Ce sont bien les mêmes, qui racontent les mêmes fariboles...
Au hasard des lectures du net, on tombe parfois sur de vraies perles. Celles où l'on sent à plein nez la manipulation et le re-writing d'événements, afin de satisfaire un pouvoir en place. Des textes balancés sciemment sur le net, et très vite recopiés dans une chaîne de Saint-Antoine de désinformation qui se perd dans les méandres des réseaux et l'incapacité de certains journalistes à déceler la manipulation. C'est ainsi qu'avant hier je suis tombé sur un récit du "day before" la décapitation de Foley et Sotloff (et depuis de l'anglais David Haines), l'histoire du prétendu ratage de leur sauvetage, à savoir un texte présentant une version tellement aux petits oignons qu'immédiatement j'ai pensé à un scénario d'Hollywood à la Zero Dark Thirty. Un film lui-même basé sur l'irrésistible épopée de Marines vengeurs dont un criant "Geronimo" avant de tuer Ben Laden d'une balle en pleine tête, selon la légende... puis deux, puis trois, puis même une centaine de balles, à le transformer au final en pâté, au fil des réécritures du scénario, ou des retouches faites pour que ça coïncide un peu plus avec ce qu'avait dit auparavant le Pentagone. Le texte du jour concerne la Syrie, il est signé Gael Coigné, journaliste à Francetvinfo, c'est un ancien correspondant de l'Agence France Presse (AFP), un freelance de Libération, qui, le moins qu'on puisse dire, n'a pas fait beaucoup d'efforts pour vérifier ses sources et son information, passablement recopiée, alors qu'il a fait mieux jadis... car en un simple clic, on retombe sur un "spécialiste" du genre... dont les liens paternels nuisent fortement à la crédibilité... quoi qu'il puisse écrire désormais. C'est en effet celui qui nous avait vendu la fable d'Abbattobad !
Venons-en donc au texte incriminé : il est lisible ici. C'est le récit de l'intervention raté présumée d'un commando américain pour délivrer leurs otages américains détenus en Syrie. Ça commence très fort, avec ce genre de propos (des otages revenus ayant décrit le bâtiment où ils avaient été retenus en Syrie) : "la NSA (l'Agence nationale de la sécurité américaine) se met alors à pied d'œuvre pour repérer le bâtiment. Les Américains manquent cruellement de renseignements sur la région. Envoyer des drones pour repérer les lieux risquerait d'alerter les jihadistes, alors il faut de longues recherches sur des cartes satellites pour finalement identifier un bâtiment". Ce qui est assez grotesque, quand on sait qu'un simple bloggeur (Eliott Higgins, alias Brown Moses) a retrouvé grâce à Google Earth le lieu où la décapitation de Fowley avait eu lieu. Pas besoin d'experts pour retrouver la raffinerie près de Raqqa où étaient détenus les otages : elle est située au 35°48'38.33"N et au 39° 7'30.69"E, ce qui situe l'endroit à à peine 11 kilomètres de celui où à été décapité Foley.
Mais à plus de 100 km de la frontière turque, ou a plus de 200 de celle de l'Irak et 300 de la Jordanie... Et là où ça le devient davantage, grotesque, c'est avec une "décision" qui ressemble comme deux gouttes d'eau à celle ayant soi-disant précédé la célèbre attaque d'Abbottabad. "Dès lors, Barack Obama autorise secrètement les forces spéciales à préparer une mission de sauvetage qui serait conduite par la CIA et le Pentagone, selon le Wall Street Journal (en anglais, sur abonnement). Mais les autorités hésitent. Les chances de réussite sont faibles : les prisonniers ont pu être déplacés. Comme le rappelle la source du New Yorker : "Ils [les preneurs d'otages] ont dû réaliser que quand ils ont laissé ces gars partir [notamment les otages français], des choses allaient sortir. Ils ne sont pas idiots." Voilà qui sent déjà le frelaté, l'article consistant manifestement à fourguer une version "soft" d'un énième ratage, ou à donner une version d'un événement qui n'a jamais eu lieu... au sein du récit, on ne lésine pas sur le patos, comme le reprend benoîtement Coigné : "de plus, si l'opération échoue, la vie des otages pourrait être menacée"... ce qui explique quelque peu la décapitation qui suivra... Bref, on a bien affaire à un storytelling ; dont il convient de rappeler ici la définition :
"Le storytelling ou conte de faits ou mise en récit est une méthode utilisée en communication fondée sur une structure narrative du discours qui s'apparente à celle des contes, des récits. Littéralement : Raconter une histoire".
