Climat à vendre
Il n’est pas question de nier le changement climatique, mais de reconnaître certaines incohérences dans la lutte contre son « réchauffement ».
D’abord, considérer que la principale cause du « changement climatique » est due à l’effet de serre est exagéré. Le rôle des variations solaires, bien que controversé au sein même de la recherche, et les éruptions volcaniques, ont toujours compté beaucoup dans l’histoire de la Terre.
La Terre comptait un espace forestier capable de compenser largement l’effet de serre. Aujourd’hui le tiers des terres immergées sont encore des forêts, et les mers et océans couvrent 71% de la planète, ce qui n’est pas négligeable.
« Si l’on n’y prend garde, l’arbre disparaîtra, et la fin de la planète viendra par dessèchement, sans cataclysme nécessaire, juste par la faute de l’homme » George Sand (1872).
« Un arbre est un édifice, une forêt une cité… Ce que les siècles ont construit, les hommes ne doivent pas le détruire » Victor Hugo (1874).
À la naissance de l’auteur des « Misérables », la Terre comptait un milliard d’habitants, elle aurait dû s’arrêter là.
depuis deux catastrophes ont eu lieu. Une déforestation intensive pourtant dénoncée depuis longtemps, et conjointement, une prolifération démographique, encensée partout, afin de perfuser une croissance frappée par la "baisse tendancielle du taux de profit" (Karl Marx). Pour alimenter cette machine infernale, arrivée au bout de son rouleau compresseur, toutes les occasions sont bonnes, et les plus farfelues : numérique à outrance, transition énergétique incohérente, prolifération de normes, "e-santé" etc.
Relevons également un humanitarisme à plusieurs vitesses, quand on voit les conditions de travail des ouvriers des grandes mines d’extraction dans le monde, en particulier en Afrique, traités quasiment comme des esclaves, afin de satisfaire notre confort superfétatoire, sans compter la pollution des rivières, des lacs et des mers, et dont les médias ne parlent quasiment pas.
D’autre part après plus d’un siècle de recours intensif aux hydrocarbures comme énergie, de nombreux lanceurs d’alerte n’ont pas été écoutés et les gouvernants ont continué de plus en plus à se servir de cette énergie polluante pour booster, par démagogie, sans cesse, cette croissance démesurée et délétère sur tous les plans. Ils sont les premiers responsables, et aujourd’hui ils s’acharnent à punir les citoyens les plus en difficulté.
L’incohérence la plus évidente est cette course contre la montre dans le remplacement des voitures particulières à énergie fossile, par des voitures électriques, alors que cela nécessite un accroissement impossible des énergies renouvelables. Après avoir, avec raison, reconnu les dangers des centrales nucléaires et décidé de limiter leur développement, les gouvernements ont fait volteface, sans s’inquiéter des savoir-faire perdus, du temps des études et surtout du coût qui paraît faramineux. Le transport maritime qui s’est développé sans mesure depuis une vingtaine d’années sous le coup de boutoir de la mondialisation et donc des délocalisations, utilise des millions de tonnes d’un carburant excessivement soufré et polluant, et n’est pas près, évidemment, à naviguer à l’électricité, pas plus que les navires de croisière, de plus en plus gigantesques, sans parler de l’aviation.
De toute façon, les automobiles européennes non électriques, ne nous faisons pas d’illusion, n’iront pas véritablement à la casse, mais inonderont des pays qui continueront, avec elles, à polluer l’air, comme les usines qu’on leur a délocalisées parce qu’elles ne répondaient pas à nos normes !
Toutes ces mesures contradictoires pour le climat, pèsent sur le pouvoir d’achat, mais seront au besoin subventionnées, jusqu’à l’endettement insensé de l’Etat, qui, à n’en pas douter, se règlera par la dilapidation totale du patrimoine national, c’est-à -dire, de tout ce qui doit être commun et à la disposition gratuite du citoyen.
Les élites et les médias ont bien du mal à l’admettre, mais la démesure de la population humaine n’est pas naturelle et ne peut avoir que des conséquences dramatiques.
Elle est totalement taboue, parce que se révélant comme le véritable moteur d’un capitalisme financier nageant dans l’irrationalité comme une grenouille dans un bénitier. Des mesures raisonnables et progressives, auraient dues être prises au lendemain de la Seconde guerre mondiale. Mais que pouvait-on attendre d’un système économique qui n’a cessé d’être dirigé par des mégalomanes imbus de leur supériorité de dominants, avides d’argent et de pouvoir ?
On s’étonne des milliards de dollars de bénéfices réalisés en 2023 par TotalEnergie. La multinationale précise qu’elle en investit une bonne part dans les énergies renouvelables et c’est vrai. En revanche, comme toutes les autres compagnies pétrolières mondiales, elle investit également toujours dans l’exploitation pétrolière en liaison avec un développement insensé de l’industrie chimique.
« L’arctique est devenu le terrain de jeu des géants de l’énergie et des grandes banques internationales, avec 599 chantiers pétroliers et gaziers » Le Monde du 24 septembre 2021.
Ce système inique de l’ultralibéralisme a récupéré totalement la lutte contre le "changement climatique", avec une nouvelle fureur industrielle dans tous les secteurs de l’économie.
Dans le monde entier, les géants du pétrole investissent toujours des sommes astronomiques dans l’industrie pétrochimique. Pour les gros investisseurs des Etats-Unis, de l’Arabie saoudite, de la Chine, de l’Inde, du Japon, chacun en partenariat avec d’autres pétroliers comme TotalEnergie, l’avenir, c’est la fabrication de plastiques.
Pourtant, la planète croule déjà sous ces déchets indestructibles, que les pays développés envoient cyniquement dans les pays pauvres.
« Il s’agit de transformer chaque année, des barils de pétrole en trois millions de tonnes de polymères indispensables à la fabrication de détergents, de cosmétiques, et de biens de consommation courante […] Un volume de plastique deux à trois fois supérieur à ce que dégorgent leurs actuels complexes de raffinage. En somme, alors que l’humanité, a moins de dix ans pour réduire de moitié ses émissions de gaz à effet de serre, le plus gros pollueur climatique du monde a décidé de parier à long terme sur une technologie, qui, d’après les experts, fait "plus que doubler la rentabilité du baril de pétrole" ».
Mickaël Correira, « Le plastique c’est fantastique », Le Monde diplomatique, février 2022.
À Paris en 1968 « Sous les pavés, la plage ».
À Bali, en Indonésie, en 2023 : « Sous le plastique la plage ».
Le mot de la fin à Bernard Maris, économiste, auteur de l’« Antimanuel de l’économie », assassiné dans les locaux de Charlie Hebdo le 7 janvier 2015 :
« La mondialisation c’est la bidonvillisation du monde ».
Et l’on ne règlera pas ce faisceau indescriptible d’incohérences en jetant de la soupe sur un tableau de Monet.
« Je suis optimiste parce que je pense que l’on court à la catastrophe. L’évolution naturelle ne se fait que grâce aux catastrophes. Nous serons alors contraints de tout repenser, de reconstruire des projets d’existence, de créer de nouvelles solidarités… » Boris Cyrulnik, Le Figaro magazine du 2 janvier 2015.
Philippe Annaba, l’un des auteurs de l’ouvrage collectif dirigé par Michel Sourrouille « Surpopulation… Mythe ou réalité ».
32 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON