Ce train (de réformes) va rester à quai, et rejoindre les Delevoye de garage
Ils sont incorrigibles…
Scandale après scandale, honte après honte, « loi durcie » après « loi durcie », nos « élites » démontrent avec applicaiton qu’elles se croient tout permis, et qu’elles peuvent nous prendre pour des jambons à qui on peut tenter de dire n’importe quoi pour se faire pardonner.
Dernier en date, M Delevoye. Revenus mal déclarés, postes oubliés, fausse déclaration « loupée’ par les services en charge du contrôle. Et le fraudeur qui plaide « j’ai oublié ; je suis un homme droit et courageux qui sait reconnaître et réparer ses erreurs », et le gouvernement de prendre position « pas de problème, c’était un simple oubli. M Delevoye peut poursuivre sa mission ».
Mais de qui croit-on ainsi pouvoir se moquer ? La fake news du "Nouveau Monde" est éventée, c’est business as usual. On est dans le fromage et on se serre les coudes pour continuer à en bouffer. Rappelons quelques faits :
• avant même toute déclaration d’activités, 13 postes à occuper, cela semble une tâche d’Hercule. Dans le capital-risque, où j’ai officié, la sagesse énonce qu’au-delà de 5 postes d’administrateur on ne peut plus faire du bon travail. Alors , comment accepter 13 fonctions, sauf à avoir une si grosse tête qu’on ne se rend pas compte du sérieux avec lequel on doit prendre ses engagements ? Et que cherchent vraiment les organisations qui prennent à leur bord un homme si éparpillé ? Une capacité d’influence ? Un nom qui claque dans le microcosme des dirigeants hors sol ? Voyons de plus près quelles sont ce fonctions :
o des postes dans la « sphère privée » : institut de formation des assureurs, Conseil d’administration de la fondation SNCF, un mandat (clos depuis deux ans) dans le conseil d’administration de la Fondation du crédit agricole Nord de France.
o administrateur de 3 associations actives pour une meilleure démocratie : “Civitech”, “Démocratie ouverte” et “Parlements & Citoyens”. Cela semble cohérent avec l’image de proximité de la société civile que M Delevoye a voulu donner au CESE ces dernières années
o des postes dans la fonction « péri publique » : un à l’Observatoire régional de la commande publique des Hauts-de-France et un à l’Institut de recherche et débat sur la gouvernance
o des postes dans le culturel : des fonctions d’administrateur de la Fondation La Source et l’Association des orchestres nationaux de France
o un poste dans la santé : ambassadeur à la Fédération française des diabétiques
o un poste de président d’honneur du groupe de réflexion Parallaxe, sur « l’insatisfaction des étudiants sur le système éducatif actuel », rémunéré plus de 5000 € par mois,
Une liste impressionnante, par son volume et la diversité des sujets abordés. Franchement, …Premier carton rouge : cet homme ne peut pas être sérieux ni vraiment crédible dans ses engagements. Hélas, peut-être faudra-t-il, encore, une loi sur le cumul des postes pour les gens touchant des rémunérations supportées par l’argent public (le CESE, à ma connaissance, n’est pas nourri par des vrais clients).
• J’ai oublié, simplement oublié, sans volonté de cacher, de déclarer ces postes. Et même chose pour les salaires non déclarés sans doute. Si on prend ces paroles au mot, c’est clairement le signe d’un débordement. La mémoire est trop pleine et il faut urgemment faire un reset, comme vous le faites parfois avec votre ordinateur. M Delevoye a largement dépassé l’âge pivot… Eteignons-le, le temps qu’il s’informe sur les lois qui s’appliquent même à lui, et laissons le se rallumer tout seul, loin de toute mission publique, pour jouir d’une retraite bien méritée (je veux dire que nous méritons bien). Et, deuxième carton rouge : à chacun des ministres. Si, comme le disent tous, cet oubli ne justifie pas une sanction, il faut cesser toute poursuite sur ceux que l’on qualifie aujourd’hui de fraudeurs fiscaux, s’ils déclarent qu’ils avaient simplement oublié les sommes en jeu. Messieurs les ministres, qui avez tous protesté de la nécessité de respecter l’Etat de droit lors des gilets jaunes, avez-vous une once de cohérence ? De respect pour le Peuple, ce maître que vous êtes là pour servir ? De courage ? Parfois, vous avez eu la décence, ou la prudence, de ne rien dire pour défendre ou charger un suspect, disant que vous laissez aux autorités de contrôle ou de justice indépendantes, le soin de faire leur travail. Ici, hélas, vous avez perdu une bonne occasion de vous taire.
