• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile

Accueil du site > Tribune Libre > Ce que signifie équiper l’Ukraine de chars occidentaux

Ce que signifie équiper l’Ukraine de chars occidentaux

JPEG

Dans le cadre du soutien militaire croissant de l’Occident à Kiev et de la diminution des espoirs d’une résolution rapide de la crise, l’Allemagne et les États-Unis ont confirmé qu’ils allaient envoyer des chars à l’Ukraine. Berlin a confirmé 14 chars Leopard 2, tandis que Washington prévoit d’envoyer 31 chars Abrams dans les prochains mois.

En outre, Berlin a donné le feu vert à un certain nombre de pays européens pour envoyer des chars Leopard-2 de fabrication allemande en Ukraine. Cette décision s’ajoute à la position du Royaume-Uni, qui a déjà confirmé l’envoi de 14 chars du côté ukrainien.

Selon les experts militaires, ces chars pourraient aider les forces ukrainiennes à forcer les troupes russes à se retirer des territoires qu’elles occupent.

Cependant, l’acquisition de chars occidentaux par l’Ukraine a une portée symbolique qui l’emporte sur leur impact opérationnel, car en fin de compte, il faut admettre que le nombre annoncé de chars n’est pas suffisant pour obtenir une supériorité absolue dans l’équilibre des forces sur le terrain en faveur des forces ukrainiennes.

Le cadre symbolique de l’avancée germano-américaine réside principalement dans le fait que l’Ukraine se battra bientôt avec des armes occidento-atlantiques, ayant reçu des armes des pays occidentaux depuis le début de la guerre, dont la plupart ont été fabriquées dans les pays de l’ancien Pacte de Varsovie, plutôt que les armes utilisées par l’OTAN, à l’exception des équipements logistiques tels que les transporteurs de troupes.

Dans ce contexte, l’Ukraine a acquis plus de deux cents chars T-72 fabriqués dans des pays d’Europe de l’Est comme la Pologne et la République tchèque. Ce symbolisme renvoie non seulement au nombre limité de chars qui seront livrés à l’Ukraine, mais aussi au calendrier. La démarche a été annoncée car la livraison de chars, notamment américains, prendrait plusieurs mois.

Ainsi, il s’agit plus de l’aspect psychologique de la décision germano-américaine que de l’effet opérationnel supposé de la participation des chars occidentaux aux combats.

Dans ce contexte, les capitales occidentales restent inflexibles sur le fait de ne pas envoyer d’armes à longue portée (plus de 59 km) à l’Ukraine pour éviter de les utiliser contre des cibles à l’intérieur de la Russie, ce qui conduirait inévitablement à une escalade du conflit militaire du côté russe.

Elle y voit un tournant qui permettrait à son armée de reprendre son élan et de libérer les zones tenues par les forces russes depuis le début de la guerre il y a un an  ; les chars pourraient aider à contrer une éventuelle offensive russe au printemps prochain.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a déclaré, est une étape importante pour assurer la victoire de l’Ukraine contre les Russes. «  Aujourd’hui, le monde libre est uni comme jamais auparavant pour un objectif commun - la libération de l’Ukraine », a-t-il proclamé, comme s’il dirigeait le «  monde libre  » contre la Russie.

Une question importante demeure quant à l’éventuelle réaction russe si les chars occidentaux participent effectivement à des opérations de combat en Ukraine. Les réactions des officiels russes sont mitigées. Certains pensent que le plan est voué à l’échec et minimisent le soutien que ces chars pourraient apporter à l’armée ukrainienne.

Alors que l’ambassadeur russe à Washington a qualifié la livraison de chars à l’Ukraine de «  nouvelle provocation flagrante », la télévision russe a estimé que «  l’apparition de chars allemands en Ukraine nous amènera à considérer le territoire allemand, les bases militaires et d’autres endroits comme des cibles légitimes ».

Mais dans l’ensemble, la Russie semble adopter une attitude plus prudente face à la dernière initiative européenne en matière de chars. La décision américaine est davantage un signe de solidarité avec ses alliés transatlantiques qu’un réel soutien militaire à l’Ukraine.

On ne sait pas encore quand les chars américains seront livrés, s’ils sont des stocks de l’armée ou s’ils font partie d’un nouveau processus de fabrication.

Dans le même ordre d’idées, le président ukrainien a demandé environ 300 chars Leopard 2 allemands pour aider son pays à «  vaincre la Russie », ce qui est très loin de ce qu’il recevra réellement, à savoir pas plus d’une centaine de chars livrés progressivement au fil des mois et perdant une grande partie de leur impact opérationnel.

