Charlie-Hebdo Belgique : le Roi des cons abdique !
Chers langenoten, beste compatriotes !
En ce jour de gloire oùske plus rien peut m’arriver puisque, tout à l’heure, je vais me transférer dans le club des retraités, gardez en mémoire que j’ai tenté d’être un bon Roi, qui a toujours été pour les frites à volonté, le partage relatif des richesses, le plein emploi et sur le parfait bilingue.
Maintenant que je peux aligner vingt ans de carrière ouske j’ai dû faire semblant de m’intéresser à tout ce qu’on m’a dit, de longs voyages de représentation à l’étranger, d’engueulades avec ma femme, de parades militaires inutiles, de raccomodages institutionnels qui ne servent à rien et de si nombreuses signatures de lois et d’arrêtés que j’en ai mal au poignet, j’estime avoir assez servi la Nation pour enfin tirer ma révérence en disant urbi et orbi que je pars pas’-que je suis trop vieux, mais en vérité pas’-que j’en ai marre de vos chamailleries Nord-Sud et que j’en peux plus de vous voir déchirer du matin au soir mon drapeau national, cette serpillière noire jaune rouge qui sert plus à rien, sauf pour le football, lequel restera, jusqu’au Brésil, notre denier ciment national …tant qu’on se fera pas éliminer par plus fort que nous si seulement il y en a, ou par un arbitre qui n’aura rien vu pas’que tout le monde sait qu’on est trop petit pour gagner.
Ouais, je sais : Là je m'égare, mais en Belchjque, tout le monde s'égare, au point qu'on se retrouve tous sur le même chemin.
Un chemin semé d'embûches, mais ça n'est pas moi qui les ai mises, mmh ?
Wé, enfants de la Patrie ! Contre nous de la tyranie, abreuvez mes microsillons : je me barre avec le sentiment du devoir accompli. L’honneur est sauf, pas le votre, le mien seulement. Au moins moi, je rentrerai dans l’histoire pas'-que j'ai sauvé en toute dernière extrémité la couronne que je transmets à mon fils… Le vrai, hein ! L’ainé donc, hein. Pas le zot, ça va de soi.
C’est aujourd’hui dimanche que l'xième épisode de ce conte de fée familial qui dure depuis 1830 deviendra effectif : Belches, votre propre pays que vous rejetez tous, je le lui confie.
Et vous, je vous confie à lui, il sera sage et obéissant. Donc tachez de le rester ossi !
Midi trente, c'est l'heure solennelle avant d'aller manger. Levez-vous et entonnez tous avec moi le chant du départ. Pardon, notre hymne national sur le ton feutré de Si bémol. La Brabançonne, celle dont aucun d’entre vous, quelle que soit son origine ethnique, ne connait les paroles, n’est-ce pas ? Et vous aussi, qui restez cachés derrière la colonne en croyant que je vous ai pas vus ! Sinon, chers compatriotes, beste landgenoten, plus personne ne croira que vous voulez absolument rester Belches, n’est-ce pas ?
Et si ça est pas le cas, n’attendez pas de moi que je coule une larme sur votre sort. Ni que je m'apesantisse sur mon avenir qui est d’ailleurs assuré, ni sur le votre qui l’est beaucoup moins …en admettant que vous en ayez encore un, évidement.
Chers compatriotes, beste landgenoten, avant qu’une nouvelle mine oubliée ne vous pête à la tronche, je vous engage à aller de l’avant sans reculer pour mieux sauter. Et donc, subséquement, d’ossi hennir, pardon honir, le « Belgie barst – que la Belgique crêve « qu'éructent Bart-tabasse et toute sa troupe de méchants revanchards qui m’aiment pas. Comme si j’avais pas fait preuve d’assez de flamingantisme pour être le Roi de tous maintenant ! Un paragraphe qui se trouvera pas sur le même papier écrit en flamand ossi. C’est que si je leur disais ça, je sortirais de ma réserve et je risquerais une perte de ma dotation, un jet de bananes flambées, voire quelques coups de vice et p-t’être même ma belle villa à Ostende ossi.