• Cette fausse déclaration que personne ne détecte… Y a-t-il un pilote à bord ? Le service des contrôleurs n’abrite-t-il que des aveugles, sourds ou muets ? Va-t-on en virer un paquet pour ces bourdes à répétition ? Sans geste clair et fort, le bon peuple jugera, et il aura raison, que tout cela est de la flute, et qu’on ne peut absolument pas faire confiance aux paroles et aux actes de nos gouvernants, premier ministre en tête. Et oui, qui ment un œuf ment un bœuf. Et, dans la fameuse « bataille de l’opinion », cette faute risque de peser lourd.
Rappelons les erreurs et tromperies de ce « Nouveau monde » ces derniers mois :
• Automne 2018, les gilets Jaunes rappellent aux élites que « le Peuple » n’est pas seulement cette entité abstraite qui met des bulletins dans les urnes. Pour faire quelque chose, on invente le Grand Débat. Et, à cette occasion, on découvre l’existence d’une entité et d’une fonction prémonitoires, l’observatoire du débat public. Et pan, voilà que son animatrice, Chantal Jouano, arrivée là certainement grâce à ses prouesses en matière de débat public, se déclare elle-même dans l’incapacité de mener le Grand Débat, empêtrée dans une rémunération en face de laquelle personne ne peut argumenter qu’elle le vaut bien. Rassurons-nous pour elle, un an après, elle est toujours en poste. Pour vivre heureux, vivons cachet.. Merci au Nouveau monde.
• Automne 2019, après les élections européennes, la France présente Mme S Goulard pour un poste de commissaire européen. Certainement les mêmes services de contrôle qui ont adoubé M Delevoye l’avaient jugée sans taches ni reproches. La honte… La voilà retoquée par les recruteurs Européens, quelques jours avant d’être mise en cause juridiquement pour une affaire d’emplois fictifs. La commission européenne aurait-elle des numéros de téléphone ou des méthodes de réflexion plus au point que nos autorités nationales. Allez, messieurs, ouvre ouvrez la cage aux oiseux. Faites entrer de l’air frais dans ces circuits frelatés de copinage et passe-droits. Il y a mille façons de faire mieux qu’aujourd’hui
• Noël 2019 : M Delevoye va terminer sa course au cimetière populaire de la honte méritée. Après avoir vu de près l’inanité du CESE, ce palais place-copains, haut lieu des petits fours et champagne luxueusement installé place d’Iena, je ne le plaindrai pas. Voici quelques détails de mon expérience avec cet organisme. Il y a quelques années, le gouvernement le saisit d’une question sérieuse et difficile : l’équité de la fiscalité (ou quelque chose approchant). Et voilà que, actif auprès des Contribuables Associés où je travaille plus particulièrement sur les collectivités locales, je suis invité à venir faire une contribution. Avec l’animateur de l’association, nous sommes reçus dans une vaste salle où, dès le début, le décor est planté. Le responsable du groupe de travail nous accueille en nous expliquant que la question « faut-il demander le point de vue de contribuables pour nourrir la réflexion sur la question ? » a été longuement discutée, car la réponse n’était pas du tout évidente, et il est finalement heureux que le oui ait prévalu. Mais bien sûr, interroger le contribuable sur l’équité de la fiscalité, pourquoi une telle folie ? C’est dire le mode de pensée de cet organisme, nommé par le pouvoir, financé par nos impôts, et servilement au service des "puissants", avec des avis qui viennent s’accumuler dans la pile si épaisse des choses qui ne servent à rien. Mais reconnaissons à M Delevoye