Chantier participatif d’un earthship par Habite ta terre
Depuis le début de l'été, 150 bénévoles ont commencé la construction d'une maison bioclimatique en pneus à Champs-Romain en Dordogne, à quelques kilomètres de Nontron.
Les initiateurs du projet, Manal Al Audat et Thomas Jamain, sont deux des fondateurs de l'association Habite ta terre. Une association, basée à Malakoff en région parisienne et créée en décembre 2011, qui promeut le concept d'earthship notamment à travers des chantiers au Sénégal en 2011 et 2013.
C’est Michael Reynolds, architecte américain, qui développe le concept earthship, vaisseau de la terre en français, dans les années 1970. Il fonde alors la première communauté à Taos, au Nouveau-Mexique. L’idée première est d’utiliser des matériaux de récupération comme des cannettes, bouteilles en verre et autres boîtes de conserve. Les murs de soutènement sont constitués de pneus, un déchet « peu valorisé ». Après 45 ans de recherches, le concept earthship allie désormais de nombreuses technologies afin d'obtenir une maison autonome et résiliente.
À Champs-Romain, la maison composée de deux bâtiments séparés occupera une surface totale de 225 m2. Comme souvent, cette construction d’inspiration earthship sera semi-enterrée. « La pièce sera chauffée par l’effet de serre car une grande baie vitrée est installée au sud », explique Manal Al Audat. En cas de grand froid, seul un petit poêle devrait être nécessaire, grâce aux murs de pneus remplis de terre qui assurent une excellente isolation et accumulent la chaleur. « Les pneus sont recouverts d’un enduit et nous installons des puits canadiens qui permettent de jouer avec les flux d’air », poursuit le jeune homme. Au final, la construction ne porte pas d’empreinte écologique.
Pendant un an, avec un autre ami, ils ont sillonné la France et présenté leur projet. Lors de ces simulations, les collectivités ont accueilli l'idée positivement. Mais cette maison, qui est constituée de matériaux de récupération, pose souvent un problème de réglementation aux élus.
Pour décrocher un permis de construire, le trio a dû passer par les différents services de l'État avant d'aboutir dans le bureau d'un architecte conseil qui leur a donné le quitus tant attendu. Et, c'est par le bouche-à-oreille que les trois amis ont atterri à Champs-Romain, en Dordogne sur un terrain de quatre hectares, dont une partie est constructible. « Ils ont très bien expliqué leur projet », relève le maire de cette commune Guy Lastère, qui n'a pas hésité à accueillir ce chantier.
Coté financement, faute d'appui des collectivités, Manal Al Audat a pu compter sur l'investissement de ses parents. Le budget prévisionnel s'établit à 150 000 euros. « Nous avons sollicité des entreprises comme Veolia, car nous avions reçu un prix de leur part, mais elles ont toutes refusé », explique ce dernier.
Pour l'association, la construction de cette maison est l'opportunité de partager son savoir avec le plus grand nombre. Une véritable « expérience humaine » basée sur la notion d'éducation populaire. En mars et avril, 14 personnes ont effectué deux semaines de formation au chantier participatif et sont devenues des travailleurs bénévoles permanents.
À Champs-Romain, il n'existe pas de chef, mais des référents. Le système n'est pas pyramidal, mais « horizontal ». Chaque bénévole doit trouver sa place. Les réunions permettent à chacun de s'exprimer et il est interdit d'interrompre l'autre. Chacun « s'autonomise » tandis que le collectif « invente son vivre ensemble ». Les tâches ménagères sont partagées et chacun participe à hauteur de 25 euros par semaine pour les repas.
« Humainement, c'est une grande richesse et cela met une claque », estime Mélanie, qui est venue de Nantes depuis une dizaine de jours. Si « rien n'est obligé », les volontés finissent par s'additionner au service de cette idée. Et, globalement, tout le monde est sur le pont chaque matin avant 8 heures. Désormais, ils sont une trentaine à avoir rejoint l'aventure. « Ce qui est fabuleux pour moi, c'est l'échange de savoirs », constate Manu.
Dans le village de 320 habitants, la première réunion d'information, destinée aux habitants, n'attire que quatre personnes. Sollicités par le maire, les jeunes présentent leur projet aux élus du Conseil municipal.
Ils organisent une nouvelle rencontre avec les habitants. Des chasseurs au comité des fêtes en passant par l'amicale laïque, 70 personnes se déplacent le 26 juin. Le contact passe bien. À tel point que les voisins offrent un tracteur, prêtent une pelle mécanique et aident à installer des sanitaires.
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