exploitante de la centrale) affirme que d’ici l’été 2022, toutes les citernes seront pleines. Tepco et le gouvernement planifient de rejeter l’eau directement dans l’océan Pacifique, ne souhaitant plus conserver ces litres contaminés. Les associations de défense de l’environnement montrent déjà leur opposition, tout comme le directeur du département de radioactivité du centre de la pêche et des milieux marins de la préfecture de Fukushima. Shaun Bernie, spécialiste de l’énergie nucléaire au sein de Greenpeace, donne sa solution pour minimiser l’impact écologique : prévoir un stockage à long terme, accompagné d’un traitement de purification renforcé. Quoi qu’il en soit, aucune décision ne sera prise avant les Jeux olympiques, initialement prévus cet été mais décalés en 2021, due à la pandémie de coronavirus. De plus, le Japon devra obtenir l’accord de ses pays voisins comme la Corée du Sud pour procéder à ce rejet. Pour l’instant, Tokyo reste en retrait sur ce sujet sensible, ne désirant pas davantage ternir son image sur la scène internationale.
Catastrophe de Fukushima : quel avenir pour les populations ?
Depuis 2017, les autorités locales incitent les habitants à retourner dans leurs villages respectifs ; notamment ceux originaires des quatre districts autour de la centrale. La levée de l’ordre d’évacuation se traduit par une perte automatique des aides financières et des subventions liées au relogement. On compte environ 32 000 personnes contraintes de revenir dans les communes de Tomioka, Namie, Iitate et Kawamata. Ces villes sont considérées comme une « source d’inquiétude pour la santé », à cause d’un niveau de radioactivité encore trop élevé. Les grandes ONG japonaises ont lancé un appel aux Nations unies, estimant que « cette réinstallation forcée restait inadaptée à l’habitat humain ». En effet, la Commission internationale de protection radiologique conseille une exposition maximale de 2 millisievert (mSv) sur l’année ; l’État japonais a reculé ce seuil à 20 mSv pour les résidents de ces zones. Ce chiffre correspond à la limite autorisée pour les travailleurs du nucléaire. Greenpeace Japan parle d’une « violation des droits de l’homme ». En parallèle, 75 % de la population des communes les plus éloignées est revenue vivre dans leurs villages.
La page de la catastrophe nucléaire de Fukushima, événement le plus grave depuis Tchernobyl, est loin d’être tournée. Un grand nombre de zones est encore contaminé et inhabitable ; l’État ne sait pas si un retour à la normale sera possible un jour. L’impact environnemental et sociétal reste au cœur du débat ; pour le gouvernement japonais, une course contre la montre a démarré afin de calmer les tensions géopolitiques avant l'été 2021.
Sources :
https://www.francetvinfo.fr/monde/japon/fukushima/japon-9-ans-apres-fukushima_3862045.html
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