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Accueil du site > Tribune Libre > Ces rois qui se croient républicains

Ces rois qui se croient républicains

Une belle nomination comme fin de carrière pour Bayrou ; mais ce n’est pas mon sujet. Parlons plutôt de ces impôts que nous perpétuons en pleine république depuis des années. Ils ont fait l’objet d’une précipitation pour légiférer par une loi pour les prélever. Nous sommes tellement de bons citoyens républicains que nous aurions été nombreux à être heureux d’avoir des agents de la fonction publique qui travaillent gratuitement, depuis le temps qu’ils sont ostracisés de fainéants. Mais c’est une occasion manquée, le roi va envoyer Don Salluste de Bazan récupérer "dès lors" et se plaindre de "la folie des grandeurs" de la dette.

La révolution continue le prélèvement royal (tailles, gabelles, etc.), par des impôts en le rendant plus juste. Avec la Déclaration des droits de l’homme, désormais, le peuple, à travers ses représentants, doit donner son consentement à un système qui soit au bénéfice de tous. De la simple question économique, on passe à celle de la citoyenneté. Depuis lors, chaque citoyen estime recevoir de l’État plus qu’il n’a versé.

Dit comme cela, c’est une absurdité. Alors qu’en disant chaque citoyen attend de l’État plus qu’il n’a versé, laisse un espoir dans la croyance que l’État peut donner plus à chacun. Et c’est ce qu’il fait avec l’endettement, car je ne l’ai pas calculé, mais je ne crois pas que seulement l’augmentation de la population la justifie.

J’ai souvent donné mon opinion sur le sujet, d’une manière tout à fait simple. La monnaie disponible chez chaque citoyen, riche ou pauvre, ne peut être suffisante pour engager les désirs et besoins qui naissent de l’évolution même de nos existences humaines. Notre organisation de financement de nos décisions citoyennes ne rend pas compte du coût réel de celles-ci pour chaque citoyen imposable. Il est noyé dans tous les prélèvements directs, impôts et taxes, et tous ceux indirects quotidiens comme la TVA. Il se perd dans la croyance qu’en faire payer aux entreprises nous en dispense, alors que nous les payons quand nous achetons le produit ou le service d’une entreprise. Nous connaissons cela, mieux vaut ne pas savoir de quels maux nous souffrons pour mourir heureux.

Je suis donc désolé de nous rendre malades. Les recettes fiscales en 2023 s’élèvent à 255,7 milliards d’euros. Évaluée à 101 milliards d’euros dans la loi de finances initiales 2024, la TVA représente 27 % des recettes fiscales et non fiscales de l’État. Elle est suivie de l’impôt sur le revenu (25 %) et de l’impôt sur les sociétés (19 %).

C’est déjà pas mal, en consommant tous les jours, nous payons 101 milliards d’impôts indirects (naturellement la TVA des entreprises se retrouve dans le coût de revient que payeront ses clients, et il arrivera à la poche du salarié client). J’espère qu’un jour nous comprendrons que les prélèvements sur les entreprises ne sont qu’un paiement anticipé de chaque consommateur. Cela nous éviterait de réclamer qu’on les impose, en croyant nous épargner du montant de leur versement. Tout simplement parce que celui-ci nous l’effectuons à petite dose, sans nous en rendre compte à chaque achat.

En 2023, l’impôt sur le revenu a rapporté à l’État plus de 82 milliards d’euros, ce qui représente 20,8 % des recettes fiscales de l’État. Le nombre de foyers assujettis, c’est-à-dire ayant réglé l’impôt sur le revenu, est de 18,2 millions sur les 40,7 millions de foyers fiscaux (devant rédiger une déclaration). Cela revient à dire qu’en fin 2023, 30,4 millions de personnes sont en emploi en France, dont 27,0 millions de salariés ont payé la totalité des recettes de l’État. À titre de TVA, chacun a payé 101 milliards : 30,4 millions = 3222 €. Il nous reste 154,4 milliards, moins 82 milliards d’impôts directs = 72,4 milliards que règlent à petite dose tous ceux qui ont un revenu pour eux ou leur famille dépendante, soit 72,4 milliards : 30,4 millions = 2381 € par tête. Et d’une manière plus simple, les répartissant sur 18,2 foyers assujettis, ils devraient régler 14 967 € par an, si nous avions un règlement des financements des ressources de l’État direct.

