Cette jeunesse africaine dont l’Occident impérialiste redoute la levée en masse…
par Michel J. Cuny et Issa Diakaridia Koné

Rappelons que nous avons été conduits à nous intéresser au PPPCR (Projet de Promotion du Petit Crédit Rural) mis en œuvre au Burkina Faso en 1988, parce qu’il nous avait été recommandé par le Rapport mis au point en 1996, pour le compte de la Banque mondiale, par Peter Fidler et Leila M. Webster qui nous en avaient vanté les mérites et la réussite…
Désormais, nous savons que ce merveilleux PPPCR se sera, en fait, effondré dès 1999… après avoir fait croire, au départ, qu’il était une sorte de continuation du socialisme de Thomas Sankara. Or, dès que les Occidentaux ont montré les dents pour lui appliquer les critères purs et durs du capitalisme, tout a implosé, y compris le travail si soigneusement réalisé par les femmes pauvres du Burkina Faso qui y avaient longtemps cru… pour ce qu’il comportait de solidarités coutumière et tribale continuées…
Ayant fait ce petit détour, nous revenons au Rapport de la Banque mondiale pour 1996, dont il faut rappeler le titre :
« Le secteur informel et les institutions de micro-financement en Afrique de l’Ouest. »
Dès le début du Rapport – serait-ce pour nous mettre l’eau à la bouche ? -, ses auteurs nous en donnent les principales conclusions… Nous pourrons ensuite étudier les détails de leurs recherches qui concernent le « rôle joué par le secteur informel dans l’économie des pays en voie de développement. » (Rapport, etc., page 17 du document papier)
Il paraît que, dans les « principales conclusions », il y a ce fait finalement très effrayant qui sera venu frapper les pays en voie de développement durant des années quatre-vingts…tandis que l’Union soviétique, emmenée par Gorbatchev dès 1985, allait bientôt imploser, le parti communiste se faire interdire et Boris Eltsine triompher et, avec lui, quelques rapaces russes et autres, fortement liés à certains grands pays occidentaux.
En ce qui concerne les pays en voie de développement de l’ancienne sphère d’intervention élargie du pays des Soviets, le Rapport déclare alors que…
« les gouvernements et les bailleurs de fonds luttent contre la croissance inexorable du chômage dans les villes et de la pauvreté accrue dans les campagnes. » (Idem, page 17)
À cela, il paraît y avoir une raison principale que nous n’allons pas tarder à voir se manifester :
« Considérant que l’emploi dans le secteur public a baissé (en particulier par rapport au nombre de demandeurs d’emploi), les secteurs informels sont devenus des sources d’emploi pour un nombre croissant de personnes. » (Idem, page 17)
Et pourquoi donc le « secteur public » avait-il soudainement diminué d’importance… tandis que les « demandeurs d’emploi » étaient de plus en plus nombreux ? Cela nous indique qu’à l’échelle mondiale, et tout spécialement dans les pays en voie de développement, le socialisme avait lâché prise, et que les classes travailleuses les plus pauvres avaient perdu les postes, quelquefois très avancés, qu’elles avaient pu atteindre, à travers le soutien soviétique plus particulièrement… et durant les quelques décennies qui, après la Seconde Guerre mondiale, s’étaient révélées comme en continuité avec une victoire aussi bien militaire qu’idéologique de l’URSS…
Ainsi était-ce la part du secteur formel que contrôlaient des dirigeants socialistes longtemps emportés dans le mouvement des non-alignés qui avait fini par échapper aux classes travailleuses des pays en développement, celles-ci n’ayant plus qu’à s’inventer un autre monde qui produirait ses propres règles de survie : le secteur informel…
C’était le contrôle de cela qu’il ne fallait surtout pas laisser échapper aux Occidentaux, et aller peut-être vers une reconquête des positions politiques naguère détenues par le socialisme internationaliste… Ainsi, l’Occident et ses relais locaux en vinrent-ils à considérer qu’ils se devaient d’agir au plus vite, pour obtenir ce que le Rapport nous décrit de la façon suivante…
