Causes et conséquences d’un référendum pro ou anti Sarkozy
- M’sieur l’Maire, quoi donc que c’est qu’un bibiscite ?
- C’est un mot latin qui veut dire oui. (dessin et légende d’Honoré Daumier)
La campagne de Nicolas Sarkozy semble se dérouler comme du papier à musique. D’ailleurs les médias ont repris en choeur le terme de « sacre » ou d’intronisation pour parler de sa désignation triomphale au poste de candidat de l’UMP pour les présidentielles 2007. Inutile de défendre l’hypothèse du complot : des images et un communiqué de presse qui mâchent le travail et un esprit grégaire à toute épreuve suffisent bien.
N. Sarkozy est omniprésent, pour partie en raison des règles de couverture médiatique (1/3 gouvernement, 1/3 majorité, 1/3 opposition), et pour partie à cause de l’hyperactivité de candidat de l’UMP et ses relais partisans au sein des médias (voir le Zapping du lundi 29 janvier sur http://www.canalplus.fr/ ). Cette position centrale transforme l’élection présidentielle en référendum pour ou contre Sarkozy, stratégie risquée puisque son camp etant déjà unanimement soudé autour de sa figure, il s’agirait désormais de capter les indécis plutôt que de renforcer son image de candidat de la Droite sécuritaire et économiquement libérale.
Ce référendum, est une stratégie délibérée de N. Sarkozy (« Je veux faire de cette élection un référendum » dit il dans un communiqué éclairant sur sa stratégie de campagne).
S. Royal pousse aussi dans ce sens : elle qui incarne le vote utile, et pratiquement rien que cela. En effet elle joue les toréadors, se faisant voir en permanence sans dévoiler clairement ses propositions, et en se démarquant le plus possible de toute mesure concrète du projet socialiste. Il ne reste de Royal que sa méthode (démocratie participative, et giron maternel au plus haut de l’Etat), et sa balourdise désormais proverbiale lors de ses déplacements internationaux (Moyen Orient, Chine, Quebec).
Le candidat de la Droite marque lui chaque jour un peu plus son projet. Qu’on l’approuve ou non, on ne peut pas lui reprocher de manquer de consistance. D’aucuns diront qu’il s’expose par trop : le taux de participation devrait être fort, et il faut ratisser large, quand en 2002 la cohésion au sein de ses sympathisants aurait suffit.
En réalité les deux candidats chouchous des médias se sont cooptés. « Sarko » se savait largement capable de la laminer sur le fond, quand « Ségo » avait choisi le croque mitaine qui rallirait ses troupes.
Bayrou, lui, capte les démocrates mécontents des alternances UMP-PS, et le temps passant, le candidat avance enfin ses propositions. Il progresse rapidement dans les sondages, dans l’indifférence stratégique de ses adversaires. Au vu de sa position, il rognera d’avantage de votes à Royal qu’à Sarkozy, même si aucun candidat chiraquien ne se présente. L’UDF est désormais incontournable et force le citoyen à s’interroger sur cette formation et son candidat. Selon toute probabilité, un Bayrou au deuxième tour devrait remporter l’élection.
La candidature unitaire antilibérale est elle en pleine déliquéscence.
D’encombrantes casseroles font un tapage qui handicape fortement l’objet de ce « Référendum ».
Le véritable talon d’Achille du candidat de la Droite reste la clique des ploutocrates : évadés fiscaux, qu’ils fussent héréditaires, ou bien des nouveaux riches faisant volte face sur la difficulté extrême qu’ils ont eu à s’arracher à leur milieu, ou bien encore le MEDEF qui en terme de mauvaise foi et de déni de représentation de ses membres (en faveur des plus lourds) n’a pas de maître. Pire, l’extrême ringardise de ses soutiens dont le zèle peut avoir des conséquences dévastatrices. Face à un vide sidéral (y compris dans le vote extrême qui permet de rêver au grand soir), la Droite est la plus à même de battre la Droite.
Dans l’optique de ce « référendum » (mais on devrait parler de plébicite), sur lequel N. Sarkozy veut appuyer son volontarisme politique, chaque soutien gênant est un dangereux poids mort : « Garde moi de mes amis, mes ennemis je m’en occupe ! » (un roi de Macédoine, reprise par Voltaire)
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