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Accueil du site > Tribune Libre > Ce que fut la colonisation de l’Algérie : Le mythe des races (...)

Ce que fut la colonisation de l’Algérie : Le mythe des races supérieures

« En saluant aujourd'hui la mémoire de Jules Ferry qui fut un grand ministre de l'Instruction publique, je n'ignore rien de ses égarements politiques. Sa défense de la colonisation fut une erreur morale et politique. Elle doit à ce titre être condamnée. »
François Hollande (Hommage à Jules Ferry , 15 mai 2012)

Dans cette contribtion concernant la colonisation de l'Algérie, dans ce XIXe siècle des tous les dangers, nous allons traiter du "moteur" des aventures coloniales, à savoir la certitude d'appartenir à la bonne race et partant à la bonne religion. Cela rejoint quelque part, « la Destinée manifeste » américaine et le « Fardeau de l'homme blanc » de Rudyard Kipling, chantre d'une colonisation sans état d'âme puisqu'il s'agissait, somme toute, d'apporter la lumière du « siècle des Lumières », à ces peuplades encore plongées dans la nuit de l'intellect... 

Hasard de l'actualité, il nous est donné de traiter de cela en convoquant Jules Ferry. Par les phrases citées plus haut, François Hollande, le nouveau président français, tranche avec une vision occidentalo-centriste quant à la supériorité des races au-dessus des lois quand il s'agit de la morale pour les autres. Ceux, justement que Jules Ferry prend pour quantité négligeable Le 29 juillet 1885, il prononce ces mots : « Il y a pour les races supérieures un droit, parce qu'il y a un devoir pour elles. Elles ont le devoir de civiliser les races inférieures. » Georges Clemenceau sera amené à répondre à Jules Ferry : « Races supérieures ! Races inférieures ! C'est bientôt dit ! Pour ma part, j'en rabats régulièrement, depuis que j'ai vu, des savants allemands démontrer scientifiquement, que la France devrait être vaincue, dans la guerre franco-allemande, parce que le Français est d'une race inférieure à l'Allemand ». (1) 

A sa décharge, Jules Ferry, pourtant colonialiste enragé, déplore en termes vifs la façon de faire du pouvoir colonial à Alger qui ne veut pas d'école pour les indigènes. Il condamne « l'état d'esprit du colon vis-à-vis du peuple vaincu », il ajoute : « Il est difficile de faire entendre au colon européen qu'il existe d'autres droits que les siens en pays arabe et que l'Indigène n'est pas une race taillable et corvéable à merci. » La politique de bras de fer des colons bloque alors toute velléité de développement de l'instruction.

Le mythe des races supérieures 


Tant d'études en Occident, il faut le regretter, cherchent davantage à culpabiliser l'Autre, l'allogène, ce bouc émissaire, « ce pelé, ce galeux d'où viennent tous nos maux », qu'à analyser objectivement les faits. Le postulat de départ est que l'Occident chrétien se veut être, à tort, le seul producteur de sens et de normes. Cei est d'autant prjudicable aux hriters des lumières que ce sont les intellectuels qui ont donné une assise théorique à althorie fumeuse de la hierarchie des races. N'est ce pas e"n effet, le prix Nobel Charles Richet qui martelait ce postulat . Un siècle plus tard un autre prix Nobel Watson, nous informe que l'homme blanc a un cerveau plus développé que celui du noir. Des idéologues comme Renan et Arthur de Gobineau sont les parents spirituels de ceux qui sotn mis en pratique ces idéologies. Sohie Bessis, dans un ouvrage sans concession : " L'Occident et les Autres" paru aux Edtions La Découverte, à pu écrire que "l'idéologie du IIIe Reich ne fut pas une rupture mais une continuité"...

La colonisation européenne en général et française, en particulier, furent ambivalentes, alliant l'arbitraire le plus absolu concernant les peuples asservis à des avancées significatives en démocratie pour les citoyens européens. « Comme l'écrit à juste titre, l'historien Marc Ferro, Les génocides, on ne les connaîtra jamais assez. Ils ne sont pas seulement ceux de l'horreur, mais aussi ceux de la honte, car il révèle combien furent peu nombreux ceux qui se dressèrent contre ces massacres collectifs, qu'il s'agisse au sens propre de génocides - une définition qu'affine Jacques Semelin - ou d'assassinats massifs plus ou moins spontanés ». (2) 

L'entreprise nazie avait donc une paternité séculaire et le nazisme n'a pas jailli du néant , il est le résultat d'une filiation et non d'un accident de l'histoire . L'Occident monopolisant la norme en termes de valeurs, est à la base de la plus grande transhumance et des plus grands massacres qui ont touché pratiquement tous les peuples du Sud. Au palmarès de l'horreur, ce sont des pays où la démocratie « in situ » et à l'usage des citoyens de souche est ancrée qui sont les premiers à être montrés du doigt. Ainsi, c'est la vertueuse démocratie américaine qui a mené avec constance le massacre des Indiens jusqu'aux débuts du XXe siècle. C'est la patrie de "l'Habeas Corpus" qui a fait des techniques de dépersonnalisation une science exacte. Nous l'avons dit, l'histoire de l'impérialisme occidental s'étale sur les cinq derniers siècles. Et elle n'épargne aucun continent.

