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Accueil du site > Tribune Libre > Charlie Hebdo, Hyper Cacher : des assassinats ciblés
#34 des Tendances

Charlie Hebdo, Hyper Cacher : des assassinats ciblés

Les attentats commis en région parisienne les mercredi 7 et vendredi 9 janvier 2015 ont été planifiés pour terroriser le peuple français et « venger l’honneur de l’Islam » aux yeux des musulmans endoctrinés par la rhétorique djihadiste. Mais contrairement à ce qui a été affirmé ici et là à diverses reprises, l’objectif de ces assassinats barbares ne visait pas à faire « le maximum de victimes », contrairement aux massacres qui ont été perpétrés plus tard, en novembre de la même année au Bataclan et aux terrasses des cafés, puis l’année suivante à Nice...

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Dessin de Cabu (8 février 2006)

Saïd et Chérif Kouachi ont agi au nom d’AQPA (Al-Qaïda dans la Péninsule arabique) ; Amedy Coulibaly au nom de Daech, l’autoproclamé État islamique. Malgré les objectifs géopolitiques divergents de leurs commanditaires, cela n’a pas empêché les tueurs de coordonner leurs actions, grâce à des liens personnels entretenus depuis des années. Avec, pour probables objectifs : 1) d’obtenir dans un premier temps un effet de sidération sans précédent dans la population française ; 2) d’engendrer dans un deuxième temps une psychose de nature à gêner l’activité du pays ; 3) d’amener nos compatriotes à exercer une forte pression sur les pouvoirs publics afin qu’ils désengagent l’armée française des actions extérieures où nos troupes étaient engagées.

Trois groupes de personnes ont été visés par les terroristes, avec pour consigne évidente d’épargner les femmes : 1) l’équipe de rédaction de Charlie Hebdo, coupable aux yeux des frères Kouachi et de leurs commanditaires d’avoir, en différentes occasions, publié des caricatures offensantes de Mahomet aux yeux des musulmans ; 2) les policiers et les gendarmes, au titre de symboles d’un État coupable d’ingérence militaire dans la géopolitique moyen-orientale et subsaharienne ; 3) les Juifs de France, coupables de soutien constant au sionisme, à l’oppression du peuple palestinien, et aux actions militaires orchestrées par les forces de l’Otan au Moyen Orient.

Ces objectifs ont été respectés à la lettre par les tueurs ! Certes, deux femmes sont tombées sous les balles des tueurs : Clarissa Jean-Philippe, assassinée par Amedy Coulibaly à Montrouge, et Elsa Cayat, assassinée par les frères Kouachi dans les locaux de Charlie Hebdo. En l’occurrence, ces deux femmes ont été tuées malgré leur sexe, l’une au titre de sa fonction de policière municipale, l’autre au double titre de membre du Comité de rédaction et, peut-être, de Juive. L’avocate Sigolène Vinson, pourtant chroniqueuse judiciaire de cet organe de presse « diabolique » qu’est Charlie Hebdo aux yeux des djihadistes, a été délibérément épargnée. Quant aux assassinats commis dans l’Hyper Cacher de la porte de Vincennes, ils ont tous été commis contre des hommes alors que la grande majorité des clients de la supérette était constituée de femmes !

En observant le parcours des tueurs, une autre évidence s’est imposée : d’autres personnes auraient pu être tuées par les terroristes s’ils ne s’en étaient pas tenus à leurs objectifs : l’automobiliste auquel les frères Kouachi ont volé la voiture rue de Meaux pour poursuivre leur fuite après avoir percuté un véhicule place du Colonel-Fabien ; le gérant de la station-service Avia de la nationale 2 au sud de Villers-Cotterêts (Seine-et-Marne) ; la conductrice à laquelle ils ont volé une nouvelle voiture à Montigny Sainte-Félicité (Oise) ; enfin, l’imprimeur de Dammartin-en-Goële, Michel Catalano, un ancien footballeur professionnel qui, avant d’être relâché, a passé près d’une heure avec les deux frères et soigné Saïd Kouachi, blessé un peu plus tôt au cou par le tir d’un gendarme.

