Christophe de Margerie : Débonnaire, conquérant mais...
On peut imaginer ses dernières minutes, son angoisse lorsqu'il a compris que son parcours terrestre allait prendre fin sous le feu du crash. Exit Christophe de Margerie, paix à son âme et condoléance à ses proches. Mais n'en demeure pas moins que le rôle à la tête de Total, après y être entré stagiaire il y a quarante ans et une carrière où il toucha à tout, fut son expansion en prenant appui sur les pires régimes politiques de pays où pétrole et gaz étaient à prendre pour les plus « offrant » et au seul bénéfice de ses actionnaires. En cela il fut ce que le capitalisme français produit souvent, des capitaines d'industrie strictement habités par la défense de ses intérêts, au détriment du pays, de ses salariés, des droits de l'homme et, en l'occurrence s'agissant de Total, du respect de l'environnement.
Margerie, homme de communication ?
On le dit, il s'en est prévalu et son goût le portait souvent dans le paraître dans les médias, qualité en autre que le propulsa, par une décision de son conseil d’administration au remplacement de Thierry Desmarest le précédent PDG dont il fut le second. Mais il faut se souvenir que cet homme là refusait, c'était son droit, tous débats lorsqu'il s'agissait de s'expliquer, par exemple, sur la compromission de Total avec les généraux birmans, son aide à la répression de la minorité Karen, et les millions de dollars déversés dans les cassettes personnelles de ceux-ci.. Et cette pratique était constante dans tous les pays où Total s'implantait, le pétrole ou le gaz exploités au bénéfice de nos économies et des actionnaires avaient une odeur et une couleur de sang. En 2010, l'auteur que je suis avait sorti un livre « Total(e) Impunité » - une plongée dans les arcanes de la compagnie - et j'ai le souvenir d'un débat que voulait organiser un journaliste d'une radio nationale avec Christophe de Margerie et celui-ci s'y est dérobé !
Total, avis de non imposition...
Dans cet ouvrage, j'avais levé en autre cette imposture comme quoi Total, nonobstant l'importance de ses bénéfices comptables annuels (variables d'une année sur l'autre entre 5 et 10 milliards d'euros) était exonéré de toute imposition, bénéfices qui se retrouvaient en grande partie dans les poches de ses actionnaires. Bien entendu en toute légalité et sous le motif, fallacieux car invérifiable, que la compagnie était en règle sur ce plan dans les multiples pays de ses implantations dont le plus grand nombre ne connaissaient pas d'impôts sur les bénéfices. J'avais calculé que sur une dizaine d'années cela représentait un manque à gagner pour le budget de la France à peu près 30 milliards d'euros...
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