L’Ukraine a déjà acquis environ 250 chars T-72, qui sont moins efficaces que leurs homologues occidentaux. Ces chars s’ajoutent aux quelque 900 chars que l’Ukraine possédait avant le début de la guerre. Les chars occidentaux, à mon avis, sont un message de dissuasion destiné à augmenter la pression sur la Russie pour prévenir une éventuelle offensive militaire majeure au printemps.

Ces chars peuvent aider à repousser cette éventuelle attaque et à embarrasser les dirigeants russes, car ces chars représentent un ajout qualitatif aux capacités offensives des forces armées ukrainiennes  ; leur portée n’est pas limitée, de sorte que les rangs arrière de l’armée russe peuvent être tirés avec une grande précision.

L’Allemagne a hésité à prendre une décision concernant la livraison des chars Leopard 2. Cependant, les préoccupations concernant les conséquences d’une éventuelle attaque russe ont incité les parties américaine et allemande à s’entendre sur la décision de fournir des chars à l’Ukraine.

La décision de fournir à l’Ukraine des chars allemands, américains et britanniques est une étape cruciale dans le conflit militaire en cours en Ukraine. Les armes occidentales sont directement confrontées à leurs homologues russes, et plus la crise se complique, plus la position des deux parties, l’Occident et la Russie, qui insistent pour poursuivre le conflit jusqu’au bout, est critique.

Cela résume la déclaration du vice-président du Conseil national de sécurité de la Russie, Dmitri Medvedev, selon laquelle la Russie pourrait utiliser ses armes nucléaires si elle ne peut pas atteindre l’objectif de sa guerre en Ukraine avec des armes conventionnelles ou si elle pressent une possible défaite, ce qui signifie que les deux parties ont atteint un point à partir duquel il n’y a pas de retour en arrière immédiat, du moins avec les éléments disponibles.


Moyenne des avis sur cet article :  1.35/5   (23 votes)




Réagissez à l'article

16 réactions à cet article    


  • Clocel Clocel 8 février 2023 18:02

    Je n’aimerais pas faire partie des futurs équipages des chars, mais bon, Allah est grand, il y aura surement des volontaires pour affûter les armes russes...

    M’enfin... Ce sera toujours quelques points de QI gagnés sur la population générale...


    • Gégène Gégène 8 février 2023 18:12

      Tant qu’il reste de l’ukrainien en état de se battre, ce serait dommage

      de ne pas lui faire tester nos nouvelles armes . . .

      (en même temps on fatigue les russes, super !)


      • Clocel Clocel 8 février 2023 18:23

        @Gégène

        Mon bon Gégène, je doute que ça cause ukrainien dans les prochaines rôtissoires à chenilles...

        Durée de vie d’un char dans un engagement de la « bonne époque », 10 minutes, je te laisse imaginer le saut qualitatif.

        L’Ukraine va devenir très ferrugineuse, ça ajoutera à son irrésistible attrait... 


      • Massada Massada 9 février 2023 08:40

        Après un tel investissement, une défaite de l’Ukraine serait une défaite majeure pour nous (le monde libre), pour notre position dans le monde, mais aussi pour le droit international qui pourrait être bafoué impunément.

          

        Donc, continuons à aider l’Ukraine et le plus massivement sera le mieux si on veut des résultats décisifs dans pas trop longtemps, et puis adaptons nous aux problèmes à venir.

        Car des problèmes à résoudre, il y en aura beaucoup et pour y faire face, il vaudra mieux être costaud militairement !

          

        Le danger pour le monde libre est réel, la Russie est devenue un pré-Game of Thrones attendant la mort du roi vieillissant entouré de purs bandits avec leurs armées comme les Zolotov, Prigojine ou Kadyrov avec leurs oligarques mafieux. Dans un an ou dans dix ans, il y aura forcément des troubles graves en Russie.


        • Gégène Gégène 9 février 2023 08:51

          @Massada

          Il existe des études qui montrent que les gens continuent leurs actions stupides pour la seule raison qu’ils ont tellement investi là-dedans qu’ils se refusent à faire marche arrière et renoncer . . .
          donc continuons à aider l’Ukraine puisque ça ne marche pas smiley


        • chantecler chantecler 9 février 2023 09:07

          @Massada
          Ja ja !


        • Laulau Laulau 9 février 2023 14:46

          @Massada
          Le monde libre ? La Palestine est libre ?
          Depuis quand ?


        • Jean Rébinaire 9 février 2023 21:57

          @Massada, se revendiquer de « la liberté » quand on est soi même prisonnier d’une idéologie, soit c’est un manque de conscience ou c’est du foutage de gueule.