Ce qu'on a sous les yeux sans doute aucun avec la phrase qui suit : "malgré tout, une équipe se met en route. Comme lors du raid au Pakistan contre Ben Laden, les commandos de la Delta Force se sont entraînés sur une reproduction du bâtiment dans un paysage désertique, à Fort Bragg, en Caroline du Nord. Ils ont aussi envisagé que le bâtiment soit piégé ou qu'ils subissent une vaste attaque de jihadistes venus de Raqqa". On le subbodore, le calcage trait pour trait entre l'opération syrienne sur le modèle de l'expédition d'Abbottabad n'est pas un hasard. C'est voulu, et ça bien été écrit ainsi pour appuyer sur l'importance de l'opération, au détail des hélicoptères secrets près (ici on en a collé d'autres, qui ne sont pas non plus des Blackhawks ordinaires). Le détail qui tue avancé pour obtenir l'assentiment du lecteur étant bien sûr celui de la maquette ayant servi, selon l'auteur de l'article, aux répétitions de la tentative d'extraire les otages. Jusqu'à ce jour, personne n'avait évoqué la mise en scène : ce qui laisse largement depuis aux militaires pour la construire, effectivement, cette raffinerie bis où cette prison syrienne... et à la photographier après coup, pour nous dire qu'elle a bien été bâtie avant l'événement qui nous intéresse. Dans le texte original, cette prétendue maquette ou décor de film n'existe pas. Qui a surajouté au texte de Schmidle cette information ? Dans quel but ? Pour news.com australia, par exemple, "ils s'entraînaient sur leur base de Caroline du Nord", sans plus de détails. Le détail a été rajouté : le storytelling appelle... un autre storytelling, sur le mode du téléphone arabe ? D'autres détails intriguent : on évoque 40 Marines déposés sur place pour l'attaque. Ce qui fait au minimum quatre Blackhawks de transport, plus les deux de soutien armés cités dans le récit. On aurait lancé ainsi 6 appareils à proximité de la "capitale" des jihadistes ?
Encore une fois, c'est le timing des faits et des déclarations qui est en effet suspect. Foley est annoncé comme mort décapité le 20 août... Le jour-même, l'administration US lance un contre feu devant les questions sur ce qu'elle a tenté ou non durant sa captivité : "l'administration Obama a envoyé des troupes en Syrie récemment pour tenter de sauver des otages détenus par des militants de l'Etat Islamique, dont le journaliste James Foley, mais mais n'a pas réussi à les trouver, a déclaré mercredile Pentagone. L'attaché de presse du Pentagone, le contre-amiral John Kirby (ici à gauche) a déclaré dans un communiqué que la mission de sauver les Américains visait un "réseau de ravisseurs" à l'intérieur du groupe militant, et comprenait des éléments aériens et terrestres". Une explication sortie du chapeau à une vitesse assez sidérante. Mais une "explication" qui manque d'épaisseur. L'opinion américaine révulsée, il ne fallait pas montrer être resté indifférent. Même si la divulgation d'une "opération ratée" semble montrer une forme d'incompétence : "malheureusement, la mission n'a pas réussi parce que les otages n'étaient pas présents à l'emplacement ciblé", a déclaré Kirby", précise le journal : en somme, ce n'est pas la vaillances des super-Marines qui a failli, mais le réseau de renseignements : l'honneur est sauf, en quelque sorte.... reste que la réponse du Pentagone est faible, et c'est là qu'il fait appel aux talents d'un rédacteur, dont le texte sort le 5 septembre dernier seulement. Il a mis 15 jours pour le rédiger. Et c'est loin d'être un inconnu !!!
