Ce sont les opérationnels qui créent la richesse, pas les fonctionnaires (seconde partie)
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Dans une première partie de cet article nous avons tenté d'expliquer comment et pourquoi les administratifs, que ce soit dans la fonction publique, ou même dans les entreprises, ne créent pas de réelles richesses mais constituent plutôt une charge qu'il faut limiter sous peine d'être étouffé par la bureaucratie ou un Etat inquisiteur.
Il ne s'agit évidemment pas de caricaturer en décrétant que tout travail de bureau serait inutile mais au temps des réseaux et du big data la multiplication des administrations handicape plus un pays qu'elle ne le sert (nos partenaires et clients achètent des services ou des biens produits en France pas les surcoûts engendrés par la bureaucratie)
Si au niveau d'un pays personne ne conteste la nécessité d'accompagner (sans l'assister) les soins, l'éducation ou le logement il n'est indiqué nulle part que la vocation d'un Etat serait de remplacer les hommes dans leur part d'autonomie, de choix de vie, de liberté d'entreprendre ou de travailler (la liberté de travailler est aujourd'hui entravée par le Code du travail comme nous avons tenté de l'expliquer précédemment).
Les Français depuis l'après guerre ont confondu (sous l'influence d'un parti communiste inféodé à Moscou) le service public et le service du public
Une illustration toute récente de l'incapacité de développer un travail public de qualité : le contrôle du stationnement à Paris
A Paris seulement 10 % du stationnement en surface serait payé par les automobilistes alors que les contractuels (
1 600 ASP tout de même) sont largement invisibles et incapables de founir le service attendu par la ville de Paris.
Pourquoi la Ville de Paris et la préfecture de Police se révèlent-elles incapables fournir ce service de contrôle du stationnemment ?
La réponse est simple et va nous permettre d'illustrer la dégration du travail aujourd'hui dans un très grand nombre d'administrations (ce problème ne se limite pas au micro-problème du stationnement à Paris mais dans tous les domaines sur lequel l'Etat s'est offert un quasi monopole : l'école, la sécurité la santé...)
L'Etat n'étant plus capable de prélever l'impôt, il délèguera cette tâche en 2018 aux entreprises
Autre illustration de l'incurie des services de l'Etat ; la collecte de l'impôt. Si l'Etat tente de monter une nouvelle usine à gaz pour recouvrer l'impôt sur le revenu des particuliers ce n'est pas évidemment pour rendre l'impôt plus juste ou moderne mais bien parce que les centaines de milliers de fonctionnaires de Bercy ne parviennent plus organiser la collecte de l'impôt, ne comprennent plus les subtilités règlementaires que produit ce même Etat et qu'il est bien plus confortable de se reposer sur les autres (les employeurs) pour cette tâche devenue très ardue.
Nous revenons donc peu ou prou au système de l'ancien régime avant la Révolution avec des fermiers généraux pour une fonction pourtant régalienne de l'Etat.
Pour les contractuels le travail (pourtant simple) n'est plus réalisable par les services de l'Etat
Les contractuels à Paris sont des personnels mal payés, mal considérés, dans l'incapacité de sortir de leur corps d'origine. Ils sont donc très souvent absents, peu efficaces et mal répartis sur le terrain (malgré la dotation récent de terminaux permettant de verbaliser à la volée sans même rédiger un PV).
Au lieu d'instituer un péage sur l'utilisation des voies rapides ou un télépaiement via l'accès au centre de Paris (comme à Londres) on en est resté au système désuet des contractuels des années 60 (même si l'objectif premier du stationnement payant est être d'assurer une bonne rotation des places de parking, pas des compléments de revenus pour les villes)
Pourquoi le travail de la plupart des fonctionnaires est-il devenu inefficace et source de complexité pour les Français ?
