Chéri je tousse, va chercher la pierre tombale
Elle est là, partout et nulle part à la fois nous disent-ils. Un jour à Tijuana le lendemain à Tokyo, et après ? Elle est là ; …d’ailleurs l’air suffocant et lourd en paraît chargé.
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« …Je ne sais pas ce que j’ai mais depuis que la grippe a pris exceptionnellement de l’avance sur l’hiver, ma vie a changé. C’est bien simple je ne suis plus le même. Alors qu’il y a quelques jours à peine je ne refusais pas…- non disons le clairement- je m’empiffrais de toute cette merde harâm, voilà que je me suis mis à bouffer halal, à lire les écritures coraniques et à effectuer plus qu’il ne faut de prières quotidiennes et de douloureuses rakats. »
Un téléspectateur devenu musulman.
Une fois de plus l’hystérie médiatique a frappé et les journaux télés, contraints par les milliards de la pub et la sempiternelle course aux audiences ont encore joué de ce qui fonctionne, du drame et du malheur qui guètent nos petites existences déjà bien accablées. A trop regarder les infos, ainsi de moins en moins bien nommées, c’est un fait, on finit par penser « info », à ne plus saisir en substance que cette rumeur de peur qu’ils distillent.
On n’a jamais vu pareil battage, pareil brouhaha télévisuel, pire même, pareille désinformation politico-médiatique depuis cette fameuse époque où, certaines frontières pourtant déjà dématérialisées sous les coups de la libéralisation des marchés, semblaient contraindre et filtrer les bons, des mauvais nuages. On n’a certainement jamais vu depuis, pareils conneries.
L’anxiété générale et légitime des populations est née de l’adroite exagération première des médias mais également des instances sanitaires internationales –de l’OMS qui place dés le début de la crise le seuil d’alerte à cinq sur une échelle qui en comprend six au total. Un geste sans doute exagéré pour une grippe dont on sait qu’elle recouvre des taux de mortalité à peine supérieurs à une grippe classique. Autrement dit, un geste carrément irraisonné lorsque l’on sait que cette même grippe, l’influenza, provoque chaque année aux Etats Unis et en moyenne, la mort de près de 36 000 personnes -ou se situe alors le seuil d’alerte ?-. A moins que tout ce petit monde ; responsables de l’info, politiques, cadres de l’OMS ne se choutent à la mescaline façon Las Vegas Parano –seule explication plausible à leurs hallucinations morbides et collectives-, je ne vois pas ce qui a bien pu –et peut encore- les pousser à abreuver le monde de pareils délires. La prévention ? Non, bien trop altruiste.
Plus que la mescaline et l’altruisme, il faudrait donc voir tout ce bordel, ces gesticulations anxiogènes et partiellement anesthésiantes, comme étant le résultat d’une conjoncture particulièrement crasse pour notre système capitaliste mondial, pour la finance et conséquemment nos politiques, sur qui l’on rejette en partie et sans mesure, la faute de la faillite d’un « modèle » tout entier. Dans ce sens, la dramatisation du phénomène de la grippe porcine ou « grippe A », ainsi joliment rebaptisée depuis quelques jours au prix d’une pression acharnée des lobbyistes du saucisson –pas tout à fait innocents dans l’histoire- sur les instances mondiales, ne serait rien d’autre qu’un « vulgaire leurre » médiatique offert à l’opinion planétaire. La crise de l’Occident -dont on peut dire encore qu’il fait le monde- est certaine, apparaissant marquée par une relative contraction des économies, une « mafiaisation » du système financier, un repli de plus en plus prégnant des libertés et des droits civils, une lente désagrégation de l’Etat providence là ou elle n’était pas encore tout à fait entamée, … j’en passe et des meilleurs. Cette grippe là ne pouvait ainsi pas mieux tomber et de surcroît servir l’ensemble des autorités légitimes et instituées –acteurs de la mondialisation (voir Adda)- dont la crainte certaine était –et est toujours- de voir monter et se répandre la protestation sociale face, justement, à la déliquescence du social.
En cela l’anesthésie est parfaite et totale. On suscite la peur, on détourne, on recentre les attentions et puis très rapidement, on endort.
Et pendant que la machine à penser fait son office, fédérant les hommes du monde autour d’une angoisse commune –et d’un système chancelant qui lui seul pourra pourtant les sauver de la pandémie-, pendant que la machine s’applique habilement à les éloigner de leurs propensions à la révolte, on parle gros sous dans l’industrie pharmaceutique. Car s’il y a un secteur qui ne connaît pas la crise en ce moment c’est bien l’oligopole de l’industrie pharmaceutique mondiale. Tout comme la grippe apparaît être une aubaine pour qui a su façonner son image, elle est une formidable chance pour certains labos tels que le suisse Roche -produisant le Tamiflu salvateur et réquisitionné par les gouvernements - de dégager cette année, des profits « records ».
Partout et très tôt dans les médias on a fait grand cas des pouvoirs miraculeux du Tamiflu sur la souche H1N1 de la grippe. Bien que beaucoup d’entre eux se soient en partie ravisés, prenant note de l’existence de doutes quant à son efficacité réelle sur certaines formes de grippe –sur sa dangerosité même-, on peut légitimement s’interroger sur cet engouement premier. On peut s’en interroger dés lors que l’on tombe par exemple sur certains rapports, tel que celui du groupe japonais Chugai Pharmaceutical , membre de la compagnie Roche et qui prévoit, certain de la pub qu’on lui fera, que les ventes de Tamiflu devrait connaître une augmentation de 531% en 2009 !
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