Chaleur record au Brésil : plus d’infos
Vous l’avez peut-être lu ou entendu : la température est montée à 62.3° à Rio de Janeiro. Attention : il s’agit de la température ressentie par un corps humain. Ce n’est pas la température mesurée avec un thermomètre.
Localisé
Celle-ci a atteint 42 ° C. C’est déjà bien. Compte tenu de l’absence de vent et du taux local d’humidité les météorologues estiment la température ressentie.
Le climat de Rio de Janeiro est tropical.
« Entre décembre et avril, l’hiver fait place à la saison estivale, plus chaude et humide (précipitations moyennes entre 120 et 130mm). Les températures moyennes oscillent entre 25°C et 26°C, avec des pics de chaleurs pouvant dépasser la barre des 40°C ! »
Contrairement à ce qu’annoncent certains média, ce record ne concerne pas le Brésil en entier, ni même la ville de Rio de Janeiro, mais un quartier situé près d’une vaste lagune. Il semble qu’une journée ait été localement très chaude et humide à Guaratiba, quartier situé à l’ouest de la ville.
Ce même jour il a fait 6° de plus qu’à Rio-Aéroport, selon infoclimat. D’ailleurs les différences locales peuvent être considérables. En particulier les chaleurs urbaines sont 4 à 6 degrés plus élevées qu’alentour. Après ce pic de chaleur très localisé et court les températures ont perdu environ 10°. Ainsi va la météo.
Humidex
La température ressentie est évaluée depuis une dizaine d’année. Elle n’est pas absolument fiable même si elle contient un fond de réalité : la chaleur humide nous harasse davantage que la chaleur sèche car notre peau ne transpire pas et l’oxygène manque à nos respirations. Cet indice est le produit d’un calcul entre la température, l’humidité et le vent.
Mais que penser du chiffre de 62,3° ? Je n’ai pas trouvé l’implantation de la station météo qui a enregistré le record. C’est dérangeant. Après un long temps de recherche j’ai trouvé une info sur le site de la télévision belge RTBF.
Outre les incertitudes du système, la fiabilité de la station doit aussi être questionnée. Voici ce qu’en pense Frédéric Decker, météorologue à CNews.
« Il a pris le temps de comparer des stations de mesure locales : "Le fameux 17 mars, l’humidex a atteint 47 °C à Rio, loin des 62 °C annoncés. J’ai fait le tour des stations secondaires de la ville, on ne dépasse pas 49 °C. »
Nuance
Et encore :
« … il est probable que cette station soit "amateur". Sa fiabilité peut donc être remise en question. »
J’ai cherché des images éventuelles, avec pour seul résultat une installation mal placée (image 2), entourée d’arbres, sans air, bordée par la mer d’un côté (mer réchauffée par El Niño) et par une vaste lagune de l’autre côté. L’implantation n’est pas très heureuse : « L’emplacement de la station météo connectée doit être situé à une distance supérieure à quatre fois la hauteur des obstacles environnants. » Ce n’est pas le cas ici.
Sans plus de repère pour certifier que c’est bien la station en question je ne la mentionne qu’à titre indicatif. La météorologie brésilienne la mentionne ici.
L’information brute qui met en avant un chiffre impressionnant est de nature à induire en erreur. En particulier sur ceci :
« … il y a une erreur dans l’information diffusée par les médias comme par la mairie de Rio, ce n’est pas 62,3°C de température ressentie mais un indice de 62,3 (Cf. tableau ci-dessus). Cette nuance est importante dans la communication. »
Souffleries
La chaleur est évidemment étouffante même si cette région en est coutumière. La vague de froid exceptionnelle de juillet 2021, celle qualifiée d’historique de mai 2022, n’y changent rien. El Niño aggrave cette situation climatique normale. Dans une période de réchauffement ce n’est pas surprenant. Une accumulation de records est inévitable pendant encore un temps, mais la répétition des annonces extraordinaires procède d’une surenchère anxiogène que je n’approuve pas.
En l’occurrence ce record, s’il est validé par l’OMM, s’est déroulé dans un lieu très limité, de quelques kilomètres carrés au plus. Je relativise parce que je pense que c’est juste de le faire, et parce que je refuse cette panique constamment alimentée.
Je ne pense pas apocalypse mais évolution et adaptation. Par exemple, en plus des aménagements urbains de nature à freiner les îlots de chaleur, je verrais bien de grands brumisateurs en différents quartiers, et des souffleries géantes mobiles et démontables pour générer le vent quand il manque.
Et pourquoi pas ?
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