Coghe en Stock...
Enfant, Jean-Noël Coghe se rêvait en reporter comme Tintin, et il l’a fait... dans la vraie vie...
C’est le journal Nord Eclair qui lui met le pied à l’étrier en 1964, alors qu’il essuie encore les bancs de l’école.

Grand amateur de blues rock, il devient chroniqueur pour les mythiques revues Rock&Folk, Best, Disco Revue et bien d’autres encore.
Sa route croise celles de James Dean, Jimi Hendrix, Bill Wyman et surtout celle de Rory Gallagher dont il est devenu l’ami intime, une myriade d’évènements musicaux couverts tel un Tintin en Amérique des seventies.
Plus tard, il devient correspondant pour le Matin de Paris et le Quotidien de Paris. Journaliste radio à France Inter, RTBF et FR3 Nord Picardie, c’est à RTL qu’il signe son plus long bail, près de vingt ans de bons et loyaux services.
Envoyé spécial permanent de la station Luxembourgeoise, l’homme a roulé sa bosse, couvrant avec son Nagra les fermetures d’usine dans le textile et la sidérurgie, la dernière remontée de fosse minière jusqu’aux grands conflits à la Navale de Dunkerque.
Une période magique où le téléphone portable n’existait pas et où dégoter une cabine avec un combiné en état de marche était un art en soi.
Comme reporter d’information régionale, Jean-Noël Coghe n’hésite pas à taper dans sa réserve vitale personnelle pour couvrir les petits et grands évènements de son Nord à lui, qui va de Roubaix à Breda, en passant par Mouscron.
60 000 kilomètres par an en bagnole, à s’éreinter sur les pavés du Nord pour couvrir les points chauds de l’actualité régionale.
"Des chaussures en cuir de chaussette, des chaussettes en laine de pied nu" aurait pu dire de lui, l’ami Nougaro.
Jean-Noël Coghe fait aussi partie de ces journalistes non conformistes qui déclarent sans ambages s’asseoir sur l’hypocrisie ambiante dans le métier.
Grand coeur, grande gueule, un style qui vous place facilement dans le collimateur d’un patron de radio.
Mais, à trop secouer le billard électrique....
En 1998, victime de vertiges, le coup de pompe du journaliste, il est mis au repos forcé. A son retour, il se retrouve aussi sec sur la touche. Le motif ? : inapte à la poursuite de son métier, et ceci, sans jamais avoir vu l’ombre d’un médecin du travail.
A plus de 50 ans, il est finalement licencié pour inaptitude, et ceci, sans entretien préalable, sans proposition de reclassement. Game over. Tilt !
Un long tunnel judiciaire s’ensuit...
Comme tout reporter pris par l’exigence de son métier, Jean-Noël Coghe n’est probablement pas homme à éplucher ses contrats. Stupéfait, il découvre alors qu’il n’est, pour son employeur, qu’un de ces journalistes au statut précaire. Un comble pour un professionnel en CDI !
Contre toute logique, il est débouté par le conseil de Prud’hommes de Nîmes en 2004, décision qui sera confirmée par la Cour d’appel en 2006.
Depuis le début de cette affaire, ce mouscronnois d’adoption mène un combat sans relâche pour obtenir réparation et réhabilitation.
Refusant ce statut « d’invalide » qui blesse son amour propre, il n’a jamais lâché l‘écriture. Au rythme d‘un bouquin par an, contrit mais pas forcé, c’est tout naturellement qu’il est revenu à ses premières amours, le rock.
Une scène qu’il connaît mieux que quiconque, comme en témoigne cet ouvrage sur Rory Gallagher, paru en 2000. D’autres ont suivi depuis....
“Mésaventures d’un petit reporter en Nord”, est le titre de son dernier livre.
Un ouvrage qui relate les nombreux souvenirs et anecdotes qui émaillent sa carrière mouvementée et qui revient, on le comprend, sur l’épisode le plus douloureux de son parcours journalistique.
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