Ce que la crise George Floyd a vraiment coûté à l’Amérique
Observant les vastes manifestations que les villes américaines ont vécues ces derniers jours après le meurtre de George Floyd, des articles d’opinion et des analyses ont traité les choses avec un esprit de vœux pieux ou de parti pris idéologique de l’auteur plutôt qu’avec objectivité. Des termes tels que « révolution, » « soulèvement » et d’autres qualificatifs figuraient au premier plan de l’interprétation des événements.
S’agissait-il vraiment d’une « révolution » contre le système politique américain ? Ou bien une vague de colère passagère ? Ces protestations vont-elles donner le jour à un changement social dans la structure du système américain ou vont-elles passer à la trappe ?
La crise a suscité une foule de questions. La plupart d’entre elles, la prochaine période en déterminera les réponses. Quoi qu’il en soit, les démonstrations énormes aux États-Unis ont occasionné des pertes sensibles. On peut même dire sans exagération qu’elles ont déformé profondément le modèle américain.
Le modèle américain est devenu une risée. Des millions de personnes dans le monde entier le critiquent maintenant que le meurtre de George Floyd a dévoilé des aspects inavoués du système américain.
Pour mémoire, récemment en réponse aux critiques du Département d’État américain sur les droits de l’homme à Hong Kong et la répression des manifestants par la Chine, le ministère chinois des affaires étrangères a rétorqué en trois mots : « I can’t breathe. » Ces trois mots, qui veut dire « Je peux pas respirer, » sont les derniers du citoyen américain George Floyd, dont la mort a déclenché de grandes vagues de protestations aux quatre coins des États-Unis, après son apparition dans une vidéo où il luttait pour reprendre son souffle tandis qu’un policier blanc lui pressait le genou sur le cou.
Le Département d’État américain avait récemment lancé une forte campagne de critique contre la Chine au sujet des récentes politiques menées à Hong Kong. « C’est un moment crucial pour le monde, » a twitté Morgan Ortagus, porte-parole du Département d’État. « Les gens qui aiment la liberté dans le monde entier doivent s’opposer à l’État de droit et tenir pour responsable le Parti communiste chinois, qui a ouvertement manqué à ses promesses envers le peuple de Hong Kong. »
Le fait est que les mobilisations aux États-Unis contre les politiques racistes mettent fortement en cause les justifications de Washington pour réclamer la protection des droits de l’homme ailleurs.
Les États-Unis ont toujours joué cette carte sur table dans leurs relations internationales, que ce soit par le biais du rapport annuel sur les droits de l’homme publié par le département d’État américain, ou en plaçant la protection des droits de l’homme parmi les principaux enjeux des relations de Washington avec le monde, surtout avec les pays en développement et les adversaires stratégiques des États-Unis comme la Chine.
Le rapport s’attache à critiquer les pays désignés par les États-Unis comme des adversaires ou des concurrents stratégiques tels que l’Iran, le Venezuela, la Chine, Cuba et certaines des critiques recherchées par d’autres pays, tels que les pays arabes.
Ce rapport annuel regroupe de multiples accusations de violations des droits de l’homme dans plusieurs pays asiatiques et africains. Il assure un suivi annuel, du point de vue américain, de ce que Washington considère comme une violation des principes des droits de l’homme dans ces pays. Il s’agit d’un document essentiel et influent pour faire pression sur les États, que ce soit pour qu’ils modifient leur politique dans d’autres domaines conformément aux intérêts des États-Unis ou pour qu’ils acceptent le discours américain sur certaines questions ou événements.
En outre, il existe souvent un lien entre les résultats du rapport et l’aide américaine reçue par certains pays. On sait déjà que les conclusions de ce rapport sont utilisées politiquement en fonction des intérêts stratégiques des États-Unis ou de l’un de leurs proches alliés, comme Israël. Pour les experts et les spécialistes des sciences politiques, le rapport américain sur les droits de l’homme est une carte maîtresse par laquelle les États-Unis peuvent s’affirmer comme seul pôle mondial.
Bien que le rapport du département d’État sur les droits de l’homme contienne des critiques variées sur un large éventail de pays, il n’affecte que négativement ses relations avec certains pays, tandis que d’autres sont habitués au contenu du rapport comme un cliché de sa relation avec Washington. Le rapport n’indique pas une approche spécifique des États-Unis vis-à-vis de ces pays, sauf dans certains cas où les politiques de la Maison Blanche sont en accord avec le département d’État et le Pentagone.
Certes, les manifestations populaires et les émeutes qui ont eu lieu pendant plusieurs jours dans de nombreuses villes et États américains ont fait du tort à l’économie, à la sécurité et même à la santé publique en augmentant les risques d’une épidémie de coronavirus. Mais la réputation des États-Unis comme parrain des droits de l’homme et des libertés dans le monde a été gravement ternie.
Bien que les dommages causés par les suites de la disparition de George Floyd ne soient pas les premiers du genre, des événements et des scandales tels que l’affaire de la prison d’Abu Ghraib en Irak en 2004 ayant précédé, la réputation des États-Unis, qui se profilent comme un modèle mondial en matière de valeurs, de libertés et de droits de l’homme a été le grand perdant de cette affaire.
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