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Chemins

J'aime l'idée que la vie est un chemin, cela suggère que l'on évolue dans des milieux différents, que l'on fait des rencontres qui encouragent ou entravent notre marche. Cela n'induit pas que l'on aille toujours droit devant, on peut tourner en rond, se heurter à des broussailles, ou des murailles, ou des précipices ; on peut s'y piéger, s'y heurter ou y tomber. Mais l'idée de chemin néanmoins exclut les rails et ses déraillements, mais suggèrent le hasard, l'aventure, les repos ici ou là sous un buisson d'épineux ou un arbre majestueux, ses baignades dans des gours ou dans des retenues d'eau claire ; cela évoque la curiosité de notre regard porté sans jamais d'habitude, sur les autres, le paysage au loin, le vécu d'un orage ou d'une cagne assoiffante...

Cela n'empêche pas le souvenir, l'expérience, les pièges que du coup on peut déjouer, ou bien non, par inadvertance ou inattention.

Le chemin ne finit pas, c'est le marcheur qui s'épuise.

On se souvient, quand on s'arrête, du temps où l'on ne savait pas, et où la vie était belle ; marcher, est-ce croquer dans la pomme ? Perdre son insouciance peut-être spontanée ?

Parce qu'au début, on ne voit pas les gueux mourir dans les fossés, on voit peu les paysages, on lorgne les marcheurs, et juste l'air sur sa peau comme sensation de vitesse.

J'ai toujours cru en la vieillesse comme une éclaircie et toujours su qu'elle serait mon âge, l'âge où il n'est plus besoin de faire semblant, celui où l'on s'autorise.

Et puis, il y a le chemin intérieur avec toutes les interférences, les conjugaisons, des déclinaisons, le chemin qui importe en même temps qu'il emporte ; on peut rester le même au bout des océans ou bien se transformer dans le coin d'un divan.

L'aventure intérieure est pleine de dangers, c'est pourquoi beaucoup gardent leur armure et ne l'entreprennent pas. Comme s'ils étaient posés une bonne fois pour toutes, chrysalide enfin métamorphosée et jusqu'au bout la même. D'autres le font mais oublient ce qui les entoure, en se coupant des réalités de ce monde, j'ai idée qu'ils ne peuvent pas aller bien loin. D'autres le font comme des chasse-neige, bousculant tout ce qu'ils rencontrent et ne retenant que ce qui arrange leurs ambitions.

Nous le commençons en suivant, en suivant le père, la mère, la fratrie, les professeurs ; puis en suivant les amis mais seulement parce que nous sommes ensemble, puis à deux, puis nous recommençons.

La plupart des chemins sont balisés et si on n'en prend pas conscience, qu'elles nous soient douces ou bien que l'on soit assez couard pour ne pas ouvrir les yeux, elles resteront. Bizarrement, ces balises ne sont pas des handicaps aux rencontres ou à la réussite, au contraire ; un chemin que l'on crée isole et devient un destin en soi. C'est la création, la création, pas l'exécution d'un talent qui relève de quelques facilités données, que l'on ne fait que suivre ; donc le risque.

Le risque n'est pas seulement dans ce qu'on entreprend, il est surtout dans ce que l'on apprend car quand on chemine, l'esprit ouvert, on écoute, on regarde, on retient, et, de fait, on apprend.

On apprend qu'on le fera, ce chemin de la vie, dans la même énergie que l'on est né et que tout ce qui s'est passé de drame, de traumatisme, d'abandon, de violence jusqu'à l'âge de quatre ans, cet âge de fin de maternage, est inscrit à jamais, ineffaçable et inguérissable ; certes, comme un cerveau endommagé trouvera d'autres connexions pour réparer, l'homme trouvera des subterfuges pour compenser ses manques et panser ses blessures, sans jamais parvenir à rendre insensibles ses cicatrices qui se rouvriront au moindre effleurement.

Chemin est un joli mot, mais il ne faudrait pas qu'il induise que le chemin de la vie soit un déplacement perpétuel, comme cela semble être le cas aujourd'hui.

