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Charabois

La langue, au-delà de la culture qu’elle produit, est "ce qui reste quand on a tout oublié". On peut tout perdre, la souveraineté, la monnaie, la maîtrise des frontières voire une partie du territoire (Serbie), restera la langue que personne ne peut nous prendre. Sauf le charabia, la novlangue, la langue de bois et toute forme de dégradation de la langue qui accompagne souvent des changements politiques importants et inquiétants. Halte au charabois !

Charabia, c’est ce qui nous submerge chaque jour, à chaque instant, carburant de notre société marchande qui en a besoin pour surfer sur la publicité, le demi-mensonge, pour exister dans son essence : faire croire.

C’est le pendant marketing de la langue de bois chère à nos politiques. C’est la même chose.

Notre boulot de chaque jour, c’est non pas gagner « notre pain quotidien », qui est plus ou moins disponible sous nos latitudes (au pire aux Restos du Coeur), mais de décrypter ces deux langues obscures, le charabia et la langue de bois, pour lesquelles l’EN n’assure aucun enseignement puisqu’elle ne connaît qu’une seule langue, celle de l’antiracisme/fascisme citoyen et républicain/ droitdelhommiste/genriste/pas de vague teinté d’anticapitalisme et d'antiéconomisme.

Tout l’art des marketeurs et des politiques qui pratiquent ces langues avec virtuosité sous le pilotage (on dit aujourd’hui gouvernance) de la ploutooligarchie (ooh !), est de faire en sorte de produire des discours interminables, lénifiants, bourrés de détails mais où l’essentiel ne figure pas, bien dissimulé.

Pas facile mais cela s’apprend, peut-être chez les Frères si présents secrètement parmi nos politiques et magistrats (mais je n’en suis pas certain, je n'ai pas vérifié), en tout cas dans certaines écoles traitant de politique et d’administration en particulier (et l’on s’étonne ensuite que des étudiants révoltés de ces écoles divaguent, hurlent des slogans propalestiniens !).

L’UE est experte en la matière. Qui a réussi à lire jusqu’au bout une Directive de Bruxelles produite par la Commission le sait à ses dépens. Je doute qu’aucun de nos eurodéputés n’ait jamais réussi cette épreuve, ce qui explique leur survie. Qui a réussi à lire jusqu’au bout un mode d’emploi d’un appareil électronique grand-public (jusqu’à 100 pages de charabia) le sait mieux encore, surtout si l’appareil est d’origine chinoise (les traducteurs automatiques laissent souvent à désirer).

Ce charabia - langue de de bois, ou charabois, c’est du gloubi goulba élaboré que l’on se doit de maîtriser si l’on veut en être, si l’on veut faire partie de cette élite d’inspiration soviétique, tant elle rappelle l’importance de la novlangue si présente dans l’aventure des soviets. Changer le sens des mots fait en effet partie des techniques du charabois. On n’y est pas encore, chez les soviets, mais on s’en inspire.

Un exemple : l’immigration. Sujet typique d’extrême-droite diront certains esprits déjà enfumés par le charabois, mais sujet d’importance, simple et concret. Des centaines de milliers de migrants arrivent en France chaque année, l’équivalent de nouvelles grandes villes en termes démographique. Loin d’être négligeable.

Les Français (de toutes origines) qui prennent le métro parisien (et le RER) très tôt le matin se rendent compte que ceux qui travaillent tôt le matin ont en majorité un autre teint. C’est comme si la Tour Eiffel changeait de couleur entre 5h et 7h du matin. De quoi se poser des questions. Eh bien depuis 40 ans, la question n’est pas posée, elle est dissimulée, jamais aucun politique n’a osé l’aborder franchement. Comment ? En baragouinant le charabois, langue de tous les discours dissimulateurs, manipulateurs ou mensongers.

Autre exemple : les caméras de surveillance. Comme la sécurité des personnes et des biens progresse sans discontinuer dans notre société (on est bien dans une société « progressiste », ce qui veut dire « en progrès » en novlangue charabois), les gens s’équipent de plus en plus de caméras de surveillance à reconnaissance faciale. Ceci afin d’être immédiatement avertis sur leur mobile de l’arrivée de leurs invités les plus chers, et de leur faire la surprise d’ouvrir grand leur porte dès qu’ils sont à proximité.

