Changement de Temps
Qu’est-ce que le temps ?
C’est avant tout une notion très humaine. De même que Feuerbach a démontré dans « L’essence du Christianisme » le caractère humain et anthropomorphique de la religion, il apparaît que le temps dans son approche et sa définition est en connexion avec la condition humaine.
Il est ainsi défini par une notion de durée et mesuré selon un système appréhendable par l’homme. Ce qui est bien sûr évident puisque c’est l’homme lui-même qui a inventé ce système de seconde, minute, heure, jour, année. Système qui est d’ailleurs lié à une réalité physique qui est la rotation de la Terre autour du soleil. Le temps est ainsi lié à un déplacement, à un mouvement dans l’espace. Durée et espace sont ainsi mis en relation.
Une autre notion importante du temps est la notion de séparation du temps en différentes phases : passé, présent et futur. Il y a un avant, un maintenant et un après. Il y a ce qui a eu lieu, ce qui a lieu et ce qui aura lieu. Et ceci bien que nous soyons incapables de définir clairement ce qu’est le présent. Nous ne pouvons pas en effet le séparer clairement du passé et du futur et ne pouvons l’appréhender que par la notion d’instant.
Ces différentes phases sont directement liées à notre capacité mémorielle et à notre possibilité d’anticiper et de prévoir les évènements. Le présent est finalement le point de jonction entre le futur et le passé et n’a pas de durée en soi. Le passé et le futur sont infinis dans leur durée et le présent est infini dans sa brièveté, dans son absence de durée, dans son évanescence. « L’homme est la mesure de toute chose » disait le philosophe grec Protagoras et nous ne mesurons pas assez, si je puis dire, la profondeur, l’importance et la justesse de ses mots. Car nous avons donné une flèche au temps et notamment par rapport à l’écoulement de notre propre existence.
Dés lors, il devient difficile d’appréhender le temps selon une optique différente. Pourtant les découvertes scientifiques montrent qu’il existe ce qui nous semble être des anomalies dans l’écoulement du temps et dans l’organisation de l’espace. Un chat est mort et n’est pas mort dans le même laps de temps nous dit Erwin Schrodinger. Des particules ont des comportements totalement identiques et semblent liées alors qu’elles sont séparées par des espaces infinis nous disent les physiciens. Le cours du temps semble soudain pouvoir se déformer selon des règles inhabituelles. Mais s’agit-il vraiment d’une déformation ou bien est-ce notre manière de percevoir le temps qui est désormais inadapté à ces phénomènes ?
Bref de même que l’homme a vécu la révolution copernicienne qui a remis la Terre à sa vraie place, celle d’une petite planète du système solaire, de même allons-nous peut-être vivre une révolution dans le domaine de notre vision du temps.
Peut-être devrions-nous nous interroger en premier lieu sur la notion de durée ? Celle-ci ne serait-elle pas finalement qu’une illusion liée à notre approche anthropomorphique du temps. Lorsque nous regardons un film au cinéma, nous avons cette impression de mouvements alors qu’il ne s’agit au final que d’images fixes qui défilent à une vitesse de 16 images par seconde. De même, les règles physiques existantes dans l’univers peuvent donner cette impression de durée alors même qu’il ne s’agit que d’une transformation, que d’un changement d’état.
Finalement le temps tel que nous l’envisageons n’existe pas en soi. Il n’y a qu’une transformation, qu’une modification du monde existant selon des règles propres. Là où nous voyons une durée, il n’y aurait finalement qu’un changement dans la structure existante. Ce que nous pouvons nous remémorer n’est pas un instant antérieur mais un état antérieur qui nous donne l’illusion d’avoir précédé l’autre alors qu’il s’agissait juste d’un état différent. La méditation permet je pense d’appréhender cette illusion de l’avant et de l’après d’un monde qui a juste changé dans sa forme. On ne peut même pas dire qu’il ait évolué car cette notion intègre la possibilité d’un avant qui serait moins bon et d’un après qui serait meilleur. Se départir de la notion d’avant et d’après est aussi difficile que de fixer le soleil directement pendant 30 secondes. On s’y brûle les yeux.
Le fait de se débarrasser des notions d’avant et d’après permet d’évacuer la notion de début et de fin. C’est une approche que l’on pourrait qualifier d’hyper matérialiste mais qui au fond permet d’appréhender la notion d’infini. Comme Lavoisier l’a clairement dit « Rien ne se crée, rien ne se perd, tout se transforme ». Il aurait pu résumer ainsi sa pensée : le monde n’est que transformation. Le monde est une chose qui change indéfiniment. Qui prend forme à travers des règles, des lois.