De fait, lors de la conquête du Nouveau monde décrétée par la vulgate occidentale comme ayant débuté avec Christophe Colomb, on s'aperçoit que les « Indiens » n'étaient pas des sauvages qu'ils ont accueillis dignement avec respect, voire adoration ces Hommes qui viennent au-delà des mers. On sait comment, ils furent massacrés ou réduits en esclavage au nom du Christ et de l'appât de l'or. La première église fut construite en 1494 à San Salvador occupé au nom du roi Ferdinand d'Aragon et d'Isabelle de Castille. Cette dernière « sponsorisa » sur ses propres deniers, la Reconquista envers Oran et Mers El Kebir sous les conseils du cardinal Cisneiros en 1509. 

"Sont-ils seulement des hommes, ces Indiens nus ?" Des « disputations » opposèrent Bartolomeo Las Casas, un prêtre dominicain reconnaissant l'humanité des Indiens, à ceux qui veulent les considérer comme des êtres non-humains, « des esclaves par nature » ce fut La controverse de Valladolid (1550). Bien plus tard, au début du XXe siècle, les savants anglais étaient tiraillés par la même question ; les Aborigènes d'Australie doivent-ils être classés dans la catégorie des animaux ou des hommes ? 

« La cupidité et la soif de l'or, écrit Catherine Coquery-Vidrovitch, des Européens les dispensent désormais de toute bienveillance. De ce vaste panorama, de tous les impérialismes coloniaux (français, anglais, espagnol, néerlandais, japonais donc, mais aussi russe au Caucase, arabe à Zanzibar), il ressort comme une évidence que ce sont bien les attitudes racistes des colonisateurs qui ont constitué l'un des principaux « traits structuraux » du colonialisme. Seul le postulat de la supériorité blanche et de l'infériorité noire est, ici, longuement analysé » (3) 

Qu'on le veuille ou non le christianisme a sous-tendu la légitimation de la colonisation. Comme conséquence de l'impunité et de leur bon droit moral adoubé par l'Eglise, les colonisateurs ont rendu les hommes en esclavage pour en faire une matière, le fameux « menschmaterial » qui sera repris dans l'idéologie du IIIe Reich, enfin suprême humiliation, pour les colonisés, il faut distraire les Blancs en leur présentant de l'exotisme des colonies, ce sera la face la plus abjecte, celle qui consiste à animaliser l'individu dans les « zoos humains », c'est le fameux « langage zoologique » dont parle si bien Frantz Fanon.

Nous avons tous étudié ces philosophes aux belles pensées percutantes, fidèles à leurs pensées, à leurs phrasés. Pourtant Montesquieu qui complexe, il met en avant le lien entre la fatalité de l'asservissement de la population se situant dans des climats secs, a contrario de la population des climats tempérés qui sont bien plus développé intellectuellement.

A cette époque déjà, ces « philosophes » théorisent l'impérialisme du christianisme et de la domination des peuples sur d'autres. En effet, nous retrouvons des textes sacrés de la Bible légitimant l'esclavage auxquels hommes d'église et érudits de philosophie se réfèrent. L'humanisme occidental s'appuie sur des passages de la Bible (Levitique XXV 44 - 66) justifiant la domination de l'homme chrétien sur des populations. Bossuet, par une rhétorique alambiquée, se fait le confident de Dieu ; il écrit : « Condamner un Etat qui pratique l'esclavage, ce serait condamner le Saint-Esprit qui ordonne aux esclaves par la bouche de Saint-Paul de demeurer dans leur état, et n'oblige point les maîtres à les affranchir ! » 

 Le naturaliste Buffon propose lui aussi une hiérarchisation des races etpalce le oir au bas de l'échelle proche de l'orang out. Pour lui, les Noirs au bas de l'échelle des hommes, sont la reproduction des orangs-outans. Diderot n'avait aucun scrupule à engager des investissements dans les campagnes négrières tout en pleurant leur triste sort. Il héritait ainsi d'énormes bénéfices. Pour Catherine Coquery-Vidrovitch, « paradoxalement, le siècle des Lumières fut aussi celui où l'infériorité du Noir fut poussée à son paroxysme » écrit-elle. Voltaire, par exemple, n'échappe pas aux préjugés racistes. (3) 

Voltaire participe, aussi, à la bestialisation du Noir, il écrit notamment : « Leurs yeux ronds, leur nez épaté, leurs lèvres toujours grosses, leurs oreilles différemment figurées, la laine de leur tête, la mesure même de leur intelligence, mettent entre eux et les autres espèces d'hommes des différences prodigieuses. Lisons ce que disent les autres écrivains tel qu'Hegel : « L'homme en Afrique noire, vit dans un état de barbarie et de sauvagerie qui l'empêche encore de faire partie intégrante de la civilisation... » On comprend ue Nicolas Sarkozy s'en soit emparé à Dakar pour venir insulter à domicile ces noirs qui, bien que n'étant pas sortis de l'histoire, ont tout de même particvipé à leur cops défendant à la défense de la mère patrie. Souvenons nous de la "force noire" consommée avant l'hiver pour reprendre l'expression du général Nivelle pendant la première guerre mondiale...

Qu'en est-il de l'application de ces concepts en Algérie ? La collusion intellectuelle

En concurrence les uns avec les autres, les gouvernements européens se lancent dans la « course au drapeau ». Naturellement, on trouve eu haut de l'échelle, la race blanche chrétienne qui se découvre, les invasions coloniales aidant, un devoir, voire comme l'écrit Rudyard Kipling, « The white man burden », « le fardeau de l'homme blanc ». 

Gérard de Nerval, le poète des Fleurs du Feu, quant à lui, compare l'Arabe à un « chien qui mord si l'on recule, ou qui vient lécher la main levée sur lui ». Quand Tocqueville connu pour son livre « De la Démocratie en Amérique, » n'a aucun état d'âme s'agissant des barbares : « J'ai souvent entendu en France des hommes que je respecte, mais que je n'approuve pas, trouver mauvais qu'on brûlât les moissons, qu'on vidât les silos et enfin qu'on s'emparât des hommes sans armes, des femmes et des enfants. Ce sont là, suivant moi, des nécessités fâcheuses, mais auxquelles tout peuple qui voudra faire la guerre aux Arabes sera obligé de se soumettre. (...) Quoi qu'il en soit, on peut dire d'une manière générale que toutes les libertés politiques doivent être suspendues en Algérie. » 

Pour Lamartine, il faut conserver l'Algérie : « Remettre les rivages et les villes de l'Afrique à des princes arabes, ce serait confier la civilisation à la barbarie, la mer à la garde de ses pirates, nos colons à la protection et à l'humanité de leurs bourreaux.(...) Abdiquerons-nous volontairement enfin cependant que la conquête d'Alger nous a donné sur le mahométisme dans tout l'Orient, et que nous perdrions le jour même où le drapeau français s'abaisserait sur le rivage d'Afrique ? Non, Messieurs, ce serait renier notre mission et notre gloire ; ce serait trahir la Providence qui nous a fait ses instruments dans la conquête la plus juste. » (4) 

Pour Victor Hugo, « la colonisation militaire, c'est une muraille vivante. Quel meilleur obstacle continu qu'un camp français ? Mettez le soldat en avant du colon comme vous mettez un fer au bout d'une lance. » (5) Avec Bugeaud, Hugo plaide nettement en faveur de la colonisation : « Je crois que notre nouvelle conquête est chose heureuse et grande. C'est la civilisation qui marche sur la barbarie. C'est un peuple éclairé qui va trouver un peuple dans la nuit. Dans un discours le 18 mai 1879, Victor Hugo dénie à l'Afrique une identité : « Quelle terre que cette Afrique ! L'Asie a son histoire, l'Australie elle-même a son histoire qui date du commencement dans la mémoire humaine : L'Afrique n'a pas d'histoire. » (5) 

Allant plus loin et sans état d'âme, Hugo rapporte d'une façon neutre les faits d'armes et les tableaux de chasse d'une armée qui se fait « tigre ». Il écrit : « Le général Leflô me disait, hier, 16 octobre 1852 : « Dans les prises d'assaut, dans les razzias, il n'était pas rare de voir les soldats jeter par les fenêtres des enfants que d'autres soldats en bas recevaient sur la pointe de leurs baïonnettes. Ils arrachaient les boucles d'oreille aux femmes et les oreilles avec, ils leurs coupaient les doigts des pieds et des mains pour leur prendre leurs anneaux » ». Victor Hugo (Choses vues). 