Ces produits sont, on ne sait pourquoi, fabriqués et même conçus en Chine. En fait, je soupçonne un peu pourquoi : quand j’étais étudiant dans une école technique, il y avait quelques étudiants et surtout étudiantes chinois(es). Eh bien en fin d’année, le classement était systématiquement le même : étudiantes chinoises en tête (un point pour les féministes, mais elles n’étaient pas toutes séduisantes, et n’avaient pas toutes bon caractère), suivies des étudiants chinois et du reste. Le reste, c’était nous, des garçons - il n’y avait quasiment pas de filles dans la techno à l’époque - blancs de peau qui ont atteint aujourd’hui le grand âge, et à qui le charabois conseille gentiment de disparaître (cf. le projet de loi traitant d’euthanasie bienveillante). Cela remonte à un demi-siècle : ces Chinois ont eu le temps de concevoir des caméras à reconnaissance faciale …

Aimant recevoir mes amis et leur prouver ma grande attention, j’ai entrepris de documenter ces caméras de surveillance chinoises. Mon revenu ayant été divisé par deux suite à ma retraite (je n’étais ni fonctionnaire, ni employé SNCF - j’y avais tenté ma chance mais j’avais échoué à un test d’habileté manuelle : suivre un fil sans le toucher en tenant un cercle entourant ce fil - ni EDF ou RATP, mais salarié du privé), je surveille mes dépenses. Les produits chinois sont réputés bon marché. Banco.

Mais un point m’inquiétait : comment être averti par l’association caméra/mobile de l’arrivée de mes amis. Les documentations évoquaient le « push » qui est une sorte de coup de pied au derrière par surprise, ici un signal sonore et visuel sur le mobile (l’Anglais est vraiment une langue synthétique). D’autres documentations assuraient que ce « push » supposait un abonnement mensuel de 5 € par caméra et par mois (étant d’une génération un peu dépassée, prendre et payer un abonnement en Chine n’avait pour moi rien d’évident), ou encore que l’on pouvait à la rigueur et éventuellement recevoir un « push » gratuit, mais pas mémorisé dans le « cloud » (le nuage – ne pas confondre avec le paradis).

Toutes ces documentations étaient cafouilleuses, partielles, contradictoires, finalement obscures : du charabois. Je ne saurai finalement pas à quoi j’aurai droit en termes de « push » en achetant une caméra sans souscrire à un abonnement. En revanche, côté performances, pixels, vision de nuit, zoom, reconnaissance de l’humain/chien, innovations technologiques de toutes sortes, il y en avait des tartines parfaitement superfétatoires, typique du charabois commercial (et politique quand ils vous noient dans des détails dont vous n’avez que faire).

Poutine, l’un des grands soviétologues de notre temps, expert par conséquent en science du mensonge, parlait de « société du mensonge » évoquant « l’Occident collectif ».

Je me permettrai de corriger son propos : je pense que « société du charabois  » convient beaucoup mieux pour nous décrire, société du "faire croire", mélange d’astuces, de demi-vérités, de demi-mensonges, de petites et grandes dissimulations, visant à nous faire acheter un produit que l’on ne découvrira vraiment que quand on l’aura en main, ou à nous convaincre qu’il n’y a rien de mieux que telle ou telle évolution de la société : vers une société multiculturelle par exemple, idéal du progressisme antiraciste/fasciste (et idéal d’acronymes très puissants par ailleurs - USA, FMI, ONU - est-ce un hasard ?), surtout pas comme le Japon.

Mais comme chacun sait, le Japon n’est pas un modèle en matière d’antiracisme/fascisme, notre nouvel idéal, remisant notre belle devise Liberté, Égalité, Fraternité.


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21 réactions à cet article    


  • ricoxy ricoxy 30 septembre 09:56

     

    Lingua tertii imperii (La Langue du troisième empire) de Viktor Klemperer, 1984 de George Orwell, L’Hexagonal tel qu’on le parle de Robert Beauvais... autant d’ouvrages traitant de ce que les soviétiques appelaient la langue de chêne.

     

    On en revient à ce constat de Stendhal (attribué à Talleyrand) : la parole a été donnée à l’homme pour déguiser sa pensée.

     


    • Fanny 30 septembre 14:17

      @ricoxy
       la parole a été donnée à l’homme pour déguiser sa pensée.

      C’était mon idée, mais je n’aurais su le dire aussi court, aussi clair et limpide.

      Au lieu de quoi, j’ai proposé un mot : charabois. Ca sonne pas mal.


    • @Fanny
      Bonjour
      Une assez bonne description générale auquelle j’adhere (ton article)


    • ricoxy ricoxy 30 septembre 22:28

       
      @Fanny
       
      « j’ai proposé un mot : charabois. Ca sonne pas mal  » Oui, c’est bien trouvé. Quand on entend charaboiser les hommes politiques, on a la gueule de bois.
       


