Cette vérité qui dérange
Dans « L’Esprit des lois », Montesquieu écrit : « Pour ne pas abuser du pouvoir, il faut que, par la disposition des choses, le pouvoir arrête le pouvoir ». Hélas, en France, le politique empiète de manière quasi absolue sur les autres institutions (justice, organes de contrôle où il nomme et choisit la carrière des représentants, et même sur les médias par les pressions qu’il exerce). De plus, le Parlement (Sénat et Assemblée nationale) sera désormais « caporalisé » au profit d’un seul clan. Dans ces conditions, l’opposition sera vraisemblablement au régime sec sans aucun moyen d’exercer son devoir. Dès lors, à quoi sert-il d’élire un cinq cent unième député UMP ? Ne vaudrait-il pas mieux au contraire, s’assurer de la présence en qualité de vigie de quelques opposants dont la voix résonne un peu ? Quand un seul parti a les pleins pouvoirs, autant le dire franchement, on n’est plus tout à fait une démocratie. Voilà pourquoi il est d’utilité publique nationale de réélire celui qui se bat pour la refondation démocratique et pour la reconstruction de la gauche...
« Certains ont l’air d’être honnêtes mais quand ils
te serrent la
main, t’as intérêt à recompter tes doigts » disait Coluche.
Quand celui-là vous salue, son regard franc vous dit tout de suite de
quel bois il se chauffe, car il n’est pas dissimulateur. Certains diront trop
franc tireur, impertinent, ou pire encore.. Pourtant, n’est-ce pas de ces
silences complices, d’un manque de révolte et de passion à convaincre que la
politique se meurt face à tant d’injustices, d’inégalités pour le plus grand
nombre, face à tant de privilèges et de passe-droits que s’octroie une minorité
puissante ?
La démocratie ne perd-elle pas de sa force à chaque fois qu’elle cède
au compromis mous, aux arrangements sournois avec la morale républicaine, aux
collusions malsaines qu’entretiennent milieux d’affaire et politiques ?
C’est-à-dire à chaque fois qu’elle refuse de laisser s’exprimer en son sein une
voix contradictoire, quitte à ce qu’elle dérange pour dire la vérité dans son
authentique simplicité ? Il y a des vérités révélées qui font mal. La
corruption, cette maladie honteuse qu’on veut cacher sinon qu’on banalise pour
ne pas la traiter au final, en est une. Le libéralisme effréné, qui conduit à
la marchandisation de toute chose, de la politique même, en est une autre. Ce
sont des maux bien réels qui habitent notre pays dont les richesses sont tout à
la fois pillées, dilapidées, mal déployées.
Ce qui ne se change, parfois s’arrange pourtant avec des
règles et des institutions qui permettent de faire de la politique autrement et
aussi de faire une autre politique. Il est celui qui,courageusement,
méthodiquement et avec constance, porte le combat d’une révolution démocratique
pour atteindre cet objectif. Il est de ceux qui luttent contre vents et marées
pour
que la justice soit la même pour tous. Il ose déranger la quiétude des
financiers qui se cachent à l’ombre d’un paradis fiscal, bancaire et
judiciaire, cherche à débusquer derrière le beau parleur,
l’usurpateur qui fait sa fortune personnelle sur la grande infortune publique.
Il se bat pour que la justice soit la même pour tous. Il démontrera dans un
rapport parlementaire les liquidations de convenance et les malversations qui
se pratiquent dans certains tribunaux de commerce pour proposer de les
réformer, sujet si sensible.
Il utilise tous les leviers pour faire la refondation nécessaire du
logiciel politique de la gauche et en même temps se bat pour
reconstruire notre démocratie en miettes en prônant la VIe République.
Ses actes, ses discours, ses écrits, sur le terrain, dans les médias,
par tous les moyens à sa disposition, il dit la vérité. Cela s’appelle
servir la population sans jamais chercher comme d’autres à bénéficier
des prébendes ou avantages du pouvoir, ni à cumuler les
mandats. C’est pourquoi il dérange.
Combien la France compte-t-elle d’hommes aussi rigoureux et courageux ?
Beaucoup, sans doute. De l’ouvrier qui se lève tôt à la jeune femme à temps
partiel subi qui peine à joindre les deux bouts pour élever seule un enfant. De
l’adolescent sous-qualifié à l’étudiant surdiplômé victime de discriminations
qui ne parviennent pas à trouver un emploi. De la personne handicapée à ce
vieux couple qui survit dans la solitude. Peu d’entre eux ont voix au chapitre à
l’Assemblée nationale ou à la télévision. Ils se résignent alors souvent par
lassitude à vivre leur rêve par procuration se laissant progressivement et
involontairement prendre au jeu de la compétition people de la politique
Academy. Ceux-là sont pourtant les premières victimes d’un système qu’il
combat, dans lequel la politique se concentre dans les mains de quelques-uns et
où la confusion des pouvoirs est la plus totale et la garantie la plus sûre
pour les plus influents de le rester. Ce système qu’il dénonce produit la
politique du pire, celle des lobbyistes et de l’argent roi, où les nominations
et les leviers de contrôle ne sont pas indépendants, est celui de cette fichue
cinquième République. Petite fille d’ouvrier, élue dans la circonscription d’un
Patrick Balkany condamné par la justice, recyclé par son parti et par les urnes
malgré une abstention majoritaire parce que les gens nous croient « tous
pourris » et baissent les bras, j’envie un peu ses électeurs.
Il reste un espoir dans un océan si bleu de députés
godillots qui, tels des militaires, voteront en bataillon serré tout ce que
leur commandera le général en chef : Nicolas Sarkozy. Alors un soldat de
plus dans cette armée-là serait un soldat de trop.
Arnaud Montebourg agit en homme libre. Il a une conscience.
Appréciez-le et jugez combien pour vous sa parole porte.
Séverine Tessier
présidente d’Anticor
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