Cela revient à dire et à accepter que par un financement réellement visible et mesurable, en moyenne, le financement individuel annuel d’un assujetti du budget de l’État est à la hauteur du SMIC annuel de 20 966 euros brut, et 17 796 euros net en mai 2023. Ce sont ces sommes que payent de manière progressive ceux qui sont soumis à l’impôt sans s’en rendre compte.

En 2023, la dette s’élevait à 48 milliards, c’est-à-dire le coût des besoins réels supplémentaires humains à ceux satisfaits par le financement direct et indirect. Notre système fiscal archaïque est à bout de souffle, comme pouvait l’être en 1789, le système fiscal reflétant l’inégalité flagrante de la société, en même temps qu’il la renforçait.

Il serait temps que les citoyens cessent de croire aux miracles de la société libérale individuelle, dans laquelle pour ne pas avoir à verser un financement public voté, nous payerions des services privatisés plus chers du montant des dividendes des actionnaires, et cela toujours d’une manière cachée, dans le prix client.

Certes, il est injuste au regard de qui produit la richesse. Mais l’absence de maturité citoyenne est entretenue par ceux qui sont les citoyens libéraux qui prônent en permanence la diminution des impôts, pour leur faire accepter un financement clientéliste quotidien, sans traçabilité du montant, plus cher pour les mêmes biens et services. Je pense que chacun peut trouver le qualificatif approprié à une telle situation. Peut-on se dire citoyen et ne pas accepter la réalité d’un phénomène d’évolution exponentielle d’enchaînements technologiques, dont notre seule obligation est de le réaliser écologique ?

Nous en sommes à un niveau de niaiserie pour ne pas dire plus où tous les jours des appels à la réduction des prix fleurissent dans les propos ou les publicités, tout en ayant des milliardaires qui prospèrent (indépendamment des faillites dans la compétition économique) et la recherche permanente d’une augmentation de salaire qui viendra augmenter les prix pour que les milliardaires le restent. Il serait temps que nos rois cessent de tenir les citoyens en sujets, mais les émancipent réellement en citoyens. C’est ce que préconisait la révolution par le consentement à l’impôt de passer de la simple économie à la citoyenneté en faisant de l’impôt le lien matériel constitutif du peuple français. L’échec en ce domaine est patent compte tenu de tous ceux qui surenchérissent d’astuces pour le réduire. Dans ce cadre, il n’y a pas d’ostracisme envers le « noir ».

Réformer le Système de Financement

Que serait-ce que de réformer notre système de financement des services ou des actions confiées à l’État ? Évaluer les financements nécessaires pour satisfaire les demandes acceptées par le Parlement, avec l’analogue dans les mairies, départements, régions ; déterminer quelle part du financement doit être demandée aux citoyens en fonction de leurs différentes sources de revenus, d’où qu’elles proviennent. Ensuite, estimer la part nécessaire de création monétaire par dépôts ou pure ; j’ai toujours opté pour la pure. Que les particuliers fassent appel aux dépôts pour leur réalisation, c’est un moyen de régulation, mais l’État n’est pas le particulier auquel l’a réduit Fillon, c’est une communauté républicaine, sinon il n’y a qu’à réclamer que l’État nous verse des intérêts sur nos impôts directs ou indirects. Ce serait drôle pour une TVA à 20 % : l’État nous rendrait les 20 % du capital, plus 5 % d’intérêt. Cela doit certainement nous choquer, mais est-ce plus choquant que de régler les impôts des entreprises et même ceux de leurs actionnaires en achetant les produits ou les services résultants du travail salarié, tout en réclamant qu’ils soient plus imposés et se plaindre que leur prix client augmente. J’avais oublié que les libéraux ultras nous ont expliqué que le client est roi et non plus républicain.

 


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13 réactions à cet article    


  • suispersonne 14 décembre 14:06

    Il est tentant de répéter que les plus pauvres payent à la société proportionnellement bien davantage que les plus aisés.

    Que le détournement massif des recettes de tva, sans aucun vote des députés, vers une compensation (très insuffisante malgré les masses en jeu) des exonérations de cotisations sociales est un scandale absolu.

    Que la population s’en aperçoit avec clarté.

    C’est parfait, continuez.


