Chronique des cuns ordinaires (1)
Nous avons commencé un tour d'horizon consacré aux cuns (c*ns universels numériques) en nous intéressant aux rapports incestueux que les cuns entretiennent avec leur objet fétiche : le machin-phone, qui leur sert de cerveau alternatif.
Nous allons maintenant nous attacher à l'étude d'autres aspects de la vie des cuns. Et tout d'abord à leurs goûts alimentaires. Inutile de préciser qu'un cun ordinaire naît dépourvu du sens du goût. Il doit cette remarquable particularité à ses parents, formés – ou plutôt déformés – par une longue et patiente pratique de l'alimentation étazunienne, qu'ils appellent « nutrition ».
Examinons de plus près les principales caractéristiques de l'aimentation des cuns. Il convient en premier lieu citer ce qu'on appelle des « hamburgers », en abrégé « burgers », sortes de sandwiches originaires théoriquement de la ville allemande de Hambourg, importés par la suite aux Zétazunis par des migrants allemands (que fait l'oncle Donald ?). Ce mets des dieux, typique de la cuisine teutonne d'abord, nord-américaine ensuite, consiste en deux tranches de pain rond, appelé bun, saupoudré de graines de sésame. Entre les deux tranches on a fort délicatement glissé des frisottis de salade aux « pesticides » (insecticides), des tranches d'oignon, de bacon grillé, des rondelles de tomates sans goût, de minces tranches de fromage mou et et à la composition indéfinissable appellé « tcheddar » ou « lygomme » selon les cas, et enfin une ou plusieurs portions de viande hachée. Cette viande est issue de mélanges de diverses chairs d'animaux, malaxées, triturées afin qu'elles présentent un aspect homogène. Elle est ensuite cuite et recuite afin d'éviter la prolifération d'une bactérie appelée escherichia coli (colibacille), dont la présence est souvent signalée dans les burgers mal cuits. Auquel cas la viande hachée du burger change de nom et est appelée « viande à chier », en raison des diarrhées qu'elle provoque. Les variantes des burgers, pompeusement appelées « recettes », diffèrent peu de la composition initiale, si ce n'est dans le sens de l'empilement des ingrédients ou le nombre de portions de viande.
La boisson locale étazunienne qui accompagne ce délice est le très fameux « Caca cool », sorte de breuvage brunâtre, servi très frais – d'où son nom –, très apprécié des Étazuniens. À l'origine, le Caca cool contenait de l'extrait de coca, et des feuilles de cola, ce qui l'apparentait à une drogue. La formule du Caca cool a toujours été tenue secrète – mais c'est un secret de Polichinelle. Elle a un goût inimitable, franchement infect, ce qui fait son succès mondial, surtout auprès des jeunes cuns et des petits cuns.
C'est en fait le druide Panoramix qui, cherchant la formule d'une potion magique, découvrit tout d'abord le Caca cool. Mais, rebuté par son goût affreux, il jeta sa trouvaille dans les eaux d'un lac voisin, dont tous les poissons crevèrent instantanément. Le lac fut stérile pendant de nombreuses décennies. La formule fut elle aussi jetée à l'eau, mais fut retrouvée on ne sait comment et reprise quelques siècles plus tard par John Perlimpinpinton, pharmacien à Columbus (États-Unis) qui faisait du tourisme en Bretagne, et dont la société, profitant de la Loi sur la Prohibition, édifia une fortune colossale avec la vente d'un produit néo-merdique.
La prolifération des boutiques vendant des burgers est inquiétante. Une marque de restaurants spécialisés, les MacDucon, a essaimé tout d'abord aux Zétazunis, puis partout dans le monde. La formule fut ensuite reprise par de nombreux autres types de restaurants. La France, pays de longue tradition gastronomique, en est envahie et il pousse partout des commerces, vendant cette calamité, comme des champignons après la pluie. Certaines boutiques même affectent de n'écrire des menus qu'en anglais. Tout cela fait sans doute partie de la politique dite « soft power » (pouvoir insidieux) des Zétazunis, qui consiste à empoisonner le monde entier avec leurs produits. Avec les conséquences que l'on sait : maladies cardio-vasculaires, diabètes de type 2, obésité, etc. Une aubaine pour les sociétés chimiques qui vendent des médicaments à vie pour ce type de maladies.
Après les burgers, viennent les pizzas. Ce plat de pauvre (cibi dei poveri), considéré à tort comme une plat complet, est originaire d'Italie (Naples). Bien que d'origine italienne, la pizza est surtout consommée aux Zétazunis, sans doute sous l'influence des immigrés italiens. Elle est repartie ensuite à la conquête du monde entier. Une pizza classique consiste en une galette de pâte à pain, parsemée de légumes, des poivrons et des tomates aussi, la plupart du temps sous la forme d'une infâme coulis de tomates, et des champignons rassis. Avec de la viande (jambon, saucisson…) ou du poisson (anchois, fruits de mer), le tout parsemé de fromage râpé ou de lygomme (fromage à base de diverses matières plastiques), avec quelques olives noires et des feuilles de basilic pour faire joli. On peut y mettre des rondelles de fromage de chèvre. Les Hawaïens, fins gourmets, ajoutent de l'ananas. Les Juifs remplacent le jambon par du saumon, et on peut aussi trouver des pizzas turques (au kebab), des pizzas grecques (à la feta), et même des pizzas esquimaudes avec de vrais morceaux de baleine. Bref, une honte pour l'humanité cultivée.
Inutile d'ajouter que la boisson qui accompagne la dégustation d'une pizza est ce que les Étazuniens appellent un « soda » (littéralement : de la soude), c'est-à-dire une boisson sucrée gazéifiée, la plus célèbre d'entre elles étant le Caca cool, qu'on a vue plus haut.
Particularité propre aux Étazuniens de New-York : la pizza se mange avec les doigts, et non avec des couverts. Et toute personne qui dérogerait à cette règle tacite se fait vertement tancer sur les réseaux numériques. Le maire de New-York, Bill de Blasio, l'a appris à ses dépens. Cela donne une idée de l'aspect péquenot des Étazuniens, et de la profonde régression de la restauration moderne.
Les burgers et les pizzas constituent les deux plats phares de la restauration des cuns. Faciles à préparer, faciles à cuire, faciles à avaler, ils sont censés représenter un gain de temps. Tout est d'ailleurs question de temps dans une civilisation qui perd énormément de temps à gagner du temps.
D'où, avec les fanatiques de la restauration rapide, la multiplication exponentielle des plats surgelés, prêts à être réchauffés au four à micro-ondes (les cuns disent « micro-ondables », joyeux barbarisme). Cette appétence à la malbouffe, cette agueusie ou cette dysgueusie sont conditionnées et entretenues par nombre de réclames publicitaires, tant à la télévision que sur des panneaux dans les villes. Que fait le C.S.A. ? Tout ce beau monde semble ignorer que, pour bien manger, il faut y mettre du temps et le prix. Et surtout, axiome numéro un :
LE GOÛT, ÇA S'ÉDUQUE
Les parents n'éduquent plus le goût de leurs petits cuns, car eux-mêmes ont perdu le sens du goût. Il en est de même de l'Éducation dite nationale qui non seulement n'éduquent plus les cuns en âge d'être scolarisés (ce n'est pas leur rôle), mais ne les instruisent plus. Conséquences évidentes : les générations futures vont souffrir d'un manque de goût et d'un manque de culture. Cela porte un nom : la cunnerie. « Pour penser, il faut manger », disait déjà le père Teilhard de Chardin, s.j. Et l'art de bien manger, c'est l'art de bien vivre.
(à suivre)
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