    • Christophe 1er octobre 14:25

      @ricoxy

      On retrouve aussi les mêmes approches chez Jean-Paul Marat : Derrière les beaux mots se cachent souvent les plus viles des intentions (Les chaines de l’esclavage, 1792), une approche (déjà) de la vie vie politique britannique.


    • Jean Keim Jean Keim 2 octobre 18:55

      @ricoxy

      << la parole a été donnée à l’homme pour déguiser sa pensée. >>

      Donnée par qui ?

      La pensée et la parole se développent ensemble, cependant au début de sa vie, le bébé commence d’abord à penser, en toute circonstance la pensée vient en premier...


    • Francis, agnotologue Francis, agnotologue 30 septembre 10:40

      ’’On peut tout perdre, la souveraineté, la monnaie, la maîtrise des frontières voire une partie du territoire (Serbie), restera la langue que personne ne peut nous prendre. Sauf le charabia, la novlangue, la langue de bois et toute forme de dégradation de la langue qui accompagne souvent des changements politiques importants et inquiétants. Halte au charabois !’’

      >

      Pervertir c’est perdre. Une langue pervertie n’est plus une langue vivante, c’est une langue moribonde.

       

      « La langue de bois était celle de la rigueur idéologique ; la langue de coton est celle des temps nouveaux. Elle a le triple mérite de penser pour vous, de paralyser toute contradiction et de garantir un pouvoir insoupçonné sur le lecteur ou l’auditeur. Ses mots sont séduisants, obscurs ou répétitifs. Floue ou redondante, banale ou ésotérique, elle a réponse à tout parce qu’elle n’énonce presque rien. Ou trop, ce qui revient au même. »

       

       Ps. J’ai failli arrêter ma lecture au chapeau. J’aurais dû. Mis à part les poncifs énoncés, je n’ai rien compris à l’article.


      • Fanny 30 septembre 14:21

        @Francis, agnotologue
         J’ai failli arrêter ma lecture au chapeau. J’aurais dû

        Vous auriez-dû arrêter au titre, charabois, le reste c’est juste pour agrémenter ce mot, l’article est en effet assez creux.


      • leypanou 30 septembre 11:37

        Le parti de la liberté (FPÖ) vient de gagner les élections en Autriche.

        Le FPÖ se caractérise essentiellement par son attitude critique via-à-vis de l’immigration ainsi que le soutien à l’Ukraine.

        Il demande aussi à ce que l’Autriche se retire de l’Initiative de défense anti-missile européen.

        Ce sera intéressant de savoir quelle était la position du FPÖ sur la piqûre obligatoire mise en place en Autriche lors de la pseudo-pandémie.

        Plus de détails ici.


        • Fanny 30 septembre 19:28

          @leypanou

          Le parti de la liberté (FPÖ) vient de gagner les élections en Autriche.

          L’Autriche est toujours neutre, acec l’Irlande + Malte et Chypre.

          L’attitude atypique des Autrichiens a peut-être quelque chose à voir avec l’Autriche-Hongrie, cette dernière étant un autre « dissident » / la doxa UE. Après la disparition de l’Empire, ce fut l’Anschluss puis l’Empire américain. Leur neutralité : une façon de dire ras le bol de la « Grande Histoire ».


        • xana 30 septembre 11:41

          Il y a un mois, j’ai utilisé pour la première fois le terme imagé de « gloubi-glouba » (orthographe approximative) dans un de mes commentaires à l’adresse de Patch(no)work sur ce site. Je trouvais ce terme assez imagé pour décrire la diahrrée quotidienne approximative et infantile de cet auteur.

          Immédiatement d’autres commentateurs m’ont reproché d’avoir mal orthographié ce « mot ». J’ai fait des recherches sur son origine et j’ai compris pourquoi : Je n’avais effectivement jamais regardé la série « l’Ile aux enfants », puisque le gloubi-etc est le nom d’une recette de son héros Casimir pour un gâteau improbable. Je préférais Victor Hugo.

          Eh bien je regrette d’avoir tenté d’utiliser ce mot que je ne connaissais pas et je ne l’utiliserai plus jamais. J’ai la prétention de parler la langue française contemporaine et je peux me passer des mots infantiles popularisés par la télé.

          J’espère que mes honorables correspondants qui ont suivi « l’ile aux enfants » voudront bien me le pardonner...


          • Fanny 30 septembre 14:27

            @xana
            J’espère que mes honorables correspondants qui ont suivi « l’ile aux enfants » voudront bien me le pardonner...