    • ddacoudre ddacoudre 14 décembre 17:52

      @suispersonne
      bonjour
      je ne pense pas que ce soit une tentation d’informer sur la circulation monétaire qui n’apparait pas dans la, traçabilité des prix.
      Tout le monde réclame la traçabilité des produits, des transports, mais personne des prix.
      Les clients y trouveraient la part des prélèvements que versent les entreprises, la part du revenu de l’employeur, la part reversés aux actionnaires, la part de leur propre salaire, la part de tous les élément qui ont concouru à une production ou un service.cela donnerait le compte rendu d’un bilan à la dimension d’un prix client.
      Ce serait histoire de ne pas être berné sans le savoir. c’est la liberté de chacun d’accepter d’être soumis à la volonté de ceux qui détiennent, en droit, la richesse que les salariés produisent.
      ce n’est pas une faute, c’est accepter de se reconnaître dans le droit fil des comportements innés dominants dominés qui sont aussi naturel que d’avoir soif.
      Ce qui n’est pas naturel c’est de se le cacher pour faire croire que nous sommes des rois. Ensuite libre aux Humains de dépasser ce stade animalier car ils ont un cerveau qui le permet ou de rester dans le cadre de l’instinct animalier dans lequel ils sont depuis au moins cinq milles ans avec le début des cités états. La démocratie n’a pas changé le fond, les citoyens sont devenu tout simplement consentant dans ce système, à l’exception de ceux qui pensent que prendre ses responsabilité de citoyens c’est aussi d’être capable d’entreprendre sans attendre qu’un dominant le fasse, même si c’est comme nous le vivons, un dominant systémique.
      Alors que le démocratie leur donne le pouvoir d’entreprendre individuellement et collectivement, et ainsi entrer dans une autre démarche civilisatrice plus juste et équitable.
      Quand au détournement de recette, tu choisis, ou tu finances indirectement les services de l’action publique ou tu la paies directement en payant par exemple un droit pour sortir de chez toi en utilisant les routes qui auront étaient construite par un particulier , si celui-ci a estimer de t’en faire une ; c’est Colbert qui me semble avait aboulie ce droit seigneurial de péage, que certains envisageaient pour entrer dans leur ville ou que nous payons pour stationner alors que l’on finance les voies publiques. nous avons une bonne parties de la population qui avale tout pourvu qu’on la flatte, ou qu’on la tienne en alêne avec les crimes et délits pour qu’elle n’ait pas le temps d’une réflexion.
      cordialement.


    • Seth 14 décembre 14:38

      Faut tout bien citer : « c’est l’or monsignor, l’or de se réveiller ».


      • ddacoudre ddacoudre 14 décembre 17:53

        @Seth
        bonjour
        merci pour le complément.
        cordialement.


      • Réflexions du Miroir Réflexions du Miroir 14 décembre 15:59

        Salut DD,

         J’insérais un commentaire à la suite de mon dernier billet qui donnait les richesses de différents pays :

        Titre : D’après les prévisions du Crédit Suisse, on comptera 86 millions de millionnaires dans le monde d’ici 2027. Mais dans quels pays vivront-ils ?"

        En 2021, la France comptait 2 796 334 millionnaires, soit 5,6 % de la population adulte dans l’Hexagone. Bien que ce nombre, le troisième plus élevé de tous les pays de la liste, ait légèrement augmenté pour atteindre 2 821 000 millionnaires dans le dernier rapport, il ne représente toujours que 5,6 % des adultes du pays.
        La France abrite également le troisième plus grand nombre d’habitants appartenant au top mondial des 1 % les plus riches, soit 2 380 400 personnes. Le premier de cordée des ultrariches français n’est autre que Bernard Arnault, PDG du conglomérat du luxe LVMH, dont la valeur nette s’élève actuellement à 174 millions d’euros.


        Se classant légèrement au-dessus de sa voisine française, la Belgique possède un nombre comparativement plus faible de millionnaires, soit environ 536 000 personnes. Cependant, en pourcentage de sa population adulte bien inférieure, cela représente 5,9 %.
        La pandémie a durement touché la Belgique, dont le PIB a chuté de 6,3 %, marquant son pire déclin depuis la Seconde Guerre mondiale. Malgré cela, la richesse moyenne de ses citoyens a en réalité augmenté de 35 330 $ (32 000 €) entre 2019 et 2020. Après avoir atteint le chiffre record de 267 887 $ (248 000 €) en 2021, la richesse médiane s’est stabilisée à 249 937 $ (231 000 €) en 2022, soit la plus élevée de tous les pays du rapport du Crédit Suisse. 