Quand Zola devint célèbre avec son « J'accuse » à propos de la défense du capitaine Dreyfus, des Algériens étaient massacrés par milliers. Lui et tant d'autres sont sourds, voire ne se sentent pas concernés par le drame algérien, au contraire, ils cautionnent par leurs écrits ou leurs mutismes les pires exactions. 

Pour Jean Jaurès, maître à penser de la Gauche en France : « Là où la France est établie, on l'aime, que là où elle n'a fait que passer, on la regrette ; que partout où sa lumière resplendit, elle est bienfaisante ; que là où elle ne brille plus, elle a laissé derrière elle un long et doux crépuscule où les regards et les coeurs restent attachés. » Nous n'avons pas trouvé de prise de position pour le droit et la dignité humaine. 

Voilà donc des Français et d'autres Européens qui ont pour la plupart, une vie difficile derrière eux, installés en Algérie, au nom du droit du plus fort, et protégés par une armée conquérante, venue civiliser des barbares. Le peuple algérien vaincu a vu sa société se disloquer et soumise au régime du « talon de fer » Cette annexion brutale et injuste a fait dire à Anatole France : « La France a, pendant 70 ans, dépouillé, chassé, traqué les Arabes, pour peupler l'Algérie d'Italiens et d'Espagnols. »

A titre d'exemple, les biens Habous ne furent pas épargnés ; il y avait, nous dit A. Devoulx, plus de 1300 immeubles appartenant aux fondations pieuses, une série de textes permet à l'administration de les annexer. Le 28 juin 1881, ce fut la mise en place du Code infâmant de l'indigénat avec 41 infractions, dont est justiciable l'indigène, ce fut une véritable justice d'exception. « La Société algérienne, écrit Abdelkader Djeghloul, appauvrie et laminée par les guerres qu'elle a eu à supporter les amendes,les épidémies, les exactions de tout ordre, est sortie profondément fragilisée par la destruction de ses cadres de sociabilité.(6)

La politique du talon de fer. M. Lacheraf cite les propos tenus par le colonel Charles Richard, chef du bureau arabe d'Orléansville en 1845 : « Il nous faut d'abord mettre ce peuple sous nos pieds, pour qu'il sente bien notre poids, mais diminuer ensuite peu à peu la pression, et lui permettre enfin, après des siècles, de se dresser à notre hauteur et de marcher avec nous sur la grande voie du progrès humain. » (7) 

Si on ajoute à la politique aussi de la terre brûlée responsable des famines et des maladies, la population algérienne perdit plus d'un million de personnes cinquante ans après l'invasion. C'est donc un miracle que les Algériens n'aient pas disparu ! Non ! Assurément non ! la colonisation ne fut pas une œuvre positive pour les indigènes algériens. (8)

1. Georges Clemenceau. Discours historique à la chambre des Députés. Journal officiel de la République française, p. 1681, 1885 

2. Marc Ferro : Les génocides dans l'histoire. Le Monde diplomatique. Août 2004 

3. Catherine Coquery-Vidrovitch : Le postulat de la supériorité blanche et de l'infériorité noire, Le livre noir du colonialisme, Robert Laffont, 2003 

4. Alphonse de Lamartine - Discours à la Chambre des députés, Dotation budgétaire proposée pour la constitution d'une colonie française de l'Algérie. 2 mai 1834 

5. Océan, note datée par René Joumet des années 1835-1840 Victor Hugo, oeuvres complètes, Robert Laffont, coll. « Bouquins », Paris, 1985 

6. A. Djeghloul : La formation des intellectuels algériens modernes.1880-1930 ; dans ouvrage collectif : Lettrés intellectuels et militants en Algérie:1880-1950. Editions O.P.U. p. 4. Alger. 1988

7. M.Lacheraf : L'Algérie, Nation et Société. Editions Maspero.p.245.Paris. 1965

8. C.E. Chitour : L'Occident à la conquête du monde : Une extermination sans repentance. Editions Enag 2010 

Professeur Chems Eddine Chitour

Ecole Polytechnique enp-edu.dz


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21 réactions à cet article    


  • HerveM HerveM 21 mai 2012 11:45

    Vae Victis ! C’est la norme. Au moins depuis la mise à sac de Rome par les Gaulois.

    Tout le reste n’est que propagande visant à rendre impossible une réconciliation entre nos deux pays en attisant la haine. Ce qui, vous en conviendrez, n’est pas très malin....


    • gordon71 gordon71 21 mai 2012 11:56

      bonjour

      n’y a t il pas un léger abus de langage en parlant de « colonisation de l’Algérie » 

      en effet il me semble que
       1)le nom d’Algérie n’existait pas avant les Français 
       
      2) le territoire en question était déjà sous influence étrangère -turque- à l’époque des débuts de la « colonisation » française après avoir été arabe...


