Cochon qui s’en dédit
Rencontre improbable, vendredi soir à Marseille, entre le président de la République et le leader de la France Insoumise. Mais la complaisance de ce dernier en a surpris plus d’un…
Sur la vidéo qui circule de façon virale depuis samedi, leur connivence est manifeste. Les deux hommes, en souriant, se tapent amicalement sur l’épaule : « Je suis content que vous soyez dans ma circonscription. Dit Mélenchon à Macron. ». Et ce dernier de renchérir : « On a des confrontations politiques. Nous ne sommes pas d’accord sur tout. Mais Jean-Luc Mélenchon n’est pas mon ennemi. ». Au journaliste qui rappelle au député des Bouches du Rhône qu’il déclarait, le matin même, dans la Provence qu’Emmanuel Macron – tout comme Angela Merkel – était un « contre-humaniste et le pire des xénophobes », Mélenchon, presque penaud, s’étonne : « J’ai dit ça, moi ? Non… ». Tout sourire, Macron ponctue : « Non, il n’a pas dit ça. Je ne le crois pas. ».
Et pourtant, le leader de la France Insoumise a dit ça et d’autres amabilités comme celle d’accuser le chef de l’état de « créer des conditions infernales dans la vie des gens ». C’est écrit et chacun peut en prendre connaissance. Mais ce soir, l’ambiance est à la détente. Mélenchon pense sans doute à son intervention, dimanche, à l’université d’été de son mouvement. Quant à Macron, il a passé ce vendredi 7 septembre avec la chancelière allemande au palais du Pharo, pour parler d’immigration et de populisme en Europe ; pour imposer son projet d’union de la Méditerranée, aussi. Une rude journée, et pas seulement pour les deux chefs d’états. Alors, après le repas gastronomique concocté par Gérard Passédat, on comprend que Macron ait envie de se dégourdir les jambes sur le Vieux Port, à la rencontre des marseillais – lesquels ne sont pas tous ses supporteurs, loin de là ! En revanche on comprend moins bien ce que Mélenchon fait là. On a du mal à croire que leur rencontre, même fugace, soit fortuite et qu’elle justifie une pareille connivence. Certes, il y a le protocole et on n’attend pas que les deux hommes s’injurient ou en viennent aux mains. Mais on aurait pu penser que, dans une telle situation, une certaine fermeté soit de mise des deux côtés.
Car, enfin, depuis un an et demi, Mélenchon n’en finit pas de casser du sucre sur le dos du président de la République et d’appeler à l’insurrection populaire. Pour lui la politique macronienne, ouvertement libérale, est la plus opposée aux valeurs sociales qu’il défend. Et voilà qu’en sa présence, il adopte un ton consensuel et nie ses critiques du jour même. Une telle palinodie n’est quand même pas anodine. Elle a de quoi décevoir tous ceux qui ont placé en lui leurs espoirs d’une vie meilleure, d’alimenter aussi le vieux préjugé populaire du « tous pourris » - préjugé qu’il a lui-même largement répercuté au cours de sa campagne présidentielle. On pourra, si l’on est indulgent, mettre sa mollesse sur le compte de l’âge ou de l’heure tardive. Mais son attitude n’est pas prête d’être oubliée par ses électeurs et ses sympathisants. Il serait peut-être temps de passer le flambeau, Jean-Luc…
Jacques LUCCHESI
29 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON