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Ce que nous disent les exercices du Hezbollah libanais

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La présence du Hezbollah au Liban est depuis longtemps un sujet de préoccupation, car elle représente le problème plus large des milices armées qui sévissent au Moyen-Orient. Ces milices érodent l’État national dans diverses parties de la région depuis des décennies.

Récemment, le Hezbollah libanais a effectué un exercice à balles réelles dans le sud du Liban. L’exercice comprenait une démonstration militaire et des simulations d’attaques contre Israël à l’aide de drones ou d’infiltrations. Bien que l’exercice ait été limité à environ 200 membres du parti pour des raisons de sécurité, l’importance de la question est plus grande qu’il n’y paraît. Comment une milice armée au sein d’un État souverain peut-elle effectuer une «  manœuvre  » à balles réelles, démontrant sa capacité à attaquer un pays voisin  ? De plus, comment ces milices peuvent-elles démontrer leur capacité à franchir les frontières, à kidnapper des soldats et à attirer plus de médias que le nombre de participants à la manœuvre  ? Cet événement est décrit comme le plus grand rassemblement médiatique pour un événement similaire depuis des années.

L’arsenal du Hezbollah comprend des lance-roquettes, des véhicules équipés de mitrailleuses lourdes, des canons antiaériens, des missiles antichars, des drones et diverses armes légères. Avec toutes ces capacités militaires, peut-on vraiment parler de sécurité et de stabilité dans un pays en proie à une telle milice  ? Peut-on prétendre que le Liban dispose d’une indépendance décisionnelle nationale alors que ces milices exercent une domination et une influence sur le processus décisionnel  ? Comment le Liban devient-il la vitrine militaire d’une milice dont le chef ne cesse de prêter allégeance et fidélité à l’Iran en public  ?

Lors de cette manœuvre, le Hezbollah n’a pas montré les missiles précis qu’il prétend posséder et avec lesquels il menace Israël, invoquant des raisons de sécurité. Selon les estimations israéliennes, le parti possède plus de 100 000 missiles et est capable d’en lancer au moins 25 %. Certains de ces missiles sont avancés, capables de transporter des ogives d’une demi-tonne et d’avoir une portée supérieure à 250 km, ce qui surpasse les capacités des milices traditionnelles. Il s’agit d’un mandataire régional d’un État doté d’une puissance militaire importante. Il ne s’agit pas de simples spéculations  ; nous avons vu comment la milice Houthi a ciblé des installations pétrolières en Arabie saoudite et aux Émirats arabes unis à l’aide de drones avancés qui peuvent parcourir de longues distances et atteindre des cibles avec précision. Il n’est pas improbable que de tels appareils aient atteint d’autres milices dans la région du Moyen-Orient.

Cette manœuvre envoie un message qui va à l’encontre des efforts régionaux visant à instaurer la sécurité et la stabilité. Elle ne reflète pas des intentions positives, notamment en ce qui concerne la neutralité du Liban dans le conflit actuel entre l’Iran et Israël. Il démontre la loyauté du parti envers les instructions de Téhéran plutôt que de donner la priorité à l’intérêt du Liban, de l’État et de son peuple. En outre, elle met en évidence l’insistance de l’Iran à utiliser le Liban comme ligne de front dans le conflit en cours avec Israël, sapant ainsi tout espoir d’un changement du comportement iranien au niveau régional.

Cela confirme que l’Iran traite les pays de la région individuellement et ne les considère pas comme un bloc unifié. Cela soulève également des doutes quant à la possibilité de mettre fin à la présence iranienne en Syrie ou, du moins, de la limiter à un degré qui respecte la souveraineté du pays arabe sur ses territoires.

L’Occident, avec à sa tête les États-Unis, insiste sans aucun doute pour renvoyer la balle au Liban, affirmant qu’ils sont les seuls responsables du désarmement du Hezbollah. Ils affirment que le Liban doit chercher des solutions de manière indépendante et faire un choix entre le soutien du Fonds monétaire international et des pays occidentaux à son économie, ou le maintien de la présence du parti. Cette approche semble peu réaliste, étant donné que la dynamique interne du pouvoir au Liban empêche toute faction ou tout groupe d’exercer des pressions pour mettre fin au rôle militaire du Hezbollah.

Cette manœuvre n’est pas uniquement un message de Nasrallah, mais plutôt un message de l’Iran à Israël. L’escalade des tensions entre ces deux parties, notamment en ce qui concerne les menaces des chefs militaires israéliens à l’égard du programme nucléaire iranien et leur préparation à la guerre contre l’Iran, est suivie de près par tout le monde. Cela réaffirme l’importance et l’urgence de libérer le Liban et d’autres territoires et pays arabes de l’emprise de l’Iran, qui utilise depuis longtemps des forces supplétives pour mener ses conflits sur le sol arabe.

La sécurité et la stabilité de l’ensemble du Moyen-Orient dépendent de la mise en place d’un mécanisme authentique et efficace pour éliminer les milices, un mal qui frappe une région qui aspire à la paix. Il est impossible pour la région de réaliser ses aspirations dans un contexte de prolifération des armes des milices, dont certaines ont dépassé les capacités d’armement des pays du monde.


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12 réactions à cet article    


  • Opposition contrôlée Opposition contrôlée 26 juin 2023 10:16
    Ces milices érodent l’État national 
    L’état national libanais ? C’est une vaste blague. Certains disent que le Hezbollah est un état dans l’état, c’est faux. Le Hezbollah est la seule chose qui ressemble à un état au Liban. J’ai même envie de dire que c’est la seule chose qui fonctionne correctement au Liban...

    Cet énième article de dénigrement oublie que si le Liban a pu faire valoir ses droits dans les problèmes de délimitation de la frontière maritime, c’est à dire de partage des ressources gazières avec l’entité sioniste, c’est uniquement grâce à la force de dissuasion du Hezbollah. Sans quoi ils auraient été spoliés par le cancer israélien.

    C’est d’ailleurs remarquable que l’article ne mentionne pas à quelle occasion ces manoeuvres « à balles réelles » ont été effectuées. Il s’agissait de l’anniversaire de la libération du Sud Liban, libéré en 2000, après 18 ans d’occupation « israélienne », grâce à la persévérance du Hezbollah, qui a offert aux arabes leur première victoire sur l’entité sioniste.

    • Pascal L 27 juin 2023 11:56

      @Opposition contrôlée
      « entité sioniste » : sophisme consistant à dévaloriser l’adversaire par un vocabulaire choisi. C’est une variante de la conjugaison du verbe « être ferme » :
        je suis ferme,
        tu est têtu,
        il est une vrai tête de mule... 
      La vérité n’a jamais besoin de ces artifices.


    • Opposition contrôlée Opposition contrôlée 27 juin 2023 16:03

      @Pascal L
      En l’occurrence c’est une marque de respect envers la culture juive, en la dissociant du phénomène sioniste tel qu’il s’est développé. 


    • Pascal L 27 juin 2023 18:57

      @Opposition contrôlée
      « c’est une marque de respect envers la culture juive, en la dissociant du phénomène sioniste » 
      Là encore, il me semble que c’est un sophisme car je vois mal comment dissocier le sionisme de la culture juive dont il est issu. Certes, tous les juifs ne sont pas sionistes et le sionisme a pris la forme d’une idéologie politique. Condamner le sionisme, c’est condamner tous les juifs d’Israël. On joue donc sur les mots. Mais le Hezbollah, comme la totalité de l’islam issu du Coran, a aussi développé une idéologie politique et la paix ne sera possible que lorsque ces deux idéologies auront disparu.


    • Opposition contrôlée Opposition contrôlée 27 juin 2023 21:37

      @Pascal L
      Le sionisme n’est pas associé à la culture juive, mais à la culture occidentale. Les pays orientaux, contriarement aux pays occidentaux, sont restés multi-religieux pendant des siècles.