Pierre qui roule n'amasse pas mousse dit-on ; tout dépend de ce qu'on appelle mousse, mais il est vrai qu'on ne peut voir de la graine à l'arbre, de l'oeuf à l'abeille si on bouge tout le temps. Être neuf chaque jour, au même endroit, vaut mieux qu'être le même à tous les points du globe. Il y a du mouvement de toutes façons, ne serait-ce que les lumières, les saisons, les heures du jour ou de la nuit qui transforment un paysage que vous pouvez décréter connaître seulement si vous l'avez arpenté à chaque heure de chaque saison, aller/retour ! On peut voyager dans la profondeur, et son compagnon peut lui aussi être neuf chaque jour, tandis que les hommes d'un soir sont tous les mêmes puisque c'est soi prisonnier qui se prend dans la toile d'araignée. C'est si bien dit, là :

 

Nous ne marchons pas toujours, parfois nous nous reposons, parfois nous paressons et surtout, souvent, nous reculons, emportés par un courant contraire...

Mais au bout d'une vie, on n'en a amassé des savoirs, ou bien des biens, c'est selon ; pas seulement par l'école, les études ou les lectures, mais par le regard, l'écoute ; plus on avance en âge plus on sait que l'ordre n'existe pas, néanmoins des schémas se profilent qui ne se démentent jamais. C'est le savoir empirique, le savoir du peuple, de ses paysans, de ses poètes et le savoir-faire qui se transmet(tait) est un acquis au plus profond de soi et non pas des couches qui s'ajoutent à des couches.. sans ancrage.

On apprend par exemple que le philosophe n'est pas un créateur, qu'il ne propose rien mais qu'il est observateur avec un œil singulier et qu'il s'inscrit tout entier dans le monde qu'il décrit ou dépèce.

On finit par savoir que l'image est mensonge et que le « je crois ce que je vois » n'a aucune raison d'être, par l'image, c'est sûr, par la vue, du simple fait que l'on voit ce que l'on veut bien voir ou ce que l'on veut nous fait voir.

On sait que quand on ne trouve pas de champignons, on n'est jamais sûr qu'il n'y en a pas mais quand on en trouve, on les voit et on se fiche de tous les ramasser. C'est allégorie.

On apprend le pourquoi des êtres, et sans pouvoir forcément le dire, le relief ainsi révélé masque l'apparence donnée, pour dévoiler le fond mal-caché.

On apprend que toute normalité cache bien des souffrances indicibles, bien des secrets et l'on ne s'étonne plus d'un suicide, d'une rupture, d'un meurtre, même symbolique.

Et puis, la fatigue de la marche venant, en ôtant la rébellion la colère, laisse un constat sans complaisance mais sans rejet ; ce n'est pas grandeur d'âme, juste le point réel de son impuissance. Car le pardon, la sagesse, peuvent être encore vus comme les atours d'un moi qui s'entoure de protections.

 

Et puis ce chemin, inédit pour tous ceux qui vivaient dans un monde libre, tellement vanté comme libre, et qui ne pensaient pas croire ce qu'on leur disait mais apprendre en lisant, écoutant les informations, les analyses. La grille d'analyse était certes connue, d'un bord politique à l'autre, mais le contenu des infos n'était pas décodé comme induit par l'idéologie. Ainsi, j'ai cru, sans le savoir, que Ceaucescu était un monstre psychopathe, tout comme plus tard Sadam Hussein ou Kadhafi ; j'ai cru qu'on bourrait les urnes en Russie pour que Poutine soit élu et j'ai cru que ben Laden avait commandité l'attentat à New York. Et mille autres choses certainement que je n'avais alors pas de raisons d'approfondir, ces informations étant une part infime de ma vie. Sur ce chemin de hasard, ayant fait le rapprochement entre le Chomsky linguiste que j'avais étudié et le Chomsky dont j'entendais vaguement parler, je me mis en recherche de ses ouvrages.

Comprendre le pouvoir fut le premier volet qui me fut ouvert ; je l'ai dévoré comme on lit un polard, puis ne m'arrêtai plus.