Il n’y a pas de moment en soi mais juste une modification d’un état existant. Cette modification s’effectue selon des règles qui nous donnent, par le fait que nous sommes intégrés à ce monde, une impression de causalité. Des causes produisent des effets. En fait, non, il n’y a pas de causalité. Il y a juste la mise en application d’une règle.
Contrairement au schéma que nous avons et c’est là un point très important, la règle n’évolue pas dans un seul sens, selon une flèche allant d’un passé vers un futur. La règle va dans deux directions et la modification est le point de jonction de ces deux directions opposées. La modification est la connexion des ces deux directions opposées de la règle. Pour donner une image mentale, cela reviendrait à ce que le passé et le futur viennent tous les deux vers un point de jonction qui serait le présent. Mais cela n’est qu’une image et il faut répéter qu’il n’y a ni futur, ni passé, ni présent et seulement un état de modification. Comment peut-on déterminer que la règle évolue dans les deux sens par rapport à la modification. Je ne le sais pas et ne peux pas le démontrer. Il s’agit juste d’une intuition, qui n’est peut-être pas démontrable. Cependant puisqu’il y a une règle, créant comme une forme d’environnement, celui-ci ne peut qu’entourer la modification. Sinon celle-ci serait livrée à elle-même et évoluerait selon ses propres lois. Il faut donc voir la règle plus comme un liquide, un bain dans lequel serait plongé la modification.
Tous les états de modification que nous vivons sont finalement identiques. C’est le mouvement et le changement suivant qui créée cette illusion de temporalité. Nous voyons quelque chose bouger, évoluer, se modifier et nous en déduisons une temporalité.
Imaginons maintenant une lumière sous forme d’une boule lumineuse dont l’intensité varierait de manière aléatoire. Il n’y a pas de mouvement et pas de cohérence dans le changement d’intensité de la lumière. Cela nous trouble car nous n’arrivons pas à nous raccrocher à une temporalité. Nous sommes à la fois comme hypnotisé et comme projeté dans un monde qui ne semble plus être le nôtre. Nous pouvons ressentir la même sensation en face d’un paysage désertique dans lequel aucune mouvement n’est apparent. Nous nous sentons alors comme absorbé par ce paysage.
Les règles sont-elles permanentes ? Oui car sinon le monde tel que nous le connaissons n’existerait pas. Ce que l’on note lorsqu’on regarde notre univers, c’est la similitude. On retrouve des galaxies, dont le schéma de création et d’évolution est identique, des systèmes solaires, des nébuleuses, des pulsars, des trous noirs, ..
Il s’agit d’une forme de répétition fractale, d’un chaos organisé, d’un schéma organisationnel et répétitif.
Finalement, l’univers repose sur une répétition de structures selon des règles identiques en tout lieu et s’exprimant selon des modalités et des intensités différentes.
On pourrait presque y voir comme la représentation d’une expérience de laboratoire. Tout scientifique reproduit plusieurs fois la même expérience selon des modalités identiques. L’univers semble étrangement basé sur ce modèle, comme si l’univers entier n’était finalement qu’une expérience à grande échelle, tentant selon un modèle défini, de construire un environnement expérimental : une étoile, comme source d’énergie, avec des planètes autour comme base d’expérimentation. Le but étant alors de voir comment évolue le système planète. Bien sûr, comme toute expérience il y a des ratés : des planètes trop proches de l’étoile ou trop lointaines ou l’apparition de la vie semble peu envisageable. On a pourtant découvert, assez récemment finalement, au fond des océans, des formes de vie qui se sont développées sans utilisation des rayons lumineux comme source d’énergie, mais basé sur l’énergie calorifique dégagée par les sources volcaniques de la croûte terrestre. Il n’est donc pas impossible que nous découvrions des formes de vie sur des planètes ou des satellites qui en apparence seulement semblent hostiles à toute forme de vie. La vie est imprévisible.
Il conviendrait, je pense, d’approfondir ces différentes notions et peut-être cela a-t-il déjà été fait via d’autres publications. J’en appelle donc au lecteur de cet article pour apporter sa contribution sous forme de citations d’articles ou de livres qui évoquent ces sujets.
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