Des questions avaient en effet vite surgi après l'explication fort rapide donnée par la Maison Blanche. Depuis l'opération Eagle Claw, et son traumatisme, avouer un ratage d'opération est une question taboue aux USA. On l'a bien vu dans le raid d'Abbotabad, où le cas de Marines blessés ou tués dans la défaillance d'un hélicoptère a été purement et simplement escamoté. Si la Maison Blanche a réagi aussi vite, c'est qu'elle craint que la droite dure, organisée autour du Tea Party ou du d'un personnage comme Ron Paul, qui tente de passer pour un progressiste, ne s'empare de ce sujet sensible, en évoquant une possible faiblesse décisionnaire d'Obama, relayée par la sempiternelle chaîne ultra-réac américaine : "le rapport corrobore une réclamation faite plus tôt cette semaine par un responsable du Pentagone à Fox News, qui a dit qu'il y avait un retard en ce qui concerne la question de savoir s'il fallait agir pour sauver Foley des militants ISIS. Le Sunday Times de Londres a rapporté que le premier délai était de 30 jours. L'ancien responsable du Pentagone a décrit une Maison Blanche qui était hésitante et en demandant constamment à "l'espionnage d'en faire davantage." On en profite bien sûr pour dire au passage que c'est aussi un manque de crédits et de personnels : "d'autres problèmes affectant la mission, notamment un manque d'informateurs sur le terrain, et qu'un pays favorable aux États-Unis d'abord approché pour fournir une base pour l'opération ne voulait que pas son territoire soit utilisé comme rampe de lancement, indique le Wall Street Journal" (ça c'est une manière de critiquer un pays dont on attendait plus de coopération côté US !). Une demande en matériels de surveillance étant également ajoutée au lot de critiques : "en outre, les USA ont eu une visibilité limitée en Syrie, et un responsable de l'administration a déclaré au journal que les seules demandes du Pentagone pour les vols de surveillance sont venus juste avant la mission. Le problème a été exacerbé par la forte discipline de communication de l'Etat islamique, aussi connu comme ISIS, qui a rendu plus difficile de suivre les otages en raison de l'absence ultérieure d'informateurs qui pourraient combler les lacunes de renseignement.." Ce qui prête aussi à sourire (?), car laissant entendre que la pratique d'informateurs rétribués est une pratique courante... chez l'ennemi, aux USA. Bref, tout est prêt pour commencer une campagne de dénigrement dont toutes les droites du monde sont friandes. Une campagne visiblement orchestrée par la droite dure US, et ses entrées au Pentagone.
Résultat, on le ressent mal dans l'administration Obama, d'être dénigré de la sorte, un peu comme elle avait pu l'être après les explications fort alambiquées et fort changeantes sur l'opération d'Abbottabad. Et en ce cas, on le sait, on a eu recours à des gens capables d'écrire une version un peu plus crédible que la version mal fagottée offerte à la presse au lendemain de l'annonce de la décapitation de Foley. Il fallait vite dire que tout avait été tenté... même si cela était faux. Et comme pour le cas d'Abbottabad l'un d'entre eux va se distinguer : il s'appelle Nicholas Schmidle (ici à gauche) et a une particularité passionnante : ce n'est autre que le fils du général chargé de surveiller le contenu de l'Internet, Robert E. Schmidle, Jr, l'empereur des cyber-contre attaques...à savoir le " tout premier "Deputy Commander for U.S. Cyber Command" installé à Ft. George G. Meade" dans le Maryland.
Son fils est donc à juste raison largement soupçonné de partialité, à réécrire des événements où l'armée de son père a eu une importance. Sa mère étant une psychologue et une éducatrice... elle aussi particulière : elle a créé la premmière "Integrated Preschool Program" pour les écoles du Department of Defense sur la base des Marines Corps de Quantico, en Virginie. C'est à son fils Nicholas que l'on doit en effet le texte romancé "officialisé" de l'intervention pakistanaise ! Et c'est là où le bat blesse chez Gael Coigné, c'est que l'auteur du texte original présentant une tentative fort hollywoodienne d'aller sauver Foley et Sotloff, n'est autre que le même rédacteur fort peu crédible du récit d'Abbottabad, rempli de contradictions, ce qui visiblement Coigné n'a pas vu venir. L'article d'origine étant paru le 5 septembre dernier dans le New-Yorker.
