Chirac et la justice : trop tard !
Ils veulent juger celui qu’ils ont plébiscité.
« Mieux vaut un voleur, qu’un fasciste ». Il ne faut pas avoir la mémoire courte, comme l’aurait dit le maréchal Pétain, lui aussi vieillard et jugé dans un état de santé dégradé. Bien sûr, le reste n’est pas comparable.
Les mêmes qui, pour des raisons politiciennes, plus que de justice, veulent faire condamner Jacques Chirac, sont ceux qui, le sachant coupables, ont appelé à voter pour lui contre Le Pen, lui assurant, par la même, une nouvelle immunité présidentielle. A l’époque, il aurait pu être jugé en toute lucidité.
Aujourd’hui, bien trop tard, certains ne veulent pas tant le juger que le traîner devant les tribunaux pour l’humilier ; les mêmes, qui reprochent à la justice américaine les vexations subies par DSK. Or le peuple, qui a du bon sens, sent bien que l’acharnement sur des vieillards diminués est malsain, même pour de bonnes causes, et que le traitement, à géométrie variable, des humiliations est plus que suspect. Il est évident qu’une justice très engagée se sert du troisième pouvoir pour imposer ses conceptions politiques, transformant ses adversaires en condamnés.
Ces réflexions ne retirent rien au fait que Chirac est peut être, sinon sans doute, coupable de ce qu’on lui reproche et d’un système de financement occulte et condamnable à la mairie de Paris. Ceci dit, cela reste sans commune mesure, en comparaison du parcours politique d’un président, même si on a le droit de désapprouver son action politique.
Les images d’un vieil homme diminué parlent d’elles-mêmes et confirment un rapport médical que personne ne met en doute. Il y aura donc procès, mais sans le principal accusé. En fait, cela retire tout intérêt à une confrontation sur des faits remontant à 20 ans, mais fait enrager les « humanistes démocrates » qui l’auraient traîné en civière, comme Moubarak.
La prescription est faite pour éviter cela
Nos démocraties ne pratiquent plus la prescription pour des crimes condamnés par idéologie ou pour des hommes poursuivis, au-delà des faits, pour leur image politique.
Ainsi on peut mettre en balances deux images du week end dernier celles de Chirac et de Dsk. La volonté des médias de présenter un innocenté de retour dans un pays qu’il aime et qui l’aime, aux côtés d’une femme admirable, laisse plus que perplexe. C’était trop. Et cela n’avait aucune chance de passer, comme le savent bien les têtes du PS, pas pressées d’accueillir dans la campagne de primaires le « nouveau Dreyfus et sa vierge Marie », comme a ironisé, dans un dîner privé, un proche de Montebourg.
Cette complaisance médiatique, vis-à-vis d’un homme pas innocenté, puisqu’il n’y a pas eu de procès, pas bénéficiaire d’un non-lieu à la française, mais seulement d’un abandon de poursuite au pénal pour cause de procédure américaine et qui devra encore s’expliquer au civil y compris peut être en France, contraste avec l’attitude des mêmes médias vis à vis de jacques Chirac.
On perçoit le regret des mêmes qu’une proie judiciaire soit sur le point de leur échapper. Mais quand on voit les images de la dégradation physique dramatique de l’ancien président, c’est la compassion populaire qui l’emporte. Les Français pensent que pour ce qu’on lui reproche, au regard de son passé et de son état actuel, il faut lui foutre la paix.
Mais que vous soyez de gauche ou de droite l’idéologie médiatique sera, a votre égard, complaisante ou intraitable… Les jugements des cours médiatiques, les seuls qui comptent vraiment comme le sait le pouvoir judicaire, vous rendront blancs ou noirs.
Mais c’est la même idéologie médiatique, qui a transformé le deuxième tour de l’élection présidentielle de 2002 en parodie de démocratie et en hystérie politique, faisant plébisciter l’homme qu’elle veut juger aujourd’hui. Or c’est à cause d’eux qu’il ne sera jamais vraiment jugé. Chirac a perdu sa lucidité. De toute évidence, certains, bien plus jeunes, l’ont perdu depuis bien plus longtemps.
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