Des soldats d’une cause barbare

Leurs cibles atteintes, les trois terroristes sont morts probablement comme ils l’avaient souhaité : en djihadistes, les armes à la main, en « martyrs » revendiqués d’une religion musulmane dévoyée, dans un face-à-face suicidaire avec les forces du GIGN et du RAID. Morts sans doute avec la satisfaction d’avoir accompli leur mission, et seulement celle-ci, sans victimes superflues n’appartenant pas aux cibles visées : Charlie Hebdo, la police et la gendarmerie, la communauté juive. En cela, les terroristes de janvier 2015 sont suivi la même voie que Mohammed Merah trois ans plus tôt : en mars 2012, celui-ci n’avait pas non plus tué n’importe quel profil de personnes, mais s’en était délibérément pris à des militaires à Toulouse et à Montauban avant de commettre un abominable carnage à l’école juive Ozar Hatorah de Toulouse.

Il faut se rendre à l’évidence : Saïd Kouachi, Cherif Kouachi et Amedy Coulibaly n’ont pas agi en décérébrés répondant à des pulsions incontrôlables induites par une radicalisation aveugle, mais en soldats déterminés et disciplinés d’une cause barbare contre des ennemis déclarés parfaitement identifiés.

Quelques mois plus tard, un nouveau pas était franchi avec les massacres du 13 novembre 2015 commis au nom de Daech dans la salle du Bataclan et aux terrasses des cafés parisiens (pour mémoire, ces attentats ont fait 130 morts et 413 blessés). Ce jour-là, sauf à admettre qu’étaient visés des lieux de loisirs*, ce n’est plus sur des cibles prédéterminées que les terroristes ont ouvert le feu, mais sur tous ceux qui ont eu la malchance de se trouver dans le champ de tir de leurs kalashnikovs.

Il n’était plus question de journalistes blasphémateurs, de Juifs ou de représentants de l’État, mais de personnes anonymes, françaises ou pas, qui n’étaient identifiées par ces criminels djihadistes à aucun groupe social, politique ou religieux. Des personnes simplement coupables de vivre en France et mortes pour s’être trouvées au mauvais endroit au mauvais moment comme cela aurait pu arriver à chacun et chacune d’entre nous ! Tout comme, l’année suivante, les 86 morts et les 458 blessés de l’attentat à la voiture-bélier de Nice.

En perpétrant cet ignoble attentat le 14 juillet 2016, c’est clairement la France entière qui a été symboliquement ciblée. Et qui continue de l’être comme l’ont malheureusement démontré les autres attentats commis les années suivantes par les fous d’Allah, au prix de 117 nouvelles victimes : 29 morts et 88 blessés. Autant d’évènements qui démontrent que la lutte contre les dérives islamistes sur le sol français reste un enjeu de sécurité permanent qui nécessite la plus grande détermination des pouvoirs publics.

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Oeuvre de Shepard Fairey

Outre le Bataclan, salle de spectacle où était donné un concert du groupe Eagles of Death Metal, et les terrasses des cafés, lieux de détente, il convient de ne pas oublier l’attentat avorté du Stade de France, lieu de loisir sportif, où se déroulait le match amical France-Allemagne.


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5 réactions à cet article    


  • Eric F Eric F 10 janvier 19:34

    Votre présentation m’apparait convaincante, notamment sur la différence des objectifs des assassinats ciblés de janvier 2015 par rapport aux massacres de masse de novembre 2015. Dans les deux cas, il s’agit de jihadisme revendiqué, mais les premiers ont délibérément été jusqu’à leur propre mort.


    • Fergus Fergus 10 janvier 20:03

      Bonsoir, Eric F

      Merci à vous. La « différence des objectifs » me semble en effet clairement établie.

      « les premiers ont délibérément été jusqu’à leur propre mort »
      Ceux de novembre également, la plupart étant même porteurs de ceintures d’explosifs.


    • rogal 10 janvier 19:45

      « en « martyrs » revendiqués d’une religion musulmane dévoyée »

      Sur quoi s’appuyer pour parler de dévoiement ?


      • Fergus Fergus 10 janvier 19:58

        Bonsoir, rogal

        Pour l’écrasante majorité des musulmans, l’Islam n’a rien à voir avec la lecture djihadiste qui conduit à perpétrer des actes de terrorisme !


      • ETTORE ETTORE 10 janvier 22:37

        Où on été enterrés ces « martyrs » ?

        Avec quel cérémonial ?

        Est ce que la mort pour eux, doit correspondre à un rituel précis, pour valider leur prescience des actes commis ?

        Pourquoi ne pas envisager, ,un rituel funéraire, qui leur ferait craindre, une non validation au repos éternel, qu’ils appellent de leurs voeux, validé par leurs actes ?

        Avec un peu de croyance inversement mobilisatrice que celle de leur passage à l’acte....On pourrait donner à réfléchir à certains, persuadés d’être en auto-croisade.

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