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Accueil du site > Tribune Libre > Citoyenne Bovary et ses Valeurs Actuelles

Citoyenne Bovary et ses Valeurs Actuelles

"Le lendemain fut, pour Emma, une journée funèbre. Tout lui parut enveloppé par une atmosphère noire qui flottait confusément sur l'extérieur des choses... "

Tout récemment, Michel Onfray parlait de l’affaire Obono ; la revue Valeurs Actuelles avait osé publier une petite fiction imaginant Danièle Obono en victime de la traite négrière, dans une autre vie, trois siècles auparavant - vie toute à l’opposé de celle que la députée LFI bien connue mène en France de nos jours.

Madame Obono n’apprécia pas cette chute anachronique de ses privilèges acquis, poliment rédigée pourtant ; son entourage lui fit donc sur mesure une micro-manif autocentrée au Trocadéro, dans le but de ravauder son image intériorisée de victime embourgeoisée du racisme.

Un racisme odieux et presque aux dieux, commis (selon la médiaterie) par une certaine France enracinée très éloignée, sinon haïe, du cœur africain de Danièle. Au cri de guerre Mao (aujourd’hui de retour via Wu-han ?) d'une France jadis sartrisée, la députée préfère désormais le concept sociétal Moa, qui pourtant s'estompe. Bientôt on ne le verra plus.

Voilà pour l’introduction ; mais ce qui nous intéresse ici, ce n’est pas cet article de VA ni son auteur, déjà abondamment commentés, mais plutôt l'allusion de Michel Onfray à madame Bovary, que ne comprenait pas son hôtesse, lors de l'interview qu'elle lui fit. Le rapport entre ces deux héroïnes de roman noir ? disaient ses yeux écarquillés.

J’ai alors cherché ce rapport et en toute hâte imaginé un scénario. On y trouvera en madame Bovary, non pas la tendre députée délicatement épinglée par Onfray, mais une cousine fictive à sa ressemblance.

Le rideau s’ouvre donc sur Oumou Beau-Bobo, campée en épouse d'un médecin de province française bien gentil mais fort prudent. L'important pour lui en ce mois de septembre 2020, c'est de ne pas se faire allumer par l'Ordre des Médecins quand celui-ci fait sa grosse voix caverneuse pour le doc Jekyll Big Pharma, ce dernier aussi impalpable, menaçant et gazeux qu'une haleine de positif au covid19 dans le métro.

Oumou s'ennuie dans cette ambiance étouffante, surtout quand elle fait ses courses au G-20 avec un papier filtrant collé sur la tronche. On la comprend : son rêve, c'est la vie à paillettes de sa cousine sans fard ni masque Ramina Grobis, députée pour l'Afrance à-valises - un parti comme un autre qui danse le samedi soir au bal des Petits Lits Blancs, parée comme une idole de tout ce que la place Vendôme peut offrir aux femmes gold.

Pourtant, pense Oumou, je suis bien plus glamour que ma cousine. C'est ma classe naturelle qui a séduit ce bon doc Beau-Bobo lorsqu'il est allé me cueillir au bar dans ma lointaine ville africaine. Il m'a préférée aux demoiselles de sa province qui ne voulaient pas de lui, les bécasses.

Certes il porte mal son patronyme, et il est un peu trop âgé pour elle (50 balais, elle 35). Mais enfin, c'est un monsieur qui a une vraie maison en dur, et qui lui paie même une femme de ménage. Pas exigeant, pas trop gros ni trop grand, pas trop fin ni trop gland, ni trop sec ni trop gluant ; c'est supportable, ce pourrait être presque agréable, s'il n'y avait cette cousine à Paris, qui la snobe et la bluffe ! Quand Oumou a voulu se faire inviter par la star, l'autre lui a répondu : si tu vivais dans le neuf cube isolée dans deux pièces avec quatre neveux, je pourrais me faire photographier avec toi en victimes. Mais là tu vois, c'est trop moyen, aucun drame. Tu ne me rapporterais pas un vote et j'aurais l'air commun, pour ainsi dire roturière ; non vraiment, reste à ta place, bisous.

La chipie ! Oumou fait crisser ses dents, si bien que le chat taché noir et blanc, se croyant défié, lui saute dessus, la griffe au sang et s'enfuit. Toi le chat fourré, tu ne perds rien pour attendre, siffle-t-elle. Je m'en vais te suicider tu vas voir !

Car Oumou n'abrite en ce qui la concerne aucune idée de suicide par poison ; cela fait bien trop mal aux tripes, et rend tout jaunes les Blancs, tout bruns-verts les Noirs. Les chats, c'est fait pour servir. Celui du docteur l'a bien deviné, il sait tout ; c'est un esprit malin qui a sa vie parallèle et au fond, la connaît bien, la madame.

Oumou cesse de penser au chat, qu'il aille au diable. Car dans la rue passe Issa Jimmy Babacar, le prince des provinces de l'Afrance...

Quelle allure, quelle prestance ! Oumou ira le soir-même au bal masqué, se trémousser aux Deux-Mangos ou il se produit exceptionnellement. Elle retrouve tout le drame bovaryen dans son art plaintivement rapoussif ; Issa Jimmy y parle d'elle et de sa cousine, le racisme souffert y suinte comme un sanglot ! Boudinée à craquer dans sa robe adhésive en soie sauvage, payée à tempérament, assortie au masque, Oumou saura bien accrocher l'œil voluptueux d'Issa Jimmy.

La suite vous la connaissez. Le godelureau emballera Oumou puis se fera la malle, à son habitude. Elle courra tous les magasins non banqueroutés de sa province sinistrée, avec sa carte de crédit, sans même respirer à cause de l'affiche en vitrine, dans l'espoir de le re-séduire. Le docteur en sortira ruiné et devra fermer son cabinet, pour travailler comme interne à demeure à l'EHPAD du coin.

Madame ex Beau-Bobo prendra le premier billet pour le continent noir, sans même toucher au chat, malgré le vaccin tout prêt du pharmacien Oh-Mais (méfiant, le matou est parti à la pêche).

Mais aux bars de la magique Afrique, plus de Boubacars, encore moins de beaux bobos et gros nigauds.

Tous des racistes, pense Oumou.


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