une vraie qualité : une vraie capacité d'anticipation du sens du vent., par les alizées, mais les Elysées. M Macron, promettant monts et merveilles, avait du s’aligner avec M Fillion sur un thème bien oublié depuis : l’amaigrissement des dépenses publiques. Dans la liste des mesures « faciles » : la fermeture des innombrables comités Théodule qui ont fleuri depuis des années pour faire semblant d’étudier des problèmes importants. Parmi eux : le CESE. En même temps, la société change, et des plates-formes de pétition directe viennent questionner le rôle de ces organismes, censés être une sorte de représentation de la société civile auprès des dirigeants. Avaz, Change.org… Ces noms encore jeunes ont pris très vite du pouvoir. Il est vrai que la proximité de M Delevoye avec Démocratie ouverte, ou parlement citoyen, dont il faut saluer le combat et l’approche, ont pu le sensibiliser réellement à l’importance de ces nouvelles approches de la société civile. Mais, ayant vu de près la culture « confiture et servile » du CESE, on ne peut s’empêcher de flairer aussi une part d’opportunisme dans le rôle nouveau que le CESE s’est auto attribué ces dernières années : se mettre à repérer les pétitions qui ont de nombreux suiveurs, et prétendre s’en faire le porte-parole auprès des gouvernants. Franchement, si c’est avec la même énergie et intelligence que ce que j’ai vu autour de l’équité fiscale, la valeur ajoutée est nulle ! Mais, dans le microcosme des élites qui fument avec les mots, se présenter comme une courroie de transmission moderne des nouveaux canaux d’influence vers le pouvoir fait certainement mouche. Et, deux ans après l’élection de M Macron, la question même de l’utilité du CESE n’est pas posée. Vous avez dit Nouveau Monde ?
Allez, sans rancune M Delevoye, vous allez sans doute rejoindre la longue liste des personnages importants, dont on se passe si facilement après coup. Une petite cure de phosphore, pour renforcer votre mémoire vacillante, et vous pourrez vous consoler du long parcours largement payé par nos sous, et écrire des mémoires où, je l’espère, vous en démontrerez de façon convaincante la valeur pour nous (attention, j’écris bien pour nous, par pour nos dirigeants).
Et, ensuite ?.. Les lanceurs d’alerte vont poursuivre leur incessante surveillance, puisque le pouvoir ramollit toujours l’honnêteté de ceux qui y goûtent. Nouvelle cible possible : le 1% logement, géré par le MEDEF, et certains organismes HLM, abritant même d’anciens ministres, où les rémunérations et pratiques d’augmentation des salaires semblent bien décoiffantes.
Tant qu’il y aura des pommes…
F. Lainée
Animateur de l’initiative « le pouvoir, autrement », au sein de Nous Citoyens France
Scoop et Post Scriptum : dans les heures qui ont suivi la rédaction de cet article, M. Delevoye a (été ?) démissionné. Certainement un pas indispensable pour le gouvernement, qui n’a pas les moyens de défendre à la fois la réforme, si mal expliquée et comprise, et un serviteur aussi égaré de la fonction publique.
Fin de parcours pour M Delevoye, après l’honneur de trop (d'ailleurs, un "détail", peut-on garder sa légion d'honneur après une telle faute ?). Regrettons pour lui cette fin un peu indigne des qualités qu’il avait certainement. Mais espérons aussi qu’il ne viendra à personne l’idée de rejouer avec nos sous pour lui proposer un confortable placard public.
Fin définitive du mythe du Nouveau Monde. LREM : Le Roi Est Mort.
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