            J’étais de ceux qui vous ont reproché votre orthographe fautive.

            Gloubi goulba fait partie de la langue française contemporaine, peu importe son origine. L’acoustique est très réussie, cette expression va rester à jamais dans la langue.



          • Fanny 30 septembre 19:11

            @gardiole
            Plutôt « gloubi-boulga », il me semble.

            Mais oui !

            Honte à moi, qui prétend faire la leçon.


          • Corcovado 1er octobre 08:59

            @xana

            C’est drôle, il y a quelques jours je me demande si je n’ai pas utilisé ce terme pour qualifier les envolées de ddacoudre ou de lebel...

            Néanmoins, pour obtenir gloubi-glouba vous avez du faire une osmose entre gloubi boulga et djobi djoba, non ?

            Pour l’anecdote, ça me rappelle un moment vécu collector dans les années 80, où un sympathique jeune très disert, d’origine marocaine, se réclamant quelque peu intellectuel, nous avait tenu un long discours qu’il avait conclu théâtralement par : « C’est astromineux ! » 


          • xenozoid xenozoid 30 septembre 20:45

            l’art de la paix c’est la guerre


            • ETTORE ETTORE 1er octobre 13:15

              Par Fanny@

              Et il n’y a pas « la langue de vipère » dans tout cela !

              Et pourtant, ce serait celle qui, à mon humble avis, caractériserait le mieux la « scission » ( entendez vouS touS ceS Serpents qui Sifflent Sur vos têteS ) du langage actuel, tellement superficiel, mais si bien utilisé, comme bouclier à toutes responsabilités !

              Nous attendons tous un « MOI JE » FORT, engageant, probant, autre qu’un « mais qu’ils viennent donc me chercher » qui en finalité, n’est qu’une déclaration d’impotent sur chaise à roulettes, qui demande à nous balader.

              Dans le temps, Fanny, dans le temps, parole donnée, avait foi de contrat passé  !

              En ces jours, ou, les minutes de silence, pour meurtres, seraient si nombreuses, à imposer, qu’ils conduiraient l’"Assemblée Nationale, à se taire pour de bon, nous

              n’avons plus qu’un sinistre bruit de fond, de cette insondable galaxie de beaux parleurs, dont on ne sait plus, ce qu’ils veulent nous vendre, si ce n’est pour nous acheter .


              • Fanny 1er octobre 13:45

                vouS touS ceS Serpents qui Sifflent Sur vos têteS 

                Me rappelle le Lycée Buffon en 1962, classe de 1ère M (sans latin) mais avec un prof. de lettres extra. dénommé Grenet qui nous décryptait Racine comme des équations de maths. Un souvenir qui ne s’efface pas.

                Dans le temps, Fanny, dans le temps, parole donnée, avait foi de contrat passé !

                A l’Est et dans le Sud, il paraît que c’est toujours comme ça. Je ne sais pourquoi, j’y vois une marque de virilité. Aurions-nous perdu la virilité ?


                • xana 1er octobre 20:10

                  Beaucoup de scientifiques ont perdu des années à rechercher ce qui pourrait être le propre de l’homme (par rapport aux autres animaux).

                  En fait s’il devait y avoir une réponse ce serait certainement le mensonge.

                  Hélas, cela n’est pas réservé aux Occidentaux, mais ils y excellent.


                  • Corcovado 3 octobre 17:16

                    @xana

                    Ils excellent aussi dans l’inventivité, ceci depuis de nombreux siècles. Et à part les copier pour les plus doués, ou les jalouser pour les autres...


                  • xenozoid xenozoid 1er octobre 20:15

                     Ensemble, ils vivent dans un enfer de non-accomplissement. Ce qu’ ils ont besoin est une véritable communauté autour d’eux, de sorte que leur parentalité ne les force pas dans d’indésirables « respectabilité », de sorte qu’ils seront toujours libres d’avoir des aventures individuelles dont ils ont besoin pour maintenir leur temps réelement ensemble, de sorte de ne jamais se trouver eux-mêmes si perdu et désespérément seul.

                    L’homme bourgeois dépend de l’existence d’un courant mythique pour justifier son mode de vie. Il a besoin de ce courant parce que ses instincts sociaux sont aussi biaisées que la démocratie elle-même : il pense que quel que soit ce que veut ou fait la majorité, cela doit être vrai. Rien ne pourrait être plus terrifiant pour lui que de sentir aujourd’hui : qu’il n’y a plus une majorité, si toutefois elle ait une fois vécue

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