    • Pascal L 28 juin 2023 10:59

      @Opposition contrôlée
      Là, je ne peux pas vous suivre. Vous faites une erreur historique. La religion a toujours été associée au pouvoir et partout où les pouvoirs ont été autocratiques, une religion est devenue dominante et obligatoire. C’était déjà le cas avec l’Inde, la Perse, l’Egypte, Israël, avec le monde Romain, avec les pays islamiques... Le christianisme est un cas particulier car il demande explicitement la liberté de se convertir mais cela n’a pas empêché les empires occidentaux, quand ils n’ont plus eu le choix, de l’exploiter à leur compte et d’instrumentaliser les guerres de religions pour la conquête du pouvoir. La loi de 1905 est le constat du divorce entre le christianisme et l’Etat Français, ce qui n’empêche pas l’Etat Français de faire encore pression sur l’Eglise Catholique et de rechercher par ailleurs des religions où l’obéissance à l’Etat est la règle (Franc-Maçonnerie, islam...). Avec le recul des religions, les idéologies tendent à reprendre la place mais je ne vois pas le progrès. Le mensonge y est toujours présent, à cause de la nature même d’une idéologie qui doit placer le groupe avant l’individu. Au siècle dernier, on a associé le judaïsme à une race et il n’y a rien de plus faux d’un point de vue historique. Les juifs actuels ne sont pas plus descendant des juifs du premier siècle que vous et moi. L’analyse du génome le démonte amplement. Ils ont souvent été chassés parce qu’ils plaçaient leurs lois au-dessus des lois des pays de résidence et ce n’est pas acceptable pour les pouvoirs autocratiques. En France, la signature du concordat a permis la cohabitation. L’idée d’un retour sur Israël a été une idée anglaise, en réparation de la Shoah, mais a trouvé un écho important dans les communautés juives parce qu’elle recoupait des mythes anciens du judaïsme. L’idée d’un Dieu qui ne serait puissant que sur la terre d’Israël nous ramène aux mythes les plus anciens de la Bible, un hénothéisme qui a fortement évolué dans l’histoire du Judaïsme jusqu’au premier siècle de notre ère. Nous ne devrions plus en être là. Les historiens démontrent que le grand Israël n’a jamais existé. Ce sont les hommes qui ont besoin du Temple et cela peut devenir une idolâtrie.

      D’un autre côté, le Coran a le même usage que le petit livre rouge de Mao. Un livre qui a été écrit pendant deux siècles, sous la dictée des califes successifs, pour créer et maintenir leur empire. Le Coran ne crée aucune spiritualité et est rempli des contradictions liées à sa trop longue genèse. Il y a probablement plus de 1000 incohérences dans ce livre. J’en ai déjà documenté plus d’une centaine. L’islam est entièrement basé sur le mensonge des califes. La langue du Coran est principalement du syro-araméen et la Mecque ne pouvait pas exister au 7ème siècle. A partir de là, que peut-il rester de vrai ? L’islam, une idéologie comme les autres, un outil pour la prise du pouvoir ! C’est justement à ça que s’emploient aujourd’hui les Frères Musulmans en France.


    • Opposition contrôlée Opposition contrôlée 28 juin 2023 22:20

      @Pascal L
      tout n’est pas faux dans ce que vous écrivez, mais « Le Coran ne crée aucune spiritualité » c’est n’importe quoi. 