        • yakafokon 12 février 2023 11:42

          @Laulau
          Théoriquement, depuis 1948, aux dires de Ben Gourion qui souhaitait deux états, un état juif et un état musulman, en Palestine.
          Mais à l’heure actuelle, c’est un vulgaire truand et des juifs orthodoxes fanatiques, venus de Russie, qui dirigent cette dictature qui est la honte de l’humanité !
          Qu’il est loin, le rêve de David Ben Gourion !


        • Beauceron Jean de la Beauce 9 février 2023 09:04

          Livrer des chars sans les munitions ne dissuadera pas les russes. Cela ne fait que renforcer l’escalade vers un durcissement du conflit. Pourquoi ne pas livrer aussi un porte-avion à Zelensky ?


          • roby roby 9 février 2023 10:12

            Zelensky veut garnir un peu plus ses comptes « Panama Papers » il est vrai que sa villa Italienne et sa femme lui coûte un bras.


            • goc goc 9 février 2023 12:00

              Et pendant ce temps-là, certains, y compris dans les « hautes sphères gouvernementales » s’offusquent des super-profits de Total, alors que ce sont eux-mêmes qui en sont les vrais responsables, en poussant à la guerre contre le premier producteur de gaz, et le second producteur de pétrole eu monde.

              Et je ne parle pas de ces mêmes individus qui râlent contre Total, mais poussent à la « vaccination » de la planète à des prix souvent négociés en douce au seul bénéfice de BigFarma, afin de permettre à ce dernier de faire d’énormes super profits.

              Et quand on sait que cette guerre a pour but réel d’augmenter les profits de l’industrie US au détriment de l’UE (voir le sabotage de NS afin d’obliger l’UE à acheter du GNL US), on a raison de rigoler.

              Quand à la livraison des chars, il est évident que la faible quantité (à livrer) n’a pour seul but que de faire durer cette guerre et ce, jusqu’à la disparition de l’Ukraine, puis de la Pologne, qui est déjà programmée pour prendre la relève après la mort du dernier ukrainien


              • Berthe 9 février 2023 19:48

                « l’Occident et la Russie, qui insistent pour poursuivre le conflit jusqu’au bout, est critique ». Euh, l’occident et l’Ukraine vous voulez dire ... il y a censure de tous les cotés, alors on ne peut pas savoir qui dit quoi et qui fait quoi. Quand je lis que les allemands demandent à Lula d’envoyer des munitions pour les chars et que ce dernier ne veut pas !! Quand je lis que les usa ne veulent pas envoyer des chasseurs non plus.... C’est vraiment nous prendre des cons que de médiatiser de telles conneries. A noter que jusque là, la Russie n’a jamais dépassé les frontières russophones, on est complètement à coté de la plaque. Reste l’hypothèse d’agresser la Russie comme en Irak et dans ce cas, çà change la donne !! Et à mon avis, c’est à cela que Poutine s’attend. 


                • Berthe 9 février 2023 19:50

                  @Berthe
                  à noter qu’avant d’attaquer l’Irak, on avait surarmé Saddam et bien après les afghans pour inquiéter la Russie également !! Le cas Ukrainien n’est donc pas une première. 


                • titi titi 9 février 2023 22:53

                  @Berthe

                  " la Russie n’a jamais dépassé les frontières russophones,

                  "

                  Celle là, il fallait pas trembler pour l’écrire.


                • yakafokon 12 février 2023 11:29

                  Fournir à l’Ukraine des chars Abrams 1, des Léopards, ou des Leclercs, c’est offrir à la Russie l’occasion de faire du tir aux canards, comme à la foire !

                  Je sens que l’aviation russe va se régaler !

                  Ces chars ne peuvent arriver dans le Donbass que par le réseau ferroviaire qui est sérieusement malmené, et ne pourront être transportés que sur des wagons à plateforme, avec le moteur à l’arrêt ( donc protection anti-missile stoppée ), et j’ose espérer que les équipages ne resteront pas à bord !

                  D’abord on détruit la voie ferrée pour stopper le convoi, et après : tir aux pigeons !

                  Ce ne sont pas les missiles hypersoniques russes qui manquent, pour ce genre de travail de routine.

                  Les routes depuis la Pologne sont quasiment impraticables, car constamment sous le feu des missiles, et il ne restera aux chars que les terrains de campagne.

                  A titre indicatif, un Abrams boufferait 20.000 l de kérosène pour atteindre le front de l’Est, et c’est si fragile, un camion-citerne embourbé dans la Raspoutitsa !

                  Alors, d’ici que le nazi en chef ukrainien voie ses jouets arriver, de l’eau va couler sous les ponts ( du moins ceux qui lui restent ) !

Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page

Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.


FAIRE UN DON



Publicité



Les thématiques de l'article


Palmarès



Publicité