      • heliogabale boug14 21 mai 2012 15:05

        arrêtez votre mauvaise foi...ça ne vous mène nulle part...


      • Le taulier Le taulier 21 mai 2012 19:07

        Non ce n’est pas un abus de langage. On parle bien de colonisation de l’Amérique alors que le nom Amérique n’a été donné au nouveau continent que plus d’un siècle aprés sa découverte par Colomb.


      • Aafrit Aafrit 21 mai 2012 21:00

        Vous parlez de frontières géographiques ou de nom ?

        Si vous parlez de nom, oui, il existait déjà avant l’envahissement même des turcs (Dzayer, Aljazair, d’où traduction en français : Algérie provenant d’aldjer catalan).Le premier à avoir utilisé ce terme en français était Fontenelle(1686).
        Dzayer a remplacé l’appellation Icosium, et son étendu géographique, selon les géographes arabes du moyen age concernait toute la côté jusqu’au désert, à savoir toute la dynastie Ziride.

        En temps des turcs, la régence d’Alger (mahrousset Dzayer) sa domination s’étendait jusqu’à Ouajda (compris)...
        Donc, je ne sais pas ce que vous voulez dire par : n’existait pas.. 

      • Senatus populusque (Courouve) Senatus populusque (Courouve) 21 mai 2012 12:22

        Article de Friedrich Engels, correspon­dant parisien du du journal anglais Northern Star, 22 janvier 1848, ami et collaborateur de Karl Marx. L’argumentation de cet article détruit la thèse de la « violence fondatrice » de la conquête de 1830 ; le mal, toujours, vient de plus loin :

        « En somme, à notre avis, c’est très heureux que ce chef arabe [Abdel ­Kader] ait été capturé. La lutte des bédouins était sans espoir et bien que la manière brutale avec laquelle les soldats comme [Thomas] Bugeaud ont mené la guerre soit très blâmable, la conquête de l’Algérie est un fait important et heureux pour le progrès de la civilisation.

        Les pirateries des États barbaresques, jamais com­battues par le gouvernement anglais tant que leurs bateaux n’étaient pas molestés, ne pouvaient être sup­primées que par la conquête de l’un de ces États. Et la conquête de l’Algérie a déjà obligé les beys de Tunis et Tripoli et même l’empereur du Maroc à prendre la route de la civilisation. Ils étaient obligés de trouver d’autres emplois pour leurs peuples que la piraterie et d’autres méthodes pour remplir leurs coffres que le tribut payé par les petits États d’Europe.

        Si nous pouvons regretter que la liberté des bédouins du désert ait été détruite, nous ne devons pas oublier que ces mêmes bédouins étaient une nation de voleurs dont les moyens de vie principaux étaient de faire des razzias contre leurs voisins ou contre les villages paisibles, prenant ce qu’ils trouvaient, tuant ceux qui résistaient et vendant les prisonniers comme esclaves.

        Toutes ces nations de barbares libres paraissent très fières, nobles et glorieuses vues de loin, mais approchez seulement et vous trouverez que, comme les nations plus civi­lisées, elles sont motivées par le désir de gain et emploient seule­ment des moyens plus rudes et plus cruels. Et après tout, le bourgeois moderne avec sa civilisation, son industrie, son ordre, ses « lumières » relatives, est préférable au seigneur féodal ou au voleur maraudeur, et à la société barbare à laquelle ils appartiennent. »


        • heliogabale boug14 21 mai 2012 15:49

          bôf...

          Les motivations de l’expédition d’Alger ne sont pas très glorieuses et la piraterie n’était pas forcément la raison principale.

          Il amalgame la piraterie du dey (et de son armée) avec l’ensemble de la population algérienne, ce qui est aller vite en besogne. D’autant plus que le gouvernement du dey ne se privait pas de prélever un impôt confiscatoire auprès des populations locales qui supportaient de moins en moins la régence.

          Dès lors que le Dey avait capitulé, la piraterie algérienne s’est estompée. La résistance à l’armée française n’étant que le début d’un processus qui allait aboutir à l’émergence d’un nationalisme algérien.

          La résistance d’Abdel Kader a été faite avec honneur et il s’est montré beaucoup plus attaché aux valeurs humaines que Bugeaud.

          C’est de l’Histoire avec sa grande hache. Je ne vois pas l’intérêt de glorifier la politique de colonisation en tant que politique de civilisation et de développement des populations autochtones alors que les résultats à l’indépendance des pays colonisés étaient souvent très maigres. En Algérie, c’est trop tardivement que les autorités coloniales ont pris conscience du grave sous-développement dans lequel était plongé les populations indigènes, en particulier celles des régions rurales. Alors l’armée française (durant la guerre d’Algérie !) a essayé de rattraper le temps perdu en faisant des campagnes de vaccination ou en construisant des immeubles. En vain, cela montrait l’échec de l’entreprise coloniale dans ce domaine. Et il y a toujours des gens pour nous faire croire que l’Algérie en 1962 avait le niveau de développement d’un pays occidental. Ce qui est totalement faux.