Et comme pour son récit hallucinant de l'opération d'Abbottabad, dans laquelle il avait inventé un Marine criant "Geronimo" au moment où il tuait (selon lui) Ben Laden, Schmidle a remis en marche son stylo à emphase, truffant son texte de pseudo-anecdotes pour le rendre plus vivant et le faire sonner plus "vrai" : "en prévision d'une mission de sauvetage possible, une unité de commandos Delta Force gauche de Fort Bragg, en Caroline du Nord, est partie à destination d'une base dans un pays voisin de la Syrie. Un satellite géostationnaire surveillait la maison supposée en toute sécurité" : voilà qui est fort amusant, car soit Schmidle ment, car il ne peut y en avoir, à cet endroit, car les géostationnaires évoluent à 36 000 km de la terre et aucun télescope de surveillance ne peut voir de détails à cette distance ; ou alors Schmidle vient de lâcher un secret d'Etat sur les évolutions secrètes de la mini-navette X-37B orbitant depuis plus d'un an, et capable, elle, de changer d'orbite (basse) et de transmettre des images..."
"Le 3 Juillet, un peu après 2 heures heure locale, plusieurs hélicoptères Black Hawk ont quitté la base, selon l'officier des opérations spéciales, qui a demandé à garder l'anonymat parce qu'il n'était pas autorisé à discuter de l'opération" (c'est un vieux marronier le coup de la confidence du soldat !!!). "Certains des Black Hawks étaient ceux des Delta Force ; d'autres étaient des "Penetrators", ou DAP, qui ne portent pas de personnel et sont modifiés avec des nacelles lance-roquettes, des roquettes de 2,75 pouces, et des canons rotatifs. Tous les appareils se sont regroupés dans l'espace aérien syrien et se sont dirigés vers le site extérieur à Raqqa". Nous ne sommes pas loin de Zeo Dark Thirty avec un tel tableau, et un tel peintre !!!
Schmidle, décidément très en verve, rajoutant deux drones à la facture de l'opération : "comme les hélicoptères se sont approchés de la cible, deux drones Predator armés ont rejoint l'opération, en planant au-dessus (des avions de guerre étaient aussi dans le voisinage », à la veille")". Une image récente de drone au dessus de la Syrie montrait un drone, mais non armé : il est difficile en effet de croire que les américains puissent laisser voler un engin doté de missiles : leur taux de panne est tel qu'une capture d'un tel appareil serait pris immédiatement comme un engagement armé de la part des USA, et d'une violation llagrante de l'espace aérien par un appareil militaire. Le risque est bien trop grand (comme l'était celui de l'opération de sauvetage !). Schmidle ne s'est pas non plus aperçu qu'il avait commencé par la phrase "Envoyer des drones pour repérer les lieux risquerait d'alerter les jihadistes"... qui ruine son argumentaire. Il continue néanmoins plus loin : "avec les DAP fournissant une couverture, les hélicoptères pilotés ont débarqués et déchargés l'équipe des commandos Delta. Une fusillade a suivi, et deux combattants ISIS ont été tués. Les soldats ont pris d'assaut la bonne maison, apparemment, mais Foley et Sotloff ne s'y trouvaient pas « C'était un puits sec », a déclaré l'officier des opérations spéciales" (le langage codé des miltaires est une autre tarte à la crème des storytellers, qui adorent rendre ainsi le récit plus factuel). "La maison suivait pièce par pièce les croquis que le FBI avait montré" (les renseignements ayant été mis en cause, il fallait leur glisser un bon point quelque part dans le texte !) . "À un moment donné, une balle a frappé l'un des pilotes d'hélicoptère à la jambe (il faut bien rendre l'opération "vivante", alors un blessé léger inventé est parfait pour faire plus "naturel", et s'il y avait eu des morts, comme au Pakistan, Schmidle les aurait de toute façon ignorés !). "L'officier des opérations spéciales a déclaré que les opérateurs Delta étaient convaincus que Foley et Sotloff avaient été là" (ah ben là on en serait à moins, sinon ç'eût été un fiasco plus lamentable encore !). Et comme on veut à tout prix le prouver, que c'était la bonne cachette, voilà notre fils de tsar du contrôle cybernétique amené à nous offrir une autre louche de faux renseignements destinés à nous convaincre : "l'équipe Delta a fouillé les lieux, à la recherche de faux murs ou autres cachettes. Ce faisant, ils ont pris des objets de valeur potentielle pour une enquête : "deux téléphones, des couvertures, tout ce qui pourrait avoir retenu des cheveux" ("les téléphones et des couvertures ont été remis à des techniciens dans un laboratoire du FBI" ajoute Scmidle - mais ne comptant pas un jour en avoir le compte-rendu d'analyse, c'est bien pour "faire vrai" et cela fait appel clairement aux démarches vues dans les séries américiaines type NCIS dont le public US raffole)." "Après environ une heure sur le site, les commandos sont re-montés à bord des Black Hawks, et ils étaient de retour dans le « pays voisin » au lever du soleil"(ce qui fait du pays "voisin un pays assez éloigné : le Blackhawk fait des pointes à 296 km/H, mais vole le plus souvent à 200-250 km:h !) : en quatre heures, il couvre donc 1000 km (à condition d'avoir des réservoirs supplémentaires, ce qui nuit à ses capacités d'emport). Ne reste plus pour Schmidle qu'à ajouter la touche finale, qui est la même que pour Abbottabad : "le président Barack Obama a été tenu au courant de la mission par les fonctionnaires dans la Situation Room"
(non vous ne rêvez pas, c'est bien celle ostensiblement montrée -après coup- lors de la farce pakistanaise !). Bien entendu, il faut là aussi, appuyer le mensonge en nommant des participants sur place pour étayer le propos : " parmi les personnes présentes il y avait le Secrétaire d'Etat John Kerry et la conseillère sur l sécurité nationale Susan Rice". Le hic c'est qu'un site ultra-conservateur montre un John Kerry pas vraiment dans la Situation Room ce week-end là : il aurait fait du Kite Surf, sur sa base favorite du Massachusetts ! Les week-ends, Kerry les passe en effet souvent sur son yacht "Isabel," à Nantucket Sound dans le Massachusetts, et il ne semble pas y avoir à bord de "Siuation Room". Mais l'image de The Blaze pourrait bien être aussi une réédition de celle de 2004, lors de la campagne électorale. Kerry est il est vrai un fervent adepte en effet de ce sport, et les images de surf de sa personne abondent. (ici en 2007)
Bien entendu, Schmidle ne sera pas le seul à étayer cette contre offensive. C'est une action coordonnée avec les anglais, déjà partant pour aller combattre à nouveau... qui décrivent de leur côté une attaque du campement où sont retenus les otages le même jour, mais à leur façon, via les réseaux jihadistes, dont celui d'Al-Quds, une source anglaise fortement soupçonnée d'être infiltrée depuis longtemps. Pour l'occasion, le camp de détenus est rebaptisé par eux "Camp Ben Laden", tout un symbole... "Les témoins ont dit que des soldats étaient entrés dans le camp, ils parlaient anglais, ils avaient commencé l'attaque sur le camp la veille, et la deuxième nuit, ils visaient au début du processus tous les moyens de défense du camp, puis la bataille a duré plus d'une demi-heure, tuant cinq membres de l'ISIS (EILL en français), et provocant un certain nombre de blessés. Parmi les morts un homme connu comme "le Tunisien", "Felipe" et "Abu Dasha" le responsable courant de l'organisation, tous tunisiens, ont également tété trouvés des restes de vêtements des soldats assaillants, des témoins ayant affirmé avoir entendu des slogans américains et jordaniens en soulignant qu'il y avait eu des victimes parmi les attaquants. Le camp est connu comme une entreprise issue de l'organisation pour en faire l'un des plus importants centres de détention et d'interrogatoire des prisonniers, situé au sud à 20 km du village d'Alakirshi. L'organisation possède de nombreuses prisons dans différents endroits de la province, le bâtiment le plus important est au siège de Tanzim, le bâtiment du tribunal militaire dans la ville de Raqqa". Plus loin, un autre texte ajoute : "selon une source ISIS, un proche collaborateur du commandant ISIS dans la région de Raqqa, a dit que deux membres de la force d'attaque ont été tués. Tous deux faisaient partie, dit-on, des commandos militaires parachutés sur le sol. La source a déclaré que les preuves trouvées sur les deux corps ont indiqué que la force d'attaque était composée