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Ce que les élections iraniennes nous apprennent

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Les élections iraniennes ne suscitent plus l’intérêt habituel, tant à l’extérieur qu’à l’intérieur du pays, pour plusieurs raisons et considérations. L’une d’entre elles est que le régime a vidé l’élection de son sens par l’exclusion par le Conseil des gardiens de la plupart des candidats du courant dit réformateur, de sorte que la compétition se limite au courant dur, ou plutôt entre les durs et les courants encore plus durs.

Indépendamment des chiffres de participation annoncés officiellement, les scènes des urnes - selon des rapports médiatiques fiables et de nombreux témoignages - n’ont pas atteint l’objectif du régime, qui espérait que la participation réelle dépasserait celle des élections de 2020, qui a été la plus faible dans l’histoire des élections parlementaires iraniennes avec seulement environ 42 % du total des voix.

Les élections iraniennes sont généralement un moyen de gagner la légitimité populaire et non, comme d’habitude, un mécanisme de transfert du pouvoir, car le pouvoir dans le système du Velayat-e Faqih est limité à ceux qui sont fidèles au régime et à ses principes de base. Par conséquent, nous n’avons pas tendance à adopter la division dominante entre conservateurs et réformistes, car tous appartiennent à la même école théocratique de gouvernement, avec des variations.

Elles sont autorisées par les dirigeants du régime afin de donner à la politique étrangère une certaine flexibilité formelle et une marge de manœuvre pour atteindre les objectifs du régime en passant d’une position à l’autre et d’une politique à l’autre. Cela suggère que le comportement et les orientations de l’Iran sont en train de changer. En réalité, ce changement n’est rien d’autre qu’une tactique politique pour atteindre des objectifs stratégiques. Ce qui est certain, c’est que les rênes des positions politiques iraniennes restent de toute façon entre les mains du sommet de la pyramide du pouvoir, le guide suprême iranien Ali Khamenei.

Malgré cela, les récentes élections iraniennes n’ont pas été sans signification, notamment l’exclusion de l’ancien président Hassan Rouhani des élections de l’Assemblée des experts, qui se sont déroulées parallèlement aux élections du Conseil de la Choura. Cette exclusion a soulevé plusieurs questions, mais semble être une décision compréhensible compte tenu des pouvoirs de ce conseil (composé de 88 membres du clergé élus au suffrage universel direct pour un mandat de huit ans) et de ses fonctions constitutionnelles, notamment la nomination et la sélection du Guide suprême.

On s’attend à ce qu’au cours du prochain mandat (8 ans) un successeur soit élu pour l’actuel dirigeant Ali Khamenei (83 ans), qui souffre d’un état de santé difficile. L’élite des érudits du régime tient à exclure tout vote qui pourrait contredire leur consensus dans le choix du dirigeant.

Des expériences similaires ont eu lieu lors des cycles électoraux précédents de l’Assemblée des experts, notamment le rejet des candidatures de Hashemi Rafsanjani et d’Ali Larijani. Il est frappant de constater que le Conseil des gardiens reconnaît Hassan Rouhani comme inéligible, alors qu’il est membre du Conseil depuis 24 ans, ce qui signifie qu’il s’agit d’une exclusion politique de l’ancien président.

La politique iranienne n’est plus entre les mains des institutions concernées, car les Gardiens de la révolution et leurs dirigeants ont clairement pris les rênes ces dernières années, tandis que le rôle des institutions élues a diminué, malgré le mécanisme de contrôle sélectif de ces élections.

Le Conseil de la Choura a fusionné avec le régime et a pleinement adhéré à ses politiques, étant donné la domination du courant dur sur les sièges du conseil, et n’a pas eu de contre-voix, sauf une qui utilise d’autres tactiques pour atteindre les objectifs du régime. Compte tenu des tensions géopolitiques qui entourent l’Iran, il était difficile pour le régime iranien d’admettre le déclin de sa popularité en révélant le taux de participation réel aux récentes élections législatives, surtout après que le scrutin a été prolongé de deux heures pour attirer plus d’électeurs.

Les dirigeants iraniens ont montré un intérêt inhabituel pour le taux de participation, Khamenei considérant le vote comme un « devoir national » et déclarant que « les ennemis de l’Iran surveillent de près la présence du peuple iranien », suggérant qu’un faible taux de participation « menace la sécurité nationale ». Les Gardiens de la révolution ont affirmé qu’une forte participation aux élections législatives empêcherait une « intervention étrangère » liée à la guerre de Gaza, suggérant que le régime veut faire croire aux Etats-Unis et à Israël que le peuple iranien se rallie au régime iranien. Ce sont des choses qui ne suivent aucune logique réelle, car l’Occident sait très bien ce qui se passe en Iran et il n’est pas dupe des statistiques et des indicateurs que le régime proclame, qu’il s’agisse de la participation aux élections ou d’autres choses.

En fait, il s’agit du deuxième cycle électoral pour le Conseil de la Choura iranien, dans lequel la marginalisation du soi-disant courant modéré ou réformateur se poursuit afin de consolider la domination des partisans de la ligne dure. On peut également dire que le régime joue un rôle majeur dans le déclin de la participation électorale en éliminant toute concurrence.

Quels que soient les résultats, la composition politique du nouveau conseil ne changera pas beaucoup, car tous les acteurs de la scène politique iranienne appartiennent à un même spectre idéologique et politique qui englobe les mêmes idées et orientations, avec de légères variations dans le degré d’intransigeance en fonction de leurs intérêts et de leur vision de l’avenir politique.


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3 réactions à cet article    


  • raymond 2 avril 19:00

    nous apprene


    • Samy Levrai Samy Levrai 2 avril 23:02

       Le ridicule ne tuant pas, on peut s’en sortir en critiquant la forme, chez les autres, d’un truc qui n’existe pas chez soi...


      • GoldoBlack 4 avril 08:29

        Des élections en Iran ? Aussi crédibles que des élections en Corée du Nord, en RuSSie, au BelaruSS...

        Qui sont aussi ses alliés.

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