« Dans l’espoir de favoriser la capacité du secteur informel à créer des emplois, les bailleurs de fonds (et un nombre croissant de gouvernements) ont soutenu les programmes de micro-financements et de formation pour les entrepreneurs du secteur informel. » (Idem, page 17)
La structure politique et administrative y était devenue totalement inopérante, et les Occidentaux ne souhaitaient surtout pas qu’elle le redevienne avant longtemps… La survie des populations serait donc seulement le fait d’une sorte de débrouillardise élevée à l’échelle d’une doctrine qu’il suffirait d’arroser de temps à autre avec quelques capitaux plus ou moins errants, c’est-à-dire avec ce que l’on appelle : la microfinance…
Voilà pour les pays en développement en général. Mais évidemment, quant à elle…
« L’Afrique de l’Ouest ne fait pas exception à ces tendances. » (Idem, page 17)
Et c’est bien elle qui nous intéresse ici…
Que vise à en obtenir la Banque mondiale dans son Rapport de 1996, qui nous livre ici ses conclusions générales alors qu’il comporte un total de 350 pages dont l’analyse nous reste à faire ?
Quel avenir propose-t-il de construire avec la jeunesse de l’Afrique de l’Ouest ?
Voici de quoi il s’agit… Voici ce que le camp occidental… c’est-à-dire la meute des pays les plus riches du monde ose offrir à la jeunesse – au-delà de l’Afrique de l’Ouest – de l’ensemble de l’Afrique noire :
« Il est logique que la promotion des micro-entreprises occupe une place centrale dans les stratégies de développement étant donné la pauvreté grandissante et généralisée qui sévit dans cette région, la contribution importante des secteurs informels au PIB et à l’emploi et l’espoir généré par le fait que les micro-financements peuvent constituer une stratégie efficace visant à réduire la pauvreté. » (Idem, page 17)
Oh, jeunesse africaine ! Voilà pour tes plus beaux rêves : songe que l’on veut « réduire ta pauvreté »… Qu’on n’est pas sûr d’y arriver… mais que l’on va essayer…
Tu peux le croire, comme les femmes du Burkina Faso l’ont cru à travers la mise en œuvre du PPPCR dont la Banque mondiale nous dit – dans le Rapport de 1996 que nous allons étudier maintenant – qu’il était une réussite… alors que nous savons désormais, nous, qu’il n’était qu’un sous-marin du capitalisme, du colonialisme et de l’impérialisme occidentaux venus tromper la naïveté des plus pauvres d’entre les plus pauvres de la terre !…
Quittons les… conclusions affichées à la page 17… Et venons-en à ce qui, pour les Occidentaux, est bien plus important, alors que cela ne figure toutefois que dans une toute petite note de la page 19 :
« Dans l’ensemble, les services de micro-financement sont vus comme moyens d’élargissement de la participation économique pour inclure les groupes marginaux qui, auparavant, ont été laissés de côté. Le principal bénéfice ici est d’accroître la stabilité politique qui vient d’un nombre plus large de dépositaires. » (Idem, page 19)
Jeunesse africaine… Documente-toi ! Développe ton intelligence en apprenant à bien connaître le monde dans lequel tu vis ! Regarde les héros qui t’ont précédée sur le chemin de la libération de l’Afrique tout entière !… Cela est écrit : il faut le lire, et en débattre dans le cadre d’une réelle fraternité humaine. L’Occident ne veut que te calmer ! et te convaincre de rester dans une pauvreté qui lui permettra de continuer à exploiter, sans aucun danger pour lui, ton corps et ton esprit !…
NB. La suite immédiate est accessible ici :
https://remembermodibokeita.wordpress.com/2020/07/11/demolir-les-solidarites-tribales-et-permettre-a-loccident-de-capter-toutes-les-richesses-de-lafrique-de-louest/
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