en partie des entrepreneurs privés, ou des « mercenaires », assistés par des États-Unis et des éléments militaires jordaniens". Trois intervenants décrivent l'attaque en forum : Paradoxy13 ; Kjetil Stormark et Cedric LaBrousse (le fondateur de l'Arab Chronicle"... Stormark étant de "Hate Speech International :"... et un des spécialistes norvégiens du renseignement. Se seraient-il faits duper par des tweets (comment les gens de L'ISIS auraient-ils pu laisser un "témoignage" aux jounralistes occidentaux ? Car le problème c'est que le camp avait en fait été sévèrement attaqué dès le 18 août... mais par les forces pro-Assad ! Selon Ara News, qui décrivait le même camp, en effet, situé près d'Ukayrishah, où des otages étaient détenus, les autres l'étant au centre même de Raqqua. "Un rapport détaillé de Global Research suggère que l'opération, avait été menée par les forces armées syriennes" pouvait-on lire : peut-on attaquer deux fois un camp de prisonniers ? Sachant que Global Research est aussi conspirationniste, ça ne facilite pas la tâche ! Les américains pouvaient-ils ignorer que la raffinerie avait changé de mains ? Rien ne correspond à ce récit, ce patchork manifeste d'infos déformées : "Abu Omar the Tunisian", avait déjà été tué en réalité en février dernier à Qalamoun, dans la province de Damas.... En prime, l'un des textes parle de morts chez les assaillants US. Et on aurait raté ça, au sein de l'ELIL et ses décapiteurs, d'en montrer les corps ou de les traîner dans les rues comme à Fallujah pour les mercenaires US ??? Non, décidément, c'est bien un ramassis de désinformations enfilées comme des perles et non le compte rendu d'une opération militaire ! Pourquoi donc avoir rédigé ce texte, et l'avoir fait écrire par le même storyteller de l'opération d'Abbottabad ? Schmidle est-il devenu depuis l'emballeur appointé des bases besognes ou des coups ratés du Pentagone ? Il semble bien !
Tout ceci, en fait, pour noyer une réalité bien moins Hollywoodienne. Celle que présentent les parents de Sotloff qui risque fort d'embarrasser Obama, comme l'affirme leur avocat : "Barfi dit que la famille avait appris de "sources sur le terrain" que l'un des groupes de l'opposition modérée de la Syrie - en échange d'une prime comprise entre 25 000 et 50 000 dolars - a averti l'État islamique que Sotloff était sur le point de traverser le pays dont le public souhaite que notre administration les soutienne", a déclaré Barfi, Sotloff a été enlevé à un point de contrôle de gouvernement bidon mis en place par l'État islamique". La révélation est de taille en effet : les "modérés" que l'administration Obama a aidé en leur fournissant des armes seraient selon la famille les véritables responsables de sa capture... et de sa revente !!! L'article continuant en évoquant une relation difficile entre le gouvernement et la famille de l'otage détenu plus d'un an : "treize mois après son enlèvement en août 2013, une vidéo de la décapitation de Sotloff a été publiée sur Internet. Barfi dit que la famille Sotloff s'était heurté à l'administration Obama sur sa réponse à l'enlèvement. « La relation au sein de l'administration et de la famille Sotloff,a été très tendue " a-t-il dit. Nous croyons pas qu'ils ne nous ont pas donné la coopération que nous méritions ". Lorsque l'État Islamique a annoncé publiquement qu'il tenait Sotloff, dans une vidéo sur Internet dans laquelle un autre otage américain a été décapité, "la famille Sotloff a fait une simple demande de l'administration et ils l'ont été repoussé à ce sujet," a ajouté Barfi. Il n'a pas voulu révéler la nature de la demande. "Je dois penser à protéger les autres otages à l'intérieur", a déclaré Barfi. L'État islamique est censétenir de plusieurs autres étrangers. Et, at-il ajouté, les fuites du gouvernement américain ont déjà compliqué la situation des otages". Voilà qui est l'inverse complet des relations avec la famille de Foley, venue s'exprimer de manière fort étrange devant les caméras, comme on a pu le voir. Une famille qui aujourd'hui, déjà, incurve son propos.... (jugée trop dans le sens du vent de Washington, elle déclare aujourd'hui avoir subi "des pressions").