          Dans le même temps, critiquer la colonisation en tant que politique ce n’est pas cracher sur les populations européennes. Bon nombre se sont installés sur cette terre pour fuir la pauvreté et parce qu’on leur promettait un paradis. Ce n’était pas forcément le cas. Les populations juives ont beaucoup souffert de l’antisémitisme de certains politiques (notamment Drumont) qui ne cessaient de critiquer le décret Crémieux.

          Enfin le concours de victimisation orchestrée par les associations de l’Algérie Française (aidé en cela par le FN et les éléments drotiiers de l’UMP) et les politicards pur jus du FLN (dont l’écho reste malgré tout vivace) sont tout à fait pitoyables.


        • Senatus populusque (Courouve) Senatus populusque (Courouve) 21 mai 2012 12:24

          Loi n° 2005-158 du 23 février 2005 portant reconnaissance de la Nation et contribution nationale en faveur des Français rapatriés. 
          Version en vigueur :
          Article 1, alinéa 1 : 
          « La Nation exprime sa reconnaissance aux femmes et aux hommes qui ont participé à l’oeuvre accomplie par la France dans les anciens départements français d’Algérie, au Maroc, en Tunisie et en Indochine ainsi que dans les territoires placés antérieurement sous la souveraineté française. »


          • COVADONGA722 COVADONGA722 21 mai 2012 13:55


            yep la voila qui revient , la chansonette


            Take up the White Man’s burden
            The savage wars of peace
            Fill full the mouth of Famine,
            And bid the sickness cease

            kipling
            il avait raison et nous avons la demonstration sous les yeux tous les jours , rsa , algerie , zimbawe ect......
            que vous dire apres 60 ans du long lamento destiné à couvrir les turpitudes et incapacités
            de vos dirigeants que devrais vous dire l’occident ben ça « Je ne crains rien et je ne rétracte rien, il n’y a rien à rétracter et je ne sais pas ce que j’aurais à rétracter »
            Asinus :ne varietur , invariablement et definitivement contre toute sorte de repentance !


            • focalix focalix 21 mai 2012 13:57

              A propos de haine

              En langage contemporain, la colonisation de l’Algérie a tout simplement été un génocide.
              La politique de Bugeaud était celle de la terre brûlée, au sens propre du terme.
              Il s’agissait d’incendier les maisons et les récoltes pour que la population meure de faim, de misère, de maladie ou de désespoir. Ou encore d’enfumer, voire de murer les grottes où par centaines les civils se réfugiaient.
              http://fr.wikipedia.org/wiki/Thomas-Robert_Bugeaud#La_pacification_d.27Alg.C3.A9rie
              http://fr.wikipedia.org/wiki/Histoire_de_l%27Alg%C3%A9rie#Conqu.C3.AAte_de_l.27Alg.C3.A9rie_:_1830_.C3.A0_1871

              En 2005, Chirac a reconnu le caractère inacceptable de la répression coloniale à Madagascar en 1947.
              Il ne s’agit pas de se flageller, mais de poursuivre la recherche historique afin de mettre au jour une vérité consensuelle à défaut d’être parfaite.
              Ce travail nécessaire doit être le fruit d’une collaboration entre des universitaires de tous pays, à commencer par ceux des pays concernés.
              Une telle démarche ne peut qu’honorer nos pays et conduire à l’apaisement.

              Je ressens la même solidarité envers les musulmans, les Harkis et les Pieds Noirs qui, de façon tragique - fallait-il tous ces morts ? - ont été floués par de Gaulle.


              • bakerstreet bakerstreet 21 mai 2012 14:40

                Bonjour à vous, et bravo
                Bon article qui analyse bien les concepts inhérents à la colonisation, et je dirais même à la domination des peuples sur les autres. La surenchère nazie, en reprenant ce postulat et en le caricaturant à l’extrême, nous a obligé à nous regarder dans le miroir.
                Le postulat de la domination intellectuelle a d’ailleurs tout autant travaillé l’intérieur de l’espace français : Haro et honte sur les langues « régionales », domination d’un modèle inspiré du clerc parisien.

                Devenant objet alors que nous étions alors juge, la supercherie de ce système de pensée livré en kit, et muni de belles œillères sur le coté, aurait du dés la fin de la seconde guerre mondiale, précipité la fin des empires coloniaux, et la supercherie morale qui s’en accompagnait.
                 
