France 2 diffuse « Chateaubriand » mercredi 28 avril. L’acteur Frédéric Diefenthal est chargé de la lourde tâche d’incarner l’immense écrivain à tous les âges, de 17 à 80 ans ! Mais la magie du maquillage ne suffit pas, l’acteur de Taxi a dû lire entièrement « Atala » et « René » pour s’imprégner de l’esprit de l’écrivain. Et « aujourd’hui, Les Mémoires reposent toujours sur ma table de chevet. J’espère les lire encore pendant quarante ans, jusqu’à 80 ans, à l’âge où Chateaubriand est mort », confie-t-il au Télégramme.
"Je veux être Chateaubriand ou rien !", proclama un jeune écrivain qui s’appelait Victor Hugo. Il faut dire que René-François de Chateaubriand fut le premier des écrivains romantiques. On l’oublie mais Chateaubriand a formé non seulement Victor Hugo, mais aussi Flaubert, Michelet, George Sand et Villiers de l’Isle-Adam, ce dernier étant né breton comme lui.
Premier extrait : François-René de Chateaubriand, très âgé, arrive au grand galop à Saint-Malo pour y choisir le lieu de sa sépulture (voir illustration). Ses hôtes en aparté s’étonnent que le génie ne soit finalement qu’un homme comme les autres.
Deuxième extrait : François-René, très jeune. On y voit son père, chevalier et comte de Combourg, homme très autoritaire et sa soeur. Dans le sévère château de Combourg, avec sa soeur, Lucile (incarnée par Armelle Deutsch), le jeune François-René peuple les lieux de son enfance de personnages fabuleux. Au milieu de cet univers effrayant, se dresse un donjon hanté que les deux enfants visitent le coeur battant. Il y a aussi les inquiétantes déambulations du père, tel un fantôme : "Nous nous taisions quand il se rapprochait de nous. Il nous disait en passant "De quoi parliez-vous ?" Saisis de terreur, nous ne répondions rien ; il continuait sa marche."
La soeur tient un grand rôle dans le téléfilm, bien qu’elle soit ignorée dans les biographies de l’écrivain. Pour les nécessités de l’adaptation moderne sans doute, son rôle prend ici une place très importante. Elle souffre de désordre mental et l’on songe à Camille Claudel, la soeur dérangée. Et l’artiste oubliée aussi, car c’est Lucile qui se mit la première à l’écriture. (
Lucile de Chateaubriand, ses contes, ses poèmes, ses lettres)
Elle sera la confidente de son frère et plus peut-être mais la décence du prime time ne permet pas de l’évoquer : cet inceste possible parfois évoqué...
La sœur mourra en 1804 dans des circonstances tragiques.
(Lucile)
Troisième extrait : Ici est évoqué l’une de ses oeuvres politiques majeures "Le Génie du christianisme". Une oeuvre magistrale tout comme - surtout - les "Mémoire d’outre-tombe" qui ne devaient paraître que cinquante années après la mort de son auteur qui le voulait ainsi mais que des ennuis financiers obligèrent à publier plus tôt (juste après son décès).
Dans la seconde partie de sa carrière, Chateaubriand a pour maîtresse Madame de Récamier qui remplacera sa soeur dans le rôle de la muse.
L’homme a de quoi raconter ; Il a vécu la Révolution et les régimes qui lui ont succédé. Il a voyagé en Amérique, en Méditerranée. Sa vie autant que son oeuvre, si riches et complexes, seront-elles bien rendues par le couple Frédéric Diefenthal - Armelle Deutsch ?