Si le cas de Foley a été abondamment médiatisé, et utiisé par les pro-guerre (dont Dick Cheney bien entendu, venu applaudir la décision d'Obama de s'en prendre à l'Etat Islamique !!!) et celui de Sotloff mis à l'écart (selon la famille de ce dernier), il faudrait prendre conscience que l'administration Obama n'est pas exempte d'erreurs manifestes ou même de déni complet, concernant d'autres cas qui ont échappé à la surveillance des médias. Celui d'Austin Tice, par exemple, est symptomatique. C'est un jeune homme présenté comme journaliste (ici à gauche), entré en Syrie par la frontière turque, fin mai 2012 et qui tout de suite a décrit les combats au nord de Hama, vu du côté des opposants à Bachar el-Assad. Après un long périple à suivre les combattants, il disparaît en août près de Damas, aux abords de la ville d‘Artouz. Pour sa famille, ce sont des gens de l'armée de l'air syrienne qui l'auraient enlevé. Or en octobre, une vidéo le montraite vivant.. mais prisonnier de ce qui semblait être un groupe rebelle (alors qu'il avait plutôt sympathisé jusqu'ici avec eux). La vidéo, très mal filmée, montrait de drôles d'accoutrements chez les jihadistes. Dans le Daily Telegraph, on semblait avoir remarqué la mascarade : "les militants islamistes filment souvent des vidéos avec leurs prisonniers, mais le film implique généralement des hommes masqués qui parlent directement à la caméra alors que leur prisonnier se met à genoux devant eux. Le clip montre M. Tice escaladant une colline, et ne montre pas le visage de l'un de ses ravisseurs". La recette adaptée à la lettre pour les trois dernières décapitations ! La vidéo aurait-elle servi de test au pouvoir syrien pour leurrer les médias ? Une vidéo étrange, autour d'un cas... fort surprenant !!! Depuis sa disparition, ses (dignes) parents sont allés au Liban, vers où il se dirigeait, et six jours seulement avant l'annonce de la mort de Foley avaient encore demandé à ses géoliers de le libérer, l'espérant toujours vivant. Josh Earnest, le porte-parole de la Maison Blanche les avait assurés que les USA suivaient toujours attentivement son cas. Or il faut bien convenir que Tice était un cas à part à lui tout seul.
Car Austin Tice (à gauche ses parents), autre américain kidnappé en Syrie, est un personnage plutôt étonnant : c'est un ancien "Marine" (et un ancien Eagle Scout, dont on sait le degré d'obéissance à l'etablsishment) et, fait incroyable, lorsqu'il était entré en Syrie, comme journaliste, il n'avait auparavant pas fait paraître un seul article dans la presse (il paraîtra pourtant dans le Washington Post, et le McClatchy Newspaper à peine arrivé sur place) ! Ce qui ne l'avait pas empêché de moquer les gens du New-York Times qui n'avaient pas envoyé de journaliste sur place, selon lui. Etrange comportement et étrange savoir-faire accéléré. Tice, devenu journaliste sur le tas, est un phénomène encore plus intéressant : des sources proches des opposants à Bachar el Assad ont en effet révélé qu'une "mission de sauvetage menée par l'Armée syrienne libre, qui s'était déroulée en septembre 2012 avait échoué". Elle visait "un aérodrome où il aurait été détenu mais une fuite dans, l'Armée syrienne libre aurait fait échouer l'opération". Tice aurait-il été tué lors de cet assaut raté, ce qui n'aurait pas été révélé au public ? Les images montrées en octobre dataient-elles de mois antérieurs ? Quel était le rôle exact de Tice sur place ? Certains de ses papiers étaient co-signés avec Liz Sly, correspondante aguerrie du Washington Post, basée au Liban, à Beyrouth. Vingt années derrière elle de travail journalistique. L'aurait-elle secondée pour rédiger, lui qui débutait complètement ? L'ex-appartenance aux Marines de Tice et son inexpérience journalistique laissant en effet tout entrevoir : il était en effet resté six années chez les Marines, de 2006 à 2011, et avait fait la campagne d'Afghanistan sans que l'on sache exactement ses activités (renseignement, administration, ou travail sur le terrain ?). Or à la frontière syrienne, en 2012, on ne trouvait pas seulement que des journalistes, justement. " Le 7 septembre 2012, la presse révélait de nouveaux envois d'espions à la frontière syrienne : " les diplomates et les agents de renseignement de la CIA et d'autres agences restent à l'extérieur de la Syrie déchirée par la guerre mais rencontrent des chefs rebelles pour les aider à organiser leurs rangs, tout en étudiant qui compose ces rangs, comment ils sont armés et comment ils répondent ont dit les fonctionnaires. Des informations sont également recueillies auprès des transfuges et des réfugiés syriens ainsi que des troupes rebelles, affirment les fonctionnaires européens". "Le modèle est de garder les agents de cas loin du conflit, et de recueillir les informations par des forces locales", a déclaré l'ancien agent de la CIA Reuel Gerecht, actuellement un stage à la Foundation for Defense of Democracies, un groupe de réflexion basé à Washington qui met l'accent sur le terrorisme". Un euphémisme, que ces "espions restés au dehors des frontières" ; la fameuse fondation est l'éditrice du "The Long War Journal" de Bill Roggio, plus que conservateur (plutôt Bushien) et bloggeur annonçant un peu vite parfois des morts de leaders dAl-Qaida pas encore refroidis.