Il y a 3 sortes de raisons à cette impuissance liée à la bureaucratie d'Etat
1) Une fonction publique essentiellement bâtie pour le XIX ème siècle ("les ronds de cuir") et qui ne fournit plus aujourd'hui un cadre utile et adapté à ses personnels :
- le statut du fonctionnaire et de la fonction publique protège certes mais enferme aussi les personnels dans un tissu de règlements, de hiérarchies, d'immobilismes qui rendent malades par exemple 1/3 des enseignants (démoralisés mais incapables de quitter la fonction publique pour des raisons de pseudo-sécurité de l'emploi). !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
Là où la société a besoin d'agilité, de fluidité l'Etat installe de la rigidité et la complexité
- le monde aujourd'hui est bien plus complexe, rapide et exigeant qu'il ne l'était en 1945 quand l'actuel statut de la fonction publique fut institué. Nous sommes passés d'un monde binaire (communiste versus Monde Libre) à un monde où chaque citoyen peut disposer de plus (et de meilleurs) informations qu'un ministre ou un préfet (Google dispose désormais de plus d'informations utiles sur les Français que l'INSEE malgré ses moyens financiers illimités....mais inadaptés), un monde nouveau se construit sous les yeux d'administrations devenues des spectatrices navrées ou impuissantes
- des personnels qui ne sont pas managés, ni encouragés à progresser (les concours sont une plaisanterie qui monopolisent toute la formation pour des résultats navrants) mais gérés comme des pions interchangeables (de là leur peu d'implication et de motivation).
- des injonctions paradoxales faute de direction courageuse ou simplement compétente
Dans ce monde fait d'incertitudes et de changements rapides il est devenu impossible de programmer ou de commander d'une façon rigoureuse le travail ou ses moyens. Il y a donc une quasi-impossibilité de bien travailler pour des personnels gérés comme une banale ressource et qui ne sont en rien intéressés par les résultats de leur travail (cela est vrai aussi pour les grandes entreprises qui risquent très vite de se faire uberiser, que ce soit les banques, les assurance ou même les commerces et services)
2) une classique mauvaise attribution des ressources dans une fonction publique surnuméraire dans la plupart des services
Le capharnaüm des corps et des statuts de fonctionnaires ne laisse aucune marge de manoeuvre à l'encadrement (qui n'a qu'un pouvoir de direction très limité) et quand des sur-effectifs existent dans un bureau ou un service il est presqu'impossible de réaffecter ailleurs ces personnels
3) Le licenciement quasi-impossible des éléments les moins compétents
On le remarque lors de quelques faits divers retentissants (cette directrice de l'INA qui dépensait à tort et à travers en notes de taxi ou ce juge à Outreau incapable de faire son travail) les fonctionnaires vivent quasiment au-dessus des lois dans le cadre de leur travail, ils demeurent intouchables à partir du moment où ils ont résussi un concours et tout licenciement ou même rétrogradration est improbable (les syndicats y veillent et on joue partout la paix sociale plutôt que l'administration efficace)
Ce statu quo entraîne à la fois un sentiment de toute puissance (un juge d'instruction peut faire enfermer qui il veut, un peu comme le Roi sous l'Ancien Régime avec les lettres de cachet) et d'impunité (un chef d'entreprise peut être accusé d'abus de biens sociaux pour une mauvaise utilisation de son entreprise mais le président de la république peut entretenir sa petite cour de starlettes sans titre aux frais du contribuable car il bénéficie d'une totale impunité judiciaire).
La fonction publique aujourd'hui en France est globalement une incitation à mal ou à peu travailler
Il n'y avait sans doute guère de malice de la part des pouvoirs publics quand ils ont recréé la fonction publique et l'ENA après guerre mais la catastrophe administrative actuelle de ce pays est surtout le résultat d'une dérive (classique dans les organisations) quand les règlements s'additionnent aux règlements et la complexité et l'intrication des dossiers et des parties prenantes rendent impossibles la réalisation d'un travail de qualité.
L'éducation nationale est le prototype le plus parfait de l'inefficacité contemporaine : des sommes gigantesques sont englouties en pure perte, les résultats éducatifs nous placent désormais en queue de classement des pays développés mais les pouvoirs publics ont intégré la quasi impossibilité de réformer en profondeur une administation qui dérive depuis des lustes, bateau ivre qui ressemble au Titanic et qui devient toxique pour le pays entier (pour les enfants, les familles et même ses personnels.
La seule réforme d'envergure qui améliorera la vie des Français est celle de la fonction publique
La seule réforme dont a besoin le pays est celle de la fonction publique, une remise à plat intégrale des statuts, des corps, des attributions et prérogatives d'une fonction publique qui ne pourra plus encore très longtemps désservir le pays.
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