                On ne pouvait plus décemment légitimer cette culture des races, après avoir été taxé nous même de peuple bâtard et de seconde zone par les nazis, tout juste bon à alimenter une main d’œuvre servile.

                C’était sans compter sans les intérêts de certains, se mettant tout de suite en place pour conserver le maximum de ce qui pouvait être gardé. Combat d’arrière garde d’autant que les peuples d’Afrique, eux, avaient bien pigé que cet empire qui avait pris une culotté mémorable en quelques mois, pouvait être tout autant vaincu ailleurs que dans ses frontières historiques

                Au fond, il suffisait de mépriser assez l’autochtone pour s’en tirer au niveau de la conscience. C’est un vieux travers humain, qui permet même d’ailleurs aux victimes d’hier de recommencer le même principe de gouvernement que celui qui les a fait souffrir.

                Il n’est qu’à regarder ce qui se passe en Palestine, avec ces juifs autoproclamés héritiers d’un pays construit sur les fondations bien peu étayés de la bible, et qui pratiquent un des apartheid les plus virulents de la planète.
                Le capital de sympathie envers ce peuple méprisé et qui avait toutes les chances de construire quelque chose de nouveau, en rupture avec les modèle existants, s’est écroulé. Sauront-ils tenir compte enfin des populations existantes avant leur arrivée, et enfin offrir une promesse au moyen orient ?

                Quand un état n’a plus que l’armée et la police pour légitimer sa présence, et son système, il est perdu. J’ai vu dernièrement « la bataille d’Alger », très bon film dont on se demande comment et pourquoi il fut interdit en France pendant si longtemps.
                Voilà une œuvre qui pourtant n’était pas caricaturale, car elle montrait même la logique humaine des militaires, en proie à des interrogations morales vis à vis de leur méthodes, mais qu’ils légitimaient du fait du but poursuivi.
                Les soldats aux postes de contrôles ont malheureusement une modernité si immédiate qu’on pourrait les croire sorti des actualités du jour. Ce sont toujours les mêmes jeunes soldats, à qui l’on a donné une arme. Certains en profitent, et feront des exactions qu’ils seront à même de regretter plus tard, quand ils auront grandi et que leur intelligence et leur conscience les tourmentera. En Argentine, au Vietnam, en Afrique....
                 
                Mais dés les années trente, voilà bien longtemps déjà que la colonie ne faisait plus rêver que les midinettes écoutant « mon beau légionnaire ».
                 Céline dans voyage au bout de la nuit avait révélé ces expatriés, bouffés par les moustiques, retranchés dans leurs quartiers, ne rêvant que de retour au pays, et s’en mettre plein les fouilles.
                Gide aussi avait condamné cet impérialisme, avec le même courage qu’il avait choisi de le faire contre le communisme. Ce n’était pas facile à l’époque, où les courants dominants de pensée étaient représentés par ces deux pieuvres.

                Bravo à vous de nuancer cependant les hommes, les incluants dans des modèles de pensée qui n’avaient rien à voir avec le notre. Ainsi ce portrait de Ferry, se désolant que l’éducation ne soit pas apporté aux autochtones.
                Il est vrai que bien des hommes, des progressistes, crurent en tout naïveté, attachés tant aux valeurs dominante du progrès, de la science et de l’industrialisation, que le système Français était un modèle, et qu’il était de leur devoir d’en faire profiter les autres, en s’appuyant sur la vision des lumières


                • Le taulier Le taulier 21 mai 2012 16:46

                  La colonisation française en Afrique a commis un de plus grave crime de l’Humanité ; la fin de la traite négrière par les Arabes privant ainsi l’Afrique du Nord et le Proche et Moyen orient d’une main d’œuvre servile et bon marché.


                  • Onecinikiou 21 mai 2012 20:12

                    Je ne vous le fait pas dire. 


                    A voir absolument et de toute urgence afin d’éviter toute hémiplégie incapacitante et autres auto-flagettion consubstantielle à l’idéologie d’une repentance qui est, doit-on le rappeler, le propre et l’unique de l’occident chrétien :




                  • lulupipistrelle 21 mai 2012 23:13

                    et la fin de la traite des Blancs, razziés depuis plus de mille ans sur toutes les côtes européennes..., jusqu’en Islande.

                    http://www.youtube.com/watch?v=gfp8w4p7hCE


                  • eric 21 mai 2012 16:47

                    Quel manque de recul historique attristant. Tous les peuples depuis toujours on en gros eu des doutes sur l’humanité ou l’équivalence de leurs voisins avec eux même. Dans la plupart des langues « originelles » le nom que se donne le peuple est l’équivalent de « êtres humains »par opposition aux voisins, considérés au mieux comme des barbares, ou des « infidèles » au pire comme des animaux.
                    L’idée d’un respect de l’autre quel que soit sa race, sa religion, ses convictions politiques, etc.. est une idée plutôt récente, issue du christianisme et de l’occident qui se répand progressivement a travers le monde. A ma connaissance, on a pas vu d’autre nations battre leur couple que les pays occidentaux. C’est plutôt cela qui devrait inspirer les autres que les errements largement partagés des siècles passés...