Ainsi, j'avais pu vivre, en paix, dans ces mensonges, historiques, ou contemporains ; certes à l'époque je ne cherchais pas de cohérence, mais en y réfléchissant plus tard, alors qu'à l'époque cela ne me sautait pas aux yeux, à part nous, le monde était bien moche ! Je ne m'en sentais absolument pas flattée vu que j'étais déjà passablement rebelle et qu'à mes yeux rien n'allait par chez nous ; enfin surtout côté écologie. Non, juste passivement dupe et si j'avais la décence de ne pas parler politique, c'est que mon champ était rétréci au nôtre et que c'est dans celui-ci que je cherchais espoir ou solution pour l'avenir. Jamais je n'aurais imaginé qu'on me mentait à ce point tandis que lorsque j'ai commencé à le découvrir, j'ai été rassurée ; rassurée sur mon ressenti intuitif, quelque chose qui m'avait empêchée de pouvoir suivre les infos à la télé et, surtout, les débats !

De tous les apprentissages que j'ai faits dans ma vie, de toutes les connaissances même bien maigres que j'ai acquises, celle-ci fut la plus foudroyante qui touchait tous les domaines et m'éveillait d'un sommeil consenti parce qu'ignoré. Et au fur et à mesure que j'avançais dans cette voie je pouvais de moins en moins tolérer l'innocent sommeil de l'autre. Ce que j'apprenais corroborait de multiples savoirs intuitifs que je m'étais bien gardé de révéler, mais une fois autorisés, les sachant m'appartenant, je ne pouvais plus les taire.

Que de brouilles, d'éclats, de rancoeurs et de réconciliations embrumées de méfiance.

Comme je me souviens de mon enfance et pardonne aux enfants, comme je me souviens de mon adolescence et pardonne aux adolescents, je me souviens de mon ignorance et pardonne aux ignorants. Guère néanmoins à ceux qui me toisent, et qui du haut de leurs certitudes, acceptées, validées, revendiquées même, m'écraseraient volontiers comme un cafard s'ils l'osaient. Ou bien les sourds.

Pourtant, quand il m'arrive le soir de redescendre pour dégoter au fond d'un placard un vieux quignon gardé pour les chevaux et le dévorer sec ou couvert d'un peu de confiture parce que je n'ai pas assez mangé dans la journée, je ne m'en plains ni m'en inquiète, parce que je m'en fous, mais je sais que cette réalité me donne la capacité de conscientiser ce qu'un ventre plein trouve loisir à estomper. Et dans cette nudité, je n'arrive plus à comprendre comment on peut se leurrer pour vivre.

Car aujourd'hui, l'ignorance n'est plus permise et si je la concède aux jeunes tout envoûtés d'eux-mêmes, je ne veux plus l'admettre ailleurs.

C'est ainsi que je nous trouve globalement bien gâtés, bien dolents donc bien vils et s'il faut avoir le creux au ventre pour admettre la réalité, sans dogme, sans idéologie pour la filtrer, j'ai peur que beaucoup la connaissent dans des conditions plus dures que la mienne, et qu'il sera trop tard.

Mais le chemin nous montre, bien au delà des détails sans importance, que la réalisation de soi passe par la souffrance, dès la naissance, mais surtout que celle-ci n'est pas à craindre car elle est un état spécifique, initiatique et inévitable. Autant s'y plonger pour la vivre et ne pas la subir dans l'apathique déliquescence d'une vieillesse maladive ou la fuir dans les drogues de toutes sortes, dont certaines sont si primées aujourd'hui.


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38 réactions à cet article    



    • alinea alinea 15 avril 2015 14:33

      @paco
      merci paco.... cantalou


    • paco 15 avril 2015 15:04

      @alinea, je suis désolé, erreur sur mon lien incomplet et stérile.


       Ne suis pas trés bon en copier-coller. Tapez sur Googgle « Antonio Machado caminante no hay camino », vous aurez en traduction un beau poème qui complète le votre sur les chemins.

    • alinea alinea 15 avril 2015 15:08

      @paco
      je trouvais les tracés des anciens marins comme un beau dessin !!! mais n’ai rien pu en dire !!! smiley


    • alinea alinea 15 avril 2015 15:13

      @paco
      Celui là, je le garderai dans ma mémoire
      merci


    • Fergus Fergus 15 avril 2015 20:40

      Bonsoir, Alinea

      Paco ne te l’a pas dit, mais il connait de très beaux chemins en Auvergne. Et quelques-uns de ceux qu’il fréquente me sont également très familiers.


    • Prudence Gayant Prudence Gayant 15 avril 2015 10:51

      Si seulement il n’y avait pas de chemin !!

      Pas d’embûches et pas de nids-de-poule à attendre à craindre. 

      • alinea alinea 15 avril 2015 14:30

        @Prudence Gayant
        Une embûche, un nid-de-poule... attention,vigilance... la vie !!


      • caramico 16 avril 2015 09:24

        @Prudence Gayant
        Caminante no hay camino

        se hace el camino al andar...

        C’est celui qui marche qui fait le chemin


      • Gabriel Gabriel 15 avril 2015 11:01

        Deux chemins s’offraient à moi, j’ai pris celui où personne n’allait et là, j’ai compris toute la différence... On peut donner des indications pour la route de chacun mais le chemin, on le fait seul, solitaire et solidaire.


        • alinea alinea 15 avril 2015 11:25

          @Gabriel
          Je ne suis pas sûre qu’on prenne en conscience ou par volonté le chemin où personne ne va ; il s’agit juste de suivre sa propre cohérence, sa propre vérité et n’accepter ni compromissions ni obéissance ; la solitude c’est après, en plus, mais je ne crois pas qu’elle soit constitutive de la vérité de son chemin.


        • gaijin gaijin 15 avril 2015 13:03

          @alinea @ gabriel
          je crois que ce sont les chemins qui nous prennent et nous emportent . enfant j’aimais par dessus tout aller dans les bois ( des vrais bois ) et partir a la recherche des vieux chemins abandonnés.
          adulte j’ai fait la même chose : chercher les anciens chemins qui menaient a une humanité plus humaine
          on ne choisit pas, même si parfois on peut y croire : le chemin était là et puis c’est tout
          comme dit bilbo sacquet : « il est très dangereux de sortir de chez soi »

          le chemin solitaire c’est plus tard après avoir parcouru tellement de chemins depuis tellement longtemps ..........mais celui là je crois qu’il faut le choisir même s’il est là dès le départ


        • alinea alinea 15 avril 2015 14:28

          @gaijin
          Je ne pouvais pas faire autrement, je ne pouvais pas aller ailleurs et pourtant je l’ai fait par choix ; voilà l’adéquation...


        • gaijin gaijin 15 avril 2015 20:11

          @alinea
          oui c’est tout a fait ça , au delà de toute compréhension possible .....


        • cevennevive cevennevive 15 avril 2015 12:18

          Petite alinea, bonjour,


          Comme d’habitude, votre texte est digne de ceux des plus grands philosophes.

          Que dire ? Je pense ainsi que vous, mais vous le dites si bien !

          Pour ma part, j’en ai parcouru des chemins ! j’ai même emprunté des chemins de traverse lorsque j’estimais que j’étais en train de me perdre. Et chaque chemin a empli ma vie et ma vue de tant de choses, bonnes ou mauvaises, que je les vénère, maintenant que j’ai le loisir de repenser à eux.

          A la réflexion, cette remarque de Goethe « nul ne s’est jamais perdu sur le droit chemin » est fausse. Il faut un peu se perdre pour retrouver sa voie, puis se reperdre à nouveau. C’est ainsi que l’on peut multiplier (et mesurer) les joies et les peines.

          Bien amicalement.


          • alinea alinea 15 avril 2015 14:27

            @cevennevive
            Bien sûr, se perdre, se retrouver grandie, je suis bien convaincue qu’on prend le temps qu’il faut et que lui non plus n’est jamais perdu !!
            On prend des raccourcis qui rallongent, mais ce n’est pas pour rien ! mais c’est après qu’on le sait, quand on se retourne, et, comme en montagne, là d’où l’on vient semble si loin, et pourtant proche.
            J’aime en montagne ce collapse de l’espace/temps !!
            Et les chemins touffus qui débouchent sur une crête, et les descentes et les montées que gravit ou dévale notre curiosité !!
            Les Cévennes, pour ça... smiley


          • arcadius arcadius 15 avril 2015 13:23

            Alinéa

            chemins, sommières, lignons, sentes, sentiers,

            comme gaijin j ’aime à me laisser aspirer, envouter par ces chemins oubliés
             chez moi le chemin des moines, portion du trajet de compostelle, longtemps délaissé, envahi par les ronces et les églantiers, et aujourd’hui comme par magie, il renaît et revient à la vie....

            les chemins du seigneur et de l"amour sont impénétrables,

             raison de plus pour les suivre


            • alinea alinea 15 avril 2015 21:26

              @arcadius
              Vous l’appelez « seigneur », c’est déjà une balise, un lieu de reconnaissance et aussi de soutien.
              Certes ce n’est pas le mien, mais au fond tellement proche, et si je l’avais eu, beaucoup moins de reproches...


            • bakerstreet bakerstreet 15 avril 2015 13:28
              Bonjour Alinea. 
              Les confitures, elles sont parfois très bonnes. Ne pas mettre trop de sucre, et les conserver à l’envers, qui est une posture de yoga. 
              A la prune, ou aux mures. Moi ce sont ces dernières que je préfère. je les cueille dans des ronciers qui dominent la mer, quelque part entre L’ile de groix et la barre d’etel. Cela leur donne un gout de sel et de vent pour les jours de pluie, et vous sèche les larmes qui sont parfois une douce consolation apprise. Tout est finalement jeu de lumière et d’esprit.

              Bien sûr tous ces chemins derrière, ces chemins qu’on n’a pas pris. Et la route est passée si vite, qu’on est resté interdit de l’age, des saisons, et de l’image ingrate et fausse des miroirs.
              « Où mènent ces routes devant moi ? Ou vont ces trains que je ne prend pas ? » disait Moustaki.
              "Près d’une fontaine je m’assied un instant, je veux regarder passer le temps.
               
              Peut être devons nous rester, humblement, à parler des saisons, sur le pas des maisons tranquilles, sans nous soucier de la mer Egée, et des statues au teint d’albâtre. 
              J’avais ce projet avec quelques amis, à boire du vin blanc sous la tonnelle. Je me les conservais pour mes vieux jours. Mais ils sont morts et le paquet de cartes est à terre.
              Faire donc comme les grands anciens, à regarder nos enfants grandir, tous les enfants du monde, comme des blés qui mûrissent, avec le secret espoir de les voir partir, en disant : Je suis le messager.
              Les lèvres encore pleines de confiture. Entre sel et sucre, douceur et amertume.



              • alinea alinea 15 avril 2015 14:13

                @bakerstreet
                Oui, les confitures, faites par les amies, de fruits sauvages ; je ne suis pas très sucre mais il paraît qu’il console et donne l’énergie à l’instant ; je ne fais plus de miel, et, bizarrement, je n’en mange plus guère.
                C’est que je n’aime pas le sucre sur le pain !!
                Je parle des saisons, et je n’aime rien plus que tailler la bavette avec ma maraîchère, le vignreron d’à côté, un passant, un inconnu ; partage d’un instant, nourrissant comme le fruit cueilli sur l’arbre, ou les brocolis sauvages emportés dans un mouchoir qui agrémentent l’omelette du soir...
                Mais on ne dit pas cela, on s’y livre comme la fleur à l’abeille, nécessaire osmose...


              • Corinne Colas Corinne Colas 15 avril 2015 13:49

                Article inspiré !