Accuser sans preuves les journalistes d'espionnage est chose grave, aussi faut-il plutôt relire attentivement un texte fondamental sorti en le 30 août 2012 dans l'American Journalism Review, organisme qui ne prête à aucune critique, parlant d'un procédé bien particulier pour transformer à son insu un journaliste en espion. Car parfois, ils le sont, mais à l'insu de leur plein gré, sans paraphraser personne : "un journaliste couvrant le conflit syrien discute sur Skype avec son rédacteur en chef à la maison sur une histoire qu'il vient de déposer. Soudain, un message apparaît offrant l'accès à une vidéo d'atrocités commises par les forces gouvernementales. Tout ce qu'il a à faire est de cliquer sur le lien. Au moment où il le fait, un cheval de Troie malveillant est téléchargé, transformant son ordinateur en un outil d'espionnage, connectant toutes les frappes, mots de passe et des captures d'écran, et la transmission d'informations vers un contrôle externe. Dans les mains d'un tyran comme le président Bachar al-Assad de la Syrie, ce dispositif de surveillance pourrait suivre les dissidents, les combattants rebelles et journalistes qui se glisseraient à travers la frontière en terrain interdit (...)"... mais pourquoi diantre n'y aurait-il que le dictateur syrien pour se servir de ça ??? Bachar el Assad, ou la NSA ? Se serait-on servi de Tice et de son... inexpérience ?
La Syrie est l'endroit où l'on peut voir les pires atrocités. Celles de s'attaquer à l'information libre en est aussi une. Celle d'entretenir des bobards l'est tout autant. Couper des têtes n'est pas le seul crime là-bas : tromper les gens en est un autre, tout aussi grave.
PS : ici, un excellent texte qui remet en cause les sources de Schmidle et leur vérification avant la parution. Un extrait ici : "Alors qu'est-ce Schmidle a fourni quand son histoire a été passée aux correcteurs-vérificateurs ? Canby (le senior editor du New Yorker ) a à nouveau poliment refusé de parler davantage, mais a fourni cette information par e-mail : "nous ne pouvons pas discuter des détails de la façon dont la pièce de Schmidle a été vérifiée, sauf pour dire que nous sommes tout à fait d'accord avec son exactitude. Ce que je peux vous dire, c'est que l'identité des membres de l'équipe SEAL qui a exécuté la mission sont classés et que les SEALs qui ont effectivement retirés de la mission n'étaient pas disponibles. Mais c'est aussi vrai que l'opération a été suivie en temps réel par de multiples sources dans plusieurs endroits et il y avait eu également de nombreux débriefings après-coup". Cela confirme que les correcteurs n'ont parlé avec aucun des SEALs. Pas une surprise à ce stade, mais c'est une autre pièce du puzzle". Dans cet autre article, on a une confirmation : Schmidle n'a jamais rencontré ni parlé à l'équipe de Seals du raid d'Abbottabad !
on peut relire :
-sur Abbottabad :
http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/ben-laden-on-nous-prend-vraiment-93556
http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/ben-laden-les-oiseaux-se-cachent-93365
http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/la-fable-de-l-operation-d-143255
http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/aviation-11-ben-laden-et-le-93315
http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/la-nsa-savait-aussi-ce-qui-se-154115
http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/seal-team-six-zero-dark-thirty-ou-124590
-sur Schmidle :
http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/ben-laden-precher-le-faux-pour-121915
http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/les-americains-et-l-isi-ont-118068
(la liste des épisodes de cette série est en bas de cet épisode).
http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/les-americains-et-l-isi-ont-118221
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