                    • Soi Même 21 mai 2012 17:16

                      Mes non , c’est avant tous une affaire de gros sous, les mythe des races est venue juste camoufler un acte piraterie.

                      Le pillage de l’or de la régence d’algerhttp://www.comlive.net/Le-pillage-de-l-or-de-la-regence-d-alger%2C46286.htm

                      En Libye cette opération à été reconduite avec succès.

                      L’or noir libyen, objet de toutes les convoitises | Slate Afrique

                      • heliogabale boug14 21 mai 2012 18:39

                        c’est vrai.


                      • Mais depuis que l’homme est l’homme, depuis qu’il a brandi un morceau de bois en tant qu’arme, ou trouvé le métal pour fabriquer de quoi tuer pour bouffer ou anéantir la convoitise de l’ennemi, il n’a cessé de se battre , de conquérir, de massacrer et encore massacrer, à l’épée ou à la lance, à pied ou à cheval, au canon ou à la bombe atomique, en tank ou avion. Et jusqu’à la fin des temps, sur Terre, il en fera de même.
                        Des multitudes de gens lucides ont stigamitisé cette barabarie naturelle tout au long des siècles et des siècles. En vain.’
                        A quoi bon donc, enfoncer des portes ouvertes. Blancs ou noirs, blonds ou bruns, religieux ou athés, intelligents ou niais, savants ou pas, l’homme ne cesse et ne cessera de se nourrir de l’homme. 
                        Aujourd’hui plus que jamais l’homme voudra dévorer l’autre, car il a trouvé une arme redoutable : l’argent, l’or ce métal que le colonisateur comme le colonisé se servira pour passer d’un statut à l’autre et vice versa. Jusqu’au bout de l’espèce... 


                        • eric 21 mai 2012 18:45

                          On pourrait ajouter que la grande supériorité de la traite ou du colonialisme occidentaux, c’est ce scrupule moral que l’on devine dans le besoin d’inférioriser les victimes...... Comme si on avait besoin de se justifier a ses propres yeux. On peut comparer à la traite islamique, antérieure, plus considérable et qui se poursuit. Le Coran étant clair sur l’équivalence des être humains, c’est donc en toute connaissance de cause que les atrocités ont été infligées avec une parfaite conscience qu’elle l’étaient à des semblables. OU a la traite africaine qui elle aussi persiste et qui en général n’est guère teinté de racisme. C’est l’acte en lui même qui est ainsi justifié puisque applicable à n’importe qui, y compris les siens.
                          D’autre part, cela met en évidence les dangers potentiels de certaines formes de mutlculturalisme. L’esclavage avait disparu en occident. Les contacts avec l’Europe oriental ou il perdurait n’ont guère influencé cette évolution positive. Il est clair que les échanges avec les civilisations arabo africaine ou il était la règle sont a l’origine de sa réintroduction, comme de celle des penseurs grecs par Avicenne par exemple. Il a fallut quelques siècle pour que l’occident réaffirme ses valeurs. C’est peut être un bon exemple des tris a faire....


                          • Iren-Nao 22 mai 2012 05:54

                            Chems

                            Il va falloir un jour cesser les lamentations au sujet des méchants colonisateurs Français Cathos.
                            l’Algérie a toujours été colonisée par divers envahisseurs (carthaginois, Romains,Vandales, Turcs et j’en oublie) La Colonisation Française fut sans doute moins pire et eut des aspects positifs aussi.
                            La France et les mentalités ont évolué depuis.
                            La France aussi a eu son lot de passagers de force, et ça n’a pas l’air fini.
                            Il se trouve que c’est l’histoire du monde partout depuis toujours et a l’époque de la surpopulation et de la raréfaction des ressources il y a peu de chances que ça s’arrête.

                            Comme chez vous, nous avons des résistants xénophobes qui résistent.
                            C’est la vie.
                            Quant a remplacer le Christianisme par l’Islam on a peine a y voir le moindre progrès.

                            Iren-Nao


                            • bakerstreet bakerstreet 22 mai 2012 15:40

                              Force est de reconnaitre qu’agoravox sert parfois de refuge à la pensée la plus réactionnaire qui soit, complètement en décalage avec celle de l’époque

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