    • Pascal L 28 juin 2023 23:35

      @Opposition contrôlée
      « « Le Coran ne crée aucune spiritualité » c’est n’importe quoi. » Alors vous pouvez m’expliquer.
      La récitation des 99 noms d’Allah, présentée comme un sommet, peut correspondre aux caractéristiques de n’importe quel dictateur. C’est un sophisme qui permet d’élever le calife au niveau de Dieu. Par ailleurs, il existe des spiritualités importées dans l’islam, mais ces spiritualités n’ont rien à voir avec le Coran. Le soufisme est une réminiscence de l’hindouisme et du zoroastrisme. Quand aux marabouts, présents dans tout l’islam africain, sont une réminiscence de l’animisme africain. Les même formules, mais les gris-gris sont remplacés par un Coran.
      La spiritualité est, en principe, un dialogue entre les hommes et Dieu. Les spiritualités pré-chrétiennes citées ici établissent une relation avec les esprits et dans le Coran, Allah ne répond jamais aux hommes. La prière est ici un monologue, une récitation de texte que pratiquement personne ne comprend car la langue du Coran n’est parlée par personne. Il s’agit, pour plus de 50%, de mots d’origine syro-araméenne, la langue de la Syrie au 7ème siècle. La comparaison des deux langues nous montre de nombreux glissements sémantiques significatifs d’une évolution de l’islam pendant les premiers siècles. Les mots sont restés mais le sens a changé. Le meilleur exemple est la sourate 97 qui est la copie conforme de l’hymne syriaque de Noël n°21. Exactement les mêmes mots mais deux mots ont changé de sens et cela ne signifie plus dut tout la même chose.


    • Samy Levrai samy Levrai 26 juin 2023 10:17

      La « pax » americana a beaucoup de plomb dans l’aile et ses alliés au Moyen Orient semble sentir le vent tourner .

      l’arsenal américain au Moyen Orient ( Israel ) flirt avec le statut « non amical » de la Russie, attendons le pas suivant...

      Les laquais parlant de souveraineté ( c’est à dire d’indépendance) en défendant leur maitre sont toujours un plaisir à observer.


      • sylvain sylvain 26 juin 2023 10:35

        deja de l’eau dans le gaz entre les petromonarchies et l’iran...

        quand a parler de l’etat souverain libanais, c’est une drole de blague


        • Enki Enki 26 juin 2023 13:39

          Julia Boutros, libanaise chrétienne maronite, mariée à un ancien ministre de Michel Aoun, chante pour l’honneur du Hezbollah qui a résisté à l’attaque du Sud Liban par Israël en 2006.

           https://www.youtube.com/watch?v=CJgnxEfmoeU&t=208s


          • Pascal L 27 juin 2023 12:33

            Les plus prompts à attaquer Israël sont les factions affiliées aux Frères Musulmans. C’est devenu une sorte de signature des mouvements fréristes. Depuis Khomeini, qui était un admirateur d’Hasan Al-Bana, les mouvements chi’ites ont rejoint ce mouvement sunnite. Ne croyez pas que ce soit le grand amour, mais plutôt une association de malfaiteurs pour éliminer des adversaires communs. La guerre chi’ites sunnites reprendra dès que les adversaires auront disparu (s’ils disparaissent !). La lutte pour le pouvoir est intrinsèque à l’islam et le Coran valorise la figure du calife élevé quasiment au niveau de Dieu. Les candidats ne manquent pas. Calife (« Khalifat Allah ») signifie Lieutenant de Dieu. Par ailleurs, si vous lisez les 99 noms d’Allah, ils conviennent parfaitement à tout dictateur, donc au calife et que doit-on penser d’une personne qui a les mêmes qualités que Dieu ? Les historiens nous disent que le premier à avoir utilisé ce titre n’est pas Abu Bakr ou Omar, mais ʿAbd Al-Malik. Avant lui, les chefs de guerre portaient le titre de mḥmd, dont je vous laisse deviner ce qu’il est devenu après ʿAbd Al-Malik. mḥmd est une référence à l’hébreu ’îsh hamudôt, l’homme des prédilections, qui, dans le livre de Daniel, annonce la venue imminente de Jésus... Le proto-islam du 7ème siècle n’est pas l’islam que nous connaissons aujourd’hui. Le Coran porte encore toutes les strates de réécriture, à un point tel qu’il existe probablement plus de 1000 incohérences dans ce texte. D’aucun diront que c’est la preuve de sa perfection.

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