        • ddacoudre ddacoudre 14 décembre 18:05

          @Réflexions du Miroir
          salut Guy merci pour ces chiffres ; je n’ai absolument rien contre les riches s’ils participent à la hauteur de leur richesse à l’action publique sans la faire ensuite payer à leurs clients. depuis des siècles les asservis sous toutes les formes font la richesse d’entreprenant, ce n’est donc pas un phénomène de hasard, mais bien de comportement psychique naturel, libre à eux de pouvoir le dépasser avec un cerveau qui en a les moyens, mais ils entreraient dans un autre type de civilisation avec une mutualisation de l’économie interdépendante de ses productions et services, loin des cachoteries de secrets de production pour planter concurrentiellement l’autre, ce qui nous donne des contrefaçons.
          cordialement.


        • Octave Lebel Octave Lebel 14 décembre 19:44

          Merci, c’est imparable, cela fait du bien dans le maelstrom de désinformation auquel nous avons droit.


          • Panoramix Panoramix 16 décembre 11:15

            Les impôts et charges payés directement par les entreprises se retrouvent dans le prix de vente (à quoi s’ajoute la TVA finale). Donc toute hausse d’impot ou de charge est en final payée par le consommateur. Logique !

            Ce qu’il faudrait règlementer, c’est la marge de profit, dont le gonflement explique l’envol des très grosses fortunes, car ça gonfle les prix non au profit de la collectivité, mais d’un nombre limité d’individus.


            • ddacoudre ddacoudre 16 décembre 18:38

              @Panoramix
              bonjour
              réglementer les marges de profit ne servirait à rien et poserait de nombreux problème pour des productions et des ventes de produits qui ne sont pas de masse. en fait ce qui fait la richesse des employeurs, c’est un processus séculaire où les maitres employaient des serviteurs et des esclaves (pas la traite des noirs) ils payaient les serviteurs et nourrissait les autres. au fil des siécles cela c’est structuré dans des comptes, et ce sont les riches ou les puissants qui les ont établi pour leur service et non celui de la collectivité. c’est le plan comptable aujourd’hui. dans celui-ci le salaire que donne un employeur est une charge qu’il doit supprimer ou revendre. et les client qui achètent ces charges ce sont dans la majorité les salariés (27 millions). ce sont eux qui font tourner l’économie.ainsi le salarié rachète son salaire et le reste. c’est ce qui représente la plus grosse part, le prix de revient avant l’ajout de la marge pour avoir le prix client ; QUAND l’on achète un produit l’on achète notre train de vie, plus celui de l’employeur. ainsi il récupère tout ce qui investi et fait augmenter son capital. que tu réduises ou non la marge cela ne changera pas ce processus.
              cordialement.


            • suispersonne 17 décembre 22:01

              @Panoramix
              Une précision.
              Que des bénéfices soient préférables, entendu.
              Mais qu’en font ils ?
              L’accumulation inouïe des dividendes, et la multiplication des rachats d’actions sont directement les causes de l’absence d’investissements, et la dilapidation des actifs des entreprises.


            • ddacoudre ddacoudre 19 décembre 09:05

              @suispersonne
              bonjour
              tu as raison de poser la question. toute fois les dividendes font l’objet de dépôts dans les banques et en principe ils sont prêtés pour financer toute sorte de réalisations y compris le marché des devises qui est le plus important avec 6500 milliards jour qui circule, les gains constituent une plus-value bénéficiaire qui peut à son tour être réinvesti dans les trois autres marchés.en principe il n’y a pas de thésaurisation de monnaie. ensuite l’usage peut avoir des résultats négatif sur l’économie en fonction des investissements. https://www.xtb.com/fr
              cordialement.


            • Panoramix Panoramix 19 décembre 18:16

              @ddacoudre
              oui, mais ce qui est ’’investi’’ en bourse où 95% des transactions se font entre financiers et ne vont pas aux entreprises ou dans l’économie vraie, c’est bien de la thésaurisation spéculative.


            • ddacoudre ddacoudre 19 décembre 20:42

              @Panoramix
              bonjour
              il y a des masses financières qui effectivement circulent durant la durée des transactions, c’est bien évident et on ne peut pas l’éviter, c’est souvent le marché des devises, si ses gains il les réinvesti pour acheter des devises ça n’a pas de fin. ou bien l’achat d’action à des opérateurs qui en possèdent, il se constante d’empocher la plus-value, car l’entreprise à déjà reçu les fond du premier des investisseurs.cordialement et bonne fêtes

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