Ce mépris qui nourrit la tête de cortège
Pour certains, Emmanuel Macron serait un OVNI politique débarqué du ciel. Du moins, c’est de cette manière qu’il nous fut présenté par une bonne partie des médias lors de la campagne présidentielle de 2017. (https://www.challenges.fr/politique/presidentielle-2017-emmanuel-macron-pourquoi-cet-ovni-politique-a-triomphe_471813)
Pourtant, pour tous ceux et toutes celles qui se mobilisèrent dans le cadre de la contestation de la loi travail connaissent bien Emmanuel Macron, ses idées, ses méthodes et son monde.
Ancien secrétaire général adjoint du cabinet du président François Hollande et ministre de l’Économie, de l’Industrie et du numérique de celui-ci, l’actuel président de la République est la figure de prou d’un monde duquel les Gilets jaunes sont exclus. Cette exclusion qui, bien souvent au quotidien s’exprime de manière implicite, conduit certains à scander, chaque samedi : « Macron, guillotine ! » Ceux-ci ont assurément oublié que la peine de mort est abolie, en France, depuis 1981. En outre, ils confondent combat contre un adversaire politique et exécration de l’homme. La tête de cortège ne reprend pas ces slogans.
En revanche, elle hurle de toutes ses forces et avec insistance ; elle chante avec insouciance et détermination : « Macron, démission ! Macron, destitution ! » La tête de cortège ne cible pas l’individu – chacun est ce qu’il est ou ce qu’il a envie d’être –, mais elle lutte et luttera sur le terrain contre l’homme politique, devenu l’adversaire symbolique et représentatif de ce monde que justement nous souhaitons changer.
Depuis une quarantaine d’années, des individus de gauche, de droite, des nationalistes et des souverainistes de tous les bords œuvrent pour imposer une forme renouvelée du libéralisme économique accompagnée d’une brutalité et un autoritarisme dans le mode de gouvernance.
Ces individus ont en commun d’appartenir à la classe des « éduqués et fortunés » qui dirigent leurs pays. Quels sont les points communs au niveau économique entre Mohammed Ben Salman, Abdelfettah Al Sissi, Aziz Bouteflika, Mohammed VI, XI Jinping, Angela Merkel, Donald Trump et Emmanuel Macron ?
Reformulons cette question différemment : y a-t-il une réelle différence fondamentale de conception économique ? Le libéralisme les unit. Au reste, ce n’est pas le seul lien qui lie les membres de cette classe des « éduqués et dirigeants ». Ils ont en commun l’autoritarisme dans le mode de gestion des affaires de la nation et la capacité à transformer la participation des citoyens en outils folkloriques et anecdotiques de communication.
Désormais, ils ne se cachent plus pour afficher et affirmer œuvrer d’abord pour les plus riches. Ils nous expliquent les effets sur les plus pauvres des ruissellements nés des avantages accordés aux plus fortunés. Et comme naturellement les effets tardent à se faire sentir, ils n’hésitent pas à nous dire, de manière à peine voilée : « Vous n’avez pas les capacités intellectuelles suffisantes pour comprendre les bienfaits pour vous. »
.@GillesLeGendre : "Nous avons insuffisamment expliqué ce que nous faisons. Et une 2e erreur a été faite : le fait d'avoir probablement été trop intelligent, trop subtile, trop technique dans les mesures de pouvoir d'achat. Nous avons saucissonné toutes les mesures" #Tdinfos pic.twitter.com/NKO7syUUWh
— Public Sénat (@publicsenat) 17 décembre 2018
Même acculés, ils conservent cette morgue de l’intouchable, qui se croit au-dessus de tous.
Le 9 mars en mode local, le 16 à Paname pour un acte national.
© Youssef Jebri, mars 2019.
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