Chagos, une déportation passée sous silence
Les îles Chagos se composent de 55.îles réparties en 7 atolls et se situent au sud des Maldives et à l’Seychelles. Ce sont les portugais qui les premiers découvrirent ces îles de l’Océan Indien alors qu’ils cherchaient une nouvelle voie maritime pour se rendre en Asie.
En 1176, le Vicomte de Souillac en pst rend possession pour la couronne française mais en 1814, la France cède les Chagos au Royaume Uni
En 1824, le gouvernement britannique nomme le 1er agent chargé de la gestion des Chagos.
En 1835, les Britanniques abolissent l’esclavage dans les colonies et la communauté chagossienne choisit de rester dans les îles.
En 1965, l’archipel devient un territoire Britannique (British Indian Ocean Territory) avec un statut de territoire d’outre-mer. Ce statut d’indépendance a été pris peu avant l’indépendance de l’île Maurice, à la suite de l’achat du territoire par la Grande Bretagne.
Dans le plus grand secret, les anglais et les américains projettent d’installer une base militaire sur l’île principale, Diego Garcia. Les américains exigent alors que cette île et toutes les autres soient vidées de leurs habitants. L’ouverture de la base est autorisée le 30 décembre 1966 elle ouvrira ses portes le 1er octobre 1977 après le rachat de toutes les terres le 3 avril 1967.
C’est à partir du 17 juillet 1966 que commencera la déportation du peuple gahossien vers Maurice et les Seychelles. Petit à petit, les importations sur les îles ont cessées. Très vite, des rumeurs sur un éventuel bombardement surgissent. Les animaux sont gazés.
Les gahossiens sont entassés dans des bateaux dans des conditions inhumaines. On leur prétexte des démarches administratives pour les expédier hors de leurs îles .A leur arrivée à Maurice ou aux Seychelles, on leur annonce qu’ils ne pourront plus retourner sur leur île la raison invoquée, « Votre île est fermée ».
Un rapport de 1981 souligne les conditions de vie difficile de cette population ( analphabétisme, délits…) désormais contrainte de vivre dans des quartiers pauvres de Port Louis la capitale de l’île Maurice.
Les gahossiens n’ont de cesse aujourd’hui de réclamer le droit au retour sur leur terre mais leur parcours est semé d’embuches.
En 2000, la haute cour de justice d’Angleterre établit que les déportations avaient été illégales et que le »zèle des officiers à appliquer une politique de retrait était allé au-delà de toute limite ». Le gouvernement décide de ne pas faire appel de cette décision et le secrétaire d’état aux affaires étrangères admet que les gahossiens doivent être autorisés à revenir dans toutes les îles sauf celle de Diego Garcia où se trouve la base militaire.
En 2002, la citoyenneté britannique est accordée aux gahossiens. Les plus fortunés en profiteront pour partir et beaucoup s’établiront à Gatwick.
Le 10 juin 2004, la reine d’Angleterre se basant sur l’ »orders in Council », une prérogative royale datant de 1215, annule le jugement de la haute cour de Londres rendu 4 ans plus tôt. La haute cour juge la mesure illégale et l’appel de la décision le confirme : « la liberté de retour dans son pays natal, même s’il est pauvre et que la vie y est difficile, est l’une des libertés fondamentales que l’on reconnait aux êtres humains ».
Le 30 mars 2006, une centaine de gahossiens sont autorisés à se rendre sur Diego Garcia, Salomon et Peros Banhos. Ils avaient quittés un paradis, ce qu’ils voient n’a plus rien à voir. Sur l’île du coin, dans l’atoll de Peros Banhos, ils constatent l’absence d’oiseaux et de poissons pourtant très nombreux avant leur départ. Les lagons sont pollués. Sur l’île de Salomon, un panneau interdit l’amarrage des yachts du 2 avril au 9 avril soit la période exacte du séjour des gahossiens sur cette île. Sur cette même île, ils découvrent des restes de pique-nique, des balançoires récentes. Les gahossiens se voient refuser la baignade dans le lagon de Diego Garcia sous prétexte écologique. Pourtant, les militaires et les civils présents sur ce qu’ils nomment « Fantasy Island » sont autorisés à la plongée, la baignade sans être inquiétés.
En 2008, le gouvernement Britannique crée un consortium appelé Chagos Environment Network qui regroupe les plus grandes institutions britanniques chargées de la protection de la nature. Une consultation auprès d’ONG et du public montre la nécessité d’une conservation accrue des récifs coralliens, d’un point de vue uniquement écologique.
Le gouvernement distribue alors le statut d’Air Marien Protégée à l’ensemble des archipels des îles Chagos. Les îles deviennent ainsi la plus grande réserve intégrale au monde avec un impact humain limité mais pourtant, la base militai américaine est maintenue sur l’île de Diego Garcia.
Les gahossiens craignent encore plus le non droit au retour sur leurs îles.
Cette crainte est confirmée par une révélation scandaleuse, faite par Wikileaks, dans un câble de mai 2009 venant de l’ambassade des Etats-Unis à Londres. Extraits : d’après un officiel britannique, "ce parc marin, le plus grand du monde, n’affecterait en aucune manière l’utilisation par le gouvernement US du BIOT, incluant Diego Garcia, à des fins militaires […] les anciens habitants devraient avoir des difficultés, sinon l’impossibilité, de continuer à demander leur réinstallation dans les îles si l’ensemble de l’archipel des Chagos devenait une réserve marine". L’ensemble des obstacles opposés au respect des droits de retour des Chagossiens est une récapitulation des instruments de domination : colonialisme, impérialisme, militarisme, diplomatie s’appuyant sur des mesures de protection de la nature, tout y est.
La lutte des gahossiens a pour objectif :
- Obtenir la reconnaissance du caractère autochtone du peuple gahossien.
- Obtenir la reconnaissance du droit au retour et revenir vivre au Chagos.
- Etre dédommagé financièrement par la Grande Bretagne et les Etats-Unis pour organiser la réinstallation de leurs familles et que la communication avec leurs parents dispersés à Maurice et aux Seychelles soit facilité.
Aujourd’hui, le GRC (Groupe Réfugiés Chagos) demande l’arbitrage des Etats-Unis dans ce dossier. Ils ont lancé un appel à Barack Obama qui serait sensible au problème selon la rumeur. Toutefois, pour que ce dossier soit examiné, le GRC doit réunir 25 000 signatures.
Les gahossiens qui à ce jour, on déjà réuni 30 000 signatures parmi la population mauricienne, espèrent être les premiers à bénéficier d’une loi initiée par Barack Obama. Une loi selon laquelle, une nation, un groupe humain ou une collectivité qui pensent être ou avoir été victimes d’oppression de la part des Etats-unis peuvent, s’ils réunissent 25 OOO sigantures, en appeler à la Maison-Blanche.
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