Alors, en ce dimanche 21 juillet, jour du nationaal feestdag, toujours une semaine après la France même durant les années bis-sextilles, je passe l’éponge.
Pardon, la main.
Bref, j’abdique et, corne de bouc, je suis vachement soulagé de le faire !
Mine de rien, si y pleut pas juste après le défilé, c’est tous ensemble qu’on va se taper deux grandes fêtes populaires en une seule. Une excellente idée venant de moi. Pensez-donc, elle vous permettra de faire de fameuses zéconomies, en ces temps difficiles où toutes les valeurs financières et morales s’écroulent les unes après les autres. Et puis, ce sera ossi toujours ça d’impôts en moins que mes ministres demanderont à votre portefeuille, n’est-ce pas ? Un portefeuille dont tout le monde sait qu’il se trouve côté cœur, mais avec si peu de place autour qu’on peut plus rien y mettre d’autre.
On me regrettera, vous allez voir !
Et puis, godferdoem, c’est quand même mieux d’avoir un Roi qui n’a rien à dire mais qui le dit quand même, qu’un Président de la République qui a tout à dire mais qui dit jamais rien. Oué-way ! Regardez où en est arrivé le Roi de Hollande, ce casoar qui est même pas de ma famille lointaine, ni de sang bleu non plus. Riez tant que vous voulez, même s'il émane du peuple, pas le plus bas, mais du peuple quand même, ce zig est nettement moins populaire que moi qui ai pourtant jamais été élu par personne ! Un Président devenu normal uniquement pas’-que DSK pouvait pas s’empêcher de tirer sur tout ce qui bouge. Tout ce qui bouge avec un jupon, je précise pour ceux qui croient pas que je suis tolérant. ...Et pour le mariage pour tous ossi ! Même si les enfants ne suivent pas, n’est-ce pas ?
Et moi le Roi débonnaire qui suis toujours resté sage, sauf quand je savais pas encore que j’allais devenir Roi, ces salots de politiks, élus par mon petit peuple encore bien, on dirait qu’ils zont toujours pris plaisir à ne faire que l’inverse de ce que je leur ai demandé ! Et le comble, c’est que si je les accuse façon Zola que ça est une bande de faux-jetons, ça est encore moi qu’on traitera de populiste.
Comme si c’était pas vrai maintenant !
En ce jour de fiesta, de trêve linguistique, de passation de pouvoir, de liesse populaire s’il n’y avait pas tant d’insécurité et si peu de flics dans les rues, je souhaite bonne chance à mon fils. Ceci dit, comme je suis lucide même si je le parais pas, je crains fort qu’il se casse les dents avec les séparatistes. Surtout ceux du Nord qui exigent déjà que dès lundi, il signe les nouvelles lois sous le nom de Filip, en flamand dans le texte. Tu as ma bénédiction, fiske ! Prends seulement ma succession et tous les ennuis qui vont avec. J’ai assez cogné, euh : donné !
En plus, c’est bien payé, tu sais…
Et si tu comptes pas tes heures de boulot comme je t’ai appris que tu devais le faire, peut-être qu’un jour tes antigonistes, pardon, tes antagonistes, finiront par t’appeler Flupke Premier. Ou Philippe-Egalité, c’est bon ossi. Je dirai même que ça sonne encore mieux, une fois.
A toi les lambeaux de la Belgik ! Je te la lègue en héritage avant même que je sois mort. Le plat pays ousque le surréalisme a toujours dépassé le réalisme.
Et si tu te prends un peu trop souvent les pieds dans le tapis, y vont tous rire et au moins tu tomberas jamais dans le précipice, tout le monde sait ça.
Même dans la chambre de visite oùsqu’il y a le trône…
Belges ou le peu qui en reste, tous après moi : Longue vie au nouveau Roi – Leve de nieuwe Koning !
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