                J’aime les chemins, les ai beaucoup défendu du bitume ou contre l’oubli. Comme dans la vie... pour qu’ils soient intéressants,ils ne doivent jamais nous obliger à retourner sur nos pas.
                 smiley

                • alinea alinea 15 avril 2015 14:16

                  @Corinne Colas
                  Parfois la curiosité nous pousse dans des impasses mais le chemin du retour n’est pas le même ! pas la même lumière et pas le même pas, j’aime ça au contraire, c’est fou ce qu’on voit les choses différemment quand on se met dans l’autre sens !
                   smiley itou


                • Corinne Colas Corinne Colas 15 avril 2015 20:36

                  @alinea
                  « c’est fou ce qu’on voit les choses différemment quand on se met dans l’autre sens »


                  ... justement !
                   smiley

                • Fergus Fergus 15 avril 2015 20:47

                  @ alinea

                  Très bien observé : le chemin du retour ne ressemble pas à celui de l’aller. Toujours aller de l’avant, sans contrainte ni déconvenue, c’est courir le risque de ne jamais faire cette découverte essentielle : les paysages comme les évènements prennent un autre tour lorsqu’on les regarde sous un angle différent.

                  Bonne soirée.


                • alinea alinea 15 avril 2015 21:22

                  @Fergus
                  Merci Fergus ; si, bien sûr, nous avons parlé du Cantal avec Paco...
                  moi aussi j’y ai fait quelques tours !


                • Lucide [email protected] 15 avril 2015 18:11

                  C ’est beau quand vous ecrivez, vous savez ?


                  • alinea alinea 15 avril 2015 21:10

                    @[email protected]
                    Cela me touche particulièrement et me va droit au coeur, merci bdpif


                  • Agafia Agafia 15 avril 2015 19:29

                    Merci pour ce texte magnifique d’Aragon mis en musique et interprété par Ferré, mais la version que je préfère est encore celle de Philippe Léotard, accompagné par Philippe Servain à l’accordéon.


                    Je ne peux l’écouter sans avoir une vague d’émotion qui me submerge. Leo chantait Ferré à merveille.


                    • Agafia Agafia 15 avril 2015 19:40

                      Quant à votre joli texte, je ne sais pas pourquoi - étrangeté du subconscient ou de l’inconscient , - cette chanson m’est venue immédiatement à l’esprit en vous lisant, liée aux chemins de nos vies qui se croisent et se décroisent. 


                      Et celle-ci me tient à coeur également.... Du temps de mon enfance... La voix de ma mère toujours chantant... smiley

                      • alinea alinea 15 avril 2015 21:09

                        @Agafia
                        Des picotis dans les jambes à la réentendre, comme un monde ancien qui arrive sans crier gare.. moi aussi je l’aime


                      • Karol Karol 16 avril 2015 08:16

                        Merci encore pour ce très beau texte.
                        Les chemins c’est mon enfance en Ardèche. Je les ai tous fait autour de mon village natal. Sur un chemin on est rarement dérangé, il suffit de mettre un pas devant l’autre et de laisser ses pensées vagabonder, alors le temps vous appartient totalement. Seule une croisée de chemins vous ramène sur terre et peut vous faire hésiter sur le trajet à suivre...


                        • alinea alinea 16 avril 2015 10:54

                          @Karol
                          Nous avons de la chance d’avoir eu des chemins, du temps de notre enfance ; la marche.. j’ai idée que la nouvelle génération de citadins n’est guère initiée à ses charmes.
                          Quand j’écris, je m’interromps pour marcher sur mes chemins et, par magie, les idées se mettent en place, les phrases s’organisent, et cette osmose entre les sens en éveil et la tête qui bouillonne est une véritable joie. C’est le cas pour beaucoup et sûrement pour tous, ceux qui n’y ont pas accès vivent un manque.
                          Aujourd’hui, les gens courent sur les chemins, des écouteurs aux oreilles !! cauchemar...


                        • klendatu2 16 avril 2015 08:21

                          Magnifique texte orné de commentaires dépaysants. Merci. smiley


                          • Le p’tit Charles 16 avril 2015 08:35

                            « Le chemin le plus court pour aller de la barbarie à la décadence passe par la civilisation »

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