Centenaire de 14-18 : L’imposture d’une réconciliation franco-allemande jusqu’à la mascarade
On fête encore une fois la « réconciliation franco-allemande à l’occasion du centenaire de la Première guerre mondiale. Mais de quoi nous parle-t-on ? La réconciliation de qui avec qui ? De la France avec elle-même, au regard d’une première guerre mondiale commémorée uniquement autour du drame humain qu’elle fut, sans rien rappeler de ses causes et nécessités historiques ? En tout cas pas avec l’Allemagne dont on sait peu, que le 11 novembre ne représente rien de l’autre côté du Rhin, qu’il n’y a aucune commémoration publique et rien quasiment dans les musées, aucun monument aux morts digne de ce nom, aucun regret d’avoir été à l’origine de cette Première guerre mondiale, puisque c’est l’Allemagne, contrairement à ce qu’on laisse planner, qui l’a bien déclarée. Les principaux concernés, les Allemands, s’en fichent. Seuls leurs journaux de ce jour, du fait de la présence en France d’Angela Merkel, s’en sont faits l’écho, et donc très ponctuellement, avec surtout des témoignages de leurs soldats.
Un discours de culpabilisation qui rend les peuples responsables renvoyés dos à dos
N’est-il pas incroyable de nous tenir un discours de culpabilisation générale sur cette guerre, derrière l’image d’une boucherie gratuite, mettant tous les peuples dans le même sac d’un nationalisme ne les faisant rêver que de se combattre, comme si c’était les peuples qui prenaient les décisions de se faire la guerre, jusqu’à donner l’impression que cette guerre n’avait aucun sens, y compris le sacrifice des Poilus ? Si elle a surtout il est vrai profitée aux « Marchands de canons » qui n’ont pas de camp, on ne saurait oublier l’intransigeance d’un empereur allemand réclamant sa part dans l’influence des grandes puissances européennes, à quoi il entendait qu’elles se soumettent, dont il posa l’ultimatum lors de son discours à Tanger en mars 1905, qui fut la véritable déclaration de guerre. On assista à l’affrontement entre un Empire belliqueux et une république, des démocraties, ce qui ne fut pas rien dans cette opposition, jusqu’à ce que le monde entier quasiment se ligue contre l’ambition de domination d’une nation qui était devenue l’ennemi commun. L’Empire allemand prend fin le 9 novembre 1918, par l'abdication de l’empereur Guillaume II, remplacé par la République de Weimar.
On veut renvoyer dos-à-dos les protagonistes, en rajoutant à la chose le mythe d’une défaite allemande à laquelle la France aurait rajouté l’humiliation comme cause au nazisme, pour nous culpabiliser encore un peu plus. Mais il n’y a rien de plus faut, c’est l’argument qu’utilisa Hitler pour nourrir le nationalisme qui conduira à la barbarie. On nous fait oublier que l’Allemagne (La Prusse) en 1870 a gagné la guerre contre la France en lui soustrayant une région et en en obtenant un trésor. Faudrait-il à tout prix chercher la première humiliation qui motiva les autres, ou s’interroger sur le fait, que c’est bien l’Allemagne qui fut deux fois à l’origine des deux seules guerres mondiales de l’histoire ? Et ce serait en quelque sorte à nous de nous excuser de cette guerre par ce genre de commémoration à sens unique, pendant que du côté de l’autre partie, on la méprise ? Avec le thème central de cette réconciliation, on cherche surtout par l’effet d’une leçon de morale aux peuples, à nous endormir.
La France et l’Allemagne, deux conceptions radicalement différentes de la nation
Si pour l’Allemagne d’aujourd’hui, cette date ne représente rien, ne serait-ce pas parce qu’on n’y est jamais sorti d’une vision de la nation qui est celle fondée sur la langue, la race, la religion, considérant la nationalité comme étant transmise par les ancêtres, par le sang pur ? Ne serait-ce pas cette conception de la nation qui serait à l’origine du nazisme ? Ce sur quoi se sont depuis longtemps d’ailleurs accordés les historiens. C’est seulement en 2000 que fut introduit dans les institutions allemandes un élément de droit du sol dans le Code de la nationalité : « Les enfants d'étrangers nés sur le territoire allemand, de parents étrangers également nés en Allemagne et y ayant vécu de façon durable, sont maintenant allemands à leur naissance ». Et cela, avec pour conséquence, une société allemande où l’on ne se mélange pas, où chacun vit dans sa communauté, sous le signe du multiculturalisme. C’est Angela Merkel qui expliquait à un récent congrès de son parti, la CDU, Union chrétienne démocrate, qu’il fallait revenir aux « références allemandes » pour tous, face à l’échec du multiculturalisme, autrement dit, aux racines chrétiennes de l’Allemagne pour les imposer comme la seule référence. C’est tout le contraire de la France, pour laquelle la nation est le produit de la volonté des individus et de leur libre choix de s’associer, de la citoyenneté avant tout, d’une terre civique d’où viennent les droits, d’un Etat impartial parce que séparé sans ambiguïté du religieux, et ainsi où l’on se mélange. Le droit du sol y a été acquis dès la Révolution française et définitivement adopté en 1889 par la IIIe République. Jusqu’à faire qu’un enfant né et ayant vécu au moins cinq ans en France de parents tous deux nés à l'étranger, puisse devenir français à sa majorité s'il y a sa résidence habituelle, et ce, de façon automatique, à moins qu’il ne le refuse.
Une négation de l’histoire et rien que de la politique politicienne : une mascarade !
Travestir ainsi les choses et laisser une partie des protagonistes d’une telle guerre en nier la réalité jusqu’à la faire sortir des mémoires, constitue une faute grave devant l’histoire, et montre combien l’Europe n’a rien d’un monde uni autour des mêmes valeurs (1). Avec ça, elle est belle l'histoire européenne !
En réalité, cette réconciliation avec ses diners officiels, n’est qu’une vitrine déconnectée qui sert l’image du couple franco-allemand à la tête d’une Union européenne, en mal de légitimité. Elle réactive le mythe de son origine, dont la profession de foi était, par la création d’une union politique et économique, de repousser le risque de guerre et d’assoir la paix, jusqu’à en obtenir pour l’UE un prix Nobel en 2012. Une gageure, alors que le centre des conflits s’était depuis longtemps déplacé vers l’Est. Cette union européenne s’était faite avant tout contre le Bloc communiste. D’ailleurs, on ne cesse, pour prolonger cette tradition, de désigner la Russie comme l’ennemi, en créant des tensions qui n’ont rien à voir avec l’esprit de fraternité entre les nations, mais plutôt l’esprit guerrier. On n’a pas hésité à soutenir les nationalistes ukrainiens et à les mettre au pouvoir, parce que ce sont les dignes héritiers du plus violent des anticommunismes, qui vouent à la Russie une haine farouche. Il y a une toute autre histoire commune à écrire, mais à la condition de ne pas se mentir ou de truquer les cartes.
Il y a vraiment quelque chose d’un tour de passe-passe insupportable dans cette commémoration, à quoi toute la machine médiatique se prête, qui tient de l’imposture autant que de la mascarade.
1-Le Centenaire de 14-18 et la Nation : Trahison des élites et désinformation ! 14/11/2017
https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/le-centenaire-de-14-18-et-la-198679
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