Chômage : il y a de l’emploi, mais personne ne le voit
Le changement de braquet social-démocrate de François Hollande vers une politique de l'offre a beau être consommé, rien n'y fait. L'allégement de 35 milliards d'euros des cotisations patronales, censé encourager les dirigeants à embaucher, peine à faire ses preuves. On nous dit qu'il faut du temps. Ah, oui, c'est vrai, le temps. En attendant, le chômage prospère, bête retorse et obèse qu'on nourrit à coups de plans sociaux : Darty, La Redoute, Gad, Kem One, Virgin, Michelin, etc. En 2013, 60 000 entreprises, connues ou moins, ont annoncé des procédures collectives. Tout fout le camp.

Et si, plutôt que de laisser du temps au temps, on arrêtait deux minutes avec le fatalisme ambiant pour se concentrer sur les points positifs : les secteurs qui embauchent. Surprise, ils existent ! Le problème étant qu'à force de ne jamais en parler, préférant braquer les projecteurs sur ce qui va mal, des filières entières ont toutes les peines du monde à trouver des candidats.
Entendons-nous bien. Dénoncer les injustices, aberrations et autres chausse-trappes du système est une nécessité de premier ordre. Mais quand ce combat vire à l'aveuglement, il se fait bien souvent au détriment des solutions qui pourraient précisément contribuer à gommer ses motifs originels. En d'autres termes, accorder une visibilité considérable à la courbe toujours croissante du chômage c'est, mécaniquement, s'intéresser beaucoup moins au façon d'inverser la vapeur.
Si nombre de métiers ne trouvent pas preneurs, c'est que, faute de publicité, ils ne se font pas assez attractifs. En France, le top 5 des jobs ayant le plus besoin de candidats se compose ainsi : agents d'entretien de locaux, aides à domicile, employés de cuisine, aides-soignants (y compris puériculture) et professions de l'informatique et des télécoms. Qui en parle ? Pratiquement personne.
Mais le manque de visibilité n'est pas le seul responsable. Si ces secteurs comptent tant de places vacantes, c'est aussi, pour certains d'entre eux, qu'ils constatent une inadéquation entre les compétences attendues et celles disponibles. C'est particulièrement vrai pour le secteur IT, en plein boom. Numericable, par exemple, pour accélérer le déploiement de la fibre optique sur son réseau, a pour projet de renforcer ses équipes techniques, commerciales et de relation clients, en étoffant son staff de 200 postes (architectes réseau, chef de projet déploiement, exploitation, conseillers commerciaux terrain...) courant 2014. Bien, bien, mais d'où vont-ils tomber, ces 200 nouveaux salariés, si personne n'est formé pour les postes ?
Ne soyons pas mauvaise langue. De plus en plus de formations aux métiers de la fibre optique voient le jour. Encore trop peu, mais il y a du mieux. Reste à encourager les jeunes (et les moins jeunes) à s'y engager, ainsi que dans des formations qualifiantes d'aides-soignants, par exemple. Créer de l'emploi en baissant les cotisations patronales, c'est bien, mais on pourrait aussi commencer par pourvoir les postes vacants. Les 5 métiers proposant le plus d'emplois sont les mêmes depuis des années.
50 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON